PECHES D'OMISSION

 

          Dans un article que nous avons publié récemment - « des moyens de produire un réveil » - Charles Finney montre ce que signifie sur le plan spirituel « labourer une jachère ». Il dit : « Des confessions générales ne serviront jamais à rien ; vos péchés ont été commis un à un ; et autant que vous pourrez les atteindre par le souvenir, vous devez en faire la revue et vous en repentir pareillement un à un ». Il ajoute : « Commencez maintenant, et prenez d’abord ce qu’on appelle communément, quoique improprement, les péchés d’omission ».

 

PÉCHÉS D’OMISSION

 

1°) L’ingratitude.

          Prenez ce péché, par exemple, et notez sous ce titre tous les cas que vous pourrez vous rappeler où vous avez reçu de Dieu une faveur pour laquelle vous ne lui avez jamais témoigné de reconnaissance. Combien de cas de ce genre pouvez-vous vous rappeler ? Ne trouvez-vous pas dans votre vie passée des directions remarquables de la Providence, une tournure inattendue et surprenante des événements qui vous ait préservé de la ruine ? Notez les exemples de la bonté de Dieu envers vous, lorsque vous étiez encore dans vos péchés et avant votre conversion, et voyez si vous en avez jamais témoigné à Dieu la moitié de la reconnaissance que vous lui deviez. Voyez les grâces nombreuses que vous avez reçues depuis lors. Qu’elle est longue la liste des cas où votre ingratitude a été si noire que vous êtes obligé de vous couvrir le visage dans la confusion ! Agenouillez-vous ; confessez vos ingratitudes une à une, et demandez pardon. Le seul fait de cette confession vous rappellera d’autres péchés, par suite d’une inévitable liaison d’idées. Mettez-les par écrit ; repassez ainsi le tout trois ou quatre fois, et vous verrez combien nombreux sont les bienfaits pour lesquels vous n’avez jamais remercié Dieu.

 

2°) Le manque d’amour pour Dieu.

          Réfléchissez à la douleur et aux sentiments que vous éprouveriez, vous, si vous découvriez du refroidissement dans l’amour de votre femme, de votre mari ou de vos enfants, ou encore qu’un autre que vous occupe leur cœur, leurs pensées et leur temps. Peut-être seriez-vous près de périr d’une juste et sainte jalousie. Or Dieu s’appelle lui-même un Dieu jaloux ; et n’avez-vous pas livré votre cœur à d’autres affections, ne l’avez-vous pas infiniment offensé ?

 

3°) La négligence de la Bible.

          Comptez les cas où pendant des semaines entières, ou plus encore, la Parole de Dieu n’a pas été pour vous un plaisir. Certains, en effet, en lisent des chapitres entiers sans pouvoir dire ce qu’ils ont lu ; et si vous avez fait de même, il n’est pas étonnant que votre vie aille à l’aventure, et que votre religion soit une misérable faillite.

 

4°) L’incrédulité.

          Notez les cas dans lesquels vous avez, de fait, accusé de mensonge le Dieu de vérité, en ne croyant pas à ses promesses et à ses déclarations formelles. Dieu a promis de donner l’Esprit-Saint à ceux qui le lui demandent. Avez-vous cru à cette parole ? N’avez-vous pas, tout en priant pour recevoir l’Esprit-Saint, dit, au fond de votre cœur : « Je ne crois pas que je serai exaucé » ? Dans ce cas, vous avez fait Dieu menteur.

 

5°) La négligence de la prière.

          Notez les cas où vous avez omis la prière secrète, la prière en famille et les réunions de prière, ou ceux encore où vous avez prié d’une manière qui a offensé Dieu plus que si vous n’aviez pas prié du tout.

 

6°) La négligence des moyens de grâce.

          Notez les cas où vous avez, pour des raisons banales, négligé d’assister aux réunions et où vous avez négligé et méprisé les moyens de salut, uniquement parce que vous éprouviez de l’aversion pour les devoirs spirituels.

 

7°) La manière dont vous vous êtes acquittés de ces devoirs.

          Manque de sentiment ; manque de foi ; tournure d’esprit mondaine, de sorte que vos paroles n’étaient que le pauvre langage d’un misérable, indigne que Dieu s’occupe de lui. Vous vous êtes mis à genoux et vous avez « fait votre prière » avec une telle insensibilité et une telle distraction, que si l’on vous avait interrogés cinq minutes après, vous n’auriez pas pu dire quel avait été l’objet de votre prière.

 

8°) Le manque d’amour pour l’âme de vos semblables.

          Faites la revue de vos amis et de vos parents, et rappelez-vous combien peu de compassion vous avez éprouvé pour eux. Vous les avez vus aller droit en enfer, et vous ne vous en êtes pas souciés. Combien de jours se sont passés sans que vous ayez fait de leur état le sujet d’une seule prière fervente, sans que vous ayez témoigné un ardent désir de leur salut ?

 

9°) Le manque de sollicitude pour les païens.

          Peut-être ne leur avez-vous pas même assez porté d’intérêt pour essayer de connaître leur vie ; peut-être pas même assez pour lire une revue missionnaire. Notez consciencieusement la somme de sympathie que vous éprouvez pour les païens, et mesurez le désir que vous avez de leur salut par les sacrifices que vous faites pour leur envoyer l’Évangile. Est-ce que vous renoncez pour cela a du superflu, même nuisible ? Retranchez-vous quelque chose à votre train de vie, et cela par amour pour leur salut ? Priez-vous journellement pour eux en votre particulier ? Mettez-vous quelque chose à part pour le trésor du Seigneur, quand vous vous livrez à la prière ? Si vous ne faites pas ces choses, et si votre âme n’est pas en agonie pour les pauvres païens enténébrés, comment pouvez-vous être assez hypocrite pour prétendre être un chrétien ? Votre profession de christianisme n’est qu’une insulte à Jésus-Christ.

 

10°) La négligence des devoirs de famille.

          Considérez comment vous avez vécu devant les membres de votre famille. Comment avez-vous prié devant eux ? Quel exemple leur avez-vous donné ? Quels efforts directs faites-vous habituellement pour leur bien spirituel ? Quel est le devoir que vous n’avez pas négligé ?

 

11°) La négligence des devoirs à l’égard des autres en général.

 

12°) Le manque de vigilance concernant votre propre vie.

          Notez les cas dans lesquels vous avez traité légèrement vos devoirs envers vous-même ; vous ne vous êtes pas pris vous-même au sérieux, ni mis consciencieusement à faire vos comptes avec Dieu. Combien de fois n’avez-vous pas entièrement négligé de veiller sur votre conduite et, n’étant plus sur vos gardes, avez-vous péché devant le monde, devant l’Église, devant Dieu !

 

13°) La négligence à veiller sur vos frères.

          Combien de fois avez-vous rompu l’engagement que vous aviez pris de veiller sur eux dans le Seigneur ? Combien peu vous connaissez l’état de leur âme ; combien peu vous l’avez à cœur ! Qu’avez-vous fait pour connaître les dispositions de leur âme ? Revoyez le tout, et partout où vous trouverez qu’il y a eu négligence, notez-le. Vous les avez vus se refroidir dans leur piété, négliger un devoir après l’autre, tomber dans le péché, et vous ne les avez pas avertis fraternellement. Et cependant vous prétendez les aimer. Quel hypocrite ! Pourriez-vous voir votre femme ou vos enfants se précipiter dans le déshonneur, se jeter dans le feu, sans leur donner un mot d’avertissement ? Non, vous ne le voudriez pas. Dès lors, que pensez-vous de vous-même quand vous prétendez aimer les chrétiens, aimer Christ, et que vous laissez vos frères s’éloigner de Dieu sans les avertir ?

 

14°) Le manque de renoncement à vous-même.

          Il y a beaucoup de chrétiens professants qui sont sont disposés à faire à peu près tout dans le domaine religieux, à condition que cela n’implique pas le renoncement à soi-même. Mais lorsqu’il leur est demandé de faire la moindre chose qui les oblige à renoncer à eux-mêmes – oh ! c’est trop leur demander ! Ils s’imaginent faire beaucoup pour Dieu, autant que ce que Dieu peut raisonnablement exiger, pourvu qu’ils se sentent libres de le faire ou non. Mais ils ne sont pas disposés à renoncer à rien de leur confort ou de leurs aises, par amour pour l’œuvre du Seigneur. Ils ne sont pas prêts à souffrir pour le nom de Christ. Ils ne se refuseront aucun des plaisirs de cette vie pour sauver les âmes de l’enfer. Ils sont si loin de se rappeler que le renoncement à soi-même est une condition pour être disciple du Christ, qu’ils ne savent pas ce qu’est le renoncement. A vrai dire, ils n’ont jamais renoncé à un ruban ou à une épingle pour Christ et pour l’Évangile. Oh ! combien rapidement de tels chrétiens ne s’approchent-ils pas de l’enfer ! Quelques-uns d’entre eux donneront de leur abondance, ils donneront beaucoup, et se plaindront de ce que d’autres ne donnent pas davantage, alors qu’en vérité ils ne donnent rien de leur nécessaire, rien qui pût leur procurer beaucoup de satisfaction, s’ils l’avaient gardé. Ils ne donnent que de leur superflu ; et la pauvre veuve qui a donné sa pite a fait preuve de plus de renoncement qu’ils ne l’ont fait en donnant des milliers de francs.

 

Charles-G. FINNEY

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