LA MARTYRE DE LA CHINE

 

« LA MARTYRE DE LA CHINE »

 

« Et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. »

Apocalypse 12.11

 

          La province du Shansi a été appelée « La martyre de la Chine ». Elle était en 1900 sous la domination du plus infâme des gouverneurs : Yu Hsien (dont le fils, plus tard, se convertit). Pendant les persécutions par les Boxers, il dépassa en cruauté tous les autres fonctionnaires. Dans sa seule province, plus de cent missionnaires, sans compter de nombreux chrétiens indigènes, furent martyrisés et mis à mort.

 

          Il y a quelques années, je m’entretenais à Honan avec un intellectuel chinois éminent, de la province de Shansi. Il semblait très près du royaume de Dieu : « Je suis convaincu, me disait-il, les larmes aux yeux, que pour nous, pécheurs, il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ ». Il me raconta qu’il avait été amené à sonder les Écritures ayant été témoin du terrible massacre qui avait eu lieu à la résidence du gouverneur en 1900. Il était dans la cour, quand soixante missionnaires environ y furent brutalement amenés et parqués attendant leur exécution. « Ce qui m’impressionna le plus, me dit-il, ce fut leur intrépidité extraordinaire. Aucune panique, aucun appel à la pitié. Ils attendaient la mort dans un calme parfait.

 

          « Un peu avant le massacre, une jeune fille toute blonde s’avança jusque devant le gouverneur : « Pourquoi voulez-vous nous tuer ? », demanda-t-elle d’une voix si perçante qu’elle était entendue dans toute l’immense cour. « Est-ce que nos docteurs ne sont pas venus de pays lointains sacrifier leurs vies pour sauver les vôtres ? Des maladies incurables ont été guéries, des aveugles ont recouvré la vue, la joie et le bonheur ont été rendus à des milliers de vos foyers, grâce aux guérisons faites par nos docteurs. Est-ce à cause de ces bienfaits-là que vous nous tuez ? » Le gouverneur avait baissé la tête ; il n’avait rien à répondre. Elle continua : « Gouverneur, vous parlez beaucoup de piété filiale. Vous proclamez que parmi les cent vertus nécessaires, la piété filiale a la première place. Vous avez cependant des centaines de jeunes gens dans cette province qui sont esclaves de l’opium et du jeu. Peuvent-ils exercer leur piété filiale ? Peuvent-ils aimer leurs parents et leur obéir ? Nos missionnaires sont venus de l’étranger, ils leur ont prêché Jésus, et Jésus les a sauvés, leur a donné le pouvoir de vivre honnêtement, d’aimer leurs parents, de leur obéir. Est-ce pour ce bienfait-là que vous nous tuez ? ».

 

          « La figure du gouverneur était contractée. Chaque mot semblait le toucher au vif. Ce courageux discours était plus qu’un plaidoyer, c’était un réquisitoire. La jeune fille était le juge, et le gouverneur, l’accusé. Mais le drame ne dura qu’un court instant. Un soldat, près de l’enfant (la jeune fille avait environ treize ans), la saisit par les cheveux et d’un seul coup de sabre lui trancha la tête. Ce fut le signal du massacre.

 

          Je vis tuer cinquante-neuf hommes, femmes et enfants cet après-midi-là, continua le lettré. Chacun de ces visages, à l’instant même de la mort, avait un sourire paisible. Je vis une dame parler gaiement à un petit garçon qui se cramponnait à sa main. Son tour vint ; son corps tomba sur les pavés. Le garçonnet, sans un sanglot, sans une larme, se tint debout, sa main toujours serrée dans celle de sa mère. Mais un coup de sabre eut vite fait de coucher son petit corps mutilé à côté de celui de sa mère. Est-il étonnant qu’un tel héroïsme m’ait conduit à sonder les Écritures, et m’ait obligé à croire que la Bible est la Parole même de Dieu ? »

 

          En pensant à ces faits, on comprendra peut-être que j’arrivai à Taiyuan, à l’automne de 1908, avec un sentiment de respect. Le sang des martyrs qui y avait coulé huit ans auparavant me rendait ce sol sacré. Il est merveilleux de voir avec quelle puissance le Saint-Esprit travailla à ce moment-là dans l’Église de Taiyuan. Sa présence était si évidente qu’il était fréquent d’entendre les gens dans les rues se dire l’un à l’autre qu’ « un nouveau Jésus » était arrivé. Leur raison de parler ainsi était que, depuis plusieurs années, les chrétiens trichaient et se querellaient avec leurs voisins ; quelques-uns même injuriaient leurs parents et battaient leurs femmes. Il semblait que l’ « ancien Jésus » fût trop vieux ou qu’il eût perdu sa puissance. Mais ce « nouveau Jésus », semblait-il, faisait des choses merveilleuses. Tous ces vieux rétrogrades se levaient devant toute l’Église, confessaient leurs péchés, allaient trouver leurs voisins païens, leur payaient ce qu’ils leur devaient, et leur demandaient pardon pour tout le tort qu’ils leur avaient causé. Mais ce qui surprenait le plus, c’était de voir des maris s’humilier devant leurs femmes, en leur demandant pardon de les avoir maltraitées. C’est ainsi que le Réveil convainquit les païens que le Dieu vivant avait visité son peuple.

 

J. GOFORTH

www.batissezvotrevie.fr