LE CANTIQUE DE L'ARC

 

LE CANTIQUE DE L’ARC

 

2 Samuel 1.17-27

 

          David prononça cette complainte sur Saül et sur Jonathan. Il y exprime sa douleur sur le désastre des chefs d’Israël et de leur armée, mais ce chant de l’Arc doit être appris par les fils de Jérusalem : «...et qu’il ordonna d’enseigner aux enfants de Juda » (v.18) Il est un enseignement pour eux. Témoins du désastre d’Israël, ils devaient savoir comment l’éviter eux-mêmes à l’avenir. Saül avait été vaincu par les archers : « L’effort du combat porta sur Saül ; les archers l’atteignirent, et le blessèrent grièvement. » (1 Samuel 31.3) Nous apprenons en effet par 1 Chroniques 12.1-7, qu’avant la défaite de Saül, le corps des archers, appartenant à la tribu de Benjamin et, en grande partie, à la famille du fils de Kis, s’était rallié à David et l’avait rejoint à Tsiklag. De là cette « très grande peur » de Saül devant les archers.

          Ce chant de l’Arc a un refrain poignant : « Comment des héros sont-ils tombés ? » (2 Samuel 1.19). « Comment des héros sont-ils tombés au milieu du combat ? » (v.25). « Comment des héros sont-ils tombés ? Comment leurs armes se sont-elles perdues ? » (v.27). Que leur avait-il donc manqué ? L’arc par lequel aussi Saül avait été vaincu !

          Partout dans l’Écriture, l’arc est l’emblème de la force pour vaincre l’ennemi. Avec l’épée, on l’attaque corps à corps ; avec l’arc, on le combat à distance, en s’opposant à son approche. L’archer voit venir l’ennemi de loin, se rend compte de ses mouvements et de ses desseins et le couche à terre avant qu’il ait attaqué. L’arc est une arme plus intelligente que l’épée, mais elle est avant tout le symbole de la force, car il faut des mains et des bras puissants, pour le bander et s’en servir.

          Les hommes forts d’Israël, Saül en tête, avaient rencontré l’arc d’un ennemi qui était plus fort qu’eux. L’erreur qui les avait conduits à la ruine était d’avoir estimé leur force suffisante. Mais la force ne va pas sans la dépendance, car elle n’est pas en nous-mêmes, mais en Celui qui la possède infaillible pour nous. Jésus-Christ homme en est l’exemple. Il n’a voulu chercher sa force qu’en Dieu et n’aurait pas été l’homme parfait sans cela. Poursuivi par les archers (Genèse 49.23-24), sa force ne l’a pas abandonné. Lorsqu’en apparence sa faiblesse succombait sous la puissance de l’ennemi, son arc était demeuré ferme, sa force en son entier. Elle n’existait que dans la dépendance : Ses mains étaient fortifiées « par les mains du puissant de Jacob ».

          Dans sa vie, n’avait-il pas déjà manifesté la puissance de Dieu par une dépendance complète de lui ? Tous ses actes en faisaient foi. C’est ainsi qu’au tombeau de Lazare, montrant sa force par la résurrection d’un mort, il ajoute : « Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé » (Jean 11.41).

          Dans sa mort, quoique crucifié en faiblesse, il fut néanmoins la puissance de Dieu. Devant la croix, toute la force de l’homme et de Satan furent réduites à néant. Par la mort, il a vaincu celui qui avait la puissance de la mort. C’est là surtout que son arc est demeuré ferme, que ses mains furent souples et fortifiées par les mains du Puissant de Jacob.

          Sa résurrection est la démonstration publique de cette puissance de Dieu, dans laquelle il se confiait. Dieu l’a déclaré Fils de Dieu, en puissance, en le ressuscitant d’entre les morts. Il avait le pouvoir de reprendre sa vie, comme de la laisser, mais, même pour sa résurrection, son âme dépendante s’attendait à la puissance de Dieu : « Tu n’abandonneras pas mon âme au séjour des morts, tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption » (Psaume 16.10). « Tu m’as répondu d’entre les cornes des buffles » (Psaume 22.22). « Il m’a fait monter hors du puits de la destruction, hors d’un bourbier fangeux ; et il a mis mes pieds sur un roc » (Psaume 40.3). Il a été « ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père » (Romains 6.4). « L’excellente grandeur » de la puissance de Dieu...a été « opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts » (Éphésiens 1.19-20).

          Ce n’est pas tout. Son arc demeurera ferme, sa force en son entier, à toujours. Quand le Fils de l’homme viendra pour juger les peuples, l’arc d’airain qui atteindra les pécheurs sera dans sa main. Là encore, ce sera son Dieu qui le ceindra de force, qui enseignera ses mains à combattre (Psaume 18.33, 35). C’est dans cette dépendance qu’il transpercera ses ennemis, sans qu’ils puissent se relever (v.38-39). Ses flèches seront aiguës et atteindront le cœur des ennemis du roi (Psaume 45.6).

          Oui, son arc demeure ferme et ses mains sont fortifiées par les mains du Puissant de Jacob, jusqu’à ce qu’il vienne s’asseoir à toujours sur le trône de sa puissance.

          L’homme peut avoir un arc, mais entre ses mains, il fait défaut au moment de s’en servir. « Les fils d’Ephraïm, armés et tirant de l’arc, ont tourné le dos le jour du combat » (Psaume 78.9), et quant aux ennemis du Seigneur, « l’arc des puissants est brisé » (1 Samuel 2.4 ; Psaume 46.10 ; Jérémie 49.35 ; Osée 1.5, 20).

          Quant à nous, chrétiens, notre arc peut rester en son entier à condition que nous mettions notre confiance en Dieu qui nous communique sa force. « Va avec cette force que tu as », dit l’Éternel à Gédéon (Juges 6.14), et l’apôtre lui-même faisait l’expérience que, quand il était faible, alors il était fort (2 Corinthiens 12.10). Rien n’est plus faible qu’un chrétien qui a abandonné Christ comme sa force. Sachons donc nous servir de notre arc et, semblables à Christ, nos mains seront fortifiées par les mains du Puissant de Jacob. Apprenons le chant de l’Arc, en nous exerçant à le bander, à y ajuster la flèche pour atteindre le but. Plus nous nous en servirons, plus nous deviendrons forts contre l’ennemi. Les archers de Benjamin qui s’étaient réfugiés auprès du fils d’Isaï, fidèles de la onzième heure, peu avant la défaite d’Israël, montraient par là qu’ils ne se confiaient pas en leur arc, avec Saül pour maître, mais dans la force de David méprisé. Faisons comme eux ; entourons le roi rejeté. Ne gémissons pas sur notre faiblesse, comme si elle était sans ressource ; ce ne serait ni la foi, ni la confiance en Christ. Comptons avec une très humble dépendance, sur sa force qui affermira nos mains, afin de combattre pour lui, jusqu’au jour où, la lutte terminée, nous entrerons dans son repos éternel.

          La complainte de David est l’expression touchante des affections de cet homme de Dieu. Un cœur rempli d’amour n’a pas de place pour le ressentiment et les griefs. S’il avait autrefois gémi sous les accusations injustes de la haine, il a maintenant tout oublié. Pas un mot de reproche contre celui dont les os reposaient sous le tamarisc de Jabès. Mais oublier n’est pas assez pour ce cœur admirable ; il aime à se souvenir ; il se rappelle que Saül a été l’oint de l’Éternel, le porteur de son témoignage, qu’il a conduit son peuple à la victoire ; il reconnaît les dons naturels qui le rendaient aimable pendant sa vie et attiraient sur lui l’amour d’Israël ; il le voit revêtant magnifiquement les filles de son peuple. Son chant exprime le respect et la douleur au sujet de celui qui l’avait toujours haï et persécuté. S’agit-il d’Israël, qu’en un jour de faiblesse il avait pensé combattre en se joignant aux Philistins, David s’identifie maintenant avec lui et pleure avec ses larmes. La joie peut être la part des filles des incirconcis, David ne la partagera jamais. Que les montagnes de Guilboa, témoins de la défaite du peuple de Dieu, soient maudites !

          Son angoisse au sujet de Jonathan est sans bornes. Ah ! comme le cœur tendre du fils d’Isaï estimait l’affection de son ami, affection entièrement désintéressée ! En effet, Jonathan s’était dépouillé de ses dignités et de sa gloire et de l’arc de sa force, pour en parer David, au jour de sa victoire sur Goliath, puis, avec toute la chaleur de ses convictions, il avait plaidé la cause de son ami ; enfin, son admiration pour le fils d’Isaï n’avait pas diminué dans l’opprobre et l’exil où il l’avait visité, sans avoir, il est vrai, le courage de l’y suivre. Sur ce dernier point, David ne dit pas un mot. Il couvre la mémoire de son ami d’une ineffable tendresse.

          Oh ! comme toutes ces paroles ont la saveur et le parfum du cœur de Christ ! Seulement David avait dû être formé par la discipline à de pareilles effusions de cœur ; le cœur de Christ n’en avait nul besoin. Sa vie tout entière n’est qu’amour et grâce. « Je vous ai appelés amis », dit-il à ceux qui étaient sur le point, soit de le renier, soit de fuir en le laissant seul. « Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves », dit-il (Luc 22.28) à ceux qui, peu de temps après, ne pouvaient pas même veiller une heure avec lui ! Prenons exemple sur ce modèle parfait !

 

H.R.

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Commentaires: 1
  • #1

    Duthil Mireille (mercredi, 15 août 2018 22:16)

    Merci pour les nombreux messages édifiants que nous avons pu recevoir pendant de longs mois...
    Même les bonnes choses ont une fin, mais comme dit l'Ecclésiaste, il y a un temps pour tout......
    Soyez richement bénis, vous et toute l'équipe qui vous a aidé !
    Fraternellement !
    Mireille