LA ROBE SANS COUTURE

 

LA ROBE SANS COUTURE

 

          « Ils partagent entre eux mes vêtements, et sur ma robe ils jettent le sort » (Psaume 22.18).

          « Les soldats donc, quand ils eurent crucifié Jésus, prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une part pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique. Or la tunique était sans couture, tissée tout d’une pièce depuis le haut jusqu’en bas. Ils dirent donc entre eux : Ne la déchirons pas, mais jetons-la au sort, à qui elle sera, afin que l’Ecriture fût accomplie, qui dit : « Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ils ont jeté le sort sur ma robe » (Jean 29.23-24).

 

L’homme créé

 

          Si nous nous arrêtons sur cette robe sans couture, et que nous considérions combien la protection souveraine de Dieu reposait sur elle, et avec quel soin elle a été préservée, il nous serait difficile de ne pas voir que cette robe parle, de manière allégorique, de l’humanité du Seigneur Jésus, de ce que le Fils de Dieu considérait par rapport à son vêtement. Qu’est-ce que le Fils de Dieu est venu revêtir ? Il a pris le vêtement de l’humanité. Il a pris sur lui la forme d’un homme. Il a paru comme un homme. C’est là ce que montre le vêtement. Le vêtement, en un mot, parle donc de son humanité. Cette robe nous est présentée comme quelque chose de complet, d’entier, comme une unité parfaite ; elle est d’une seule pièce, tissée depuis le haut jusqu’au bas. Nous avons là l’homme selon la conception de Dieu. C’est l’homme tel qu’il a été conçu dans la pensée de Dieu. Cette humanité, est l’aboutissement des conseils de Dieu de toute éternité ; un homme qui soit en lui-même, personnellement, individuellement et corporellement, un tout, complet, une parfaite unité, tout d’une pièce, tissé depuis le haut jusqu’au bas. Tel est l’homme que la main de Dieu a créé, qui est le résultat de cette activité divine, du tissage de Dieu, dirons-nous. L’humanité de l’homme, Adam, était une figure de Celui qui devait venir. Il n’y avait jamais eu avant lui aucune complicité avec l’adversaire, Satan ; il n’y avait encore jamais eu aucune désobéissance due à l’incrédulité ; l’homme, dans son être et sa nature même, était une unité, une harmonie, un accord, un tout. L’homme créé n’était ni un désaccord, ni une confusion, ni une contradiction, ni un être partagé. Il était une figure de Celui qui devait venir - une unité, « tout d’une pièce ». Et cependant il n’était qu’une figure.

 

L’homme ruiné

 

          Quelle est la nature de la ruine ? Elle est comme celle d’un vêtement tout d’une pièce qui a été déchiré et déchiqueté en lambeaux. Lorsque vous avez un vêtement fait d’une seule pièce, et qu’il est déchiré, vous savez parfaitement que vous ne pouvez pas le ramener à son état premier. Si vous avez un vêtement fait de deux, de trois ou de quatre pièces, vous savez que la partie déchirée peut être enlevée et remplacée. Mais lorsqu’il s’agit d’une chose qui est tout d’une pièce, son unité est détruite dès qu’elle est déchirée. Vous pouvez la rapiécer, mais vous ne pouvez pas lui rendre sa perfection originale. Vous pouvez la coudre, mais vous ne ferez pas d’elle ce qu’elle était. L’on a fait beaucoup d’efforts pour recoudre l’humanité déchirée, pour la rapiécer, mais les morceaux ne font jamais que révéler les dégâts ; la couture trahit toujours le mal qui s’est produit, et la chose ne tardera pas, sous l’effort, à se rompre de nouveau. Le Seigneur Jésus a dit : « Personne ne met un morceau d’un habit neuf à un vieil habit ; autrement il déchirera le neuf, et aussi la pièce prise du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. ». Non, cette humanité, une fois déchirée, est ruinée, et il n’y a plus d’espoir qu’en un nouveau vêtement, à cause de son unité essentielle devant Dieu. Je vous le demande, n’est-il pas vrai que l’homme soit tout autre chose qu’une unité en soi, un tout, une harmonie, un ensemble parfait ? Nous savons nous-mêmes que nous sommes déchirés et déchiquetés, pour ainsi dire, en plusieurs morceaux, en éléments contradictoires. Le chapitre 7 de l’épître aux Romains n’est-il pas la grande révélation de la division de l’homme ? Et dès qu’il est amené sous la loi divine, cette division en est d’autant plus mise en lumière. « Car je ne sais pas ce que je fais : je ne fais point ce que je veux, et je fais ce que je hais » (Romains 7.15). Me voici, faisant tous mes efforts dans une direction et allant dans celle qui lui est opposée. Je suis une division. Je suis une contradiction. Je ne suis pas tout d’une pièce. Je désire le bien, mais contre mon désir je fais le mal, et je le fais malgré toutes mes résolutions. Je ne suis pas un tout. Une rivière coule toujours dans une seule et même direction, elle va du même côté ; mais il n’en est pas ainsi de la nature humaine. Cela est triste, mais il en est désormais ainsi de notre nature : nous ne coulons pas dans une seule et même direction. Alors même que la plus grande partie de notre être semble peut-être agir harmonieusement en vue d’un seul but, il y a cependant toujours en nous « un quelque chose » de réactionnaire, un élément qui nous fait reculer. Il n’y a pas besoin d’insister sur ce fait : nous sommes tout autre chose qu’une unité. Non, le vêtement a été déchiré. Nos œuvres de justice même ne sont que « comme un vêtement souillé ». L’humanité de l’homme, dans le meilleur d’elle-même, est maintenant en lambeaux. L’homme est ruiné, déchiré, rompu.

 

Le Nouvel Homme préfiguré

 

          Il n’est pas nécessaire de faire plus que d’attirer l’attention sur le fait que nous avons, dans l’Ancien Testament, des figures du Nouvel Homme. Nous trouvons préfigurés, dans ces hommes de l’Ancien Testament qui entrèrent en communion vivante avec Dieu, les traits spirituels et moraux du Nouvel Homme, ces fils qui seront tissés typiquement pour former ce Nouvel Homme. Cela peut être la foi d’un Abraham, la douceur d’un Moïse, l’adoration d’un David, la vérité d’un Élie, la vie d’un Élisée, et ainsi de suite. Tous ces traits sont comme des fils trouvés dans des hommes typiques, et qui ont été tissés pour former l’Homme unique et parfait, le vêtement d’une humanité renouvelée. Tous ces traits devront se retrouver dans le Nouvel Homme, lorsqu’il viendra. Il réunira tous ces éléments moraux, tous ces traits spirituels, qui seront tissés depuis le haut jusqu’en bas dans toute son humanité. Voyez la splendeur de sa foi, la beauté de son humilité, sa douceur. Voyez la piété de son adoration, l’honneur qu’il rend à Dieu, son Père. Voyez son zèle pour la vérité, qui brûle avec plus d’ardeur et de flamme encore que celui d’Élie. Voyez-le comme la vie, la puissance de vie triomphante sur la mort, comme dans un Élisée. Tous ces traits sont des fibres de son humanité, et tous ils ont été préfigurés dans l’Ancien Testament.

 

Le Nouvel Homme suppléé

 

          Ce n’est plus désormais la figure que nous avons, mais c’est l’Homme lui-même. Son humanité n’est pas celle de l’Adam tombé, mais c’est une humanité parfaite. Il y a toute une différence entre l’acte de Dieu qui créa Adam et l’acte de Dieu qui donna Jésus-Christ. Nous ne nous arrêterons cependant pas ici pour faire la comparaison, ou pour établir le contraste entre Adam et Christ. Nous relevons simplement le fait que le Nouvel Homme a été suppléé et que, en ce Nouvel Homme, nous ne pouvons découvrir aucune jointure, aucun raccord. Nous ne pouvons y trouver aucune place où deux pièces aient été « cousues » ensemble. Il ne se compose pas de parties, il est un tout. Oh ! La merveilleuse unité, la perfection, l’équilibre, le tout, l’harmonie de son humanité. Il peut être animé d’une colère ardente sans perdre jamais son équilibre, ni permettre à aucune violence charnelle d’intervenir ; mais il peut être en colère et, en même temps, rempli d’amour. Il peut passer d’une chose à l’autre, et si ces choses peuvent paraître entièrement différentes à leur surface, elles sont cependant en lui si parfaitement pesées, que nous ne restons plus conscients d’aucune contradiction en sa présence. Nous pourrions nous arrêter longtemps sur l’équilibre parfait de son humanité, sur l’unité de sa nature. Il n’est pas un mélange ; il n’est pas composé de plusieurs parties ajoutées les unes aux autres ; il est un tout parfait. Il est tout d’une pièce, tissé depuis le haut jusqu’au bas.

 

Le Nouvel Homme éprouvé

 

          Le Nouvel Homme a été donné ! Oui, mais il a été éprouvé ! Cette humanité, qui est comme un vêtement, est soumise à l’épreuve. C’est sur elle que se porte toute la force de l’épreuve. Aura-t-elle le pouvoir de soutenir l’épreuve morale ? Chacun de ces fils qui composent le vêtement est mis à l’épreuve. L’humilité ? - « Jette-toi en bas du pinacle du temple ! » Qu’aurait représenté un tel acte ? Une orgueilleuse vanité ! Et les hommes auraient dit : « Tu es un homme merveilleux, nous te suivrons ! » Non, avoir cédé ici, ce n’aurait été que renoncer à l’humilité. « Ne crains point, fille de Sion ; voici, ton roi vient, assis sur l’ânon, le petit d’une ânesse » (Jean 12.15) Mais cette humilité a été souvent mise à l’épreuve. Dans une autre occasion, la foule voulait le prendre de force pour le faire roi ; il se retira du milieu d’eux. Puis il nous est donné de voir tout l’attachement qu’il avait pour son Père, cette dévotion qui est l’essence de l’adoration, la crainte de l’Éternel, cet abandon absolu à Dieu. Cela avait été déjà le trait caractéristique de la vie de David. Quelles qu’aient été les fautes de David, elles ne peuvent nous cacher l’adoration véritable que tout son être ressentait pour Dieu. Les accents sublimes qui s’élèvent aux heures les plus sombres de la vie de David en sont l’expression. Lorsqu’il a péché en faisant le dénombrement d’Israël, et que Dieu frappe son péché d’un jugement terrible, il s’humilie devant Dieu et dit : « Voici, moi j’ai péché, et moi j’ai commis l’iniquité ; mais ces brebis, qu’ont-elles fait ? Que ta main, je te prie, soit sur moi et sur la maison de mon père. » (2 Samuel 24.17) Quelle crainte il avait de l’Éternel ! Quel respect pour Dieu ! Quelle humiliation devant Dieu, dans l’abandon et la soumission les plus absolus ! C’est là l’esprit qui avait animé la vie de David. Et la perfection de cet esprit, ce dévouement à son Père ont été, dans la vie du Seigneur Jésus, soumis à de sévères épreuves. « Si tu es le Fils ! » Tout à la fin, lorsque les hommes, armés d’épées et de bâtons, vinrent pour le prendre, lui, le Fils de Dieu, il leur déclara que, s’il le demandait à son Père, celui-ci enverrait aussitôt plus de douze légions d’anges ; mais son dévouement à son Père devait consentir à ce que les anges restent où ils se trouvaient. Nous pourrions nous arrêter sur tous les traits moraux de Christ et voir combien chacun d’eux a été vérifié, éprouvé dans le creuset. Chacun des fils eut à subir une épreuve bien sévère, jusqu’à ce que le vêtement soit achevé.

 

Le Nouvel Homme approuvé

 

          Tenté comme nous en toutes choses, sans commettre cependant aucun péché ! Non seulement cet Homme n’a pas péché, mais il est sans péché. Le péché est quelque chose de plus profond que les péchés. Il a été non seulement éprouvé, mais approuvé.

 

Le Nouvel Homme élevé à la perfection

 

          Comment ? Par la souffrance. C’est là la parole du Seigneur. Il n’a jamais été que parfait ! Mais je cite les Écritures : « Il éleva à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut » (Hébreux 2.10). C’est de lui que cela est déclaré. Nous n’avons pas besoin de nous arrêter pour discuter une doctrine. Il nous suffit de citer les Écritures. Il était sans péché ; il était parfait ; et cependant il a été élevé à la perfection. Si nous ne pouvons comprendre ce qui semble être une contradiction, regardons encore. Il n’y a là qu’une autre manière de dire qu’il a été rendu parfait par l’effort auquel a été soumis le tissage des fibres, en vue de la formation du vêtement. Un jeune plant peut n’avoir aucun défaut en lui-même. Comme plant, il peut être un arbre parfait. Mais montrez-moi ce plant devenu arbre au bout de quelques années de croissance, et je vous dirai : il a été rendu parfait par les souffrances ; non pas que ces souffrances aient révélé un seul vice, mais ses perfections ont été amenées à la perfection grâce à la tempête, à la violence des éléments, à l’épreuve. Il est question de la mesure de la perfection plutôt que de sa nature.

 

(à suivre)

T. Austin SPARKS

www.batissezvotrevie.fr

 

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