REGARDS SUR L’HOMÉOPATHIE (suite)

 

REGARDS SUR L’HOMÉOPATHIE

(suite)

 

Certaines pratiques de l’homéopathie y mêlent l’astrologie,

l’usage du pendule, ou autres recours à l’ésotérisme et à l’occultisme.

Des charlatans sans scrupules s’arrogent le droit de prescrire

des médicaments homéopathiques. L’homéopathie – qui n’est pas une science –

échappe aux méthodes scientifiques...

 

          C’est la médecine la plus difficile à cerner avec la certitude de rester objectif et de ne pas porter préjudice à ceux qui s’en réclament ou, au contraire, à ceux qui la condamnent. Car elle est hautement prônée par des médecins sérieux et ouvertement décriée par des médecins tout aussi sérieux.

          Si l’on en croit l’information donnée, elle est officiellement enseignée en France dans les Facultés de pharmacie, et plusieurs milliers de médecins l’inscrivent à l’enseigne de leur art. « L’Institut national homéopathique français groupe actuellement onze école : Paris, Lyon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dauphiné-Savoie, Marseille, Toulouse, Limoges, Strasbourg, Nantes et Montpellier...Depuis 1976, un organisme les fédère sous l’appellation : « École française d’homéopathie »...Elle délivre un diplôme national aux candidats reçus après trois ans d’études homéopathiques effectives dans l’une des filiales » (1) En Allemagne, il en va de même, et il faut ajouter à ces praticiens plus de 3 000 « guérisseurs » autorisés qui soignent par l’homéopathie. Nos recherches ne nous ont pas permis d’établir de statistiques semblables pour la Suisse.

 

          Constatons ce fait. Alors que durant de très nombreuses années la médecine homéopathique est restée tout à fait séparée de la médecine allopathique officielle, aujourd’hui cette ligne de séparation s’estompe. Beaucoup de médecins sont favorables aux deux thérapies, même s’ils ne sont pas encore nombreux à avoir été formés à l’une et à l’autre école.

 

          A l’étonnement du profane, c’est d’abord le fondement dit scientifique de la médecine homéopathique qui est formellement contesté par certains.

 

          Il faut savoir que ses principes essentiels peuvent être ramenés à quatre propositions :

 

1. La loi de la similitude

 

          Elle est tenue pour la pierre angulaire de la doctrine du fondateur allemand Samuel Hahnemann (1755-1843) : « Similia similibus curantur », c’est-à-dire : « Les semblables sont guéris à l’aide des semblables ». En pratique : « Tout agent qui produit chez l’homme sain certaines manifestations peut faire disparaître chez l’homme malade des manifestations identiques ». Ou encore : « Il faut donner aux malades la substance qui provoque des symptômes semblables aux siens chez l’homme en bonne santé ».

          L’homéopathe explique que la vertu thérapeutique « n’appartient pas au médicament lui-même, mais plutôt à l’organisme dont la substance ingérée stimule les défenses ». Le processus de guérison est une recherche de rééquilibre de l’harmonie de la santé. Les microbes, eux aussi, création du Seigneur, ne sauraient être considérés comme « mauvais ». C’est le « dysfonctionnement » de notre organisme marqué par la chute qui leur confère momentanément un pouvoir débilitant ou même mortel. En réalité et dans le langage de Hahnemann, le remède agirait sur « l’énergie vitale animant la partie matérielle du corps humain...l’affliction dynamique faible étant éteinte par une plus forte si elle lui est semblable ».

 

          Or, cette loi de similitude est aujourd’hui contestée. Citons le Dr J. Lecomte : « La loi de similitude n’a aucune base expérimentale ; elle n’a aucun caractère de généralité ni aucune valeur prédictive...Que ce soit en pathologie, que ce soit en thérapeutique, il n’y a pas de loi de similitude ». (2) On ne peut guère être plus formel.

 

2. L’individualisation du malade

 

          Il est connu que nous ne réagissons pas tous de la même manière à un incident ou même à un accident. Hahnemann a étendu cette observation et établi une sorte de répertoire des symptômes et manifestations de la maladie en rapport avec des types de malades définis selon leur tempérament et leur comportement.

          Cette médecine de la personne a eu, avant Hahnemann et après lui, d’autres défenseurs et illustres praticiens. Et nous ne saurions objecter à ce souci de traiter le malade et non pas seulement la maladie. Mais il convient alors de faire deux remarques :

          Premièrement, cette approche personnelle du patient se rencontre aussi chez des médecins allopathes, et n’est pas une particularité propre à la seule homéopathie.

          Deuxièmement, l’individualisation ne saurait, sans danger pour le patient, éviter les vérifications qu’offrent les techniques actuelles développées par la médecine allopathique. L’homéopathe obnubilé par la connaissance de son patient d’une part et sa clarification des symptômes d’autre part peut tomber dans le simplisme des analogies.

 

3. L’individualisation du remède

 

          Elle découle du principe précédent. Et c’est sur ce point précis que se définit véritablement l’art du médecin homéopathe. Car si la symptomatologie oblige déjà à une interprétation en soi difficile des causes, il convient, en plus, de définir, en fonction du patient – de son histoire, de son état présent, de ses réactions perçues ou supposées – le processus de la guérison qui vise, non à supprimer la cause seulement, mais à assainir le terrain rendu ainsi capable, dorénavant, de résister à la maladie. Nous n’avons rien à redire à cela sinon que la logique du système a pour corollaire une science de l’observation subjective et non plus scientifique. En outre, c’est une manière d’échapper à toute analyse scientifique de l’homéopathie puisqu’il n’est jamais possible d’effectuer des études comparées, statistiquement significatives. On nous objectera que ds tests ont été établis à partir d’expériences faites avec des animaux, notamment avec des rats. Comment concilier cette objection avec ce propos lu sous la plume d’un homéopathe dont j’ai oublié le nom : « De l’animal à l’homme, il y a un véritable abîme comportemental ».

 

4. L’atténuation de la matière médicamenteuse…

 

          ...ou dilution obtenue « par des passages successifs d’un milieu concentré à un deuxième plus étendu dans le solvant, et ainsi de suite ». Cette dilution est littéralement infinitésimale puisque « elle est de l’ordre du millionième de picogramme, le picogramme étant le millième du milliardième de gramme ». Ajoutons que la vertu du médicament choisi d’après le principe de la similitude et de la dilution est scientifiquement contestée. Il serait prouvé, par exemple, que certaines hautes dilutions ne laisseraient même pas trace d’une seule molécule du remède ou « simile ». A quoi les homéopathes répondent qu’il ne s’agit pas d’une simple dilution mais « d’une procédure nommée dynamisation ou potentialisation par des secousses répétées entre chaque dilution ». Et lorsque, désireux d’une information plus précise, ou mieux plus scientifique, on demande quelle est la nature de cette potentialité, l’explication donnée s’en réfère, sous la plume de M.G. Hahnemann lui-même, à l’énergie vitale (ailleurs, nommée Énergie cosmique !) à laquelle les chocs répétés lors des dilutions successives, le remède emprunterait sa force invisible.

          Est-il nécessaire de relever qu’une semblable explication laisse sans parole l’homme de science et donne même le vertige à des homéopathes convaincus.

          Par souci d’objectivité, on doit reconnaître, à la suite du Dr Pfeifer, que l’homéopathie ne saurait être classée sous une étiquette unique. Certains homéopathes contestent eux-mêmes semblables explications. Ils se rangent en vérité sous trois écoles distinctes.

 

          - Il y a l’école fidèle à Hahnemann, fidèle en tout cas à ses principes, aux explications qu’il en donne et aux applications qu’il en tire. Tout au plus ont-ils modernisé le vocabulaire usité, tout en sauvegardant le contenu original.

 

          - Il y a ceux qui gardent les « principes » mais récusent plusieurs des théories médicales défendues par Hahnemann. Ils les remplacent par d’autres explications et applications, comprenant par exemple l’astrologie, l’usage du pendule, ou autres recours à l’occultisme.

          D. Demarque relève : « Une confusion persistante existe encore dans le public entre les médecins homéopathes, docteurs en médecine comme tous leurs confrères, et la masse des illégaux de la médecine, les guérisseurs, pendulistes de bonne foi...charlatans sans scrupules, nombre d’entre eux s’arrogent le droit de prescrire des médicaments homéopathiques dont ils savent qu’ils ne font pas courir de risques aux malades. »

          En voici deux exemples, tirés d’une enquête parue sous le titre : « Guérisseurs et compagnie ». (3)

 

          « Mme S. explique qu’elle a un don de double vue, mais établit ses diagnostics à l’aide de son pendule...et prescrit des médicaments homéopathiques…

          Le Dr R. n’a pas étudié la médecine en suivant la voie officielle. Il s’est penché sur les secrets de l’acupuncture et de l’homéopathie. Sa préoccupation : le fond de mes yeux, dans lesquels il plonge à l’aide d’un appareil plutôt sophistiqué qui ressemble à celui utilisé par les oculistes. Deux minutes lui suffisent pour déceler dans la pupille mes nervosités et tensions. Pour en découvrir la position exacte, il ausculte l’oreille gauche à l’aide d’un bâtonnet relié à un appareil électrique...Suit l’implantation d’aiguilles d’acupuncture dans les points stratégiques repérés sur le pavillon de l’oreille. »

 

          - Il y a enfin ceux qui, sur le fondement des quatre principes, excluent tout recours à l’ésotérisme, toute dynamisation par des dilutions extrêmes. Ils veulent sauvegarder, avec les quatre principes, un caractère de « fiabilité » du remède et ne dépassent pas la dilution maximale de 6.

          C’est à cette dernière école que nous nous intéresserons d’abord, les deux autres manifestant clairement leur étiquette, soit ésotérique soit occulte, donc suspecte à nos yeux. Or, nous devons à la vérité dire que cette école-là est elle-même absolument contestée par certains. Pour seul exemple, le rapport de la « Commission » dite des « Académies de médecine de Belgique » concernant l’intégration de l’homéopathie dans la sécurité sociale :

          « L’efficacité thérapeutique des procédés homéopathiques ne possède aucune base scientifique. Aucun résultat de pharmacologie expérimentale ou clinique longuement conduite ne peut être fourni en faveur de l’efficacité du traitement homéopathique...Après 150 ans, aucune preuve n’a donc été fournie scientifiquement quant à l’efficacité réelle des médicaments homéopathiques. »

          Tout aussi formelle est la conclusion de l’étude sérieuse du Dr Lecomte : « Le discours homéopathique sur la maladie ne peut rester qu’un discours. Il est étranger à l’expérimentation. Celle-ci est d’ailleurs sollicitée non pour la faire progresser mais pour y vérifier l’exactitude de sa formulation même. L’homéopathie – qui n’est pas une science – échappe aux méthodes scientifiques ». Les homéopathes eux-mêmes confirment ce verdict lorsqu’ils écrivent : « Actuellement, nous ne connaissons pas exactement le mode d’action des dilutions infinitésimales. » (4)

          Cette même évaluation négative sous l’angle de la science se retrouve sous la plume du Dr Bopp : « Jusqu’à ce jour, il n’existe aucune étude contrôlée qui prouve une action efficace sur un groupe de malades traités par l’homéopathie. Les résultats d’une série d’études scientifiques faites en Allemagne ont tous été très décourageants pour la méthode de Hahnemann et ont confirmé l’incapacité de prouver l’effet significatif du traitement homéopathique. »

          Pour en rester aux explications scientifiques, on ne saurait non plus évoquer à l’appui de l’homéopathie ce qui paraîtrait en être une copie conforme : la vaccination. En effet, celle-ci, en inoculant le microbe atténué ou sa toxine, stimule notre organisme dans son auto-défense par la production d’anticorps spécifiques contre un microbe. L’homéopathie reconnaît le mécanisme naturel mais ne s’en réclame pas. Il en va de même du mécanisme connu en rapport avec une allergie, mécanisme qui n’est pas identique à la méthode homéopathique.

          Il faut donc chercher ailleurs qu’en science une justification de l’homéopathie. Trois remarques nous conduiront vers une conclusion.

 

(1) « L’homéopathie sans masque », D. Demarque, Ed. Doin, p.195

(2) « Revue médicale de Liège », vol.35, n°9, mai 1980

(3) Journal « Construire » du 17 février 1982

(4) Principes de posologie homéopathique, Laboratoires Boiron 69110 Sainte-Foy-les-Lyon

 

(à suivre)

Maurice RAY

www.batissezvotrevie.fr

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Francis (dimanche, 28 juillet 2019 20:10)

    Cette "étude" sur l'homéopathie, qui pour n'être pas terminé, n'en est pas moins exhaustive. J'ai personnellement utilisé cette thérapie qui dans certains domaines m'a apporté ce dont j'avais besoin. Bien sûr, l'allopathie est bien sûr la thérapie reconnue, "vérifiée scientifiquement", et elle m'a secouru dans bien des situations. Mais j'ai éprouvé une certaine gêne dans cette étude. Si j'ai bien compris, cette "médecine" n'en est pas une car non validée par la Science. Bien sûr aussi, des charlatans abusent de l'homéopathie, sous prétexte que les risques sont nuls s'il y a erreur de prescription ; ce que l'on ne peut pas faire avec la médication légale, puisqu'il faut être médecin pour pouvoir délivrer une ordonance. À nous donc de choisir celui en qui nous confions nos soins. Et à partir de là, je dirai qu' il est bien difficile, pour moi, de faire le meilleur choix. Dans la médecine issue de LA SCIENCE, je me suis contraint d'abandonner un médicament qui m'était prescrit comme salutaire, mais dont les effets secondaires annoncés dans la notice m'ont parus effrayants (mot approprié). Bien sûr le médecin m'a rassuré en disant que cela saurait si c'était le cas. Et pourtant, combien de médicaments ont fait la une des actualités bien des années après leur administration, à cause d'effets dangereux avérés, pénalisant la santé de ses consommateurs, alors qu'ils avaient été validés par la Science, la grande Science. En parlant d'ésotérisme, est-on sûrs qu'il n'a personne dans certaines sphères scientifiques, qui n'appartienne pas à un quelconque milieu de ce genre. Personnellement, je n'arrive pas à trancher, seul Dieu connaît la situation. Et pour m'être souvent posé la question sur ce sujet, je n'ai pas la réponse. Ce à quoi j'ai abouti c'est ceci : l'homme, s'étant séparé de Dieu, on sait que le péché est entré dans son être, avec toutes les conséquences s'y rapportant, et donc la maladie (pardon de répéter ce que chaque disciple de Christ sait déjà). Il a donc fallu que l'homme se débrouille pour se soigner sans l'aide de Dieu, mais avec le pouvoir de dominer sur les choses que lui avait octroyé Dieu. Et merci Seigneur pour tout ce que tu permets à l'homme de faire pour le bien de son prochain. Mais il n'en reste pas moins vrai que ce que produit l'homme est toujours imparfait malgré tout. Donc, ma conclusion c'est que homéopathie, allopathie, où est le bon ou le mauvais ? Je ne saurais trancher, encore une fois. L'idéal est bien sûr ce que nous faisons : prier le Seigneur tout puissant pour qu'il nous guérisse divinement. Mais aussi, je pense qu'il apparaît une vérité, cela n'engage que moi, c'est qu'il y a en plus, des conflits dont l'enjeu est financier pour ceux qui produisent les médicaments.