REGARDS SUR L’HOMÉOPATHIE (suite et fin)

 

REGARDS SUR L’HOMÉOPATHIE

(suite et fin)

 

L’homéopathie, enfermée dans son formalisme, serait-elle condamnée ?

Les médicaments homéopathiques sont-ils inoffensifs spirituellement ?

Peut-on trouver des résonances bibliques dans cette médecine ?

 

          Tel médecin cité, le Dr Lecomte de Liège, prend position sous le seul angle de la science et tranche sans appel : « Une fois les idées dégagées selon lesquelles les manifestations morbides obéissent à un déterminisme vigoureux, une fois le mouvement lancé de l’analyse de plus en plus approfondie des causes des maladies, une fois leur thérapeutique spécifique dûment assurée, l’homéopathie est condamnée parce qu’enfermée dans son formalisme ».

          Le Dr H. J. Bopp de Neuchâtel, lui aussi, est tranchant : « On voudrait nous présenter une médecine de la personne, scientifique, avec un remède individuel et naturel...L’effort de démystification et le vernis scientifique ne peuvent pas convaincre si on étudie l’origine, la théorie, la pratique et les témoignages d’aujourd’hui. Je déconseille fortement la prise de médicaments homéopathiques, les produits anthroposophiques (Weleda) inclus. Je ne suis pas convaincu qu’ils soient inoffensifs spirituellement. »

          Dans un article paru dans « Expériences », (1) le Dr E. Louédin – il est vrai, sans démonstration à l’appui de son soutien à l’homéopathie – nous dit : « La méthode homéopathique est très rationnelle, consistant à utiliser les effets des microdoses de produits variés pour supprimer les maux et soutenir des terrains déficients ».

          Mais D. Demarque ne partage pas cet optimisme : « Il est anormal que plus de 80 % des malades se figurent avoir reçu des soins homéopathiques parce qu’un médecin leur a prescrit quelques gouttes de teinture d’une plante médicinale, quelques bourgeons, des extraits d’organes ou de pierres précieuses en dilution. Le plus fort est que certains médecins, ignorant tout de la méthode, croient de bonne foi faire de l’homéopathie en remettant à leurs malades des ordonnances de ce style. »

          Le Dr M. Cousin, (3) lui, recommande vivement l’homéopathie et trouve même à cette médecine des résonances bibliques. Il accepte sans discussion la loi de similitude, tout en reconnaissant « qu’on ne sait pas parfaitement, dans le détail, comment les choses se passent ». Il voit un avantage « à la procédure systématique pour trouver le médicament convenable alors en allopathie, c’est par hasard qu’on découvre qu’une substance atténue tel malaise ». Il apprécie cette médecine de la personne « refusant le matérialisme mécaniste » dont se réclament beaucoup d’allopathes. Il va jusqu’à trouver une parenté entre les doses infinitésimales et « l’avertissement biblique de ne pas mépriser les petits commencements, Dieu se plaisant à déployer sa puissance – celle de l’Esprit – par le moyen de l’infime ».

          Nous devons à la vérité de dire que cette « parenté » un peu singulière mais surtout ces propos gratifiants à l’égard de l’homéopathie paraissent ignorer regrettablement les questions fondamentales que pose au chrétien le recours à cette médecine.

          Combien plus parlants sont les propos d’un Dr J. Michaud qui, sans cacher « toutes les techniques et sciences plus ou moins occultes qui « flirtent » volontiers avec l’homéopathie : l’acupuncture, la vertébrothérapie, la radiesthésie, l’astrologie, l’iriscopie, la chirologie et quelques autres...fait du médecin homéopathe une sorte de médiateur. » Écoutez plutôt : « Entre le malade et son remède qui devrait, l’un étant le reflet de l’autre, constituer un véritable miroir à deux faces, s’interpose un troisième personnage, qui va soumettre à son empreinte le couple remède-malade : le médecin. Et l’on peut presque dire qu’il y a autant de façons de pratiquer l'homéopathie qu’il y a de médecins homéopathes ».

          Il précise encore : la dynamisation du remède « développe l’énergie médicamenteuse latente et fait la valeur du remède homéopathique ». Il souligne lui aussi que la science est en défaut pour expliquer l’action particulièrement puissante des hautes dilutions et se demande s’il faut chercher cette explication dans le mariage matière-énergie, c’est-à-dire « le transfert de la substance matérielle en rayonnement énergétique ». Gratuite hypothèse !

          Si la prescription homéopathique comporte des remèdes codifiés, répertoriés, aux indications parfaitement précises, il ne cache pas que « la prise d’un médicament homéopathique nécessite un double acte de foi : dans le médecin qui l’a prescrit, dans le laboratoire qui l’a fabriqué... » (4)

          Propos parlants, avons-nous dit ! Ils confirment en effet cette recherche passionnée et désintéressée de beaucoup d’homéopathes encore incertains quant aux derniers résultats positifs de cette recherche, mais sûrs de leur art autant que les allopathes peuvent l’être du leur. Ils illustrent ces propos du Dr J. Ménétrier : « L’empirisme demeure une nécessité de la pratique médicale où l’individualité des êtres vivants ne nous permet pas d’établir des lois générales, mais seulement des conditions d’adaptation de chaque individu à une fonction commune d’existence ». (5)

          Est-ce à dire, comme on l’entend trop souvent répéter, que cette médecine volontiers appelée « douce » soit sans risque ? Elle se gardera bien de le prétendre. Car elle connaît ses limites, autant que la médecine officielle connaît les siennes. Mais à la différence de cette dernière, l’empirisme de sa méthode aux effets supposés mais non maîtrisables peut la rendre plus nocive que la médecine scientifique. Sa prétendue innocuité est donc trompeuse.

          Quant à la réussite du traitement homéopathique, elle tient en partie à des prescriptions de remèdes codifiés mais essentiellement aussi au double acte de foi du patient, et envers le médecin et envers le remède. Le pouvoir suggestif du médecin homéopathe ou non, autant que sa science, est donc facteur de guérison.

          Mais les propos du Dr Ménétrier rapportés plus haut jettent une lumière crue sur les « flirts » de l’homéopathie avec les techniques et les sciences plus ou moins occultes. Dans « l’homéopathie sans masque », (6) D. Demarque, médecin rationaliste et anti-occulte, d’une part dénonce les « nombreuses liaisons dangereuses » et les « tentations de la médecine homéopathique avec l’occultisme », d’autre part reconnaît que l’aspect scientifique se limite strictement à la notion d’expérience sans référence à une théorie explicative. Tout cela confirme la part de suspicion que nous avons et devons garder envers l’homéopathie, plus encore envers ceux de ces praticiens pour qui l’expérience empirique est le prétexte et la justification de leurs pratiques occultes. Car de telles pratiques, à leur insu, mettent patients et médecins dans la dépendance des Puissances célestes aliénantes et, sans qu’on en puisse donner la mesure, marquent même de leur pouvoir l’action suggestive bien intentionnée qu’exerce l’homéopathie.

 

Maurice RAY

www.batissezvotrevie.fr

 

 

(1) Expériences 1/78, centre missionnaire, F-29270 Carhaix

(2) Opus cité, p.10

(3) Dans Ichthus n° 78/1978

(4) « Pour une médecine différente », Ed. J’ai lu (Flammarion), p.21

(5) « La médecine des fonctions » J. Ménétrier, Ed. Le François Paris

(6) Ed.Doin, 1979

 

 

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