L’EVANGILE ET LE JUDAÏSME (1° partie)

 

L’EVANGILE ET LE JUDAÏSME

(1° partie)

 

          Cette réflexion concernant le salut des Juifs s’est avérée nécessaire face à des dérives et à des enseignements erronés. Certains vont jusqu'à prétendre que les Juifs, aujourd’hui, par leur piété et l’observance de la Loi et des traditions, n’ont pas besoin de Jésus pour être sauvés.

          Il s’agit aussi de dénoncer les dérapages et dérives concernant l’attitude de certains chrétiens et pasteurs qui « judaïsent » et tombent dans des travers qui les éloignent des fondements bibliques enseignés par Jésus et les Apôtres.

          L’engouement de certains chrétiens pour Israël engendrent des dérives dangereuses. Certains tombent dans la superstition et l’idolâtrie, ramenant des cailloux et des branches d’oliviers comme objets de piété, introduisant dans nos églises kippas et châles de prières. D’autres se font rebaptiser dans le Jourdain. D’autres encore déposent, dans les interstices du mur des lamentations, des requêtes pour toutes leurs familles. Ils oublient que si nous avons à adresser des prières, c’est au Père, au nom de Christ, et que nous devons adorer le Père en esprit et en vérité (Jean 16.23 et 26)

 

L’élection et la vocation d’Israël. « Ekkletos »

 

          Dieu s’adresse à Abraham et lui fait une promesse :

          « Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai… et toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Genèse 12.1-3 ; 17.9 ; 22.18). Un choix et une vocation. Choisi pour bénir et faire connaître l’Eternel.

          Il est indéniable que le peuple d’Israël est un peuple « élu » selon la promesse faite à Abraham.

          Le terme « élu » n’a nullement le sens de supériorité mais celui d’un choix déterminé pour une vocation déterminée.

          La vocation d’Israël était de faire connaître le seul et vrai Dieu, l’Eternel. La foi en un Dieu unique.

          L’élection ne garantit pas le salut. Ceux qui tombèrent dans le désert, comme le rappelle Paul, dans son épître (1 Corinthiens 10.5), et ceux des rois et du peuple d’Israël et de Juda qui tombèrent dans l’idolâtrie, la désobéissance et la perversion, comme le relatent les livres des rois et des chroniques, faisaient aussi partie des élus.

          C’est pourquoi Paul dit « que tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas Israël » Romains 9.6).

          Si l’élection garantissait le salut, pourquoi l’apôtre Paul, conscient de la situation de perdition de son peuple, intercédait-il « pour en sauver toutefois quelques-uns » (Romains 10.1) ?

          Comme le rappelle Paul dans 2 Corinthiens 3.14-16, « ils sont devenus durs d’entendement. Car jusqu’à ce jour le voile demeure quand ils font la lecture de l’Ancien Testament, et il ne se lève pas, parce que c’est en Christ qu’il disparaît. Jusqu’à ce jour, quand on lit Moise, un voile est jeté sur leur cœur, mais lorsque les cœurs se convertissent au Seigneur, le voile est ôté. »

          Il est incontestable qu’Israël a failli à sa vocation.

          Les juifs revendiquent leur élection, le fait qu’Abraham est leur père et que Dieu est leur Père ; mais Jésus les reprend avec sévérité. « Notre père c’est Abraham… » disent-ils, « nous ne sommes pas des enfants illégitimes, nous avons un seul Père, c’est Dieu. Jésus leur dit : si Dieu était votre Père vous m’aimeriez...Vous avez pour père le diable…Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; vous n’écoutez pas parce que vous n’êtes pas de Dieu.» ( Jean 8.39-47)

          Concernant les hommes pieux et les fidèles de l’Ancienne Alliance, l’auteur de l’épître aux Hébreux dit : « C’est dans la foi qu’ils sont tous morts, sans avoir obtenu les choses promises ; mais ils les ont saluées de loin…» (Hébreux 11.13)

          Paul reste l’intercesseur pour son peuple et « supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec la gloire éternelle. » (2 Timothée 2.10) Paul est donc conscient que son peuple est perdu. Pour lui, « tout Israël n’est pas Israël », mais il y a une élection selon la foi d’Abraham.

 

 

Jésus annonce la bonne nouvelle aux Juifs en priorité

 

          Dans les évangiles, Jésus s’adresse aux Juifs.

 

          Matthieu 15.24 : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »

          Jean 1.11 : « Il est venu chez les siens. »

          Matthieu 10.6 : « Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. » Telle est la mission confiée par Jésus à ses disciples.

          Matthieu 9.36 : Jésus fut ému de compassion pour la foule, parce qu’elle était comme des brebis qui n’ont point de berger.

          Jésus tiendrait aujourd’hui le même langage à l’égard des Nicodème, ou à l’égard des « sépulcres blanchis », des Pharisiens ou des grands prêtres. Il les exhorterait à se repentir et à porter du fruit digne de la repentance. Aujourd’hui, Pierre aurait certainement le même discours pour les juifs pieux et pour les autres (Actes 2.5 et 38)

 

 

Le message de repentance pour les Juifs

 

          Comme Jean-Baptiste, Jésus prêche la repentance au peuple Juif :

          Matthieu 4.17 : « Dès ce moment, Jésus commença à prêcher et à dire : Repentez-vous car le royaume de Dieu est proche. »

 

Les juifs pieux du Nouveau Testament et leur attitude face à Jésus

 

          « La piété est une vertu qui dispose à rendre à Dieu l’honneur qui lui est dû par des actes extérieurs et religieux » (définition du dictionnaire).

          La piété des Juifs était-elle suffisante pour obtenir le salut, ou doivent-ils reconnaître Jésus comme le Messie ?

          Siméon, un homme juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël, reconnaît en l’enfant Jésus le Sauveur » (Luc 2.25).

          Anne la prophétesse, « servait Dieu et parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël » (Luc 2.36-37).

          Nathanaël, qualifié par Jésus « d’Israélite dans lequel il n’y a point de fraude » (Jean 1.47), confesse et reconnaît que « Jésus est Rabbi, Fils de Dieu, Roi d’Israël ». Il devient un disciple de Jésus que l’on retrouve dans Jean 21.2, puis sous le nom de Barthélemy dans Actes 1.13.

          Pour voir le royaume des cieux et y entrer, Jésus donne la marche à suivre au Juif Nicodème, homme qui craignait Dieu : « Il faut naître de nouveau, naître d’eau et d’Esprit » (Jean 3.3 et 5) . Au verset 16, Jésus englobe Juifs et Gentils (non Juifs) dans le « quiconque croira ».

 

Les affirmations de Jésus lui-même aux Juifs

 

          Jésus affirme aux Juifs qu’il est le seul moyen de salut et le seul chemin pour aller au père.

          Jean 10.7,9 : « Je suis la porte des brebis, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ».

          Jean 10.11 : « Je suis le bon berger ».

          Jean 10.16 : Il y a les brebis d’Israël et d’autres brebis : les Gentils ; et « il y aura un seul troupeau ».

          Jean 6.44 : « Nul ne peut venir à moi si le Père ne l’attire ».

          Jean 14.6 : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi ».

          Il est donc clair qu’il ne suffit pas pour un Juif d’être pieux et juste pour être sauvé ; mais il doit reconnaître et accepter Jésus comme le Messie.

 

 

Les affirmations des apôtres

 

          Les apôtres agissent comme leur Maître et prêchent la repentance à leur peuple.

          Le jour de la Pentecôte Pierre prêche la repentance « à Jérusalem, à des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel » Actes 2.5. Trois mille d’entre eux se convertissent et deviennent les premiers juifs-messianiques, leur nombre s’élèvera à cinq mille (Actes 4.4).

          Pierre termine sa prédication en invitant les Juifs à reconnaître Jésus comme le Christ : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié. » (Actes 2.36)

          Dans Actes 4.12, Pierre, s’adressant de nouveau aux Juifs, leur dit : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

          Actes 15.11, lors du concile de Jérusalem, Pierre affirme aux Juifs présents : « C’est par la grâce du Seigneur que nous sommes sauvés, de la même manière qu’eux[les païens] ».

          1 Timothée 2.5 : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés [Juifs et non Juifs] …Un seul médiateur Jésus-Christ homme, qui s’est donné en rançon pour tous [Juifs et non-Juifs] ».

 

          Pour qu’un Juif accède au salut, il n’y a pas d’autre voie que celle d’accepter Jésus comme « Messie et Seigneur ».

          Paul, s’adressant aux Juifs d’Antioche, prêche le salut en ces termes : « Sachez donc, hommes frères, que c’est par lui [Jésus] que le pardon des péchés vous est annoncé, et que quiconque croit est justifié par lui de toutes les choses dont vous ne pouviez pas être justifiés par la loi de Moïse. » (Actes 13.38-39)

          Depuis la Nouvelle Alliance en Christ, la piété et l’observance de la loi et des traditions ne peuvent d’aucune manière amener un Juif au salut. C’est ce qu’affirment l’Evangile et les écrits de Paul.

 

 

Paul avait-il besoin de se convertir ?

 

          Si la piété et le fait d’être irréprochable avaient été un moyen de salut, Paul n’avait pas besoin de se convertir à Jésus. Il est l’exemple même d’un Juif qui vivait son Judaïsme avec piété et zèle, et pourtant, après avoir rencontré Christ, il reconnut lui-même que toute sa piété n’était que de la balayure comparée à l’excellence de la connaissance de Christ. Il fait étalage de ses qualités de Juif pieux, « circoncis, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux, pharisien, zélé, irréprochable à l’égard de la justice de la loi », mais il regarde toutes ces choses comme une perte, à cause de Christ…(Philippiens 3.4, 9) Ses qualités et son zèle dans le Judaïsme ne l’ont en rien justifié et ce n’est qu’après sa conversion que Paul fit la découverte de toute la dimension de la grâce de Dieu offerte par la foi en son fils Jésus-Christ.

 

Dieu, dans sa sagesse, offre le salut à tous les hommes, Juifs et non Juifs,

sans distinction. L’olivier franc et l’olivier sauvage

 

          Dans Romains 11.17, l’olivier franc représente Israël (voyez Jérémie 11.16). Des branches ont été retranchées de l’olivier franc ; elles représentent les Israélites qui ont rejeté l’Evangile et le Messie envoyé par Dieu. Des branches provenant d’un olivier sauvage, ont été greffées sur l’olivier franc (Israël) ; elles représentent les non Juifs qui se sont convertis à Jésus. Ainsi, le peuple de Dieu est constitué aujourd’hui des Israélites qui ont la foi en Jésus et des non Juifs qui ont aussi la foi en Jésus.

          Ceux qui sont en Christ, Juifs et non Juifs, sont égaux par la foi et forment l’Eglise. Romains 10.12 : « Il n’y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. »

 

          Ce rejet des branches de l’olivier franc est-il définitif ?

          Romains 11.23 : « Eux [les Juifs] de même, s’ils ne persistent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés ; car Dieu est puissant pour les greffer à nouveau… »

          Dans Romains 11.11 à 15, Paul affirme que beaucoup d’Israélites ont « trébuché, bronché» (grec « eptaio »), en ce qu’ils n’ont pas répondu à la foi en Christ et à l’Evangile et par cela sont passés à coté du salut. Mais Paul rejette l’idée d’une situation définitive. S’ils ont trébuché ce n’est pas pour tomber définitivement. « Leur chute a été la richesse des païens, combien plus en sera-t-il quand ils se convertiront tous … Car si leur mise à l’écart ou leur rejet, à été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon le passage de la mort à la vie », écrit-il. A leur conversion, ils seront greffés à nouveau sur l’olivier franc, car Dieu en a le pouvoir.

 

          Aux versets 25 et 26, Paul rappelle « qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à que la totalité des païens soit entrée » et que, dans l’avenir « tout Israël sera sauvé ». Il s’agit bien de l’ensemble d’Israël qui croira aux derniers jours et qui, par conséquent, sera sauvé ; il est question ici de ceux qui seront restés vivants lors du retour en gloire du Seigneur et non pas de ceux qui sont morts en persistant dans leur incrédulité.

          Au verset 25, dans l’expression « la totalité (grec « plétôma) des païens », il faut comprendre, non pas « tous les païens », mais tous ceux qui acceptent la grâce par la foi. De même, au verset 26, l’expression « ainsi tout (plétôma) Israël sera sauvé » a le même sens, signifiant tous les Juifs qui auront accepté et reconnu ou reconnaîtront le Christ comme le Messie.

 

          Alors, en effet, les Juifs se convertiront. Dans Matthieu 23.39, Jésus s’adresse aux Juifs et leur dit : « Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (voyez Zacharie 12.10 ; 13.6).

          La présence de Paul et des autres Juifs dans l’Eglise, physiquement issus d’Abraham, sont les preuves que Dieu n’en a pas fini avec Israël.

 

(à suivre)

René ZANELLATO

www.batissezvotrevie.fr

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Delphin KISANGULA (lundi, 27 avril 2020 21:06)

    C'EST PARFAIT. MERCI BEAUCOUP. QUE JESUS CHRIST EMMANUEL VOUS BENISSE.