LES JEUNES FACE AUX SÉVICES SEXUELS

 

LES JEUNES FACE AUX SÉVICES SEXUELS

 

 

Vous avez dit « tabou » ?

 

          Serait-il inconvenant, déplacé, de traiter un tel sujet ? Comment oserait-on en parler entre chrétiens ? Comment oser aborder de telles « choses » ?

          Ne soyons pas plus royalistes que le Roi. Dieu, dans sa sainte Parole, ose aborder le sujet. Il a fixé des lois, indiqué les peines encourues en cas de transgression, parlé des victimes et de leurs souffrances avec force détails. Il nous raconte, par exemple, l’horrible viol de Tamar, par son frère Amnon, fils de David (La Bible, 2 Samuel 13.1-22)…

          Fermer nos yeux et notre coeur sur des enfants et des adolescents cassés par la corruption de certains adultes, serait certainement grandement coupable aux yeux du Seigneur.

 

 

la triste histoire de M…

 

          Cela commença quand M. avait six ans. Un oncle de dix-neuf ans, qui vivait dans le voisinage et qui lui tenait lieu de grand frère, emmena M. avec lui lors de ses promenades et de ses trajets en voiture, de ses visites à ses amis et, parfois, au cinéma.

 

          Puis, un jour, quand ils arrivèrent chez M. et s’aperçurent que ses parents étaient absents, son oncle suggéra qu’ils aillent s’amuser dans l’étable. Il lui proposa de lui montrer un secret et il se dévêtit devant elle, en lui demandant de garder leur « petit secret ». Dès ce moment-là, la situation évolua progressivement. Il se mit à la câliner et à l’embrasser, puis il lui demanda de le caresser à son tour.

 

          M. sentait que ce que son oncle lui demandait n’était pas bien, mais il lui avait promis de ne jamais la blesser. Il ne devint jamais violent, et M. tint sa langue, mais cet abus ne resta pas sans effets.

 

          Au cours des années qui suivirent, M. se mit à redouter les contacts avec son oncle, et même à le haïr. Un jour, elle tenta de confier à sa mère ce qui se passait, mais cela ne fit que la désorienter davantage. Elle ne sut jamais si sa mère ne la croyait pas, ne la comprenait pas ou rejetait le blâme sur elle.

 

          Quand M. eut neuf ans, sa famille déménagea loin de chez son oncle, mais cela ne résolut pas ses problèmes. Elle se mit à avoir des cauchemars et à se renfermer sur elle-même. Au début de son adolescence, elle avait peu d’amis à l’école et à l’église, et elle fit plusieurs dépressions successives.

 

          A quinze ans, elle n’était pas plus épanouie qu’auparavant. « J’avais l’impression qu’on ne pourrait jamais m’aimer », disait-elle.

 

 

Des statistiques effrayantes

 

          19.700 mineurs ont été victimes de violences sexuelles en France en 2016, dont 78% de filles. Officiellement, selon le ministère de la justice, 4 affaires de violences sexuelles sur 10 sont des agressions sexuelles sur mineur. Mais il semblerait que la réalité soit difficile à évaluer car toutes les victimes ne sont pas en mesure d'en parler et de porter plainte. Il existe de nombreuses raisons à cela : les victimes n'osent pas en parler, elles sont psycho traumatisés, elles étaient trop petites, pensaient que ce n'était pas si grave ou encore parce qu'elles ont fait l'objet de menaces de la part de leur agresseur...

          Les spécialistes s'accordent sur un point : les mineurs sont la classe d'âge la plus exposée aux violences sexuelles. Des violences qui, par ailleurs, touchent toutes les catégories sociales et toutes les franges de la population.

 

          On définit couramment l’abus sexuel comme « toute forme de contact ou de conversation sexuelle au cours de laquelle un enfant est exploité pour apporter une certaine satisfaction sexuelle à celui qui l’exploite ». Ces termes recouvrent une large gamme d’actions et d’activités qu’il n’est ni nécessaire, ni édifiant, de mentionner ici.

 

          Dans un rapport sur la protection des mineurs victimes d'infractions sexuelles, publié au nom de la commission des lois du Sénat, on peut lire les résultats d'une enquête de l'Ined sur la population, menée en 2015. Il en résultait que près de 40% des viols ou tentatives de viols déclarés par les femmes avaient lieu avant l'âge de 15 ans. Pour les hommes, le taux monte à près de 60%. Plus spécifiquement, un quart des femmes et un tiers des hommes interrogés dans cette étude ont expliqué que ces faits avaient débuté avant l'âge de 11 ans.

          Les pics de violences sexuelles sont nombreux chez les enfants. On estime, selon les données du Ministère de l'Intérieur que le pic de violences sexuelles chez les filles est atteint entre 10 et 15 ans. Chez les garçons, ce pic est évalué à 6 ans.

 

 

Des chiffres à multiplier par dix

 

          Ces chiffres sur les violences sexuelles sur mineurs, bien que très importants, sont, pour les spécialistes, très inférieurs à la réalité des faits. On estime qu'il faudrait les multiplier par dix. "Et encore on le minimiserait. Il y a un consensus international pour les enfants : les chiffres noirs, ceux qui ne sont pas rapportés aux autorités sont très importants", précise Muriel Salmona (psychiatre) à LCI. Pour elle, ce sont près de 130.000 filles et 35.000 garçons qui sont victimes de violences sexuelles, par an, en France. Une fille sur cinq et un garçon sur treize ont subi une agression sexuelle ou un viol, selon les chiffres mondiaux de l'OMS.

          En se basant sur différentes études, dont celle menée en 2015, Muriel Salmona estime que 81% des violences sexuelles sont subies avant l’âge de 18 ans, 51% avant 11 ans, 21% avant 6 ans. Preuve encore que les mineurs sont extrêmement exposés à ces violences particulières.

 

          De telles statistiques font état de tragédies inimaginables, d’autant plus que les sévices sexuels exercés sur des enfants peuvent être les crimes les mieux camouflés. Ils sont traumatisants pour les enfants ou les adolescents, et ont des effets considérables et durables.

 

 

Les effets des sévices sexuels

 

          Ils sont si profonds et si vastes qu’il faudrait des centaines (ou même des milliers) de pages pour les traiter en détail. Néanmoins, nous ne pouvons aborder ici que les plus courants et les plus prononcés.

 

          Des conséquences très graves : avoir subi des violences sexuelles durant l'enfance est le facteur de risque principal d'en subir à nouveau tout au long de la vie, pour les filles. Chez les garçons, c'est le risque de devenir agresseur à son tour.

 

          Conséquences physiques et mentales.

          La liste des conséquences physiques des abus sexuels est effroyable. Elles sont graves et, dans certains cas, irrévocables.

          Ces violences sont un problème de santé publique majeur, au regard des conséquences. La vie et la santé des victimes, même des années après, demeurent marquées par ces violences, surtout lorsqu'elles ne sont pas prises en charge. L'immense majorité des victimes agressées dans leur enfance indiquent que cela a des conséquences graves sur leur santé mentale et plus de la moitié, sur leur santé physique.

 

          La culpabilité.

          Les victimes d’abus sexuels sont souvent en proie à de vifs sentiments de culpabilité. Un thérapeute a déclaré : « Si les gens en qui nous avons confiance et dont nous avons besoin abusent de nous d’une façon qui nous agresse et qui porte atteinte à notre corps, soit c’est de leur faute et nous allons mourir (puisque c’est d’eux que dépend notre survie), soit c’est de notre faute. Aussi la plupart des victimes endossent-elles la culpabilité ».

          65% des viols sur mineur sont le fait d'une connaissance.

 

          Des chercheurs rapportent une réaction banale parmi les victimes d’abus sexuels : « Une jeune femme qui a subi des sévices sexuels de la part des membres de sa famille depuis l’âge de sept ans a remarqué : « Je me sentais coupable d’avoir laissé cela se produire et continuer pendant tant d’années ». 

 

          La honte.

          La honte s’apparente à la culpabilité, mais alors que la culpabilité est centrée sur des actes, la honte est basée sur la personne elle-même. Or, comme les abus sexuels agressent la personne, ils s’accompagnent généralement d’un fort sentiment de honte.

          Les victimes se disent « sales, impures, répugnantes et mauvaises ».

          « J’ai été molestée et violée à l’âge de onze ans, témoigne une victime. Et depuis lors je me suis perpétuellement sentie sale, insignifiante et mauvaise. » Ce genre de sentiment n’est que trop répandu parmi les victimes d’abus sexuels.

 

          Sentiments d’impuissance.

          Peu d’autres situations suscitent un tel désarroi chez les enfants ou les adolescents que les sévices sexuels, lorsqu’ils ont gardé un « secret honteux » et qu’ils ont été pris dans une sorte de conspiration (câlinés, menacés ou parfois même soudoyés) par un membre de leur famille ou un ami en qui ils avaient confiance. Ces sentiments sont encore plus prononcés lorsqu’ils ont tenté d’en faire part à un adulte et qu’ils ont été ignorés ou repoussés.

 

          Citons rapidement, d’autres effets. Peu de traumatismes peuvent laisser des cicatrices aussi profondes que les abus sexuels. Ils se manifestent par des agressions, de la méfiance à l’égard des autres, l’inaptitude aux contacts sociaux, le repli sur soi, des fugues, la dépression, la colère, l’anxiété…

 

          Faible estime de soi.

          Longtemps après la fin des sévices, les victimes continuent à se dévaloriser et à perdre tout sentiment de valeur personnelle, ce qui les paralyse. Leurs sentiments de culpabilité, de honte et d’impuissance se combinent pour miner leur estime de soi, souvent au point qu’ils ne peuvent plus se supporter et se haïssent.

          Ces personnes abordent l’adolescence et l’âge adulte en étant convaincues de n’être ni aimées, ni aimables. Elles trouvent difficile ou impossible de croire que Dieu, leur conjoint, ou même leurs propres enfants puissent les aimer. Leur faible estime d’elles-mêmes cause souvent d’autres troubles, comme des problèmes alimentaires (anorexie, boulimie) et des tendances suicidaires. Une victime de violences sexuelles durant son enfance, sur deux, a déjà tenté de se suicider.

          "Les conséquences psycho traumatiques sont énormes : il s'agit de la première cause de mort précoce, la première cause de troubles alimentaires... Certains vont se droguer, d'autres vont subir des violences… L’impact sur la santé publique est majeure", alerte Muriel Salmona.

 

 

Que dit la Bible ?

 

          Inutile de préciser que Dieu déteste les sévices sexuels. Il a créé les relations sexuelles pour constituer un acte d’amour mutuel entre un mari et une femme. La Bible dit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2.24) ; et encore : « Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les impudiques et les adultères » (Hébreux 13.4). Tout rapport sexuel qui sort de ce cadre constitue une transgression de sa volonté et de ses plans.

 

          A plus forte raison, l’exploitation des enfants et des adolescents pour la satisfaction perverse d’un adulte lui est odieux. Les sévices sexuels faussent la vision des enfants et des jeunes dans ce domaine et leur masquent la beauté de cet acte lorsqu’il est accompli selon le dessein de Dieu. Ils entravent le processus délicat de maturation affective, sociale et sexuelle. On a dit qu’ils « empêchent les jeunes d’accepter le sain amour humain et de connaître l’amour divin. »

 

          L’enfant ou l’adolescent qui a subi ces mauvais traitements peut trouver la guérison, et l’auteur de ces actes abominables peut obtenir le pardon. Mais il faut pour cela prendre le chemin de Dieu.

          Il est évident que quiconque a subi des sévices sexuels éprouvera d’énormes difficultés à s’en sortir. Mais tout est possible à Dieu.

 

 

Comment s’en sortir

 

          Cher jeune, concerné par cet article, sache que Dieu sait tout de toi : tes problèmes, tes sentiments, tes pensées, ta souffrance. Il connaît ton parcours, ta sombre histoire. Dis-lui tout, bien qu’il sache. Dis-lui comment « cela » a commencé, combien de temps « cela » a duré, ce qui s’est passé ensuite, comment tu te sens aujourd’hui, si tu es colère, si tu as peur... Dieu t’aime, et il est disposé à t’écouter. Il ne t’accueillera pas avec des sermons, mais avec son amour divin et parfait. Il est rempli de compassion pour toi. Il est « le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions » (La Bible, 2 Corinthiens 1.3-4).

 

          Dieu qui t’aime infiniment, est juste. Il sait que c’est celui qui t’a agressé et ses éventuels complices qui sont responsables et coupables, et non toi.

 

          Tu as une immense valeur à ses yeux. Il a envoyé sur la terre son Fils, Jésus-Christ, pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Tu en fais partie.

 

          Dieu a le pouvoir de te guérir, et de cicatriser tes blessures morales laissées par les mauvais traitements. Il peut travailler à ton relèvement, à ton épanouissement dans une vraie et belle vie. Pourquoi ne dirais-tu pas, comme cet homme de la Bible : « Éternel, mon rocher, ma forteresse, mon libérateur ! Mon Dieu, mon rocher, où je trouve un abri ! Mon bouclier, la force qui me sauve, ma haute retraite !...Dans ma détresse, j’ai invoqué l’Éternel, j’ai crié à mon Dieu ; de son palais, il a entendu ma voix, et mon cri est parvenu devant lui à ses oreilles » (Psaume 17.3, 7) ?

 

          Je te conseille vivement d’avoir chaque jour un moment de communion avec Dieu, dans la lecture de la Bible, et dans la prière. Appuie-toi sur la force du Seigneur. Laisse-toi instruire par sa Parole. Désire être rempli de l’Esprit de Christ afin de pouvoir surmonter les mauvaises pensées et les sentiments négatifs. La Bible dit : « ...En toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées...Et le Dieu de paix sera avec vous. » (La Bible, Philippiens 4.6-9)

 

          Cherche l’appui de personnes qui seront prêtes à t’aider de façon pratique : ton pasteur, un parent compréhensif, un ami intime…

 

          La guérison, dans de tels cas, peut être instantanée. Mais ne te décourage surtout pas si ta guérison prend du temps. Souvent, elle est longue et progressive. C’est normal, et il faut que tu acceptes ce fait. Place tout ton espoir en Dieu. Même si la guérison est ardue et demande un temps considérable, toi qui as survécu aux sévices que l’on t’a infligés, tu peux, avec l’aide de Dieu, surmonter ce choc terrible.

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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