ENTRE LES MAINS D'UN DIEU EN COLERE (1° partie)

 

          Ce sermon a parfois été qualifié de “sermon le plus célèbre de l’histoire”. Ce qui est certain, c’est qu’elle est la pièce écrite la plus connue de Jonathan Edwards.

          Celui-ci avait été invité à prêcher à Enfield, dans le Connecticut, le 8 juillet 1741. Le premier grand Réveil américain battait alors son plein. La plupart des spécialistes s’accordent aujourd’hui pour dire que ce sermon offre un bon aperçu de ce qu’était la théologie du Grand Réveil (1730-1755).

          Plusieurs centaines de personnes semblent s’être converties à cette occasion. La vision de l’enfer avait pour certains une telle réalité qu’ils s’agrippaient aux arbres, de peur de tomber dans l’abîme. Edwards a été interrompu plusieurs fois durant sa prédication par des personnes gémissant et criant : “Que dois-je faire pour être sauvé ?”.

          Nous vous encourageons à prendre le temps de lire ce sermon – que nous publierons en plusieurs parties – puis de prendre encore un temps supplémentaire pour méditer profondément sur toutes ses implications...

 

 

ENTRE LES MAINS D’UN DIEU EN COLÈRE

(1° partie)

 

"A moi la vengeance et la rétribution, quand leur pied chancellera!

Car le jour de leur malheur est proche, et ce qui les attend ne tardera pas."

Deutéronome 32.35

 

          Ce verset menace les Israélites incrédules d'une manifestation de la vengeance divine. Ils appartenaient au peuple visible de Dieu, et bénéficiaient des moyens de la grâce. Or, en dépit de toutes les œuvres merveilleuses de Dieu à leur égard, ils demeuraient dépourvus de bon sens, "et il n'y avait point en eux d'intelligence" (verset 28).

          Malgré tout le soin céleste dont ils faisaient l'objet, ils produisaient un fruit amer et empoisonné, comme l'indiquent les quelques versets précédant notre texte. Ce verset 35 en particulier semble suggérer plusieurs choses sur la destruction et le châtiment auxquels ces Israélites impies s'exposaient.

 

 

La destruction les menace continuellement

 

          La chute guette à tout moment celui qui se place sur un terrain glissant. Nous en voyons ici l'indication dans la manière dont frappe la destruction: leur pied chancelle. La même idée ressort d'un autre passage: "Oui, tu les places sur des voies glissantes, tu les fais tomber et les mets en ruines. Eh quoi! en un instant les voilà détruits! ils sont enlevés, exterminés par une fin soudaine!" (Psaumes 73.18,19)

 

 

La destruction est soudaine et inattendue

 

          L'homme qui marche sur une voie glissante ne peut prédire s'il sera tombé ou encore debout le moment suivant. Lorsque la chute survient, elle est soudaine et sans avertissement. C'est, là aussi, ce qui ressort du Psaume 73 déjà cité.

 

 

La chute de l'impie provient de lui-même

 

          Nul besoin qu'un autre le précipite à terre. Son propre poids suffit à faire tomber celui qui se tient ou marche en un lieu glissant. Il n'est pas encore tombé, ou ne tombe pas à l'instant présent, uniquement parce que l'heure fixée par Dieu n'est pas encore survenue. II est en effet parlé du "jour de leur malheur". Il existe un moment désigné par Dieu où leur pied chancellera, et alors ils seront abandonnés à une chute provoquée par leur propre poids. Dieu ne les soutiendra pas une seconde de plus, mais il les laissera à leur propre sort. Alors, en cet instant précis, ces hommes glisseront inexorablement vers leur destruction, incapables de se retenir par leurs propres moyens. Dès que tout appui disparaît, ils tombent immédiatement vers leur perdition. Notre texte enseigne une vérité importante: seul le bon vouloir de Dieu empêche les méchants de tomber immédiatement en enfer. Par bon vouloir, je veux parler de sa volonté souveraine, indépendante, libre de toute obligation et entravée par aucune sorte de difficulté. En dernier ressort, seul ce bon vouloir préserve, ne serait-ce qu'une seconde, les hommes méchants de la destruction. La vérité de cette remarque se manifeste dans les considérations suivantes.

 

 

Dieu ne manque pas de puissance

 

          Il a à tout moment la capacité de jeter les méchants en enfer. Le bras de l'homme ne possède aucune force lorsque Dieu s'élève contre lui. Le plus puissant n'a pas les moyens de lui résister, et aucun ne peut délivrer de sa main. Dieu peut jeter les méchants en enfer le plus facilement du monde. Parfois, un roi de la terre rencontre de grandes difficultés dans ses efforts à assujettir un parti rebelle qui a pu s'armer et rallier un grand nombre de partisans. Mais, aucune forteresse ne peut protéger de la puissance de Dieu. Même si ses ennemis s'associent en multitudes, il les met en pièce avec facilité, comme la tornade disperse un gros tas de paille, ou les flammes dévorent une immense quantité de chaume. il nous est aisé d'écraser le vermisseau qui rampe sur le sol, ou de rompre le fil de l'araignée. Il est tout aussi facile à Dieu, quand il le décide, de jeter ses ennemis en enfer. Que sommes-nous pour nous penser capables d'affronter Celui à la réprimande duquel la terre tremble, et devant qui les rochers se fendent?

 

 

Les hommes méritent l'enfer

 

          Pour cette raison, la justice divine ne soulèvera pas d'objection à l'emploi de la puissance divine à tout moment pour les détruire. Bien au contraire, cette justice divine exige avec instance la rétribution de leurs péchés par un châtiment infini. Voyant l'arbre qui produit des fruits de la race de Sodome, elle dit: "Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?" (Luc 13.7) La justice divine brandit sans cesse son épée au-dessus de leur tête, et seule la main souveraine de la miséricorde et de la volonté de Dieu la retient.

 

 

Les hommes sont déjà condamnés à l'enfer

 

          Ils méritent effectivement d'y être justement jetés. En outre, la sentence de la loi de Dieu, cette règle de justice éternelle et immuable que Dieu a placée entre lui et l'humanité, s'élève contre eux et elle les condamne. En conséquence, ils sont déjà liés pour cette terrible destination. "Celui qui ne croit pas est déjà jugé" (Jean 3.18).

          Ainsi donc, tout homme inconverti appartient à l'enfer. il vient de là: "Vous êtes d'en bas" (Jean 8.23), et c'est là sa destination, assignée par la justice de Dieu, par sa parole et par la sentence de son immuable loi.

 

 

L'homme est l'objet de la colère de Dieu

 

          Cette même colère, exprimée par les tourments de l'enfer, se déploie déjà à l'encontre des incroyants ici-bas. S'ils ne tombent pas à l'instant en enfer, cela ne vient pas du fait que le Dieu à la merci duquel ils sont n'est pas en ce moment même en colère contre eux. Il l'est, tout autant qu'en regard aux multitudes de misérables créatures qui subissent et ressentent aujourd'hui la fureur de sa colère dans les tourments infernaux.

          En fait, il est bien plus en colère envers des multitudes d'hommes actuellement sur la terre, et même, sans aucun doute, envers plusieurs de mes lecteurs, qu'à l'encontre de beaucoup de ceux qui souffrent en ce moment dans les flammes infernales.

          Ce n'est pas parce qu'il ignore la méchanceté des impies, ou qu'elle ne lui est pas odieuse, que Dieu ne déploie pas sa main pour les retrancher. il ne leur ressemble pas, bien qu'ils se l'imaginent. Sa colère se consume contre eux.

          Leur damnation ne sommeille pas, mais l'abîme se prépare, le feu attend et la fournaise rougeoie, prête à les recevoir. L'épée étincelante aiguisée les surplombe, et l'abîme s'est ouvert au-dessous d'eux.

 

 

Le diable les guette

 

          Il est prêt à s'abattre sur eux et à s'en saisir dès l'instant où Dieu le lui permettra. Ils lui appartiennent. Il a leur âme en sa possession et les tient sous sa domination. L’Écriture parle des méchants comme des "dépouilles" de Satan (Luc 11.22).

          Les démons veillent sans cesse aux côtés des impies, aux aguets comme des lions dévorants et affamés, actuellement retenus, mais qui s'attendent à déchirer leur proie. Si Dieu retirait la main qui les restreint, ces démons s'abattraient en un instant sur ces pauvres âmes.

          Le vieux serpent d’Éden les guette, l'enfer ouvre sa bouche béante pour les recevoir. Si Dieu le permettait, ses ennemis seraient rapidement avalés et perdus.

 

 

Des principes infernaux règnent dans leur âme

 

          Ces élans s'élèveraient immédiatement en flammes d'enfer si les restreintes imposées par Dieu disparaissaient. Il repose dans la nature même de l'homme naturel une fondation pour les tourments de l'enfer. Ces principes corrompus renferment la puissance dominatrice et le potentiel qui en font des semences du feu infernal.

          II s'agit de principes actifs et puissants, extrêmement violents dans leur nature. Si Dieu ne les restreignait pas, ils dépasseraient très rapidement toutes limites. Ils s'enflammeraient comme le font des corruptions similaires et une inimitié semblable dans le cœur des âmes damnées, et ils engendreraient les mêmes tourments que ces dernières souffrent en enfer.

          L’Écriture compare l'âme des méchants à la mer agitée "qui ne peut se calmer" (Esaïe 57.20). Dans le temps présent, Dieu restreint leur méchanceté par sa grande puissance, comme il le fait avec les flots tumultueux de la mer à qui il dit: "Tu viendras jusqu'ici, tu n'iras pas au-delà." Mais, s'il ôtait cette puissance de restreinte, la méchanceté des impies aurait tôt fait d'emporter tout devant elle.

          Le péché est la ruine et la misère de l'âme. Il porte la destruction dans sa nature, et si Dieu le laissait déchaîné, rien d'autre ne rendrait l'âme aussi parfaitement misérable. La corruption du cœur de l'homme ne connaît ni modération ni limite dans sa fureur. Tant que l'incroyant vit sur la terre, cette corruption est comme un feu refoulé par les restreintes de Dieu. Sinon, elle mettrait à feu et à sang le cours même de la nature. Puisque le cœur est aujourd'hui le récipient du péché, une fois libre de toute restreinte, il transformerait immédiatement l'âme en un four enflammé, en une fournaise de feu et de soufre.

 

 

Les hommes n'ont pas de sécurité

 

          Ils sont en danger, même quand rien ne l'indique. Sa santé n'offre pas de sécurité à l'homme. II court un terrible danger, même s'il ne voit pas comment il pourrait soudainement quitter ce monde, ou s'il ne perçoit pas de danger visible dans ses circonstances.

          L'expérience continuelle et multiple des siècles montre que l'homme n'a aucun gage d'assurance de ne pas être à la porte même de l'éternité, et d'être soudain propulsé dans un autre monde. Les manières imprévisibles et inattendues par lesquelles les hommes quittent ce monde sont innombrables et inconcevables.

          Les inconvertis marchent au-dessus de la bouche même de l'enfer. Une plaque pourrie recouvre cet abîme, si faible en tant d'endroits qu'elle soutient à peine leur poids. L'homme ne voit pas ces faiblesses. Les flèches de la mort volent invisibles en plein jour, et même l’œil le plus perçant ne les décèle pas.

          Dieu possède quantité de façons différentes et insondables pour ôter les méchants de ce monde et les envoyer en enfer. Il n'a pas besoin d'un miracle ou de sortir du sentier ordinaire de la providence pour détruire n'importe quel homme impie à tout moment.

          Tous les moyens pour ôter les pécheurs de ce monde sont tellement et si absolument soumis à sa puissance et à sa décision, qu'il n'en dépend pas moins du simple bon vouloir divin de les envoyer en enfer que s'il n'utilisait jamais de moyens.

 

 

La prudence et le soin de l'homme ne le protègent pas

 

          Qu'il les exerce lui-même pour préserver sa propre vie, ou que d'autres les déploient pour lui, ces choses ne lui apportent pas un instant de sécurité. La providence divine et l'expérience universelle portent aussi témoignage à la vérité de cette déclaration.

          L'évidence est claire. La sagesse de l'homme ne lui procure aucune sécurité en regard à la mort. Sinon, les sages et les grands de ce monde seraient moins susceptibles à une mort précoce et inattendue que les autres hommes. Qu'en est-il pourtant dans les faits? "Eh quoi! le sage meurt aussi bien que l'insensé!" (Ecclésiaste 2.16)

 

 

Tout effort pour échapper à l'enfer est vain

 

          Les hommes prennent beaucoup de peines et usent de beaucoup d'artifices pour échapper à l'enfer, tout en rejetant Christ et en demeurant dans leur méchanceté. Tous ces efforts ne les protègent pas un instant de la destruction.

          Presque tout homme naturel, en entendant parler de l'enfer, se flatte d'y échapper. Il trouve sa propre sécurité en lui-même, et s'appuie en ce qu'il a accompli, en ce qu'il fait, et en ce qu'il a l'intention d'entreprendre. Chacun échafaude des arguments sur la manière dont il évitera la damnation. Il se félicite de bien réussir en ce qui le concerne, et pense que ses efforts ne lui feront pas défaut.

          Oui, on dit que peu de gens sont sauvés, et que la plus grande partie de l'humanité déjà passée est allée en enfer, mais chacun s'imagine qu'il a mieux préparé sa sauvegarde que ses prédécesseurs. Il n'envisage pas de finir dans ce lieu de tourments. Il détermine en son for intérieur de prendre un soin efficace de soi-même et de se débrouiller pour assurer sa réussite.

          Mais ces insensés se trompent dans leurs plans et dans leur confiance en leurs propres forces et en leur sagesse. Ils ne s'appuient que sur une ombre. La plus grande partie de ceux qui ont vécu jusqu'ici, au bénéfice des mêmes moyens de grâce, est de toute évidence allée en enfer. Étaient-ils moins sages ou moins occupés à assurer leur propre salut?

          Si nous pouvions leur demander, chacun en particulier, s'ils s'attendaient, en entendant de leur vivant parler de l'enfer, à devenir les objets de cette misère, ils répondraient tous sans exception: "Non, j'avais prévu les choses différemment dans mon esprit. Je pensais me débrouiller bien et que mes plans avaient de la valeur. Je prenais grand soin de ces choses, mais ce sort survint de manière inattendue. Je ne l'attendais pas à ce moment-là, ni de cette manière-là. La mort est venue comme un voleur dans la nuit. La colère de Dieu avait trop de rapidité pour moi. Oh, quelle bêtise insensée me contrôlait! Je me félicitais et m'endormais par des rêves vains de ce qui devait m'arriver. Et alors que je disais: « Paix, paix », la destruction soudaine s'est abattue sur moi."

 

Jonathan EDWARDS

www.batissezvotrevie.fr

 

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