PRÊCHER CHRIST A LA MANIÈRE D’UN HÉRAUT

 

PRÊCHER CHRIST A LA MANIÈRE D’UN HÉRAUT

 

          L’apôtre Paul déclare : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. » (2 Corinthiens 4.5)

          L’un des verbes grecs utilisés par le Nouveau Testament et traduits pat « prêcher » signifie « annoncer une bonne nouvelle ».

          Un autre, « kèrusso », veut dire « proclamer à la manière d’un héraut ». On le trouve soixante-et-une fois dans le Nouveau Testament.

          Ce verbe a une histoire intéressante, qu’il est utile de rappeler pour nous qui vivons en un temps où l’on n’utilise plus le mot « héraut » comme autrefois.

 

Le héraut

 

          Avant même l’époque du Nouveau Testament, le héraut exerçait différentes fonctions de la vie publique. L’une d’elles consistait à convoquer les gens, à les assembler pour leur lire une déclaration provenant des autorités.

          Le héraut intervenait également comme intermédiaire entre deux puissances opposées. Il portait par exemple, aux assiégés, les conditions de reddition que leur offrait leur vainqueur, et il ramenait la réponse à ce dernier.

          « Le héraut était le porte-parole d’un prince ou d’un État...il portait les déclarations de guerre, les sommations, publiait ou signifiait la paix, donnait le signal des combats, vérifiait les titres et les droits nobiliaires des chevaliers » (Grand Larousse encyclopédique).

          On considérait souvent le héraut comme le messager des dieux. Il portait un bâton en symbole de l’autorité dont il était investi ; sa personne était inviolable. Messager de Jupiter, il était placé sous sa protection.

 

L’usage chrétien du terme

 

          Ce verbe est donc utilisé pour décrire la prédication de l’Évangile. Il indique principalement l’idée de « proclamation ». Avant son ascension, Jésus confie une grande mission aux apôtres : « Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création...Et ils s’en allèrent prêcher partout. » (Marc 16.15, 20) Les autres fonctions du héraut conviennent également à celui qui proclame Christ.

 

          Prêcher Christ, c’est donc avant tout le proclamer, lui. C’est ce que fit le possédé de Gadara, après sa merveilleuse délivrance : « Il s’en alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. » (Marc 5.20)

 

          Aujourd’hui encore, lors de cérémonies fastueuses, certaines cours royales font appel à des hérauts pour annoncer l’arrivée d’un roi ou d’un grand dignitaire. La trompette du héraut annonce leur arrivée, fait cesser les bavardages, et oriente tous les regards vers le haut personnage annoncé.

          Il en est ainsi du héraut de Christ. Paul écrit à Timothée : « Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte avec toute douceur et en instruisant. » (2 Timothée 4.1-2)

          La prédication vise à annoncer l’arrivée de Christ :

          « En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. Il disait : repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 3.1)

          « Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 4.17)

          « Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 10.7)

          « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin. » (Matthieu 24.14)

 

          Nous pourrions citer une multitude d’autres textes.

 

          Le rôle du héraut de Christ n’est pas de plaire aux gens, mais de faire connaître le Sauveur. Il est évidemment indispensable qu’il le fasse avec tact et grâce. Il doit néanmoins s’acquitter de sa tâche avec beaucoup de clarté et d’autorité biblique. L’apôtre Paul déclare : « Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ. » (Galates 1.10)

 

Tout rapporter à Christ

 

          La raison pour laquelle la prédication rend « un son confus » (1 Corinthiens 14.8) tient le plus souvent de ce que le prédicateur lui-même n’est pas au clair sur la nécessité de proclamer Christ, et qu’il ne sait pas comment s’y prendre.

 

          En pratique, quand on prépare un message, une étude biblique etc., il convient de se demander ce que ce message apprendra aux auditeurs concernant Christ (sa personne, son œuvre de rédemption, sa grâce, son amour, sa compassion, son exemple), ainsi que leur besoin de lui.

 

          De multiples questions se posent au prédicateur :

          A quel moment du message faut-il commencer à parler de Jésus ?

          Quand mentionner son nom ?

          A partir de quand faut-il attirer l’attention des auditeurs sur lui ?

          Si le thème de la prédication est de nature historique (par exemple, un épisode de la vie de David), comment le lier à l’histoire de la rédemption ?

          Si le sujet de la prédication concerne l’adoration, quelle place faut-il accorder à Christ dans notre conception du culte ?

          Si nous traitons d’un sujet concernant l’Église, comme le rattacher à celui de l’Église en tant que corps de Christ ?

          Si nous parlons de vie pratique et de morale, de vie familiale, de vie professionnelle, considérons-nous Christ comme la source de toute vie, de toute sainteté, de toute victoire, de toute sagesse ? Considérons-nous l’Esprit de Christ comme la puissance agissant en nous dans tous ces domaines ?

          Si le prédicateur veut bien guider ses auditeurs, l’aiguille de sa boussole doit constamment s’orienter sur Christ. Paul est très clair sur cette question : « Nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens... » (1 Corinthiens 1.23) ; « Car le Fils de Dieu, Jésus-Christ, qui a été prêché par nous au milieu de vous, par moi, et par Silvain, et par Timothée... » (2 Corinthiens 1.19); « Je n’ai pas eu la pensée savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié » (1 Corinthiens 2.2).

 

Une autorité donnée par le Saint-Esprit

 

          Nous l’avons dit plus haut, les sociétés païennes considéraient le héraut comme un messager des dieux, bénéficiant de leur protection et de leur autorité.

          En ce qui nous concerne, proclamer Christ « à la manière d’un héraut », implique que nous le fassions en étant revêtus de la pleine autorité de Dieu. Parlant des prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui nous était réservée, l’apôtre Pierre écrit : « Il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils étaient les dispensateurs de ces choses, que vous ont annoncées maintenant ceux qui vous ont prêché l’Évangile. par le Saint-Esprit envoyé du ciel, et dans lesquelles les anges désirent plonger leurs regards. » (1 Pierre 1.12)

          Que connaissons-nous aujourd’hui de cette autorité divine donnée par l’Esprit à notre prédication ? Comment pouvons-nous en faire l’expérience ? En laissant l’Esprit de Dieu parler par l’Écriture dans notre prédication ! Notre prédication est trop souvent l’affirmation de nos propres convictions et de nos opinions ! Celles-ci peuvent être parfaitement saines sur le plan doctrinal, mais si notre message ne s’inspire pas directement de l’Écriture, nous parlerons de notre propre chef, et non avec l’autorité de Dieu. Ceux qui nous écoutent doivent sentir que notre enseignement découle naturellement de la Parole de Dieu. Sinon, ils percevront la sagesse de l’homme plutôt que la voix de Dieu. Paul affirme : « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus. » (2 Corinthiens 4.5)

          Il est donc vital qu’avant de prêcher, nous méditions sérieusement le ou les passages de l’Écriture concernés. Écoutons Dieu avant de parler.

 

          Posons-nous quelques questions :

          Qu’est-ce que le Seigneur cherche à nous dire par ce texte ?

          Où Christ y est-il présent ?

          Comment l’Esprit de Dieu accomplira-t-il son œuvre, qui consiste à glorifier Christ en prenant de ce qui lui appartient et en le communiquant d’abord au prédicateur lui-même, puis aux auditeurs par son moyen ? Jésus dit : « Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. » (Jean 16.14) Si l’Esprit ne parle pas, notre prédication sera revêtue d’une autorité humaine seulement, mais elle sera dépourvue de toute autorité divine.

 

Porteur de messages entre les parties adverses

 

          Nous l’avons dit en ce qui concerne le héraut : il était porteur de messages entre les parties ennemies, et notamment de l’offre de reddition adressée aux troupes assiégées. Il en est ainsi du prédicateur de l’Évangile. Lui aussi, communique les termes de Dieu aux pécheurs rebelles pour qu’ils se rendent : repentance, foi, conversion, en vue du salut. Dieu fixe lui-même les termes de la capitulation. Qu’en était-il des apôtres de Christ ? « Ils partirent, et ils prêchèrent la repentance. » (Marc 6.12)

          L’Évangile de Christ est à la fois une invitation et un ordre. Une invitation ? Il nous suffit d’écouter Jésus : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matthieu 11.28) Un ordre ? Entendez Paul prêcher à Athènes : « Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts. » (Actes 17.30-31) L’Évangile de Christ n’est jamais un compromis avec le monde ou le péché, ni avec les penchants rebelles du cœur et de l’esprit humain.

          L’Évangile exige une capitulation sans condition pour obéir à Dieu, et une soumission sans réserve à sa justice. L’apôtre Pierre déclare : « Pierre, apôtre de Jésus-Christ, à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie, et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, afin qu’ils deviennent obéissants, et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus-Christ... » (1 Pierre 1.1-2)

          Nous pouvons et nous devons répondre aux questions des pécheurs, mais en aucun cas débattre avec eux, comme si la vérité de l’Évangile pouvait se négocier.

          Nous n’avons pas le droit d’abaisser les conditions que Dieu fixe en ce qui concerne la foi et la soumission à l’Évangile., ni être évasifs sur ces questions.

          Les hommes doivent venir à Christ selon les termes de Dieu, non les leurs, et le prédicateur a la responsabilité de présenter ces termes divins le plus clairement possible.

          C’est le prix pour que les auditeurs découvrent « les richesses incompréhensibles de Christ » (Éphésiens 3.8)

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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