LE RÉVEIL EN AFRIQUE DE L’EST

 

LE RÉVEIL EN AFRIQUE DE L’EST

OU L’AMOUR POUR CEUX QUI N’EN SONT PAS DIGNES

 

          Le Réveil en Afrique de l’Est a particulièrement attiré l’attention des chrétiens d’Occident par sa longévité. Commencé dans les années 1930, il n’a pas faibli au cours des dizaines d’années, malgré les nombreux et sérieux défis qui l’ont accompagné. Festo Kivengere* (1919-1988) est issu de ce Réveil. Il a été convaincu de péché et est entré dans la liberté en Jésus. Il a vécu cette nouveauté de vie dans la communion avec nos frères africains. Il est donc à même de raconter ce qui se passe au cœur du Réveil. Il raconte…

 

 

Retour à la maison

 

          Quel choc quand je suis rentré chez moi ! J’étais tellement impatient d’arriver que je n’avais fait aucun cas de la poussière et des cahots accumulés au cours du long trajet. Je n’étais donc absolument pas préparé à la situation que j’allais rencontrer quand le vieux camion qui m’amenait entre dans Rukungiri, ma ville natale, à l’ouest de l’Ouganda.

 

          C’était en 1939. J’avais dix-neuf ans et j’étais de retour alors que l’encre séchait à peine sur mon diplôme d’enseignant. On m’avait assigné un premier poste ici même, dans cette école de garçons que j’avais moi-même fréquentée. Cela me plaisait. Au moins, ce serait un début et j’aurais de l’argent en poche.

 

          La première mauvaise surprise survint quand notre véhicule atteignit la place du marché. Une foule s’était assemblée autour de quelques personnes qui osaient chanter des cantiques en public ! Imaginez ce refrain flottant au-dessus des fruits et des légumes : « Au pied de la croix où mon Sauveur est mort... » C’était à mes yeux du fanatisme pur et simple.

 

          Le directeur m’attendait en ville, et j’en étais reconnaissant. Mais certains membres de ma famille étaient là aussi. Ma nièce préférée se jeta à mon cou et s’écria : « Tonton Festo, bienvenue à la maison ! J’aime Jésus maintenant. Toi aussi ? » Je grommelai quelque chose et changeai de sujet. En tant qu’agnostique, j’étais plutôt scandalisé.

 

 

Du jamais vu

 

          Au fil des jours, je découvris que la situation était pire que je ne le pensais. Les gens, jeunes et vieux, se trouvaient pris dans une sorte de frénésie religieuse, et faisaient des choses ridicules. Nombre d’entre eux avaient été pendant des années de bons pratiquants, mais ce qui arrivait était du jamais vu. Ils parlaient de Jésus dans toutes sortes d’endroits, et on ne savait jamais quand ils allaient se mettre à chanter. C’était contagieux, et cette exaltation se répandait comme une maladie.

 

          Nous, les « seuls jeunes à y voir clair », éprouvions de la colère. Nous affirmions que les gens des églises devaient se limiter à chanter dans leurs propres bâtiments, et non n’importe où sur les voies publiques et les marchés. Les femmes louaient Jésus en allant puiser de l’eau. Comme c’était déplacé !

 

          Il arrivait qu’en allant chez un ami, on trouvât des voisins, assis en cercle, en train de chanter et de discuter dans la cour. Si on essayait de passer inaperçu, on se faisait héler. Les gens convenables ne savaient plus où se cacher.

 

          Le frère de ma mère, le principal chef de notre district, était heureusement endurci contre ce genre de choses. C’était un bon chef, sélectionné par le gouvernement britannique comme le plus grand ami du progrès parmi les fils de l’ancien chef, mon grand-père. Il avait pour politique d’être un ardent supporter à la fois de l’église et des écoles introduites par les missionnaires britanniques. Quand ma mère, alors veuve, m’avait envoyé vers lui, j’avais vécu sur le vaste terrain qui lui appartenait, tout en fréquentant l’école voisine. Il ne tolérait jamais aucun retard à la prière, aucune absence aux offices religieux.

 

          Mais cette fois, mon oncle affirma : « Cette nouvelle sorte de religion est dangereuse. Elle envahit la vie privée, et n’en laisse rien ».

 

          Le chef dut prendre en considération d’autres aspects tout aussi troublants. Ces femmes qui étaient « sauvées » ne se couvraient plus le visage devant les hommes, et, de plus, elles parlaient en public comme si elles étaient affranchies des traditions ancestrales. Pire encore, ces extrémistes refusaient la coutume qui établissait une séparation entre notre tribu et celle des Iru. En fait, ils prenaient des repas ensemble, brisant ainsi des tabous datant de centaines d’années ! De bien d’autres manières encore, ils choisissaient d’ignorer les désirs de nos ancêtres vénérés, et risquaient par conséquent d’attirer sur nous une calamité, et de mettre le pays entier en danger. Les gens qui allaient à l’église auparavant n’avaient jamais fait de telles choses. Comme les autres, ils avaient pris soin de ne pas offenser les esprits des ancêtres.

 

 

Une persécution stérile

 

          Mon oncle, en tant que chef, sentit qu’il lui fallait agir. Il dit à ses hommes qu’ils avaient le droit de rosser ceux qui disaient avoir été « sauvés ». Certains subirent une sévère correction.

 

          Les coups ne les firent pas changer, et les résultats furent parfois à l’opposé de ce à quoi mon oncle voulait arriver. Un officier de la cour avait roué de coups un homme parce qu’il avait parlé de Jésus en public. Mais une fois rentré chez lui, l’agresseur n’arriva pas à dormir. Au matin, il était en pleurs, et partit rejoindre les fanatiques. Exaspéré, mon oncle changea les ordres : « Ne les battez plus. C’est dangereux. Vous risqueriez de devenir comme eux ».

 

          Un jour, il fit arrêter sous un prétexte quelconque vingt des chrétiens les plus engagés et les envoya sous bonne garde à l’état-major anglais pour y être jugés. L’Ouganda était sous protectorat britannique en ce temps-là. Les prisonniers et leurs gardiens durent faire deux jours de marche pour s’y rendre. Tout le long du chemin, les premiers chantaient et racontaient aux officiers ce que Jésus avait fait pour eux.

 

          La première nuit, quand ils campèrent et s’assirent autour du feu, l’un des gardes vint à Jésus. Plus tard, quand le commissaire de district relâcha les prisonniers, ils s’en allèrent en chantant, et suscitèrent toute une troupe de disciples sur le chemin du retour. Le gardien converti vint faire son rapport à notre chef, et y inclut son témoignage. Vous pouvez imaginer combien mon oncle était contrarié. Personne n’était plus à l’abri !

 

 

Ennuis personnels

 

          J’avais mes propres ennuis. L’école dans laquelle j’enseignais appartenait à une mission, et on s’attendait à ce que je fréquente l’église locale. Cela ne m’aurait pas posé de problème si les orateurs et prédicateurs invités n’avaient pas tous fait partie de ces fanatiques. Ce qu’ils disaient prenaient toujours une tournure dangereusement personnelle. Nous étions constamment bombardés de discours sur la croix. Ils se débrouillaient toujours pour aborder des sujets déroutants, même quand ils débutaient avec une histoire parfaitement innocente comme celle d’Adam et Eve. Je souriais à l’idée de ces deux-là sautant par-dessus la barrière de Dieu pour aller élargir leur horizon. Mais on nous parlait ensuite, immanquablement, de « la voix de l’Éternel Dieu qui parcourait le jardin avec la brise du soir » (Genèse 3.8). Pourquoi supposait-on que Dieu était attristé et voulait les ramener de l’autre côté de la barrière ? Et pour quelle raison la croix en avait-elle été la conséquence inévitable ? Quel rapport y avait-il ? C’était oppressant.

 

          Ils prêchaient sur Caïn, et j’éprouvais de la sympathie pour lui. Au moins, on avait là un gars indépendant ! Je me disais : « Qui veut être le gardien de son frère, de toute façon ? » Je trouvais injuste l’isolement et le bannissement dont il était victime, et m’irritais de l’analyse que les prédicateurs en faisaient.

 

          Il y avait quelqu’un avec qui je pouvais facilement m’identifier dans le Nouveau Testament. Il s’agissait du fils prodigue, qui avait dit quelque chose comme : « Père, je m’ennuie à mourir ! J’en ai plus qu’assez de cette maison. C’est la même chose tous les jours. Je veux devenir un vrai homme. Papa, je veux vivre ! Donne-moi juste ce qui m’appartient – ce qui me reviendrait si tu étais mort – et je partirai ».

          Je pouvais rêver tout éveillé à la joie qu’il avait eue de dépenser l’argent sans frein avec ses amis, dans la ville de tous les plaisirs. Mais j’ai préféré me glisser hors de l’église quand ils ont commencé à parler de la disparition de l’argent et des amis, et du père qui attendait son retour.

 

          En fait, je savais bien ce que pouvait ressentir un jeune homme en colère, un jeune las, souffrant de solitude, et qui trouvait la vie de plus en plus ingérable et remplie de confusion. Je m’enfuyais le plus loin possible de ce Jésus dont ils parlaient, déterminé que j’étais à ne jamais me soumettre à lui ni à personne, en dehors de moi-même.

 

          J’étais le genre d’agnostique qui n’éprouve pas d’intérêt à essayer de prouver qu’il y a un Dieu. Quand j’étais plus jeune, en pensionnat à Kabale, je m’étais joint à ces gens qui se disaient « sauvés ». J’avais fait certaines professions de foi au moment où les autres en faisaient aussi, et ça m’avait fait du bien pendant un temps. Mais quand ils m’avaient dit que Dieu demandait de moi quelque chose de difficile, je m’étais révolté. Depuis lors, je l’avais ignoré et j’ai fini par dire qu’il n’existait pas. Je désirais être libre. Quand on connaît la vérité et que l’on se rebelle contre elle, on devient étrangement endurci.

 

 

Quand conversion rime avec réparation

 

          Assis aux côtés de mon oncle, le chef, je pouvais totalement compatir à son dilemme. Cependant, ni l’un ni l’autre n’étions à même d’affirmer que ces gens étaient de purs charlatans. Prenons le sujet du bétail, par exemple.

 

          Notre peuple vivait de l’élevage. Dans ma tribu, les vaches étaient notre raison de vivre. Dès l’âge de trois ans, je connaissais le nom de chacune des cent vingt vaches, taureaux et veaux de mon père. Certains hommes de ma connaissance se préoccupaient plus de leur bétail que de leurs enfants. C’est pourquoi beaucoup de ce qui se passa alors était difficile à croire. L’histoire qui suit illustre ce que nous vivions.

 

          Un jour, le chef avait réuni sa cour, et les anciens écoutaient avec attention ses paroles de sagesse, quand arriva un homme bien connu pour être païen et posséder de grands troupeaux. Ses serviteurs amenaient huit belles vaches que tous les anciens admirèrent.

 

          Le riche éleveur salua tout le monde, puis déclara :

 

          - Votre honneur, je suis venu pour une affaire.

 

          - Très bien, répondit le chef. Et pourquoi ces vaches sont-elles là ?

 

          - Excellence, ce sont les vôtres. Je vous les ai ramenées.

 

          - Les miennes ! Que veux-tu dire ?

 

          - Eh bien, du temps où je surveillais vos bêtes, j’en ai volé quatre tout en vous racontant qu’elles nous avaient été volées. Je viens vous les rendre, avec quatre en plus.

 

          - Qui a découvert le vol ?

 

          - C’est Jésus, Excellence. Il m’a donné la paix, et m’a dit de vous les ramener.

 

          Il y eut un silence de mort, et pas un seul rire. Tout le monde était sous le choc. Mon oncle remarquait la joie de cet homme, et tous savaient que son geste était chose impossible à un membre de notre tribu.

 

          - Vous pouvez me mettre en prison, ou me faire battre. Je le mérite. Mais je suis en paix et un homme libre pour la première fois de ma vie.

 

          - Mmm ! Dit mon oncle. Si Dieu a fait ça pour toi, qui suis-je pour te mettre en prison ? Laisse le troupeau et rentre chez toi.

 

          Un ou deux jours après, quand je vis mon oncle, je luis dis :

 

          - J’ai appris que tu as reçu huit bonnes vaches gratuitement.

 

          - Oui, c’est vrai.

 

          - Ça doit te faire plaisir.

 

          - Si tu savais ! Depuis que cet homme est venu, je ne peux plus dormir. Si je voulais posséder la même paix que la sienne, je devrais rendre une centaine de vaches !

 

 

Résistance

 

          Mon oncle continuait à résister, et moi aussi. Néanmoins, nous admettions qu’un pouvoir que nous ne connaissions pas était à l’œuvre dans notre tribu, et nous essayions d’imaginer quelques explications plausibles.

 

          J’avais de la haine pour Dieu, car la conscience de sa présence me troublait continuellement. Je fuyais tout ce qui avait trait à l’église, la Bible et le clergé. Je voulais esquiver toute cette histoire d’être « saint ». Je voulais simplement gérer mes propres affaires. Ma vie tournait autour d’elle-même comme une toupie. Cette dernière est pourvue d’une grosse tête et d’une petite base, de façon à ne pouvoir tenir debout que si elle tourne, et tourne encore, sans jamais s’arrêter. Si elle ralentit, elle bascule sur le côté. Pour que ça marche, il faut que ça tourne.

 

          Ma spirale à moi était du genre : travail – loisirs – repas – boissons – sommeil – travail – repas – boissons, et ainsi de suite. Et ce cycle revenait sans cesse. Plus ma vie devenait monotone, plus j’en accélérais le rythme. Je pensais que mon existence serait ainsi plus animée. Mais je me rendais compte qu’il n’était pas facile de vivre sans objectif.

 

          Malgré mon désir de les repousser, mes péchés venaient assombrir et menacer mon horizon. La culpabilité me poursuivait comme un chien poursuit sa proie. J’étais jeune, mais mal à l’aise, intérieurement en morceaux et victime d’une perpétuelle guerre civile qui faisait rage en moi. C’était sûr, je courais tête baissée vers l’autodestruction.

 

 

Au bout du rouleau

 

          A dix-neuf ans, j’envisageai de mettre fin à mes jours, non à cause de problèmes de santé, de travail ou de manque d’amis avec qui sortir, mais parce que je n’avais aucun but. Je ressentais un vide intérieur, et la vie me semblait faite de solitude et d’insécurité. J’étais continuellement hanté par une impression d’incertitude.

 

          Ce qui m’est arrivé à cette époque provenait peut-être de ce que j’étais au bout du rouleau et proche du suicide. j’avais l’impression d’être en train de me noyer. Mais en réalité, j’étais plutôt en train de faire mes premières tentatives pour apprendre à nager.

 

          A proximité du premier internat où j’ai enseigné coulait une rivière profonde. La plupart des garçons savaient nager, mais moi, je n’avais jamais appris. Je les regardais sauter dans le courant, petits et grands, en criant et s’amusant beaucoup.

 

          Je marmonnai : « Certains de ces gars ne sont même pas aussi grands que moi, et ils peuvent jouer dans la rivière. Ils peuvent garder la tête hors de l’eau, alors pourquoi pas moi ? J’ai les mêmes bras et les mêmes jambes qu’eux, alors pourquoi ne pas essayer ? » J’enlevai donc ma chemise, et sautai dans l’eau.

 

          Nul besoin de vous raconter ce qui s’est passé ensuite. Je coulai comme une pierre ! Mes bras brassaient l’eau, mais mes jambes ne répondaient pas. Je coulai à nouveau, refis surface, et bus plusieurs fois la tasse.

 

          Les garçons étant ce qu’ils sont, ceux qui observaient depuis la berge applaudissaient et riaient, se divertissant beaucoup de voir ce nouveau copain se noyer. Ils n’intervinrent pas tant que je me débattais, ils restèrent spectateurs jusqu’à ce que les forces me manquent. C’est alors qu’un grand gars plongea et nagea vers moi. Au moment où il m’atteignit, j’avais déjà perdu toute capacité de m’en sortir par moi-même. J’étais arrivé au stade où l’on pouvait me sauver. Il étendit la main, m’attrapa, et nagea jusqu’au rivage.

 

          Peut-être que celui auquel j’essayais tant d’échapper avait vu que j’étais maintenant accessible. C’est pourquoi il organisa pour moi un rendez-vous divin, tout en inspirant quelques personnes à prier.

 

 

Le culte un dimanche matin

 

          Ma sœur et ma nièce, qui avaient douze et quatorze ans, habitaient avec moi et allaient à l’école des filles. Elles s’inquiétaient de ce que, bien qu’instituteur, j’étais « perdu », et je les entendais parfois prier pour moi. Je ne leur rendais pas la tâche facile, parce que je prenais tout à la légère, et étais imbu de moi-même.

 

          J’allai à l’église un dimanche matin. Le culte était très animé. Après le premier chant, des jeunes donnèrent leur témoignage, et des gens se convertirent avant même que le prédicateur commence à parler. Comme d’habitude, j’étais assis tout derrière, près de la porte, au cas où les choses se mettraient à chauffer un peu trop avant la fin.

 

          Et qui demanda alors la permission de parler ? Ma nièce ! « J’aimerais que vous louiez Dieu. Le diable a essayé de me faire peur pour m’empêcher de raconter ce que le Seigneur a fait pour nous, expliqua-t-elle. Mais vendredi soir, le Père nous a donné l’assurance qu’il avait répondu à nos prières pour Festo. C’est lui qui est assis dans le coin là-bas, et nous savons qu’il va revenir à Dieu aujourd’hui même ! »

 

          Je me levai et me précipitai dehors, dans une rage folle. Je passai la journée à boire sec chez mon oncle, avec l’intention de créer des ennuis à cette fille assez écervelée pour prendre la liberté de parler de moi en public de cette façon.

 

 

Un ami qui avait l’air de planer

 

          Plus tard dans l’après-midi, je pédalais en titubant quelque peu pour rentrer chez moi, quand je vis un de mes amis venir vers moi à bicyclette sur la route poussiéreuse. Il avait l’air de planer. Il était enseignant comme moi, et je savais très bien qu’habituellement son visage n’était pas illuminé comme ça. J’en fus surpris.

 

          Il s’arrêta près de moi, et s’écria, hors d’haleine :

 

          - Festo ! Il y a trois heures que Jésus est devenu une réalité dans ma vie ! J’ai reçu le pardon de mes péchés !

 

          Il n’avait jamais manifesté aucun enthousiasme pour Jésus auparavant. Mais il continua, en s’écriant avec sincérité :

 

          - S’il te plaît, mon ami, je te demande de me pardonner…

 

          Et il précisa trois points spécifiques liés à des choses un peu douteuses que nous avions faites ensemble.

 

          - Je suis désolé, Festo, je ne veux plus vivre de cette manière. Ce que Jésus m’a donné est tellement mieux ! A plus !

 

          Il s’en alla en sifflant à tue-tête, me laissant là sur la route, bouche bée. Si seulement il était resté pour que j’aie le temps de riposter...Même pas !

 

          La joie qu’il avait me confondait. Ses paroles, la façon dont il les prononçait, me secouaient jusqu’à la moelle. J’avais l’impression de n’être qu’une ombre, car je voyais en mon camarade la réalité que j’avais laissé échapper. Je rentrai chez moi, misérable et avec une terrible impression de vide.

 

 

Jésus devant moi dans ma chambre

 

          Ayant regagné ma chambre, je m’agenouillai près du lit, cherchant désespérément les mots pour parler à celui en qui je ne croyais plus. Finalement, je m’écriai : « Dieu ! Si jamais tu es là, comme le prétend mon ami, vois comme je suis malheureux. Si tu peux faire quoi que ce soit pour moi, fais-le tout de suite. Si je ne suis pas déjà allé trop loin...Aide-moi ! »

 

          Ce qui arriva alors dans cette pièce… ! Les cieux s’ouvrirent : Jésus se tenait devant moi. Il était là, bien réel, et crucifié pour moi. Son corps brisé était pendu sur la croix, et soudain je sus que ma propre méchanceté avait cloué le Prince de la vie sur le bois. J’étais ébranlé. Toute la misère enfouie en moi jusqu’alors me submergea. En pleurs, je me dis que j’irais tout droit en enfer. S’il m’avait commandé : « Vas-y ! », je n’aurais pas protesté. Je pensais même qu’il aurait été en quelque sorte de son devoir de m’y jeter.

 

          C’est alors que je vis ses yeux, remplis d’un amour infini, regarder droit dans les miens. Était-ce bien lui qui me disait distinctement : « Festo, ceci est la dimension de mon amour pour toi ! » ?

 

          Je secouai la tête, incrédule, et lançai : « Mais non, je suis ton ennemi. Je suis rebelle. J’ai haï ton peuple. Comment pourrais-tu m’aimer à ce point ? »

 

          Même aujourd’hui, je ne connais pas la réponse à cette question. Il n’y a rien en moi qui mérite son amour. Mais ce jour-là, je me retrouvai étroitement serré dans les bras du Père. J’étais en loques et apeuré, tout comme le fils prodigue qui était parti au loin et s’était retrouvé au bout du rouleau. Mais pourquoi le Père, qui est saint, courrait-il au-devant de moi pour me presser, moi, contre son cœur ? J’étais souillé et désespéré, et j’avais dit et fait tant de choses contre lui !

 

          Cet amour totalement inattendu remplit ma chambre, et me convainquit. Dieu seul est capable d’aimer et de saisir dans ses bras puissants ceux qui n’en sont pas dignes. Malgré ce que j’étais, je savais que j’étais accepté et devenu fils du Père. Ce que Jésus avait fait à la croix, c’était pour moi !

 

          Depuis ce jour, cette croix a été le centre de mes pensées, et le Seigneur Jésus celui qui m’a rendu capable de rester fidèle à cette décision.

 

Festo KIVENGERE

www.batissezvotrevie.fr

 

* Après avoir dû fuir le régime de terreur d’Idi Amin Dada, Festo Kivengere est rentré en Ouganda pour transmettre à son pays déchiré le message de réconciliation en Jésus-Christ. Son ministère a dépassé les frontières de races, de cultures et de dénominations. Il a participé au Réveil en Afrique de l’Est, l’un des grands mouvements de l’Esprit du vingtième siècle.

 

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