QUAND ON PEUT ATTENDRE UN RÉVEIL (1° partie)

 

QUAND ON PEUT ATTENDRE UN RÉVEIL

(1° partie)

 

          1°) On peut attendre un réveil quand la Providence de Dieu en donne les indices, et ces indices sont quelquefois si clairs qu’ils tiennent lieu d’une révélation de sa volonté. Les événements semblent conspirer pour ouvrir la voie ; les circonstances semblent toutes préparées pour favoriser un réveil, tellement que ceux qui sont aux aguets peuvent voir qu’un réveil est proche, aussi distinctement que s’ils avaient eu une révélation du ciel. Il y a quelquefois eu dans ce pays des manifestations de la Providence de Dieu si claires, que les personnes attentives n’hésitaient pas à dire que Dieu allait répandre son Esprit et accorder un réveil. Dieu fait connaître sa volonté à ses créatures de plusieurs manières : en leur fournissant des moyens particuliers par des événements alarmants, en bénissant d’une manière particulière le ministère des prédicateurs, ou au moyen de l’état de la santé publique.

 

          2°) On peut attendre un réveil quand la dépravation des méchants humilie et afflige les chrétiens. Quelquefois ceux-ci ne paraissent pas s’inquiéter de la perversité qui les entoure ; ou, s’ils en parlent, c’est avec froideur, indifférence et sans compassion, comme s’ils désespéraient de la possibilité d’un changement. Ils sont disposés à blâmer les pécheurs plutôt qu’à éprouver les compassions du Fils de Dieu. D’autres fois, au contraire, la conduite des méchants pousse les chrétiens à la prière ; elle les brise, elle les remplit de tristesse et de compassion, à tel point qu’ils peuvent pleurer jour et nuit, et qu’au lieu de leur faire des reproches, ils intercèdent pour eux avec instance auprès du Seigneur. C’est alors que vous pouvez attendre un réveil. En réalité, il a déjà commencé. Quand les méchants s’opposent fortement à la religion, et que cela fait tomber les chrétiens à genoux et les fait crier à Dieu avec larmes, vous pouvez être certains qu’il y aura un réveil. La méchanceté peut paraître avoir le dessus, mais il n’en faut pas conclure qu’il n’y aura point de réveil. C’est souvent le temps de Dieu pour opérer : c’est « quand l’ennemi vient comme un fleuve, que l’Esprit de l’Éternel lève l’étendard contre lui ». Souvent les premiers indices d’un réveil sont les efforts du démon pour s’opposer à l’Évangile par un moyen nouveau. Il en résulte invariablement ceci : ou bien les chrétiens sont portés vers Dieu, ou ils sont emportés davantage loin de lui, pour chercher du secours dans des moyens charnels. Les manifestations les plus audacieuses de la méchanceté des impies sont fréquemment suivies d’un réveil. Si les chrétiens comprennent qu’il n’y a d’espérance qu’en Dieu, et s’il leur reste assez de piété pour s’occuper de la gloire du Seigneur et du salut des impénitents, il y aura certainement un réveil. Que l’enfer déborde, s’il le veut, et qu’il vomisse autant de démons qu’il y a de pavés dans la rue, il n’empêchera pas un réveil, si seulement les chrétiens crient à Dieu. Que Satan fasse du vacarme, qu’il fasse sonner sa trompette aussi fortement qu’il lui plaira, les chrétiens verront bientôt le bras du Seigneur s’étendre pour opérer un réveil, si seulement ils s’humilient et prient. Je connais des cas où un réveil a éclaté dans les rangs même de l’ennemi presque aussi soudainement qu’un coup de tonnerre, les a dispersés, a pris les chefs pour trophées, et a dissipé leur conseil en un instant*.

 

          3°) On peut attendre un réveil quand les chrétiens ont un esprit de prière en faveur d’un réveil, parce que leur cœur n’est occupé que de cela. Parfois ils ne pensent pas à un réveil, même quand ils ont le plus d’ardeur dans la prière. Leur esprit est fixé sur un autre sujet ; ils prient peut-être pour le salut des païens, mais non pour un réveil dans leur localité. Mais quand ils sentent le besoin d’un réveil, ils prient pour l’obtenir ; ils prient pour leurs familles et pour leurs voisins ; ils prient pour eux comme si Dieu ne pouvait leur refuser leur demande. Qu’est-ce qui constitue un esprit de prière ? Sont-ce beaucoup de prières et de paroles pleines de chaleur ? Non. La prière est un état du cœur. L’esprit de prière est une anxiété de l’âme, remplie d’un désir continuel du salut des pécheurs. Il en est comme d’un homme d’affaire accablé par les soucis de son entreprise. Un chrétien qui a l’esprit de prière est anxieux pour les âmes, c’est l’objet constant de ses pensées, il agit comme s’il avait un poids sur le cœur. Il y pense pendant le jour et il en rêve la nuit. Voilà ce que c’est que de prier sans cesse. Ses prières semblent découler de son cœur : « O Seigneur, fais revivre ton œuvre ! » Quelquefois ce sentiment est extrêmement profond ; on a vu des personnes tellement courbées sous ce poids qu’elles ne pouvaient être ni debout ni assises. Je pourrais nommer des hommes forts et vigoureux, accablés de douleur en voyant l’état des méchants. Ce sentiment n’est pas toujours aussi profond, mais il est plus commun qu’on ne le suppose. On en a vu plusieurs exemples dans les grands Réveils de 1826**. Ceci n’est nullement de l’exaltation. C’est précisément ce que Paul sentait quand il dit : « Mes petits-enfants, pour lesquels je suis en travail d’enfantement ! » (Galates 4.19). J’ai entendu parler d’une personne qui priait instamment pour les pécheurs, et qui tomba dans un tel état d’âme qu’elle ne pouvait vivre sans prière. Elle ne pouvait trouver de repos ni jour, ni nuit que lorsque quelqu’un priait. Alors elle était tranquille ; mais si l’on cessait, elle était de nouveau en agonie, jusqu’à ce qu’on recommence à prier. Cet état dura deux jours. Elle remporta alors la victoire, et son âme fut soulagée. Ce travail de l’âme est une profonde agonie quand elle lutte avec Dieu en vue d’une bénédiction, et qu’elle ne veut pas le laisser aller avant de l’avoir reçue. Je ne prétends point affirmer qu’il n’y ait vraiment un esprit de prière que là où se trouve une pareille détresse, mais seulement que ce souci profond, continuel et ardent de l’âme pour le salut des pécheurs, constitue l’esprit de prière en faveur d’un Réveil.

 

          Quand ce sentiment existe dans une Église, on peut compter qu’il y aura un Réveil, à moins que le Saint-Esprit n’en soit chassé par quelque interdit. Cette espèce de détresse augmente jusqu’à ce que le Réveil commence. Un pasteur m’a raconté les détails d’un Réveil qui eut lieu dans son Église, et qui commença par l’influence d’une femme dévouée à la cause de Dieu. Cette sœur était en travail pour la conversion des pécheurs, priant instamment pour eux. Plus elle priait, plus sa détresse augmentait. Enfin elle alla parler de son état au pasteur, lui demandant de convoquer une réunion pour les personnes anxieuses au sujet de leur âme, car elle en sentait la nécessité. Le pasteur, qui n’éprouvait rien de semblable, la renvoya. La semaine suivante elle revint le supplier, en lui disant qu’il y viendrait assurément quelques personnes, et qu’elle sentait que Dieu allait répandre son Esprit ; mais il la renvoya de nouveau. Elle lui dit enfin : « Si vous ne convoquez pas la réunion que je vous demande, je mourrai, car il se prépare certainement un Réveil. » Le dimanche suivant, le pasteur dit que si quelques personnes désiraient s’entretenir avec lui touchant le salut de leur âme, il serait à leur disposition tel soir de la semaine. Il n’en connaissait aucune qui fût inquiète quant à son salut ; mais lorsqu’il arriva à la réunion, à son grand étonnement, il trouva un grand nombre d’âmes anxieuses. N’est-il pas évident que cette femme savait qu’il y aurait un Réveil ? Appelez cela une révélation ancienne ou nouvelle, ou encore autrement, je dis que c’était l’Esprit de Dieu qui montrait à cette femme qu’il allait y avoir un Réveil. « Le secret de l’Éternel » lui avait été révélé. Dieu avait tellement rempli son cœur qu’elle n’avait pu se contenir plus longtemps.

          Quelquefois des pasteurs ont été dans une détresse semblable au sujet de leur Église, et ce sentiment devenait si violent, qu’il leur semblait ne plus pouvoir supporter la vie s’ils ne voyaient un Réveil. Il arrive que des anciens, des diacres, ou de simples laïcs ont l’esprit de prière pour demander un Réveil, et cela, à un tel degré qu’ils luttent avec Dieu victorieusement jusqu’à ce qu’il répande son Esprit. Le premier rayon de lumière qui brilla au milieu des ténèbres dans lesquelles étaient plongées les Églises d’Onéida (N.-Y.) à la fin de 1825***, provint d’une femme ayant une mauvaise santé qui, je crois, n’avait jamais été témoin d’un puissant Réveil. Son âme était tourmentée au sujet des pécheurs, et comme en agonie pour le pays. Elle ne savait ce qui la troublait ; mais elle était obligée de prier toujours davantage, au point que cela semblait consumer son corps. Enfin, remplie de joie, elle s’écria : « Dieu est venu ! Dieu est venu ! Il n’y a point de doute, l’œuvre est commencée et va s’étendre sur tout le pays. »

 

          Bientôt après, effectivement, les membres de sa famille furent tous convertis, et l’œuvre commencée s’étendit sur toute cette contrée. Pensez-vous que cette femme se fût trompée ? Non, vous dis-je. Elle savait qu’elle avait remporté la victoire en luttant avec Dieu dans la prière.

 

          Peu de chrétiens connaissent quelque chose de cet esprit de prière qui lutte victorieusement avec Dieu. J’ai été stupéfait en lisant des récits d’après lesquels des Réveils auraient éclaté sans cause ; personne ne savait pourquoi****. En examinant parfois de tels cas, j’ai appris que, bien que personne n’eût rien dit à ce sujet, il se trouva qu’un dimanche les membres de l’Église virent clairement, par la physionomie des personnes présentes, que Dieu était là.

 

          Dans d’autres circonstances on remarquait quelque chose de semblable dans une réunion privée ou une réunion de prière. Et on s’étonnait de la souveraineté mystérieuse de ce Dieu qui opérait un Réveil apparemment sans utiliser aucun moyen extérieur. Mais informez-vous auprès des membres obscurs de l’Église et vous trouverez toujours que quelqu’un avait prié pour un Réveil et l’avait attendu ; qu’un homme ou qu’une femme avait lutté dans la prière pour le salut des pécheurs, jusqu’à ce que la bénédiction ait été obtenue. Celle-ci peut avoir trouvé pasteur et troupeau profondément endormis ; ils se sont réveillés subitement, comme un homme qui, réveillé en sursaut se frotte les yeux, court autour de sa chambre en mettant tout en désordre, sans pouvoir comprendre ce qui l’a fait sortir de son sommeil. Cependant, vous pouvez être certains que quelqu’un a été en sentinelle sur la tour, persévérant dans la prière jusqu’à la venue de la bénédiction. En général, un Réveil est plus ou moins étendu selon qu’il y a plus ou moins de personnes remplies de l’esprit de prière.

 

(à suivre)

Charles-G. FINNEY

www.batissezvotrevie.fr

 

* Il est tout naturel que Finney parle avec force de pareils événements. Avant sa propre conversion, quelques membres de l’Église qu’il fréquentait, avaient proposé de prier très spécialement pour lui ; mais Finney paraissait si endurci que le pasteur de l’Église leur conseilla de ne pas insister : « Je ne crois pas, déclara-t-il, que Finney se convertira jamais. » Néanmoins, quand la nouvelle se répandit que Finney était devenu chrétien, cela causa un tel émoi dans la ville d’Adams que, le lendemain soir, sans invitation aucune, les gens se rendirent en masse à l’Église. Comme de juste, Finney s’y rendit et raconta ce que le Seigneur avait fait pour son âme. Puis le pasteur se leva, et confessa avec humiliation son erreur, ajoutant qu’en apprenant au début de la journée que Finney était converti, il avait dit : « Je ne le crois pas. » Ce fut un fait plein de promesse : cette réunion, la première dans laquelle Finney prit la parole en qualité de serviteur de Christ, eut pour résultat un Réveil qui s’étendit à plusieurs villes.

 

** Les Réveils de 1826 furent peut-être parmi les plus remarquables dans l’expérience de Finney. Des preuves évidentes de la profondeur et de l’efficacité de l’œuvre furent visibles à Auburn, près de New-York, où l’opposition au Réveil fut si terrible qu’un certain nombre de membres inconvertis de l’Église, quittèrent celle-ci et fondèrent une nouvelle assemblée. Environ cinq ans plus tard, Finney vint de nouveau à Auburn et les mêmes hommes s’excusèrent d’avoir agi de la sorte et invitèrent Finney à parler dans leur Église. Il y alla, et la plupart de ceux qui s’étaient auparavant opposés à lui se convertirent.

 

***En octobre 1825, Finney fut invité par son ancien pasteur, le Rev. G. W. Gale (qui alors s’entendait cordialement avec lui), à visiter la ville de Western, où ce serviteur de Dieu séjournait pour des raisons de santé. Finney s’y rendit. Immédiatement un si profond intérêt se créa dans cette Église froide et privée de pasteur que des réunions furent aussitôt organisées dans les écoles du district. On choisit des écoles plutôt que des églises, parce que la manière de parler simple et familière de Finney ressemblait si peu au style des sermons auquel les gens étaient accoutumés, qu’on la considérait comme déplacée pour une église. Cependant les résultats spirituels de ces réunions furent si extraordinaires que, depuis lors, Finney fut généralement regardé dans le pays tout entier comme un éminent apôtre du Réveil. En ce qui concerne le caractère de son enseignement, il dit : « La doctrine sur laquelle j’insistais, à savoir que l’homme a le pouvoir d’obéir à Dieu puisque Dieu lui commande l’obéissance, a rencontré dans quelques endroits une opposition considérable. On disait que j’enseignais la conversion de l’homme par ses propres forces. Je persévérai néanmoins dans mon enseignement. Pasteurs et laïques purent se rendre compte que Dieu le reconnaissait comme étant Sa vérité et le bénissait par la conversion de milliers d’âmes. »

 

**** Le Réveil d’Ulster de 1859 fournit une juste illustration de cette vérité. Les circonstances étaient, sans aucun doute, particulièrement favorables. La bonne doctrine avait été prêchée avec zèle et les croyants avaient ainsi été familiarisés tout au moins avec une théorie évangélique correcte. Les nouvelles du Réveil d’Amérique de 1857 avaient créé un esprit d’expectative. Ce fut cependant une réunion de prière de jeunes gens, peu connus et sans influence, qui donna naissance à ce Réveil, un des plus remarquables que les Îles Britanniques aient connu. L’histoire des Réveils nous montre toujours à nouveau comment de simples croyants ont remporté la victoire par la prière.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0