LE PASSAGE D’UN CAMP A L’AUTRE

 

LE PASSAGE D’UN CAMP A L’AUTRE

 

          « Repentez-vous » (Matthieu 3.2 ; Matthieu 4.17 ; Actes 2.38).

          « Si vous ne vous convertissez, vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu » (Matthieu 18.3).

          « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle » (Jean 3.36).

          « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu (Jean 3.3).

 

          D’après l’enseignement de Jésus et des apôtres, l’humanité se trouve partagée en deux camps opposés. Par Jésus-Christ – et en lui – Dieu appelle les hommes « hors du monde », il les invite à passer du camp des « enfants de ce siècle » à celui des « enfants de Dieu », de la génération de « ceux qui sont perdus » au peuple de « ceux qui sont sauvés ».

          Comment se fait ce passage de la frontière ? En d’autres termes : que faut-il faire pour être sauvé ?

          Dans le christianisme même, les réponses diffèrent d’une confession à l’autre ; pour les uns, on est sauvé par le baptême, d’autres y ajoutent l’obéissance aux commandements de Dieu et de l’Église ; les « chrétiens évangéliques » insistent sur la nécessité d’une conversion personnelle.

          Que dit l’Écriture ?

          La tendance naturelle de l’homme est de « faire son salut ». Toutes les religions en témoignent. La Bible s’oppose radicalement à cette prétention humaine : l’homme, nous affirme-t-elle, ne peut rien faire pour mériter le vie éternelle : tous sont pécheurs :

          Job 15.14-16 : « Qu'est-ce que l'homme, pour qu'il soit pur ? Celui qui est né de la femme peut-il être juste ? Si Dieu n'a pas confiance en ses saints, si les cieux ne sont pas purs devant lui, combien moins l'être abominable et pervers, l'homme qui boit l'iniquité comme l'eau ! »

          Ecclésiaste 7.20 : « Non, il n'y a sur la terre point d'homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais. »

          Romains 3.9-19 : « Quoi donc! sommes-nous plus excellents? Nullement. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l'empire du péché, selon qu'il est écrit: il n'y a point de juste, pas même un seul; nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu; tous sont égarés, tous sont pervertis; il n'en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul; leur gosier est un sépulcre ouvert; ils se servent de leurs langues pour tromper; ils ont sous leurs lèvres un venin d'aspic; leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume; ils ont les pieds légers pour répandre le sang; la destruction et le malheur sont sur leur route; ils ne connaissent pas le chemin de la paix; la crainte de Dieu n'est pas devant leurs yeux. Or, nous savons que tout ce que dit la loi, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu. »

          Éphésiens 2.1-3 : « Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, de l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion. Nous tous aussi, nous étions de leur nombre, et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres... »

 

          Et tous les hommes sont incapables d’accomplir ce que Dieu leur demande. « Nul ne sera justifié par les œuvres de la loi » (Romains 3.20 ; Galates 2.16 ; Éphésiens 2.9).

          « Mais Dieu...nous a aimés » (Éphésiens 2.4). « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous (Romains 5.8 ; voir aussi 1 Jean 4.9-10 : « L'amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu'il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. »)

 

          L’initiative appartient donc tout entière à Dieu seul. « Il a envoyé son Fils...Il nous a réconciliés...Il a justifié... » « Tout est accompli » : ce cri de Jésus expirant sur la croix met le point final à l’œuvre parfaite de Dieu et de son Fils.

          Est-ce à dire que maintenant tous les hommes soient automatiquement sauvés ? Dieu sauverait-il l’humanité « par dessus la tête de l’homme » (E. Thurneysen) ?

          Les théologies luthériennes et réformées ont actuellement tendance à insister sur l’œuvre de Dieu au point de rendre presque nulle la part de l’homme. Cette réaction contre les théologies de la volonté et de l’expérience du XIX° siècle n’est pas plus proche de la vérité que ces dernières. Dans la Bible, « Dieu n’agit jamais mécaniquement et sans poser aucune condition dans l’histoire du salut. » (F. Heitmüller)

 

          La nouvelle naissance, dit E. Brunner, c’est la nouvelle créature par la foi et cette foi en Christ exige notre participation active...Il est aussi nécessaire de souligner ce côté actif que le côté passif de la nouvelle naissance...La conversion c’est l’aspect actif, volontariste de cet événement. Dans la Parole de Dieu les deux aspects sont contenus. Nous ne saisissons pleinement la parole de Christ qu’en retenant les deux moments : l’appel et la réponse ».

 

          « Il est un fait certain que la Bible parle constamment de la foi de l’homme, et l’apôtre Paul le premier :

          Philippiens 2.17 : « Et même si je sers de libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi, je m'en réjouis, et je me réjouis avec vous tous. »

          1 Thessaloniciens 1.3, 5, 6, 7 : « nous rappelant sans cesse l’œuvre de votre foi, le travail de votre charité, et la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus Christ, devant Dieu notre Père...notre Évangile ne vous ayant pas été prêché en paroles seulement, mais avec puissance, avec l'Esprit Saint, et avec une pleine persuasion; car vous n'ignorez pas que nous nous sommes montrés ainsi parmi vous, à cause de vous. Et vous-mêmes, vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint Esprit, en sorte que vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de la Macédoine et de l'Achaïe... »

          La Bible parle d’une foi où l’homme est acteur d’une façon éminente : « Ne crains point, crois seulement » (Marc 5.36). « Celui qui croit en lui ne sera pas jugé » (Jean 3.18). « J’ai cru » (2 Corinthiens 4.13). « Disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus » (Actes 19.4). « Ta foi t’a sauvée » (Matthieu 19.22). « Votre foi est renommée » (Romains 1.18). « La foi d’Abraham » (Romains 3.16). « Votre foi » (2 Pierre 1.5). « Notre foi » (1 Jean 5.4) » (P. Valloton).

          Dieu ne veut pas ravir à l’homme sa condition de créature libre qu’il a lui-même donnée. Car l’homme a une volonté libre que Dieu respecte.

          Jésus dit : « Si quelqu’un veut faire la volonté de mon Père... » (Jean 7.17) et jusqu’à la fin de l’Apocalypse retentit cet appel : « Celui qui veut, qu’il prenne de l’eau de la vie, gratuitement » (Apocalypse 22.17). Mais cette volonté possède, hélas aussi, le redoutable pouvoir de dire non à Dieu. « Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jean 5.40).

          Tout au long de l’histoire du salut, Dieu demande certaines choses à l’homme, non pour qu’il accomplisse son salut, mais pour qu’il lui prouve son désir d’être sauvé.

          Partout, dans la Bible, nous trouvons des commandements, des conseils, des recommandations. Le Nouveau Testament, à lui seul, contient plus de mille impératifs et plusieurs milliers d’exhortations de formes diverses. « Si l’on compte les passages du Nouveau Testament dans lesquels il est question de foi ou dans un sens analogue de repentance, de conversion, d’amour de Dieu, de retour vers Dieu comme réponse de l’homme, on se rend compte que la réciprocité et la correspondance entre l’homme et Dieu en sont le fondement. » (E. Brunner)

          Impossible de nier que Dieu attende quelque chose de l’homme. Qu’attend-il ? Que faut-il que l’homme fasse pour être sauvé ?*

 

Alfred KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

* Il sera répondu à ces questions dans le prochain article : la part de l’homme, et la part de Dieu en l’homme (NDLR)

 

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