LE FRUIT DE L’ESPRIT ET LES DONS SPIRITUELS

 

LE FRUIT DE L’ESPRIT

ET LES DONS SPIRITUELS

 

par Donald GEE*

 

          L’équilibre entre ces deux sujets s’imposera d’une manière évidente à tous ; malheureusement, il faut avouer qu’en appuyant trop fortement sur les dons spirituels, certains semblent avoir parfois négligé le fruit de l’Esprit. Avant de les critiquer trop hâtivement souvenons-nous que pendant des générations, et dans bien des directions à l’heure actuelle toute l’importance a été donnée au fruit au détriment des dons spirituels. Une telle insistance manque d’équilibre, à la lumière de l’Écriture, et comme le pendule, la vérité cherche toujours sa position d’équilibre.

 

          Le Nouveau Testament marque une harmonie exquise entre ces deux sujets, qui font partie intégrante de l’œuvre du Saint-Esprit. Le chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens termine un exposé sur les dons spirituels par ces mots significatifs : « Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence ». Ainsi le thème de la charité, « fruit » de l’Esprit est présenté avec un sens exact de la mesure. Et cependant, pour éviter que la balance ne penche trop de l’autre côté, après le si lumineux cantique de louanges à la charité du chapitre 13, le chapitre 14 commence par ces mots tout aussi significatifs : « Recherchez la charité. Aspirez aussi aux dons spirituels ».

 

          A travers ces trois chapitres sensés, éloquents, pratiques, l’équilibre est maintenu. Il y est fortement insisté sur l’absolue nécessité de la sanctification pour le bon usage des dons spirituels, mais nulle part, nous ne trouvons l’opposition fanatique et presque brutale qui semble être de nos jours la marque de certains docteurs de la « sainteté ».

 

          L’équilibre parfait entre le « fruit » et les « dons » de l’Esprit est peut-être intentionnellement appuyé par ce fait qu’ils sont tous deux au nombre de neuf, énumérés respectivement dans Galates 5.22-23 et 1 Corinthiens 12.8-10.

 

 

Le fruit croît

 

          Le choix inspiré du terme « fruit » est rempli de beauté. Notez le contraste entre les œuvres de la chair et le « fruit » de l’Esprit dans Galates 5. Les « œuvres » nous parlent de la ville poussiéreuse, de machines bruyantes, d’activité fiévreuse. Le « fuit » nous parle de la campagne, de jardins paisibles, et des forces silencieuses mais vitales de la nature.

 

          Les fruits sont le résultat de la vie. D’abord paraît le bourgeon, puis la fleur, finalement le fruit mûr pour la récolte. Soutenant toutes ces choses est la vie de l’arbre, portant le fruit, la vie, aussi des forces de la nature, du soleil, de la pluie, qui apportent leurs bienfaits. Les fruits ne peuvent être obtenus là où règne la mort.

 

          La comparaison est exacte. Le fruit de l’Esprit est le résultat direct de la vie de Christ apportée au croyant par l’Esprit, « le fruit de justice » qui est par Jésus-Christ (Philippiens 1.11). Car il résulte d’une vie de communion intime et constante avec Christ. « Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits » (Jean 15). La perte de cette communion explique souvent notre impuissance à porter du fruit, et le labeur du chrétien, si grand soit-il, et même l’exercice des dons spirituels ne peuvent jamais remplacer la marche avec Dieu. C’est un encouragement de savoir que la communion constante avec Christ dans notre vie quotidienne produira le fruit de l’Esprit à notre insu. Les personnes qui nous entourent le voient avant nous, ce qui est de beaucoup préférable.

 

          Ce principe d’une croissance soutenue et tranquille contraste d’une façon frappante avec la manière dont les chrétiens peuvent recevoir les dons spirituels. Ceux-ci sont souvent, non pas obligatoirement toutefois, communiqués en une occasion spéciale, avec la prière ou l’imposition des mains comme pendant la « Pentecôte » à Éphèse (Actes 19.6) ou lorsque des anciens firent l’imposition des mains à Timothée (1 Timothée 4.14).

 

          Combien cherchent le fruit de l’Esprit, mais en vain, parce qu’ils s’y prennent mal ! Ils assistent à des réunions en plein air ou à des conventions, ou vont entendre un prédicateur « renommé ». Ils pensent que le fruit de l’Esprit particulièrement désiré, comme la paix ou la douceur, sera subitement et sur-le-champ planté en eux. Faute de marcher avec Christ, ils seront inévitablement déçus.

 

          J’ai raconté en divers lieux, un incident de ma jeunesse. Je désirais vivement, un été, faire pousser des tomates dans notre petit jardin. J’achetai mes plants, je les mis en terre et l’en pris soin. Mais l’atmosphère poussiéreuse de Londres leur était peu favorable, et vers la fin de l’été je commençais à désespérer de jamais récolter de fruits. Jugez donc de ma surprise lorsqu’un beau matin je vis pendre de grosses tomates mûres à mes plants. Ravi, stupéfait, je me précipitai dans le jardin, mais je constatai alors que ma mère les avait attachées avec une ficelle.

 

          Cette petite plaisanterie de ma jeunesse illustre bien ce que nombre de personnes essaient de faire avec le fruit de l’Esprit. Elles ne remplissent jamais les conditions pour porter ce fruit, puis essaient d’y suppléer en cherchant une méthode artificielle de production. Mais nous pouvons toujours voir les « ficelles ».

 

 

Non pas par le baptême

 

          Beaucoup de personnes considèrent le baptême du Saint-Esprit comme un moyen de porter ce fruit et éprouvent un désappointement profond s’il ne se manifeste pas immédiatement après cette expérience spirituelle. Cependant le but expressément désigné du baptême du Saint-Esprit, et le résultat de ce baptême, sont de donner la puissance pour le service et le témoignage (Actes 1.8). Conformément à ce dessein, ce sont les manifestations surnaturelles de l’Esprit par ses dons qui forment le signe initial du baptême (Actes 2.4 ; 10.46 ; 19.6). La sainteté est le signe d’une vie de communion ininterrompue avec Christ, et n’est pas nécessairement rattachée directement au baptême de Pentecôte. Même sans ce dernier, la beauté de Christ peut largement s’épanouir dans le caractère du chrétien.

 

          Il faut ajouter que la plénitude réelle du Saint-Esprit produit inévitablement aussi le fruit parce qu’elle nous donne une vie de communion avec Christ plus riche et plus vivante. Cependant le dessein immédiat de la Pentecôte était de donner la puissance, non la sainteté, la sainteté fut auparavant acquise par la foi ; et la sainteté par l’obéissance devait suivre.

 

          Un enfant en Christ peut aussi recevoir parfois des manifestations frappantes de la puissance de l’Esprit malgré un manque visible de maturité du fruit qui forme le caractère du chrétien. Ceci apparaît clairement chez beaucoup des premiers convertis au christianisme auxquels furent adressées les Épîtres du Nouveau Testament. Des dons réels de l’Esprit de Dieu peuvent être exercés là où la charité n’est point parfaite (1 Corinthiens 13.1-3). Sans la charité, les dons ne sont pas employés d’une manière normale, ce qui est inexcusable chez le croyant de quelque maturité. Où l’amour est absent, les dons sont absolument sans valeur. Il en résulte pour ceux qui exercent les dons spirituels une nécessité impérieuse de porter aussi le fruit de l’Esprit, et de demeurer dans la « doctrine des Apôtres » (Actes 2.42). Le feu et l’enthousiasme de notre témoignage public pour Christ peuvent rendre vain ce témoignage si notre vie n’est pas remplie de la grâce et de la beauté de Jésus. Nous sommes tous des lettres « vivantes, connues et lues de tous les hommes » ; et, si notre vie n’est pas en harmonie avec nos paroles, elle ne peut que très fâcheusement s’accompagner d’un grand étalage de dons apparents.

 

 

La puissance du fruit

 

          Tout ceci tend à prouver la puissance réelle du fruit de l’Esprit. C’est l’influence tranquille d’une vie pleine de beauté, plutôt que la puissance torrentielle d’un ministère plein de feu, et cela vient de notre communion avec Dieu et non d’un moment de crise.

 

          On raconte que lorsque la construction du Forth Bridge en Écosse était près d’être terminée, les ingénieurs, pendant toute une journée froide et sombre, essayèrent vainement de rapprocher certaines importantes poutres de fer. Ils eurent sans succès, recours à tous les procédés imaginables de la mécanique, et à la fin de la journée se retirèrent absolument impuissants. Mais le lendemain matin, le soleil d’été enveloppa de ses chauds rayons les grandes masses de fer et la dilatation produite leur permit bientôt de faire la soudure. Il en est ainsi d’une grande partie de l’œuvre de l’Esprit. Sa puissance opère parfois plus irrésistiblement par les forces calmes de l’amour, de la joie et de la paix, que par les manifestations plus frappantes des dons et des prophéties.

 

          D’un autre côté, il y a souvent des rochers qu’il faut briser, et des portes qui doivent être ouvertes pour lesquels la dynamite des dons spirituels de Pentecôte est absolument indispensable. Ce fut l’expérience de Philippe dans son œuvre d’évangéliste en Samarie (Actes 8.6) et Paul l’a prouvé comme pionnier missionnaire.

 

          La manifestation de la puissance spirituelle la plus grande est obtenue là seulement où le fruit et les dons vont de pair. A cet égard, le Nouveau Testament rapporte soigneusement que les hommes d’une puissance spirituelle exceptionnelle possédaient non seulement des dons, mais aussi la grâce de Dieu et la bonté (Actes 6.3 ; 11.24 ; 16.2 ; 22.12)

 

          Le plus grand exemple de ce principe montrant que la puissance spirituelle est à son plus haut point là où les dons surnaturels se rencontrent en harmonie parfaite avec une irréprochable sainteté du caractère, c’est le Seigneur Jésus-Christ lui-même.

 

Donald GEE

www.batissezvotrevie.fr

 

* Dans la rubrique « Pentecôtisme » vous trouverez un article intitulé « Donald Gee témoigne ».

 

 

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