LA NOURRITURE DE CANAAN

 

LA NOURRITURE DE CANAAN

 

Lecture biblique : Josué 5.10-12

 

          Notre Dieu ne retire pas sa bonté, et il ne trahit pas sa fidélité. En effet, la Parole de Dieu déclare : « Les enfants d’Israël mangèrent la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité ; ils mangèrent la manne jusqu’à leur arrivée aux frontières du pays de Canaan. » (Exode 16.35)

 

          Dans notre précédent article, nous avons mis en évidence les premières conditions indispensables pour le combat spirituel, à savoir le dépouillement de la chair par le jugement opéré à la croix, et la réalisation de ce jugement dans la pratique. Nous en avons une image dans un épisode de la vie de David : « Saül fit mettre ses vêtements à David, il plaça sur sa tête un casque d’airain, et le revêtit d’une cuirasse. David ceignit l’épée de Saül par-dessus ses habits, et voulut marcher, car il n’avait pas encore essayé. Mais il dit à Saül : Je ne puis pas marcher avec cette armure, je n’y suis pas accoutumé. Et il s’en débarrassa. » (1 Samuel 17.38-39) Pour aller au combat devant notre Goliath, nous devons nous dépouiller de ce qui est de l’homme, et des armes de la chair.

 

 

Une autre ressource

 

          Avant de se lever pour combattre, et de s’emparer de la ville de Jéricho, Israël devait s’asseoir à la table de Dieu. Comprenons, bien-aimés, qu’il nous faut être nourris pour résister aux fatigues de la guerre. La force est là !

          Mais nourris de quoi ? Ou plutôt, nourris de qui ? Car il s’agit bien de nous nourrir d’une personne : Christ. Il est la source de notre force spirituelle. Rappelons une fois encore, si nécessaire, que Canaan n’est pas l’image du ciel, mais celle de notre héritage spirituel en Christ. La nourriture de Canaan, c’est Christ ! Quelle grâce d’entrer dans le combat en étant nourris de lui ! Celui qui ne se nourrit pas de Jésus, le cœur vide du Seigneur connaîtra, sans nul doute, la défaite devant l’ennemi.

          « Ils en mangèrent ce même jour ». N’attendons pas un demain incertain. Nous sommes appelés à combattre aujourd’hui. Nourrissons-nous chaque jour. C’est ainsi que nous sommes prêts à nous lever pour marcher à la victoire.

 

 

Christ, notre aliment spirituel

 

          Oui, notre nourriture est une personne ! Ce n’est pas seulement des vérités bibliques, une doctrine, ni même des privilèges. C’est Jésus-Christ lui-même. Il a dit : « Celui qui me mange vivra par moi. » (Jean 6.57)

          Déjà, sous l’ancienne alliance, le peuple d’Israël vivait de Christ, sans le savoir, sans le connaître. Paul écrit : « ...Ils ont tous mangé le même aliment spirituel, et ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ. » (1 Corinthiens 10.3-4) A combien plus forte raison, nous, le peuple de la nouvelle alliance, devons-nous nous rassasier de Celui qui nous a rachetés au prix de son propre sang.

          Christ, notre aliment spirituel, nous est présenté sous trois aspects différents : la Pâque, la manne, et le blé du pays.

 

 

La Pâque

 

          « Ils célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, sur le soir, dans les plaines de Jéricho. » (v.10)

          Israël a célébré la même fête qu’en Égypte autrefois. Cependant, elles diffèrent l’une de l’autre.

          En Égypte, la Pâque fut célébrée par un peuple ayant hâte de fuir, protégé par le sang de l’agneau pascal, au milieu de la nuit, au plus profond des ténèbres et du jugement.

          Ici, la fête rassemble un peuple arrivé au but, qui entre en Canaan, délivré des dernières traces de l’opprobre d’Égypte (voyez le v.9 de notre chapitre), et qui a traversé (symboliquement, en passant le Jourdain) la mort au péché, à lui-même, et le renoncement au monde. C’est un peuple ressuscité. Les pierres ôtées du milieu du Jourdain et dressées à Guilgal (voyez le chapitre 5) en sont le témoignage visible et symbolique. Ce peuple revient s’asseoir, en pleine paix, au point de départ, au fondement même de sa rédemption et de ses bénédictions, autour du « mémorial », prophétique, de Christ mourant sur la croix pour nous.

          La Pâque en Canaan correspond à ce que la Sainte Cène représente pour nous chrétiens.

          Soyons bien conscients que la Sainte Cène est une nourriture permanente. Elle ne cessera pas dans la gloire de Dieu ; mais elle n’y sera plus le souvenir de la mort du Seigneur célébrée en son absence, et nous n’aurons plus besoin d’une image matérielle pour nous le rappeler. Car nous verrons Jésus. « Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des anciens, un Agneau qui était là comme immolé. » (Apocalypse 5.6) Là-haut, Jésus-Christ est le centre visible du ciel, de la rédemption parfaitement et éternellement accomplie, de la nouvelle création fondée sur la croix, la source des bénédictions éternelles. Il est et sera à toujours le sujet de la contemplation et de l’adoration des myriades de myriades dans un culte universel.

 

 

La manne

 

          « La manne cessa le lendemain de la Pâque, quand ils mangèrent du blé du pays ; les enfants d’Israël n’eurent plus de manne... »

          Nous avons dans ce texte une leçon importante : là où les moyens naturels suffisent, les miracles cessent. Pour Israël, c’était la fin d’une période, la vie au désert, et le début d’une nouvelle période, celle de la vie sédentaire en Canaan. Un temps nouveau de grande bénédiction se levait. Dieu conduisait son peuple dans une nouvelle grande étape : l’établissement en Terre Promise.

          Mais, lorsque les ressources terrestres et humaines évincent les miracles, c’est un drame pour le peuple de Dieu. L’Église en a fait la triste expérience dans son parcours, parfois sinueux et chaotique.

          La manne était la nourriture du désert. Elle est l’image de Christ, descendu du ciel, au milieu de nos épreuves, de nos tentations, de nos circonstances, pour nous délivrer, nous secourir, nous diriger dans les difficultés de la route.

          Pour nous chrétiens, les choses sont différentes. Nous avons le privilège d’avoir dans le même temps (mais pas au même moment peut-être), Christ comme nourriture, à tous égards : dans nos épreuves, dans nos difficultés, dans nos combats, mais aussi dans notre épanouissement spirituel.

 

          La manne a cessé de tomber lorsque le peuple a pu manger « le blé du pays ». Nous avons ici un autre enseignement. Bien des combats attendaient les enfants d’Israël. Bien des luttes sont aussi notre lot. La manne, suffisante jusqu’ici pour préserver simplement la vie, ne l’est plus pour ceux qui doivent livrer les combats du Seigneur. Ceux et celles qui veulent témoigner et gagner des âmes pour Christ ne peuvent se contenter du lait de la Parole ; ils doivent se rassasier du blé, s’ils veulent être résistants, accomplir des exploits pour leur Seigneur, et être plus que vainqueurs

 

 

Le blé du pays

 

          « Ils mangèrent du blé du pays le lendemain de la Pâque, des pains sans levain et du grain rôti. » (v.11)

          Dieu tient parole. Il n’est pas un homme pour mentir. Il avait déclaré (Nombre 15.18) : « Quand vous serez arrivés dans le pays où je vous ferai entrer, et que vous mangerez du pain de ce pays... » Il accomplit ses merveilleux desseins en dépit d’un peuple rebelle, au cou raide, incrédule et contestataire.

 

          Le « blé du pays » constituait une nourriture inconnue pour eux. A part Josué et Caleb, les enfants d’Israël étaient tous nés dans le désert et n’avaient jamais eu aucune occasion de goûter le « blé du pays » auparavant.

          Canaan étant l’image de notre héritage en Christ, nous sommes appelés à nous nourrir d’un Christ céleste et glorieux.

          La version Darby traduit : « Et dès le lendemain de la Pâque, ils mangèrent du vieux blé du pays...Et la manne cessa dès le lendemain, après qu’ils eurent mangé du vieux blé du pays ». C’est avec un profond respect, mêlé d’accents de louange et d’adoration, que nous pouvons parler de Jésus comme du « vieux blé du pays ». N’est-il pas appelé « Père éternel » (Esaïe 9.5) ? L’Evangile dit de lui : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1.1). Le prophète Michée, annonçant la venue du Messie, s’écrie : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite entre les milliers du Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël, et dont l’origine remonte aux jours de l’éternité » (5.1). Lui-même a déclaré : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis » (Jean 8.58). « Le blé du pays », vieux, mais toujours nouveau, ne peut être savouré que par ceux qui se le sont approprié par la foi. Ceux-là ont entendu et reçu sa parole : « Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jean 6.48-51).

 

          Il est Christ-homme, venu sur notre terre ayant partagé notre humanité, sans toutefois jamais péché. C’est ce que nous rappelle les « pains sans levain » les « azymes ».

          Il est le Christ ayant traversé pour nous, à cause de nous, et à notre place, le feu du jugement divin. Les « épis grillés » ou « grains torréfiés » annonçaient cette œuvre incomparable.

          Il est désormais ressuscité, et il est entré dans la gloire céleste, à la droite de la majesté divine.

          L’épître aux Éphésiens, qui est la correspondance dans le Nouveau Testament, du livre de Josué, nous révèle la réalité de notre héritage en Christ. Tout d’abord, « Christ, notre Pâque » (1 Corinthiens 5.7), nous a délivrés de notre « Égypte » : « Vous étiez morts par vos offenses et par vos péchés, dans lesquels vous marchiez autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, de l’esprit qui agit maintenant dans les fils de la rébellion » (Éphésiens 2.1-2). Ensuite, nous avons traversé le « Jourdain » : « Il [Dieu] nous a ressuscités ensemble » (Éphésiens 2.6). Enfin, il nous a établis dans notre « Canaan » : «...et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ » (Éphésiens 2.6). Avec Paul, faisons monter vers le Seigneur nos actions de grâces : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ! » (Éphésiens 1.3). C’est lui, Christ, le « blé du pays ».

 

          Frères bien-aimés, nourrissons-nous du « blé du pays », notre Seigneur Jésus-Christ, glorieux et céleste. Il n’est pas seulement notre avocat auprès de Père, mais déjà, maintenant, il nous introduit dans la position, la vie, et la victoire célestes.

          Voulons-nous dire, par la foi : « Voilà ma place ! Je suis en Jésus-Christ, ayant déjà la même vie que lui, la vie éternelle, la vie de l’homme ressuscité d’entre les morts. Je suis uni à lui, assis en lui dans les lieux célestes » ?

          Adorable Sauveur ! Pour nous, il est descendu du ciel. Pour nous, il est allé jusqu’à la mort de la croix. Il est entré à nouveau dans la gloire, et il nous y introduit en lui, avant de nous y introduire avec lui, semblables à lui pour l’éternité. « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit » (2 Corinthiens 3.18). C’est le glorieux résultat dans la vie de ceux qui se nourrissent du « blé du pays ». « Nous sommes transformés en la même image ». Nous reproduisons les traits de sa personne bénie. Ce n’est pas une chose mystique, un produit vague de l’imagination humaine. C’est dans notre vie journalière, dans nos actes, dans nos paroles, par l’amour, la prière, la patience, la dépendance de Dieu, que nous reproduisons les traits du Christ glorieux. En est-il ainsi pour nous, chrétiens, dans ces jours-ci ? Nos cœurs sont-ils nourris de Jésus-Christ au point que les hommes puissent le remarquer dans notre vie, comme il en fut ainsi des apôtres ? « Lorsqu’ils virent l’assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c’étaient des hommes du peuple sans instruction ; et ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus » (Actes 4.13). Souvenons-nous d’Étienne, le martyr. Avant son ultime discours, « tous ceux qui siégeaient au sanhédrin ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange » (Actes 6.15). Et à la fin du discours, « Étienne, rempli du Saint-Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu » (Actes 7.55).

          Ce n’est pas à nous de savoir que nous reflétons le ciel, sinon nous aurions déjà perdu de vue notre Jésus céleste, pour porter les yeux sur nous-mêmes. Moïse était le seul dans le camp d’Israël à ignorer que son visage resplendissait : « Moïse descendit de la montagne de Sinaï, ayant les deux tables du témoignage dans sa main, en descendant de la montagne ; et il ne savait pas que la peau de son visage rayonnait, parce qu’il avait parlé à l’Éternel. Aaron et tous les enfants d’Israël regardèrent Moïse, et voici la peau de son visage rayonnait ; et ils craignaient de s’approcher de lui » (Exode 34.29-30).

 

 

Un aliment éternel

 

          La manne, nous l’avons souligné, n’était pas une nourriture permanente. Elle était donnée à Israël lors de la traversée du redoutable désert. Ce voyage allait avoir son terme. Pour nous aussi. Mais le « blé du pays » sera, comme la « Pâque », notre nourriture permanente et éternelle, non plus pour que nous soyons transformés à l’image de Christ, mais alors même que nous serons conformes à lui. « Notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses » (Philippiens 3.20-21).

 

 

L’os du jour

 

          « Ils mangèrent du blé du pays le lendemain de la Pâque...ils en mangèrent ce jour-là même » (v.11). Ce même jour, littéralement « dans l’os de ce jour », ainsi que le traduit André Chouraqui, c’est-à-dire dans la substance de ce jour.

          Qu’est-ce qui a fait l’os de cette journée, sa substance ? L’établissement du peuple là où Dieu le voulait, quand il le voulait ; sa promptitude à se saisir de son héritage et de ses bénédictions promises. Nos journées ont-elles un « os », une substance, ou se déroulent-elles sans consistance ? Sommes-nous là où Dieu le veut, quand il le veut, nous nourrissant de Christ, dans une communion intense avec lui ?

          Savez-vous ce qui fera l’ « os » du retour de Jésus ? C’est que ce jour aura comme centre, comme sève, comme éclat, « le vieux blé du pays », la glorieuse personne de Christ. « Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance...Il viendra pour être, en ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thessaloniciens 1.7, 10).

 

          « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. » (1 Jean 3.2-3).

 

Paul BALLIERE

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