LE CULTE DE LA VIERGE

 

LE CULTE DE LA VIERGE

 

Le culte de la Vierge ne fait qu’un avec le culte des saints. Il ne s’en distingue que par la place plus considérable qu’il occupe dans la dévotion catholique. La condamnation absolue que la parole du Christ fait tomber sur le premier frappe donc en même temps le second.

Il n’y a en effet aucune exception pour Marie ; l’Évangile ne lui attribue aucun autre privilège que celui d’avoir été la mère du Sauveur ; mais ce privilège même ne lui confère aucun pouvoir permanent, aucun rôle spécial. Écoutez le Christ lui-même. « Une femme élevant la voix au milieu de la foule, dit : Heureux le sein qui t’a porté et les mamelles qui t’ont allaité ! Et il [Jésus] répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! » (Luc 11.27-28) Jamais, sous aucune forme, le Christ ni les apôtres ne reconnaissent à Marie une part quelconque dans l’œuvre du salut. L’Évangile ignore complètement tous les titres pompeux que lui donnent les litanies. Tandis que celles-ci la désignent comme « la mère de la divine grâce », comme « la porte du ciel », l’apôtre Pierre nous déclare solennellement, à propos de Jésus : « Il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. » (Actes 4.12) Comme c’est à Jésus seul qu’il faut aller pour le salut et que seul il peut sauver parfaitement (Hébreux 7.25), c’est donc à lui seul aussi que doivent être rendus, comme au Père et au Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire.

Marie est désignée dans le catholicisme par les qualificatifs les plus élogieux et les plus étranges, en particulier par la désignation sacrilège de « reine du ciel », comme si Dieu même était déchu de son pouvoir. Or cette même expression se trouve déjà dans le prophète Jérémie (7.44), qui nous parle de femmes offrant des gâteaux et de l’encens à la « reine des cieux ». Mais cette pratique idolâtre est sévèrement condamnée. Le prophète la dénonce comme ayant attiré sur Juda la colère de Dieu, comme la plus grande cause de la destruction du royaume. Et le Seigneur ne doit-il pas de même être irrité contre les nouveaux adorateurs de la « reine des cieux », non plus sous les traits de la lune, mais sous ceux d’une femme, de l’humble Marie qui repousserait elle-même tous les honneurs qu’on lui rend, si elle pouvait faire entendre sa voix ? Aucun doute n’est possible.

D’ailleurs, dans le Nouveau Testament, quel silence au sujet de Marie ! Après la mort du Christ, elle n’est plus nommée qu’une seule fois, au lendemain de l’ascension, lorsqu’il nous est dit qu’elle priait avec les disciples (Actes 1.14). Il n’y a pas une expression, pas un mot, ni dans les Actes ni dans les vingt-et-une Épîtres, qui puisse nous donner à penser qu’il faut rendre un culte à la mère du Sauveur. Dans les écrits des Pères de l’Église des premiers siècles, il n’y a rien non plus qui autorise de tels honneurs et justifie un tel culte, éclipsant par son éclat celui qu’on rend à Dieu lui-même.

On le voit, si d’un bout à l’autre de l’Évangile on ne trouve pas un seul mot donnant même à penser qu’on puisse prier la Vierge et lui rendre un culte quelconque, en revanche on trouve partout les déclarations les plus positives et les plus claires pour condamner une telle dévotion.

C’est au 5° siècle seulement que le culte de Marie fait sa première apparition dans l’Église. Il doit sa naissance à plusieurs causes, mais surtout à l’influence des cultes païens qui exaltaient alors si puissamment les forces de la nature.

La mère du Christ a toujours été en honneur dans l’Église primitive, comme elle l’est encore aujourd’hui dans les Églises protestantes. Mais il y a loin d’un tel honneur à un culte quelconque. Pendant les trois premiers siècles, aucune prière, aucun honneur divin quelconque ne lui sont adressés. Ce sont là des faits indéniables devant lesquels toutes les vaines affirmations des théologiens tombent et disparaissent.

Au 4° siècle on commence, en certains lieux, à lui donner le nom antiscripturaire de mère de Dieu. En Arabie, des femmes fanatiques, se disant prêtresses de la Vierge, instituent une fête en l’honneur de Marie et lui offrent en sacrifice de petits gâteaux, renouvelant ainsi à la lettre la pratique des femmes de Juda offrant leurs gâteaux « à la reine du ciel » et attirant ainsi sur elle et sur leur pays la malédiction de Dieu, comme le déclare le prophète Jérémie (7.16-20). Ces femmes formaient une secte combattue avec énergie par Épiphane qui lui reproche d’être un effort du diable pour faire rendre les honneurs divins à la nature humaine.

Plus tard, vers 428, Nestorius, patriarche de Constantinople, soutenant que Marie ne pouvait être appelée mère de Dieu, provoque dans l’Église une violente dispute. Le mouvement s’étend partout. Les partisans et les adversaires des Nestorius forment deux camps presque égaux. Finalement le concile d’Éphèse, en 431, sanctionne l’expression : « mère de Dieu ».

Depuis lors le culte de Marie prend racine et se propage. Cependant, d’après Mabillon, la Vierge n’avait pas encore de fête à la fin du 5° siècle dans le calendrier des Églises d’Afrique.

En 606 le Panthéon – temple païen de Rome destiné à recevoir les statues de tous les dieux – lui est consacré ainsi qu’à tous les saints. Désormais le chemin est largement frayé et le culte de la Vierge se développe sans obstacle. Ses images et ses reliques se multiplient dans les églises. On en vient à l’invoquer comme la reine du ciel, comme la médiatrice toute-puissante auprès du Christ. La dévotion superstitieuse des masses se porte de plus en plus vers elle, tandis que le Christ, toujours représenté comme un petit enfant dans les bras de sa mère, rentre en même temps dans l’ombre obscure, où il disparaît complètement aujourd’hui. Que croyons-nous en effet à l’heure actuelle ?

A Marie, tous les honneurs, toutes les gloires ! C’est une véritable idolâtrie ou mariolâtrie, comme on voudra.

 

F. MARSAULT

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