LES DEUX SEMENCES DANS LE CHAMP (2° partie)

 

 

LES DEUX SEMENCES DANS LE CHAMP

(2° partie)

 

L’ivraie et le bon grain

 

          Matthieu 13.24-30, 36-43.

 

          Qu’est-ce que la moisson ? (13.27-30, 40-43)

          Les serviteurs du maître, voyant l’ivraie pousser parmi le blé, lui demandent s’ils doivent l’arracher. Il refuse, car à ce stade cette action endommagerait aussi le blé. Il préfère les laisser « croître l’un et l’autre jusqu ‘à la moisson ». L’application est évidente. Le royaume semble avoir besoin d’une purge. Dans le domaine de l’œuvre du royaume de Dieu, nous voyons se côtoyer des églises authentiques et d’autres fausses, des fidèles et des hérétiques, des gens ignorants et confus. Ne faut-il pas éliminer l’erreur, l’hypocrisie et la confusion, afin de permettre l’établissement et le maintien de la pureté ? » Non, dit le Seigneur, aussi étrange que cela paraisse, il vaut mieux les laisser où elles sont jusqu’à la moisson. »

 

          Pourquoi laisser l’ivraie jusqu’à la moisson ? (13.27-30)

          Il le fallait « de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé » (13.29). La présence des pécheurs et de leurs péchés, des fausses églises et de leurs hérésies, ne porte pas autant atteinte à la vraie cause de Jésus-Christ que ne le ferait la tentative de les extirper ! Pourquoi ? L’histoire du monde a montré par exemple ce qui se produit quand des autorités, même respectueuses de la vérité, ont au nom de Dieu cherché à détruire les hérésies par la force du glaive ! Des malheurs se multiplient à l’encontre des parties impliquées et pour les générations suivantes.

          En outre, la présence de « l’ivraie » pousse l’Église authentique à clarifier et préciser sa doctrine et son témoignage. Les vraies chrétiens parviennent mieux à « mettre en œuvre leur salut avec crainte et tremblement » dans le contexte d’une opposition active qu’en l’absence d’un tel adversaire ! Quand « l’ivraie » enseigne, proclame et vit sa rébellion contre le Seigneur, le peuple de Dieu voit les choses plus clairement. Il forme son témoignage avec plus de soin et s’adonne avec d’autant plus de zèle à l’œuvre de l’Évangile dans un monde qu’il voit en train de périr par manque d’un Sauveur.

          Par ailleurs, Dieu n’appelle pas les chrétiens à exécuter ses jugements sur « l’ivraie ». Cela ne contredit toutefois pas le besoin d’exercer la discipline au sein de l’Église (Matthieu 18.15-20 ; 1 Corinthiens 5). La parabole de Jésus ne s’occupe pas de la responsabilité des églises en regard à la fidélité de leurs pasteurs et de leurs membres. Elle traite plutôt du cadre plus large de l’Église professante dans le monde, à la fois la partie vraie et la fausse.

          Dieu possède ses propres « moissonneurs », les anges, dont la charge consiste à séparer les « boucs » des « brebis ». Nous n’avons pas la capacité de sonder le cœur des hommes, et Dieu ne nous envoie pas purger la terre des antéchrists et des faux docteurs. Ce n’est pas là notre mission, mais son œuvre.

          La moisson de l’histoire humaine (13.40-43).

          Elle est « à la fin du monde ». Dieu « enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents » (Matthieu 24.31 ; cf Apocalypse 14.14-20). Ils « arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité » (13.41).

          L’histoire est en train de mûrir en vue d’une moisson dont la plénitude sera un jour de comptes et de jugement. La moisson, principalement  le rassemblement des vrais croyants du Seigneur, comprend également le remplissage de la presse de la colère de Dieu (Joël 3.13 ; Esaïe 63.3). Ces paroles du Seigneur enseignent trois vérités fondamentales de la Parole de Dieu.

 

          La doctrine du jugement dernier.

          Quelle séparation merveilleuse et terrible à la fois se produira alors ! Pas un seul grain de blé ne restera parmi l’ivraie. Le mari impie sera arraché des bras de sa femme, et l’enfant profane du sein de sa mère croyante. Dieu ne fera preuve de favoritisme à l’égard de personne. Les méchants, dénudés de leurs voiles, iront vers leur châtiment, et les justes, libérés des jalousies mutuelles, s’uniront en une harmonie parfaite.

 

          Le châtiment éternel.

          Les premiers à partir seront les incroyants persistants, les perdus réprouvés, ceux qui meurent dans leurs péchés sans repentance envers Dieu ni foi dans le Seigneur Jésus-Christ. « Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler… Comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde » (13.30, 40). Ce « feu » n’est pas l’incinérateur divin des adeptes de l’annihilationnisme*, mais la colère éternelle de Dieu contre les pécheurs impénitents. Il s’agit de la même sorte de colère qui se déversa sur le Seigneur Jésus-Christ quand il pendait sur la croix à la place de tous ceux dont il expiait les péchés. Une éternité de perdition n’a rien à voir avec la conception d’une éternelle inexistence. Cette dernière est précisément ce que désire l’athée conséquent avec lui-même, une inexistence silencieuse et indolore, vide de toute justice et rétribution de la colère d’un Dieu saint et offensé.

          La véritable destinée des hommes perdus consiste en une justice palpable et inéluctable contre leur haute trahison à l’égard du Dieu qui les a appelés en vain à la repentance. Il y aura « des pleurs et des grincements de dents » (13.42), l’angoisse d’un regret sans mélange et d’un apitoiement de soi au-delà de tout retour, dénué du plus petit désir de repentance et éternellement uni aux conséquences d’une totale séparation d’avec Dieu.

          Isaac Asimov, l’auteur athée de science-fiction, disait que, s’il existait un ciel, il ne s’y plairait pas. Il avait raison, car l’incrédulité hait l’idée d’un ciel futur tout autant que l’obéissance présente à la volonté du Seigneur. Mais l’enfer ne disparaîtra pas simplement parce que les sceptiques n’en aiment pas l’idée. Tôt ou tard, mais pour toujours, une justice parfaite assouvira la justice de Dieu.

 

          La félicité éternelle des croyants.

          L’éternité apporte la plénitude du salut pour les croyants en Christ. « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (13.43).

          Dans son oratorio « Élie », Félix Mendelssohn emploie brillamment ce verset pour lier la carrière du prophète à celle de Jean-Baptiste, le second Élie, et du Messie qu’il précéda. De cette manière, il fait ressortir le fait que Christ est la signification suprême du ministère d’Élie. De même, la rédemption dans la gloire est le sens du ministère de Christ pour tous ceux qui viennent à lui dans la foi. Mendelssohn fait donc chanter à son ténor :

 

          « Alors les justes resplendiront

          Comme le soleil dans le royaume de leur Père.

          Ils iront à Sion avec des chants de triomphe,

          Et une joie éternelle couronnera leur tête ».

          (Matthieu 13.43 ; Esaïe 51.11)

 

          Puis, après un chœur annonçant la venue de Christ en Esaïe 41.25-42.1 et 5.2, le contralto lance l’appel même de l’Évangile :

 

          « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux,

          Prêtez l’oreille, et venez à moi, écoutez, et votre âme vivra ».

          (Esaïe 55.1, 3)

 

          L’oratorio se termine dans la puissante évocation de la félicité éternelle des saints au ciel : « Et alors votre lumière resplendira... » Avec une magnifique verve, discernement pourrait-on dire, le compositeur saisit la transition théologique présente dans le texte. Les luttes d’Élie deviennent les victoires de Christ.

          Dans la parabole, le « blé » devient « lumière », resplendissant d’une gloire inextinguible de la rédemption en Jésus-Christ ! La transition de l’image du champ et de sa moisson à celle du soleil rayonnant de gloire nous élève de l’expérience présente de l’Église en un monde déchu vers la destinée future des élus dans la gloire. Elle souligne l’activité du peuple de Dieu qui parvient à une louange sans frein de Dieu, face à face avec lui dans la présence de sa majesté !

          Cette parabole nous appelle à fixer les yeux sur le dessein divin de grâce, et à vivre dans la perspective de la gloire qui sera révélée à la fin du monde. « Quelle est ton unique assurance dans la vie comme dans la mort ? », demande « le Catéchisme de Heidelberg ». Il répond : « C’est que, dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme, non pas à moi-même, mais à Jésus-Christ, mon fidèle Sauveur… C’est pourquoi, par son Saint-Esprit, il m’assure la vie éternelle et me rend prêt et disposé à vivre désormais pour lui, de tout mon cœur ».

          Je peux désormais m’avancer vers ce futur qui se déroule quotidiennement, car mon Sauveur est Seigneur de chaque jour, ainsi que de la moisson qui surviendra à la fin du monde. En ce jour-là, il me prendra dans la gloire en compagnie de tout son peuple.

 

Gordon KEDDIE

www.batissezvotrevie.fr

 

* L’annihilationnisme est la doctrine (fausse) selon laquelle les méchants, ayant rejeté Christ et son salut, ne seraient pas consignés à l’enfer pour l’éternité, séparés de Dieu et sous sa colère sans fin. Cette théorie a de nouveau relevé la tête grâce à certains écrits...

 

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