L’ANGE OU LA BÊTE ?

    

 

 L’ANGE OU LA BÊTE ?

 

« Je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte

contre la loi de ma raison, et me rend captif. »

(Romains 7.23)

 

          Voulez-vous une preuve définitive de la perversité de l’ennemi ?

          Il y a dans les pâturages du Haut-Valais un très beau papillon, une plusie, dont l’aile, d’un magnifique pourpre foncé saupoudrée d’or, porte au centre un V argenté, d’où son nom de V. argenteum. J’avais appris qu’à la fin de juin, il y avait possibilité de trouver sa chenille ou son cocon sur une plante alpine, appelée le Thalictrum foetidum. Je me mis en quête et finis, en effet, après de patientes recherches, à trouver, enfermées dans de délicats cocons de soie jaune et transparents, cinq chrysalides en parfaite santé. Les cocons furent soigneusement placés au fond d’une boîte, et j’attendis le grand jour de la métamorphose, me réjouissant de ces cinq éclosions. Hélas ! j’avais compté sans la perfidie d’un ichneumon très friand de la chenille du V. argenteum qui vole autour des touffes du Thalictrum, jusqu’à ce qu’il soit arrivé, par le moyen de sa longue tarière, à insérer son œuf sous la peau de la chenille. Et la chenille ainsi ichneumonée continue à vivre comme si rien n’était ; elle mange avec voracité, elle grossit, elle fait ses mues, elle construit son cocon, elle se chrysalide même. La malheureuse ne se doute pas qu’elle est une « possédée » et que, sous sa peau, elle porte un terrible ennemi qui, tout en la laissant vivre, la détruit lentement, ou plutôt, transforme sa destinée du tout au tout.

          En effet, cette substance mystérieuse qui, dans la pensée du Créateur, devait donner naissance à un papillon, passe tout entière dans le corps de cette petite larve et devient la substance d’un ichneumon. Cette larve grossit à son tour, elle s’étale dans son ambulante demeure et finit par remplir de sa présence tout le contenu de la chenille, à tel point que, le premier être ayant passé dans le second, il ne reste qu’une forme de chenille ou de chrysalide dans l’ennemi.

          J’attendais donc avec impatience le jour de l’éclosion. Enfin il arriva. Mais, ô horreur ! Du premier cocon sortit… un ichneumon ; et du second, un ichneumon ! Il n’y eut qu’un seul cocon sur les cinq qui me donna le papillon que j’espérais. L’ennemi avait été subrepticement introduit sous la peau de la chenille, et, sous cette peau, avait commencé un drame sanglant : le germe de la mouche avait englouti le germe du papillon.

          Comprenez-vous la question grave qu’automatiquement je me posai ? Et sous ta peau, me demandais-je, qu’est-ce qui vit ? L’ange ou la bête ? Tu t’occupes de religion, tu pries, tu médites, tu te rassasies même des promesses divines. Mais, en toi, qui occupe la place centrale ? Toi ou lui ? Le vieil ou le nouvel homme ?

          Ah ! Comme l’observation de la nature nous fait rentrer en nous-mêmes et nous humilie par ses paraboles ! Sous notre peau se passe, en effet, un drame. Deux êtres se disputent la place. L’un, le propriétaire légitime, l’homme normal « créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables, prédestiné à être semblable à l’image de son Fils », cherche à marcher pour arriver à son terme. L’autre, l’usurpateur, l’intrus, « le vieil homme corrompu par les convoitises trompeuses », voué au déshonneur et à la ruine, cherche à établir sa suprématie. C’est un duel à mort. De deux choses l’une, ou bien c’est l’homme nouveau qui engloutira l’usurpateur, ou c’est l’usurpateur qui aura raison du roi légitime. Cet engloutissement de l’un par l’autre ne se fait pas en un jour, mais il se fait. Par le processus d’une évolution lente et graduelle, l’un ou l’autre se développe en nous, grandit et marche à son terme.

          Je pose donc la question : au grand jour de la rédemption finale, que sortira-t-il de notre enveloppe ? Un être spirituel portant l’image « du céleste » ou un être animal continuant à porter l’image « du terrestre » ? Est-ce toi, fils d’Adam qui vis, crois et grandis en moi, ou est-ce Lui, le Fils de Dieu ?

          Il vaut la peine que nous nous le demandions.

 

Alexandre MOREL

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