NEHEMIE, CONDITION DES TEMPS DE LA FIN

    

 

 NEHEMIE, CONDITION DES TEMPS DE LA FIN

 (2° partie)

 

 

Oppression

 

          Regardons certaines de ces choses. Beaucoup parmi le peuple du Seigneur (historiquement parlant ici, nous devrions dire les Juifs) avaient été vendus comme esclaves parmi leurs propres frères. Le peuple du Seigneur faisait des uns et des autres des objets de marchandage, cherchaient leur propre bien et leur propre intérêt aux dépens de leurs frères, maintenant leur propre position par l'humiliation et la dégradation de leurs propres frères; et je suis très loin d'être certain que cela n'a pas un pendant spirituel. Je ne sais pas ce que certaines personnes feraient si elles n'avaient pas d'autres personnes sur le dos desquelles elles pourraient mener la grande vie et si elles ne pouvaient pas détourner l'héritage même de Dieu pour leur propre bien et à leur propre compte. Ceci est valable depuis les formes les plus simples jusqu'aux formes les plus extrêmes. Cela peut avoir lieu sous la simple forme de cette critique impie et dénuée d'amour parmi le peuple du Seigneur, ce qui, après tout, implique seulement que nous sommes meilleurs qu'eux, et revigore notre image à leurs dépens. Je me demande combien de nos critiques des uns et des autres n'ont pas secrètement cette motivation.

          Ah, cet éternel « mais », toujours une réserve ! « Tu sais qu'ils aiment le Seigneur, mais… » ; « ils sont très zélés pour le Seigneur, mais… » ; « tout est bon à leur sujet, mais… »; et ce « mais » semble plus grand que tout le bien, et mine tout le bien. Un si grand nombre d'entre nous qui employons ce « mais » sommes uniquement incités à agir de la sorte par notre jugement supérieur, par notre orgueil. Je veux dire ceci : trop souvent nous parvenons au sommet en faisant apparaître les autres petits; et nous gagnons, ou cherchons à gagner, notre prééminence, notre position, notre influence par cette forme d'orgueil qui nuit aux enfants de Dieu. Cela peut être une illustration simple de cette chose religieuse. Les exhortations du Nouveau Testament se portent entièrement dans l'autre direction. L'insistance est placée sur le fait que nous devrions mettre les autres au-dessus de nous-mêmes, que nous devrions toujours estimer les autres comme étant supérieurs à nous-mêmes. C'est la direction opposée. Il est très difficile que la chair fasse ainsi, et vous voyez pourquoi nous devons mettre en avant le fait que si nous voulons que le témoignage d'une chose céleste dans la Maison de Dieu soit maintenu dans la plénitude et la clarté, la croix doit venir en premier et aller directement à la racine de cet orgueil, cette arrogance, cette autosuffisance subtile, cet amour-propre, cette « humble » (?) critique de notre part qui, après tout, est l'essence même de l'orgueil; et ce dernier peut se montrer de beaucoup d'autres manières, comme en effet il le fait : mener la grande vie sur l'héritage de Dieu; se saisir d'une place et faire des privilèges et des opportunités même du service l'occasion d'asseoir notre position.

          Pour exprimer ceci d'une autre manière, dans le cadre du Nouveau Testament, il s'agit de la chose suivante : les disciples, avant qu'ils n'aient été baptisés du Saint-Esprit étaient des hommes qui recherchaient toujours une occasion d'être au-dessus de leurs frères, et d'avoir l'avantage l'un sur l'autre, d'avoir la première place; et le Seigneur Jésus a dû leur dire des paroles fortes : « Je suis parmi vous en tant que serviteur » ; « . . . le Fils de l'homme est venu non pas pour être servi mais pour servir... » C'est l'esprit de la croix. Maintenant je pense que vous pouvez voir qu'il y a assurément un pendant spirituel à ceci, où les autres deviennent un moyen de servir nos intérêts, où, dans un sens spirituel, nous vendons nos frères comme esclaves pour notre propre avantage. Vous pouvez prolonger cet exemple si vous le désirez.

 

 

Insolvabilité

 

          Une autre chose qui ressort de ce livre est que beaucoup parmi le peuple du Seigneur, les Juifs, vivaient dans l'insolvabilité, en partie en raison des hypothèques, ou parce qu'ils avaient vendu leurs fils et leurs filles comme esclaves, c'est-à-dire qu'ils ne vivaient pas dans leurs propres droits. Ils étaient réduits à la pauvreté et ils n'avaient aucune ressource par eux-mêmes; par conséquent la dignité et l'honneur étaient absents, et ils étaient un peuple de débiteurs. Ceci a également un pendant spirituel. Je me demande, bien-aimés, combien cette réalité est proche de ce que nous vivons nous-mêmes; et si beaucoup dans le peuple du Seigneur aujourd'hui vivent à titre propre; et s'ils seraient trouvés insolvables si les choses étaient apportées sur une balance. Pour l'exprimer plus simplement, combien parmi nous connaissent eux-mêmes les richesses de Christ, et combien d'entre nous se trouvent dans la position fausse de devoir vivre sur les richesses des autres ? Je veux dire ceci : si toutes les choses externes d'aide spirituelle étaient enlevées, les réunions, et la communauté, et si toutes ces choses étaient emportées, combien d'entre nous découvriraient qu'ils vivent à titre propre et, en dernière analyse, absolument indépendamment de toutes ces choses ?

          Tandis que nous pouvons les apprécier, profitons de ces choses, remercions-en Dieu; pourtant ce ne sont pas les choses extérieures qui constituent notre vie, c'est notre propre connaissance de la valeur précieuse du Seigneur, et, quand bien même nous serions dépouillés de tout ce qui extérieur, nous serions solvables, nous pourrions nous lever et dire : « Oui, mais tu ne peux pas emporter mon héritage propre; j'ai un héritage en Christ qui ne dépend pas des réunions, des conférences, des sermons, ou de n'importe quoi d'extérieur, mais qui est ma propre vie intérieure avec le Seigneur; je Le connais ». Il se peut que ce soit justement le cas dans les temps de la fin, bien-aimés, que le Seigneur appelle un grand nombre parmi son peuple à faire face à des situations similaires afin qu'ils découvrent et aperçoivent par eux-mêmes cette réalité. Je suis tout à fait sûr que le Seigneur exigera dans les derniers temps, que chacun de ses enfants le connaisse d'une manière personnelle et intérieure en vue de sa propre autonomie et de sa propre satisfaction en Christ, et que, bien que des choses extérieures puissent être enlevées, s'effondrer, décevoir, nous trouvions la plénitude en Christ pour nous-mêmes.

          Êtes-vous solvables? Êtes-vous hypothéqués? Vivez-vous entièrement sur ce que d'autres doivent vous donner ? Est-ce que c'est là votre subsistance ? Ou vivez-vous sur ce que vous obtenez du Seigneur ? Si oui, si vous avez quelque chose comme vous appartenant en propre, vous aurez quelque chose à donner, et vous ne serez pas dans un état de mendicité, de pauvreté, comme ces personnes l'étaient. Je suis si heureux que Néhémie ait racheté les personnes qui avaient été vendues comme esclaves, et qu'il les ait rachetées afin qu'elles jouissent de nouveau de leurs droits. Je suis si heureux que Néhémie ait arrêté ces affaires consistant à hypothéquer et vendre leurs enfants pour subsister eux-mêmes, et qu'il ait veillé à ce que chaque homme pût se tenir sur ses pieds devant Dieu, et payer de lui-même. Ceci est une réflexion spirituelle importante pour le peuple du Seigneur, et cela représente un mouvement des temps de la fin, parce que nous avons beaucoup trop longtemps vécu sur de simples éléments secondaires de grâce, et beaucoup trop peu sur ce que le Seigneur est pour nous.

 

 

La Maison de Dieu méprisée

 

          Le temple avait été à l'époque pollué par les païens et utilisé à des fins séculaires. Je pense que ceci a à peine besoin d'être mentionné, les deux choses vont de pair. Quand ceux qui ne sont pas de sang pur par naissance directe d'en haut, païens dans ce sens qu'ils ne sont pas les enfants nés de Dieu, entrent dans la Maison de Dieu, et trouvent place parmi le peuple du Seigneur, l'on constate très bientôt que la Maison du Seigneur s'oriente dans le sens des intérêts et des usages qui sont tout à fait contraires à la pensée du Seigneur.

          Elle est ramenée à la terre; la Maison de Dieu devient une chose terrestre, délogée de sa place. L'ennemi essaye toujours d'infiltrer insidieusement le peuple du Seigneur avec ceux qui ne sont pas vraiment nés de nouveau, ceux qui supposent et présument qu'ils entreraient comme s'ils étaient du peuple du Seigneur, mais qui n'appartiennent pas au peuple du Seigneur; et la finalité de leur présence est d'introduire dans la Maison de Dieu des jugements mondains, des voies mondaines, les façons de faire humaines, les pensées de l'homme, et ainsi l'abaisser à un niveau de vie inférieur, le niveau charnel. Le diable tente constamment, et trop souvent avec succès, ce stratagème comme l'un de ses coups de ruse suprême. Certainement que nous voyons cela aujourd'hui, parce que c'est très répandu. Vous avez à peine besoin que l'on vous parle de cela; nous avons conscience que cette ruse est présente partout.

                 Mais Néhémie, représentant le mouvement de Dieu des temps de la fin, mit un arrêt à cette tendance. Il purgea la Maison de Dieu des païens, et veilla à ce que la Maison de Dieu fût maintenue selon la pensée de Dieu, et que la pensée de l'homme et les voies de l'homme fussent éliminées. Personne ne pense, naturellement, que je parle de la Maison de Dieu dans une quelconque acception matérielle, des églises et des endroits où les gens se rassemblent. Ce peut être une application de cela; mais je pense au peuple de Dieu, qui est appelé à être pour lui un peuple céleste, au milieu duquel l'ennemi essaye constamment d'inséminer des principes charnels, des activités et énergies naturelles pour faire descendre ce témoignage des lieux célestes et pour en faire une chose terrestre dirigée par l'homme. Néhémie ne laissa pas ces choses se faire; il s'y opposa, et ainsi, représenta ce que Dieu fera dans les derniers temps.

 

Le Sabbat transgressé

 

          En ce temps-là, une fois de plus, le Sabbat était négligé. C'est une chose extraordinaire après Esdras, n'est-ce pas ? que le Sabbat ait pu être délogé de sa place, négligé, mis de côté, non pris en compte, ignoré. Empressons-nous immédiatement de dire que nous songeons maintenant au pendant spirituel et néotestamentaire de ceci; non pas d'un jour. Tandis que nous remercions encore Dieu du jour du Sabbat comme un moment dans le temps ici, et tandis que nous nous y accrocherions et ne le laisserions pas aller facilement, nous avons été portés dans notre compréhension de ceci à un niveau beaucoup plus élevé, et nous en sommes venus à voir que le Sabbat est le type historique de l'achèvement des œuvres de Dieu quand il entre dans son repos dans le Seigneur Jésus; que le Sabbat parle d'un plein accomplissement de toute l'œuvre de Dieu dans la personne de son Fils.

          Mettez de côté, ne prenez pas en compte, ignorez la finalité de l'activité divine en Christ, et vous avez perdu votre repos, vous avez perdu votre paix; vous errez toujours par mouvements circulaires dans un désert; vous êtes toujours dans le domaine de l'imparfait et de l'inaccompli; vous n'êtes pas encore venu vous établir sur ce terrain qui proclame la parole : « C'est accompli ». L'âme qui appréhende vraiment spirituellement l'œuvre accomplie du Christ, est une âme en repos; elle est entrée dans le repos de Dieu. Elle est délivrée de la tyrannie du diable qui cherche toujours à amener l'accusation et la condamnation, malgré le fait que l'œuvre achevée de Christ affirme qu'il n'y a aucune condamnation. Toute cette introspection, cette analyse de soi, ce recentrage sur soi agités et fébriles – jamais au repos, jamais établi, jamais sûr, jamais certain de rien – tout ceci vient du fait que le Sabbat n'a pas été pris en compte.

          Pour nous le Sabbat est une personne et pas un jour, et donc chaque jour devrait être pour nous un Sabbat. C'est la signification la plus profonde, j'en suis sûr, de cette magnifique parole que nous citons tous comme fragment des Écritures, le texte suivant : « La joie du Seigneur est votre force ». Quelle est la joie du Seigneur? « Dieu… s'est reposé de toute son œuvre… »; « Dieu vit tout qu'il avait fait, et il vit que c'était très bon »; et ce tout inclusif est Christ dans son œuvre complète par sa croix. Dieu a considéré la nouvelle création en Christ et a dit : « C'est bon ». « La joie du Seigneur est votre force ». La finalité de la satisfaction de Dieu est en Christ. Ignorer, manquer cela, et vous avez perdu votre repos de Sabbat, votre repos du cœur. C'est ainsi que les choses eurent lieu ici. Mais Néhémie ramena le Sabbat, et un mouvement des temps de la fin représente la restauration de la finalité de l'œuvre de Christ, de la plénitude de sa satisfaction au Père, et le peuple de Dieu qui est amené à ce stade. Ah, bien-aimés, l'importance de cette vérité ne pourra jamais être surestimée, parce que contre cette dernière l'adversaire est mort d'emblée.

          Je vois deux mouvements qui caractérisent les derniers temps. Les voici : d'un côté, l'ennemi essaye de dérober au peuple de Dieu son repos, son assurance, sa paix, sa certitude, sa confiance, et l'encercle de doutes, de craintes, d'appréhension des choses, afin d'enlever net le terrain de la confiance de dessous leurs pieds – l’Accusateur des frères sort de cette manière dans les derniers temps, sous une forme intensifiée. Pour y parer, Dieu restaurerait la plénitude et la finalité de son œuvre en Christ, placerait son peuple dans son repos de Sabbat, dirigeant leurs cœurs vers lui, disant : « C'est mon Fils bien-aimé, en qui je prends plaisir » ; « tu es accepté en lui, je suis satisfait ». Tout est en Lui.

          Ramener ce témoignage du Seigneur Jésus dans les derniers temps, c'est là un grand facteur qui permet de parer aux assauts de l'ennemi. « Néhémie », que ce soit un homme ou un instrument collectif pour la restauration des derniers temps, doit avoir, comme faisant partie de son ministère, une importante partie, l'établissement du Sabbat dans ce sens.

 

(à suivre)

T. Austin SPARKS

www.batissezvotrevie.fr

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0