Les difficultés imaginaires de la Bible

 

 

          LES DIFFICULTÉS DE LA BIBLE

 

Une opinion très répandue aujourd’hui est que les nombreuses erreurs et contradictions contenues dans la Bible font douter, non seulement de son infaillibilité, mais même de son inspiration. Les découvertes de la Science, les « résultats assurés de la critique » auraient démontré le peu de confiance que l’on pourrait accorder au texte de l’Écriture. Les théologiens les plus célèbres déclarent qu’elle n’est qu’un témoignage faillible rendu à la révélation par des hommes faillibles eux aussi.

Nous reconnaissons sans ambages que le texte présente des difficultés. Mais encore faut-il découvrir celles qui sont réelles, les délimiter et examiner si elles comportent ou non une solution.

 

 

Les difficultés imaginaires

 

          Il est incontestable qu’on a fortement exagéré les problèmes prétendument insolubles dans la Bible. Warfield dit que souvent, ils sont seulement apparents, et qu’ils s’évanouissent lorsqu’on s’en approche. En voici quelques-uns qui, nous semble-t-il, ne devraient en aucune façon nous troubler.

 

          1. Le firmament.

          L’opinion généralisée des critiques est que pour les Hébreux, le ciel était une voûte solide et fixe, dans laquelle les étoiles étaient plantées comme des clous. La Bible ne dit absolument rien de pareil. « Firmament » est une erreur de traduction de la Vulgate, et le terme de Genèse 1.6 signifie en réalité une étendue inconsistante. Ce sont Aristote et les anciens qui se figuraient le ciel comme une sphère solide. Si de rares passages bibliques parlent poétiquement des colonnes et des fondements des cieux (Job 26.11 ; 2 Samuel 22.8), il est dit ailleurs que Dieu « étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant » (Job 26.7).

 

          2. La femme de Caïn. D’où est-elle venue, puisqu’avant Genèse 4.17, il n’avait été question que du premier couple et de leurs deux fils ? Certes, mais selon Genèse 5.4, Adam vécut fort longtemps et engendra « des fils et des filles ». En ces débuts de l’humanité, Caïn épousa donc sa sœur. (Qu’on se souvienne à ce propos que pendant des siècles la couronne d’Égypte se transmettait par les femmes, et que le nouveau Pharaon, pour régner, épousait sa propre sœur.)

 

          3. Le lièvre qui rumine (Lévitique 11.6). On s’est demandé si le lièvre avait été mis parmi les ruminants à cause d’un mouvement particulier de ses mâchoires, alors qu’en réalité c’est un rongeur. Mais il est très possible que notre traduction de l’hébreu « arnebeth », basée sur l’équivalent donné par les Septante, soit fausse et que cet animal ne soit pas un lièvre. Tout linguiste sait combien il est difficile parfois de trouver d’une langue à l’autre l’équivalent des noms de fleurs, de plantes et d’animaux. On a également eu de la peine à préciser le sens de l’hébreu « béhémoth » de Job 40.10. Segond l’a interprété par « hippopotame », la Synodale par « rhinocéros », tandis que Darby a tout simplement laissé « Béhémoth ».

          Étant donné que cet argument particulier ne cesse d’être utilisé comme une preuve irréfutable des erreurs de la Bible, citons à titre documentaire un article de Fr. Prévost dans « La Vie des Bêtes » (oct. 1965, p.36) qui semble donner raison à la traduction courante de Lévitique 11.6. (Il s’agit d’une revue publiée sous le contrôle scientifique du Professeur C. Bressou, membre de l’Institut, directeur honoraire de l’École Vétérinaire d’Alfort.) « Une chose est absolument certaine et incroyable, le lièvre et le lapin ruminent ! Cette étrange constatation avait déjà été faite dans l’antiquité, mais personne n’y croyait vraiment : on tenait cette affirmation pour fantaisiste. » Selon l’article, les aliments dirigés normalement sont expulsés sous forme de petites boules vertes, récupérées par l’animal le plus souvent avant qu’elles ne tombent à terre. L’absorption de ces boules serait la source d’un apport nutritif considérable. Il ne s’agit pas là de scatophagie comme on pourrait le croire a priori, mais bien d’une sorte de rumination particulière à ces animaux.

 

          4. Les prétendus « doublets ». C’est un axiome chez les critiques qu’un événement ne peut pas s’être renouvelé un peu plus tard et de façon légèrement différente. Le second récit est aussitôt taxé de « doublet », preuve évidente qu’un autre auteur a inséré dans le texte un plagiat de la première relation. Qu’Abraham ait menti une première fois au sujet de sa femme (en réalité sa demi-sœur) devrait exclure qu’il le fasse une seconde fois (Genèse 12.10-20 et 20.1-13). Si Isaac tombe plus tard dans le même péché, le « doublet » du coup devient « triplet » ! (Genèse 26.7-11). Cette interprétation ne s’impose nullement, car rien malheureusement, sinon un préjugé théologique, n’empêche les hommes de tomber deux fois dans le même péché, ni les fils d’imiter en cela leurs pères.

          Les critiques ont une liste imposante de tels doublets. Citons-en seulement quelques-uns : les deux rochers frappés par Moïse (Exode 17.1-7 ; Nombres 20.1-13) ; la double remise des tables de la loi (Exode 31.18 ; 32.19 et 34.1-4, 28) ; la répétition de l’oraison dominicale (Matthieu 6.9-13 et Luc 11.1-4) et du sermon sur la montagne (Matthieu 5 à 7 et Luc 6.20-49). En étudiant de près ces quatre derniers passages, on constate en effet par les différences de détails, de présentation et de circonstances que ces paroles si importantes ont dû être prononcées à plusieurs reprises par Jésus. Aucune des relations ci-dessus ne dit rien de faux, et les divers textes se complètent les uns les autres. Les deux multiplications des pains (Matthieu 14.15-21 et 15.32-38) présenteraient aussi des « contradictions » flagrantes : la première fois, 5 pains et 2 poissons, 12 paniers de restes, 5000 hommes nourris ; la deuxième fois, 7 pains, quelques petits poissons, 7 corbeilles de restes, 4000 hommes nourris. - Pour nous, rien n’a empêché Jésus de répéter un tel miracle dans des circonstances légèrement différentes (cf. Matthieu 16.9).

          L’exemple le plus ridicule de « doublet » est la répétition de l’annonce de la naissance de Jésus par un ange. Le fameux critique Strauss ne cite pas moins de cinq contradictions entre le récit de la visite de l’ange à Joseph (Matthieu 1.18-25), et l’annonciation faite à Marie (Luc 1.26-38). Warfield remarque à ce propos qu’on pourrait tout aussi bien trouver des désaccords inadmissibles entre tel récit de la guerre de l’indépendance de la Hollande, et tel autre de la guerre de Crimée !

 

René PACHE

www.batissezvotrevie.fr

 

 

 

 

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