DIEU PARLE FORT PAR SES SILENCES
« Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d'une gazelle. »
(Cantique des cantiques 7.4)
Ces paroles sont identiques à celles du chapitre quatre verset cinq. Toutefois, je ferai une première remarque. Trois chapitres séparent ces deux versets. Le temps passe, les diverses saisons aussi, les circonstances changent, les événements s'enchaînent, mais la beauté de Sulamith reste intacte.
Qu'il en soit ainsi de la beauté de notre âme ! Que passent les années, que soufflent les vents impétueux des épreuves, que nos pieds foulent des solitudes aux effroyables hurlements, en Christ se trouve la capacité de ne pas vieillir spirituellement. En lui, nous pouvons garder force, vigueur, et fraîcheur. Ainsi, nous paraîtrons devant sa face « sans tache, ni ride, ni rien de semblable », mais saints et irrépréhensibles (Éphésiens 5.27). N'est-il pas « celui qui peut nous préserver de toute chute, et nous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l'allégresse » ? (Jude 24) Lorsqu'il viendra, en ce jour-là, il sera « glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru. » (2 Thessaloniciens 1.10)
Les silences de Dieu
Le lecteur attentif aura remarqué une différence entre les deux textes. Que dit le premier (4.5) ? « Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d'une gazelle, qui paissent au milieu des lis. » Que lisons-nous dans le second texte (7.4) ? « Tes deux seins sont comme deux faons, comme les jumeaux d'une gazelle. » Notez-vous la différence ? Le second ne porte plus la mention « qui paissent au milieu des lis ». Est-ce un oubli du Saint-Esprit ? Qui oserait penser pareille stupidité ? « Toute l'Écriture est inspirée de Dieu. » (2 Timothée 3.16) Le Seigneur n'oublie rien. Il ne se trompe jamais. Il ne commet aucune erreur. Sa parole est parfaite. Il n'y a rien à ajouter. Il n'y a rien à retrancher.
Il faut donc chercher les raisons de la différence entre les deux textes. Pourquoi une portion de phrase en moins ? Pourquoi manque-t-il six mots dans le verset quatre du chapitre sept ?
Dieu parle fort par ses silences
Avant de considérer plus attentivement notre texte d'aujourd'hui, permettez-moi d'écouter avec vous les silences de Dieu. Car il s'agit bien de cela: écouter Dieu quand il se tait.
Après qu'Abram eût cherché l'accomplissement de la promesse divine par une voie charnelle, Dieu s'est tu pendant treize ans. « Agar enfanta un fils à Abram; et Abram donna le nom d'Ismaël au fils qu'Agar lui enfanta. Abram était âgé de quatre-vingt-six ans, lorsque Agar enfanta Ismaël à Abram. Lorsque Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l'Éternel apparut à Abram, et lui dit... » (Genèse 16.15-17.1). Treize années de silence divin, c'est très long ! Durant cette période de pédagogie divine, Abram eut le temps de mesurer les conséquences de son impatience et de ses choix humains. Quelle leçon ! Lorsque Dieu se tait, il ne vous abandonne pas, il vous instruit.
Plus terrible fut le silence de Dieu à l'égard de Saül. Ce dernier, persistant dans ses péchés, fut privé définitivement de la présence et du conseil divins. Lorsqu'il fut dans une grande difficulté, Dieu ne lui parla pas. Il ne lui parla plus jamais. « Les Philistins se rassemblèrent, et vinrent camper à Sunem; Saül rassembla tout Israël, et ils campèrent à Guilboa. A la vue du camp des Philistins, Saül fut saisi de crainte, et un violent tremblement s'empara de son cœur. Saül consulta l'Éternel; et l'Éternel ne lui répondit point, ni par des songes, ni par l'urim, ni par les prophètes. » (1 Samuel 28.4-6) Des années auparavant, Dieu, par son silence, avait déjà enseigné Saül: « Saül consulta Dieu: Descendrai-je après les Philistins ? Les livreras-tu entre les mains d'Israël ? Mais en ce moment il ne lui donna point de réponse. » (1 Samuel 14.37) Jonathan avait transgressé involontairement le serment de son père. Cette désobéissance était sous-jacente au silence de Dieu. Le Seigneur ne passe sur rien (voyez 1 Samuel 14.24-46). Malheureusement, Saül n'apprit rien des silences de l'Éternel.
Que dire du silence de Jésus devant le souverain sacrificateur ? « Le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus, et dit: Ne réponds-tu rien ? Qu'est-ce que ces gens déposent contre toi ? Jésus garda le silence, et ne répondit rien. » (Marc 14.60-61)
Et devant Pilate ? Ce dernier « rentra dans le prétoire, et il dit à Jésus: D'où es-tu ? Mais Jésus ne lui donna point de réponse. Pilate lui dit: Est-ce à moi que tu ne parles pas ? » (Jean 19.9-10)
Et devant le roi Hérode ? Le roi « lui adressa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. » (Luc 23.9)
Dieu parle en se taisant. Mais savons-nous l'entendre? Certes, il nous enseigne par ce qu'il dit. Il nous instruit aussi par ce qu'il ne dit pas.
Quand les faons ne sont plus au milieu des lis
Revenons à notre texte du Cantique des cantiques. Nous y découvrons la capacité de notre âme au service de Dieu. Cette capacité est représentée sous l'image de seins nourriciers comparés à des faons. Au chapitre quatre, ces faons paissaient au milieu des lis: environnement agréable, confortable, délicieux, mais relativement petit et limité. C'est l'image de notre capacité, aux premières heures de notre formation spirituelle.
Il existe deux sortes de capacité. La seconde est plus mature, elle se perfectionne en Dieu, continuellement, et de plus en plus. Elle se manifeste sans être « au milieu des lis ». Nul besoin d'un environnement favorable. Elle est façonnée à l'école de Dieu.
Passés au creuset, comme le métal, pendant le temps de « fusion », nous perdons notre forme propre, notre énergie charnelle. Nous sommes purifiés de nos scories. Nous apprenons à désespérer de nous-mêmes. Nous sommes ainsi préparés à nous jeter en Dieu, à ne dépendre que de lui, à ne vivre qu'en lui et par lui.
Notre âme unie à son Bien-aimé est « cachée avec Christ en Dieu » (Colossiens 3.3). Faisant de lui sa demeure, elle peut donner de la plénitude de Dieu aux âmes affamées. « Nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce. » (Jean 1.16) Notre responsabilité, notre devoir, notre mission, mais aussi notre privilège, est de nourrir les autres. Notre âme est-elle pourvue de ces seins nourriciers, semblables à « deux faons », comparables aux « jumeaux d'une gazelle » ?
La capacité mature de notre âme au service de Dieu n'est plus à l'étroit dans ses propres limites, dans son confort égoïste, dans la recherche de ses intérêts, dans ses affections sélectives, dans ses préjugés. Elle a appris à donner, à se donner, à s'ouvrir, même si elle n'est pas, ou plus, « au milieu des lis ». Dans ce domaine, l'apôtre Paul était à l'école de Dieu. Il écrit: « Notre bouche s'est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s'est élargi. Vous n'êtes point à l'étroit au dedans de nous. » (2 Corinthiens 6.11-12) Entendons la suite de l'exhortation: « Mais vos entrailles se sont rétrécies. Rendez-nous la pareille – je vous parle comme à mes enfants – élargissez-vous aussi… Donnez-nous une place dans vos cœurs ! » (2 Corinthiens 6.12-13; 7.2)
Nos « deux seins » sont-ils en mesure de nourrir tous ceux pour lesquels Christ a donné sa vie ? Sommes-nous prêts à servir ainsi notre Maître, quand même nos « lis » tant chéris, ne sont plus qu'un tableau du passé ?
Ainsi éduquée par le Seigneur, notre âme s'élargit. Il y a place en elle pour tous: tous ceux pour qui Jésus est mort sur la croix.
Bien-aimés frères et sœurs, Dieu désire augmenter la capacité de vôtre âme à nourrir les autres. Il veut lui communiquer sa plénitude divine, pour qu'elle la répande en faveur d'autrui.
Ainsi, au chapitre sept, verset quatre, Dieu se tait sur l'absence des lis. Grandir en lui, tendre à la perfection, parvenir à la mesure de la stature parfaite de Christ, servir au milieu des lis, servir au milieu des épines, devrait être l'évidence même pour nous.
Les parents doivent-ils demander à leur enfant, chaque matin, de grandir de quelques centimètres ? Pourquoi Dieu devrait-il nous dire que les lis ne nous entoureront pas toujours ? Je vous le demande.
Paul BALLIERE
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