L’OUVERTURE DU 5° SCEAU, LA PRIÈRE DES MARTYRS

 

 

 L’OUVERTURE DU 5° SCEAU, LA PRIÈRE DES MARTYRS

        

          Nous sommes parvenus, dans notre étude du chapitre 6 de l’Apocalypse, à l’ouverture du cinquième sceau, par l’Agneau de Dieu. Que se produit-il alors ?

          « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu. Ils crièrent d'une voix forte, en disant: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre? Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux. » (Apocalypse 6.9-11)

 

 

La confirmation de la prophétie de Jésus

 

          Ce révélation donnée à l’apôtre Jean s’accorde parfaitement, là encore, avec les paroles prophétiques de Jésus-Christ, en Matthieu 24 :

          « Alors on vous livrera aux tourments, et l'on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres… Mais celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé. » (vv. 9, 10, 13)

 

 

Le temps des martyrs n’est pas révolu

 

          Depuis le meurtre d’Abel par Caïn, la voix du sang des martyrs ne cesse de crier de la terre jusqu’à Dieu. Il y a eu dans le passé, nous le savons, des époques héroïques où des témoins fidèles ont péri sous les dents des lions dans les arènes de Rome, sur les bûchers, dans les galères, dans des geôles, dans les asiles psychiatriques de l’ « archipel du Goulag », ou dans d’autres circonstances plus atroces les unes que les autres.

          Aujourd’hui, des serviteurs de Dieu et certains de nos frères et sœurs dans la foi, sont persécutés atrocement pour le nom de Jésus.

          La situation s’aggrave sur le front des chrétiens persécutés. Selon l’index mondial annuel rendu public par l’association protestante évangélique Portes ouvertes, dont les publications font référence depuis 1997, les « violences antichrétiennes ont progressé de 10 % » faisant bondir le bilan total à « plus de 340 millions de chrétiens fortement persécutés pour leur foi ».

          Mais demain, les martyrs qui auront pris position pour Dieu et pour son Christ, seront plus nombreux encore. L’Antéchrist sera sans pitié à l’égard des croyants. Il répandra des fleuves de sang, et les souffrances de ses victimes seront telles qu’elles déclencheront la vengeance de la part de Dieu. D’ailleurs, plus loin dans l’Apocalypse (20.4), l’apôtre Jean écrit :

          « Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. »

          La raison des atrocités qu’ils subiront est clairement exprimée dans l’Écriture : ils seront « immolés, décapités, à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils auront rendu. »

 

 

La prière de ces martyrs

 

          « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » (v.10)

 

          Ce cri des martyrs sera-t-il inspiré par les prières des hommes de Dieu d’autrefois ?

          « Jusques à quand » est un cri lancé vers Dieu, l’expression d’une vive attente de l’intervention de Dieu dans des temps de grandes crises, d’intenses souffrances, et d’horribles épreuves. Or, nous retrouvons fréquemment ce cri dans les Psaumes. Par exemple :

          « Nous ne voyons plus nos signes, disait Asaph. Il n'y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusqu'à quand… Jusqu'à quand, ô Dieu! l'oppresseur outragera-t-il, l'ennemi méprisera-t-il sans cesse ton nom ? » (Psaume 74.9-10) N’est-ce pas un cri qui devrait jaillir de tous les cœurs des croyants avides du véritable évangile, assoiffés d’entendre une parole inspirée de Dieu ; des cœurs désireux d’être au bénéfice de ministères qui soient réellement des dons de Christ à son Église ; des cœurs qui soupirent après la manifestation puissante de Dieu dans une génération couchée sous la puissance du diable ? Mes amis, vous êtes fatigués du folklore apostat qui déferle dans les Églises ? Lassés du verbiage psychologique de nombreux prédicateurs ? Catastrophés de voir une jeunesse se trémousser, danser, sauter frénétiquement, dans des salles de réunions obscures – alors que l’Église doit être la lumière du monde – une jeunesse complètement égarée, et qui ne discerne pas les nuages du jugement divin s’amonceler pour le monde et pour l’Église infidèle ? Dieu n’attend pas de vous des critiques acerbes, destructrices, mais un cri vers lui : « Jusqu’à quand ? » Si vous êtes conscients dans votre esprit que votre Dieu est un maître saint et véritable, si vous savez que Jésus s’appelle le Saint et le Véritable, tombez à genoux, et pleurez sur les ruines du peuple de Dieu.

          Nous retrouvons le cri d’Asaph, au Psaume 79.5 :

          « Jusques à quand, Éternel ! t'irriteras-tu sans cesse, et ta colère s'embrasera-t-elle comme le feu ? » Il s’agit là des ravages opérés par les nations païennes au milieu du peuple de Dieu et ce, à cause de l’infidélité du peuple de Dieu.

          Écoutez encore la prière d’Ethan, l’Ezrachite, dans le même état d’esprit qu’Asaph :

          « Jusques à quand, Éternel! te cacheras-tu sans cesse, et ta fureur s'embrasera-t-elle comme le feu « ? (Psaume 89.47)

          Et encore, cette prière de l’homme de Dieu, dans un contexte effroyable : « Jusques à quand les méchants, ô Éternel! Jusques à quand les méchants triompheront-ils ? Ils discourent, ils parlent avec arrogance; tous ceux qui font le mal se glorifient. Éternel ! ils écrasent ton peuple, ils oppriment ton héritage; ils égorgent la veuve et l'étranger, ils assassinent les orphelins. » (Psaume 94.3-6)

 

 

L’autel sous lequel se trouvent les âmes de ceux qui ont été immolés

 

          Cet autel est l’autel des holocaustes du tabernacle céleste. La Parole de Dieu parle en effet du tabernacle céleste plus grand et plus parfait que le tabernacle terrestre, et qui n’est pas construit de main d’homme (Hébreux 9.11). Le tabernacle terrestre et le culte qui s’y rattachait étaient, selon que le dit l’épître aux Hébreux, « l’image et l’ombre des choses célestes, selon que Moïse en fut divinement averti lorsqu’il allait construire le tabernacle : Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne » (8.5). Et au chapitre 9, verset 24, l’auteur de l’épître aux Hébreux dit que « Christ n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu. »

          Or, nous savons qu’en ce qui concerne le tabernacle terrestre, le sang des victimes immolées était répandu au pied de l’autel des holocaustes :

          « Le sacrificateur répandra tout le sang du taureau au pied de l'autel des holocaustes, qui est à l'entrée de la tente d'assignation. » (Lévitique 4.7)

          Le tableau qui se présente devant Jean est une image extrêmement forte : les martyrs sont ces disciples qui ont tout donné pour Jésus-Christ ; et à l’heure où ils avaient le choix de vivre en reniant leur Maître, ou de mourir en lui restant fidèles, ils ont offert leur vie en sacrifice, par amour pour lui. C’est cet esprit de sacrifice complet qui animait l’apôtre Paul lorsqu’il écrit aux Philippiens (2.17) :

          « Et même si je sers de libation pour le sacrifice et pour le service de votre foi, je m'en réjouis, et je me réjouis avec vous tous » ; et encore (2 Timothée 4.6) :

          « Car pour moi, je sers déjà de libation, et le moment de mon départ approche. »

          Dans le « Pirke-Abboth », une collection de sentences du second siècle avant Jésus-Christ, on lit : « Quiconque est enseveli en terre d’Israël, c’est comme s’il était enseveli sous l’autel ; et quiconque est enseveli sous l’autel, c’est comme s’il était enseveli sous le trône de gloire ». Avec la vision des martyrs dans l’Apocalypse, nous ne sommes plus en face d’une image, mais de la réalité céleste.

          Selon notre texte, l’autel est le lieu de rendez-vous des âmes des martyrs avec leur Seigneur. Comment en serait-il autrement, puisque l’Agneau a été offert sur l’autel et son sang versé au pied de l’autel ?

          Cette rencontre vient sceller dans la gloire céleste l’œuvre que Christ a accomplie à l’autel du Calvaire – la croix – seul point de rencontre entre Dieu et le pécheur.

          Une précision de l’Écriture : L’apôtre Jean voit les âmes des martyrs sous l’autel ; parce qu’un seul a le droit d’être sur l’autel : le Seigneur Jésus. Lui seul pouvait expier les péchés. Il est le Sauveur du monde.

          Que nous dit à ce sujet le livre de l’Apocalypse ? « Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort. » (12.11)

 

 

Quelle est la prière de ces martyrs ?

 

          « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? »

          Permettez-moi une remarque intéressante. Ici, les martyrs n’emploient pas le mot grec « kurios » qui signifie « Seigneur », ni le mot hébreu « rabbi » qui peut se traduire par « maître », mais le terme grec « despotes », qui a donné le mot français « despote ». Une première réaction serait de penser que c’est faire insulte à Dieu que de lui appliquer un terme si péjoratif (en français tout au moins). En fait, les martyrs savent que leur Seigneur est redoutable, et qu’un jour il se manifestera en tant que dominateur des peuples.

          Oui, leur Maître est « saint », il réprouve donc, et réprouvera le péché. Il est aussi « véritable », c’est-à-dire que le souverain pouvoir lui appartient.  

          Ces martyrs ont souffert atrocement et ils souhaitent ardemment que l’apparent triomphe des persécuteurs cessent. Mais en appelant la vengeance divine, ils s’attendent entièrement à celui qui seul a le droit de venger les siens. Et nous savons par l’Écriture, que « ses jugements sont véritables et justes. » (Apocalypse 19.2)

          Venger signifie « faire droit ». En présence des injustices dont il est témoin ou victime, le croyant peut légitimement soupirer après le triomphe de la justice qui est l’ordre voulu de Dieu. Paul écrit à Timothée :

          « Alexandre, le forgeron, m'a fait beaucoup de mal. Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. » (2 Timothée 4.14)

          Comprenons bien que ce vœu n’est pas incompatible avec le devoir d’aimer nos ennemis. Des crimes tels que les persécutions exercées contre les témoins de Christ sont, dans le domaine moral, la négation de Dieu comme maître et dominateur du monde. Ceux qui ont été égorgés dans de telles circonstances demandent que la majesté de Dieu, outragée en leurs personnes, soit reconnue et rétablie. Et ils peuvent célébrer les jugements qui mettent fin au règne de l’iniquité. La Bible dit :

          «Nations, chantez les louanges de son peuple ! Car l'Éternel venge le sang de ses serviteurs, il se venge de ses adversaires, et il fait l'expiation pour son pays, pour son peuple. » (Deutéronome 32.43) 

          La prière des martyrs rappelle celle de la veuve implorant le juge inique de la parabole (Luc 18). Ils veulent à tout prix que justice soit faite, en un temps où la foi a disparu de la terre. Mais ils doivent attendre, tout comme la veuve de l’Évangile qui a dû patienter longtemps avant de voir l’exaucement de sa requête.

 

 

Une robe donnée à chacun des martyrs

 

          « Et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux. »

          Les âmes des martyrs immolés sont sous l’autel, nous l’avons dit. Or, voici qu’une robe blanche est donnée à chacun d’eux. Auraient-ils déjà reçu leur corps de résurrection pour être ainsi revêtus ? Non, car dans le chapitre 20 de l’Apocalypse il est précisé que la résurrection des martyrs n’aura lieu qu’avec l’instauration du règne millénaire de Christ. En effet, il est écrit :

          « Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans. » (Apocalypse 20.4)

          Par ailleurs, dans notre texte d’aujourd’hui (Apocalypse 6), ces martyrs doivent attendre que le nombre de leurs compagnons soit complet.

          Pourquoi ces robes ? Elles sont là pour évoquer la pureté des âmes justifiées par Christ. Jésus dit à l’ange de l’Église de Sardes  :

          « Tu as à Sardes quelques hommes qui n'ont pas souillé leurs vêtements; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes.Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs; je n'effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges. » (Apocalypse 3.4, 5)

          A l’Église de Laodicée :

          « Je te conseille d'acheter de moi... des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas. » (Apocalypse 3.18)

          Et encore  :

          « Autour du trône, écrit l’apôtre Jean, je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d'or. » (Apocalypse 4.4)

          Au chapitre 7,14, l’apôtre dit :

          « Et l'un des anciens prit la parole et me dit: Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d'où sont-ils venus ? Je lui dis: Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l'agneau. »

          Lorsque, au chapitre 19, Jean a la vision de Jésus, monté sur un cheval blanc, il écrit :

          « Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues d'un fin lin, blanc, pur. » (v.14)

          Comment ne pas penser à la vision du prophète Zacharie ? « Il me fit voir Josué, le souverain sacrificateur, debout devant l'ange de l'Éternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour l'accuser… Or Josué était couvert de vêtements sales, et il se tenait debout devant l'ange. L'ange, prenant la parole, dit à ceux qui étaient devant lui: Ôtez-lui les vêtements sales ! Puis il dit à Josué: Vois, je t'enlève ton iniquité, et je te revêts d'habits de fête. Je dis: Qu'on mette sur sa tête un turban pur ! Et ils mirent un turban pur sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. » (3.1, 3-5)

 

          Pour nous, chrétiens, qui sommes encore sur cette terre, nous entendons bien, et nous comprenons bien l’importance de nous purifier dans la perspective de la rencontre avec Christ et de la gloire céleste. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : « Recherchez… la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ». (12.14)

          L’apôtre Jean déclare :

          « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur. » (1 Jean 3.2-3)

          L’apôtre Pierre nous exhorte en ces termes :

          « … Quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, tandis que vous attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu… nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera. C'est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix. » (2 Pierre 3.11-14)

          Paul écrivait aux Corinthiens :

          « Je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure. » (2 Corinthiens 11.2)

          Nous le voyons, tous ces écrivains sacrés, inspirés par l’Esprit Saint, désiraient que l’Église soit prête pour les noces de l’Agneau. D’ailleurs, le livre de l’Apocalypse nous livre l’un des derniers tableaux de la révélation donnée à Jean : « Les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d'un fin lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. » (19.7-8)

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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