LA SAINTE CÈNE, UNE ORDONNANCE DONNÉE A L’ÉGLISE

 

 

LA SAINTE CÈNE, UNE ORDONNANCE

DONNÉE A L’ÉGLISE

 

          Nous avons là un certain nombre de vérités et principes importants. D’abord, la Sainte Cène consiste en une ordonnance que le Seigneur a donnée à son Église, en tant qu’Église. Nous devons donc y participer ensemble. Remarquez encore les mentions que nous en fait le livre des Actes. « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. » (Actes 2.44) « Le premier jour de la semaine, les disciples étant réunis pour rompre le pain... » (Actes 20.7). Nous ne participons pas à la  Sainte Cène d’une façon scripturaire si nous ne nous réunissons pas pour le faire.

          On trouve encore cette même insistance dans l’avertissement que Paul donne aux Corinthiens (1 Corinthiens 11.17), même si cela se trouve dans la réprimande qu’il leur adresse. Remarquez cette phrase : « En donnant cet avertissement, ce que je ne loue point, c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires. » Voyez aussi les versets 18 et 20 : « Et d’abord, j’apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions… lors donc que vous vous réunissez... » Ils avaient l’habitude de se réunir pour observer la Sainte Cène. De même, dans les versets 32 et 34, nous lisons : «  Ainsi mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas,  attendez-vous les uns les autres. Si quelqu’un a faim qu’il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour attirer un jugement sur vous. » Il est évident, d’après le langage du Nouveau Testament, que la Sainte Cène exprime la communion fraternelle, et ne saurait être observée véritablement que par des croyants qui se réunissent. Cette vérité ressort clairement du mot « communion » que nous examinons.

          De tout cela, nous pouvons déduire avec certitude que la Sainte Cène présuppose l’Église. C’est une institution qui appartient à l’assemblée des croyants. La référence première de la Sainte Cène se centre sur Christ, comme nous l’avons vu ; nous y participons en mémoire de lui. Mais l’Écriture déclare également : « Quiconque aime celui qui l’a engendré aime aussi celui qui est né de lui » (1 Jean 5.1 et, « nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons les frères » (1 Jean 3.14). Dans mon enfance, alors que je désirais vivement l’assurance de mon salut, l’un des passages qui me réconforta fut ce verset. J’aimais beaucoup le peuple du Seigneur. J’allais tous les lundis soir à la réunion de prière. Il n’y avait que dix ou douze personnes dans la petite Église où j’ai grandi, et quelques-uns de ces vieux chrétiens faisaient des prières longues, longues mais longues ! Mon siège se faisait de plus en plus dur. Mais, en dépit de ces longues prières, en dépit de la dureté des sièges, je savais que j’étais là où il fallait. Je savais que là se trouvaient mes meilleurs amis, ainsi que mon Sauveur et Seigneur, et un jour cette vérité-là inonda mon cœur assoiffé. Quoique cela ne fut pas la fondation de ma foi, ni la base de mon salut, il s’agissait néanmoins de l’un de ces témoignages auxiliaires que le Seigneur donna à mon propre cœur. J’avais là une preuve que j’étais passé de la mort à la vie : j’aimais les frères. Voyez-vous, j’avais été amené dans la communion de l’Esprit. Je découvrais que j’appartenais à mes frères. La vérité fondamentale dans tout ceci tient en ce que nous ne pouvons avancer les uns sans les autres.

          La communion avec « les frères » dépend toutefois de celle avec Christ. C’est pourquoi l’on réserve la table du Seigneur à ceux-là seuls qui connaissent Christ. Que Dieu protège quiconque de venir à sa table sans le connaître. Il mangerait alors un jugement contre lui-même, comme le dit Paul. Il y participerait de façon indigne.

          La première lettre aux Corinthiens leur fut écrite pour réfréner leur individualisme excessif. La grâce vivifiante du Saint-Esprit dans le cœur du pécheur ne permet pas seulement de l’amener à Dieu, mais aussi d’accroître toutes ses capacités. Cela peut parfois susciter un excès d’individualisme chez le croyant. Par l’Esprit qui donne la vie, toutes les ressources de la personnalité se trouvent intensifiées, et le croyant va devenir bien davantage une personne qu’il ne l’était avant de naître de nouveau. La grâce de Dieu en nous fait de nous des hommes et des femmes plus authentiques. Et si nous devenons plus pleinement des personnes, il y aura alors en nous plus de personnalité et peut-être parfois – quoique pas nécessairement – plus d’individualité. Cela pourrait expliquer les divisions et les difficultés qui apparurent dans l’Église de Corinthe et qui se manifestent parfois dans nos propres Églises.

          Pour les Corinthiens cela semble clairement avoir été le cas. Ils avaient été amenés à la connaissance de Jésus-Christ et, comme Paul le dit en 1 Corinthiens 1.7, le témoignage était si solidement établi parmi eux qu’ils ne manquaient d’aucun don. Ils rayonnaient de dons, mais cela peut tendre une communauté difficile. Peut-être que certains d’entre nous prient pour cette sorte de difficultés ! Cela ne vous gênerait en rien d’avoir des Églises. de cette sorte ! Il ne leur manquait aucun don mais, dit Paul au verset 10 : « Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. Car, mes frères, j’ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu’il y a des disputes au milieu de vous. » Il est évident que les Corinthiens faisaient preuve de ce que l’on pourrait appeler un individualisme excessif, et cela se retrouvaient lorsqu’ils observaient la Sainte Cène. Paul doit les réprimander à ce sujet au chapitre 2. Ils n’avaient pas pris conscience de ce que signifie être ensemble en Christ : c’est-à-dire, faire partie d’un même corps. C’est pourquoi l’un des fardeaux de Paul dans la première lettre qu’il leur envoie, est d’insister sur cette unité en Christ en contraste avec leur attitude excessivement individualiste.

          L’obéissance à cette ordonnance s’observe en présence les uns des autres. Cela signifie venir ensemble dans un même endroit, à une même table. Cela exige que nous nous rassemblions physiquement ensemble. Je me rappelle une chère dame dans ma première Église ; une personne gentille, fidèle et charmante à beaucoup d’égards. Elle avait pourtant l’habitude de s’absenter de temps en temps, pour une raison ou pour une autre. Si, peut-être quelques jours plus tard, je la rencontrais et lui disais : « vous nous avez manqué dimanche », elle avait coutume de répondre : « J’étais avec vous en esprit. » Nos Églises. regorgent de gens comme cela, n’est-ce pas ? Disons-le clairement, la communion de l’Esprit dans le sens où l’entend le Nouveau Testament, ne correspond pas à ce que disent ces gens qui, absents de corps, nous assurent qu’ils sont avec nous en esprit. Bien sûr, si la maladie vous retient cloué au lit et vous empêche de venir dans l’assemblée, alors combien il est vrai que « quoique séparés et éloignés, nous nous rassemblons par la foi autour du même et unique trône de grâce. » Mais ne nous laissons jamais aller à oublier que la pleine communion qu’exprime la Sainte Cène demande la participation de chacun, en un même endroit, en un même moment, autour de la table du Seigneur.

          Un autre aspect de la Sainte Cène, dans le sens d’une ordonnance à l’Église, concerne la discipline de l’Église. Regardons à ce sujet deux passages, non pas pour les expliquer de façon exhaustive, mais simplement pour en ressentir la force. En 1 Corinthiens 5, Paul déclare au, au vu et au su de tout le monde, la fornication se pratiquait dans l’Église, et d’une manière telle que même les païens en auraient honte. Au verset 2, il adresse ce reproche : « Et vous êtes enflés d'orgueil! Et vous n'avez pas été plutôt dans l'affliction, afin que celui qui a commis cet acte fût ôté du milieu de vous ! Pour moi, absent de corps, mais présent d'esprit, j'ai déjà jugé, comme si j'étais présent, celui qui a commis un tel acte. » Et voici maintenant ses instructions : « Au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, qu'un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus. » Nous avons ici un paragraphe important et solennel au sujet de la discipline dans l’Église. Il ne serait pas juste de passer sous silence le verset 5 : «  qu'un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé » Ces paroles peuvent avoir deux sens. Premièrement, vous appartenez soit au Seigneur, soit à Satan. Vous êtes, ou bien du côté du Seigneur, ou bien du côté du diable, et Paul envisage le cas de quelqu’un qui, professant être du côté du Seigneur, cherche à venir à la table du Seigneur, alors qu’en réalité, il appartient à Satan. Et donc, dit Paul, renvoyez-le là où il doit être, c’est-à-dire, en dehors de la communion de ceux qui sont du côté du Seigneur. Selon une autre explication possible de ce verset, Paul dit ici, (sous une inspiration spéciale que lui donnait alors le Saint-Esprit), que Dieu, dans sa providence mystérieuse, place parfois l’un de ses enfants dans le tamis du diable. Le Seigneur permit que Job tombe entre les mains de Satan, et que Simon Pierre soit également criblé par lui. Satan ne fait que participer sans relâche aux desseins de Dieu, et il se peut qu’à Corinthe, Dieu ait permis que ces croyants passent entre les mains de Satan afin que leur esprit soit sauvé. On peut déduire l’une ou l’autre interprétation des termes du verset 5, mais le sens de ce que Paul dit aux Corinthiens est le suivant : la communion à la table du Seigneur exige que tous ceux dont la conduite contredit ouvertement ce que représente la Sainte Cène, soient exclus de la communion.

          L’apôtre écrit dans le même esprit aux Thessaloniciens : « nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et non selon les instructions que vous avez reçues de nous. Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter » (2 Thessaloniciens 3.6). Nous avons ici encore une consigne de l’apôtre Paul dans l’exercice de la discipline dans l’Église, parce que la communion de la table du Seigneur ne doit pas être souillée. Dans ce dernier passage, l’homme qui vit dans le désordre est toujours un frère, Cela implique que nous ne devons pas tirer de conclusions sur le sort éternel de ceux qui trébuchent. La discipline a pour but de préserver la pureté de la communion fraternelle, et il y a un lien direct entre la discipline de l’Église et la Sainte Cène. Le frère qui s’égare est momentanément exclu de la communion de l’Église. L’acte d’excommunication (ou ce que vous voudrez bien l’appeler) ne vaut rien s’il n’implique l’exclusion de la table du Seigneur. Si la Sainte Cène n’est que la communion privée de l’individu avec Dieu, alors l’Église n’a aucun droit d’en exclure qui que ce soit. Mais comme elle n’est pas uniquement cela ; si elle possède cette dimension horizontale et nous unit les uns aux autres, alors, bien sûr, une telle discipline doit être exercée et la signification de l’ordonnance se comprend en conséquence.

          Il est peut-être utile de faire ici un petit commentaire. Cela concerne le fait d’apporter la communion à une personne se trouvant à l’hôpital ou chez elle ; ce que l’on appelle parfois une « communion privée ». Autrefois, nos pères Protestants s’opposaient fortement à cela, et la raison en est évidente. Certains avaient dénaturé le caractère même de la Sainte Cène en la transformant en une cérémonie dans laquelle celui qui la dispense assume la fonction de prêtre. Il vient au chevet du malade et, en quelque sorte, il lui « fait » quelque chose. Il s’agit là d’une destruction complète, d’un détournement absolu du sens de la Sainte Cène. Toutefois, la Bible n’interdit pas de prendre la Sainte Cène au chevet d’un malade, à condition que le modèle biblique en soit préservé. Cela veut dire que le pasteur, ou celui qui préside, doit amener autour du lit une représentation de l’Église en miniature. Il ne faut jamais qu’il y ait seulement le malade et le pasteur, car alors une relation entièrement fausse va se créer, presque de manière inconsciente. Que les anciens soient présents ; que deux ou trois croyants accompagnent le pasteur. Si cela ne peut se faire, qu’il y ait au moins une autre personne présente avec la personne souffrante. Cela permet de réunir les conditions que décrit Matthieu 18.20 : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Je ne voudrais blesser personne ici, mais je ne puis m’empêcher de penser que les requêtes que nous autres pasteurs recevons de temps en temps de la part de gens hospitalisés s’inspirent parfois d’une conception superstitieuse de la Sainte Cène qu’ils ont reçue de leurs semblables. Mais j’apprécie néanmoins qu’un enfant de Dieu cloué au lit et privé des joies de la maison de Dieu depuis bien des longs mois, se réjouisse grandement de l’occasion de se rappeler la mort du Seigneur avec ses frères, rassemblés chez lui ou dans sa chambre d’hôpital. Ce que je voudrais dire ici, c’est que je crois que nous devons exercer de la prudence quant à l’utilisation que nous faisons de la Sainte Cène dans notre ministère aux malades. Nous devons veiller à ne pas cautionner une conception erronée de cette ordonnance.

 

Ernest KEVAN

www.batissezvotrevie.fr

 

         

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Commentaires: 2
  • #1

    chantal (mardi, 21 septembre 2021 08:44)

    Soyons nous même saints et respectueux de la parole pour prendre la sainte Cène.Ne soyons pas trouvés légers

  • #2

    Cathie (mardi, 21 septembre 2021 11:04)

    Je méditais 1 Corinthiens 11 et j'avais un doute sur ma compréhension du V29, mais avec cette explication tout devient plus clair.
    Effectivement, soyons vraiment respectueux en prenant la Sainte Cène, c'est un très beau moment, mais tellement sacré.