FIGURES ET PARABOLES DE L’ÉGLISE (suite 2)

 

 

 

 

          FIGURES ET PARABOLES DE L’ÉGLISE

(suite)

 

La plante qui croît

 

3) La plante qui croît apparaîtra souvent dans l’enseignement de Jésus pour illustrer les lois de la croissance de son Église.

          « Il leur proposa une autre parabole, et il dit: Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu'un homme a pris et semé dans son champ. » (Matthieu 13.31)

          Le grain de sénevé qui devient un arbuste illustre la disproportion entre la petitesse de la semence et l’importance du résultat. Selon quelques interprètes, Jésus aurait, par cette parabole, voulu signaler prophétiquement certaines anomalies du développement de son Église. : normalement le sénevé donne de petites plantes poussant l’une à côté de l’autre dans un champ, mais il peut arriver que, par suite d’un phénomène de dégénérescence, un plant soit atteint de gigantisme et prenne la forme d’un arbuste, ce qui permet aux oiseaux du ciel (voyez Matthieu 13.4) de venir s’y réfugier. L’état normal de l’Église est, non le système gigantesque, mais la petite communauté.

          La courte parabole de la semence qui germe et croît nous parle du développement lent, progressif et silencieux de l’Église ; celle-ci suit les règles et les étapes d’une croissance organique :

          « Il dit encore: il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre; qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi. » (Marc 4.26-28)

          La parabole de l’ivraie (Matthieu 13.24-30, 36-43) ne nous enseigne pas qu’il faut laisser les incroyants dans l’Église, puisque le Seigneur lui-même précise que « le champ c’est le monde » (v.38). Elle nous apprend que l’Église aura jusqu’à la fin des temps à partager ce champ du monde avec des organismes qui lui ressemblent mais que l’Adversaire aura semés. En effet, aux premiers stades de leur développement, blé et ivraie se ressemblent à tel point que des spécialistes même sont incapables de les distinguer ; lorsque les différences apparaissent, on ne peut plus arracher l’ivraie sans endommager le blé. L’Église dans cette parabole est représentée par le blé, le bon grain semé par le propriétaire du champ. L’apôtre Paul dira d’ailleurs : « Vous êtes le champ de Dieu » (1 Corinthiens 3.9). Dans ce cas, le champ représente l’Église.

          Cette image du blé, Jésus l’a reprise peu avant sa mort. Une députation de Grecs lui avaient demandé une entrevue. Que lui voulaient-ils, avaient-ils eu vent du complot ourdi contre lui et pensaient-ils lui proposer de les suivre dans la Diaspora hellénique où il aurait pu continuer à enseigner en toute sécurité ? L’évangile ne nous le dit pas, mais d’après la réponse de Jésus, cette hypothèse n’est pas insoutenable. « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits… Maintenant mon âme est troublée. Et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ?… Mais c’est pour cela que je suis venu jusqu’à cette heure. Père, glorifie ton nom. » (Jean 12.23-28). Tout en motivant son refus d’une solution de facilité, Jésus dévoile par ces paroles une des lois les plus profondes du monde végétal et du monde spirituel : par la mort à la vie. Cette loi a été vérifiée scientifiquement pour le grain de blé : il se produit littéralement un phénomène de nécrose à l’intérieur du grain semé en terre. Si cette nécrose n’a pas lieu, pas de développement de la plante, « le grain reste seul ». Cette loi est vraie dans de nombreux autres cas.

          Mais si le grain meurt, s’il est enseveli en terre, une vie nouvelle jaillira bientôt de sa tombe ; une plante s’élèvera vers le ciel, véritable défi aux lois de la mécanique et de la pesanteur, elle fleurira, sera fécondée et fructifiera.

          Au bout de quelques mois, à l’endroit même où le grain est mort, apparaissent de nombreux grains identiques au premier, serrés les uns contre les autres dans une unité et un ordre parfaits. Le grain mort reste invisible, mais l’épi est là pour nous dire comment il était, où et pourquoi il est mort.

          A ceux qui, aujourd’hui viennent à Dieu pour lui demander « Seigneur, nous voudrions voir Jésus », il répond en montrant l’Église. N’est-elle pas l’ensemble de ceux qu’il a « prédestinés à être semblables à l’image de son Fils » (Romains 8.29) ? Celui que Dieu appelait prophétiquement le Germe est mort :

 

          « En ce temps-là, le germe de l'Éternel aura de la magnificence et de la gloire, et le fruit du pays aura de l'éclat et de la beauté pour les réchappés d'Israël. » (Esaïe 4.2)

          « Voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où je susciterai à David un germe juste; il régnera en roi et prospérera, il pratiquera la justice et l'équité dans le pays. » (Jérémie 23.5)

          « En ces jours et en ce temps-là, je ferai éclore à David un germe de justice; il pratiquera la justice et l'équité dans le pays. » (Jérémie 33.15)

          « Voici, je ferai venir mon serviteur, le germe. » (Zacharie 3.8)

          « Ainsi parle l'Éternel des armées: Voici, un homme, dont le nom est germe, germera dans son lieu, et bâtira le temple de l'Éternel. » (Zacharie 6.12)

 

          Le monde croit en être débarrassé. Moins de deux mois plus tard, la moisson est là : des grains nombreux serrés, organiquement unis, reproduisent l’image du Christ, en trois mille exemplaires :

 

          « Lorsqu'ils virent l'assurance de Pierre et de Jean, ils furent étonnés, sachant que c'étaient des hommes du peuple sans instruction; et ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus. » (Actes 4.13)

          « La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux. » (Actes 4.32)

 

          Ces grains sont dispersés dans le monde antique, ils acceptent à leur tour de « mourir avec Christ » sous les diverses formes indiquées par leur Maître :

          « Les apôtres se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d'avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus. » (Actes 5.41)

          « Saul avait approuvé le meurtre d'Étienne. Il y eut, ce jour-là, une grande persécution contre l'Église de Jérusalem; et tous, excepté les apôtres, se dispersèrent dans les contrées de la Judée et de la Samarie. Des hommes pieux ensevelirent Étienne, et le pleurèrent à grand bruit. Saul, de son côté, ravageait l'Église; pénétrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait jeter en prison. Ceux qui avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, annonçant la bonne nouvelle de la parole. » (Actes 8.1-4)

            « La foule se souleva aussi contre eux, et les préteurs, ayant fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent qu'on les battît de verges. » (Actes 16.22)

            «  Alors tous, se saisissant de Sosthène, le chef de la synagogue, le battirent devant le tribunal, sans que Gallion s'en mît en peine. » (Actes 18.17)

          « … et ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens, auxquels ils dirent: Nous nous sommes engagés, avec des imprécations contre nous-mêmes, à ne rien manger jusqu'à ce que nous ayons tué Paul. » (Actes 23.14)

          « J'ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. » (Galates 2.20)

          « Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. » (1 Pierre 4.4)

          (Voyez aussi Actes 4 ; Romains 6).

 

          Des plantes et des épis nouveaux naissent : la mort a livré passage à la vie. Au bout de quelques dizaines d’années le monde gréco-romain est parsemé d’épis – c’est-à-dire d’églises locales – dont chaque grain est à la fois image du grain originel et nouvel épi en puissance.

 

Alfred KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

         

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