UNE HISTOIRE DE DEUX FRÈRES

 

UNE HISTOIRE DE DEUX FRÈRES

 

          Dans la Bible, l’histoire des Juifs et des Arabes remonte à un ancêtre commun, Abraham. C’est la raison pour laquelle le judaïsme et l’islam, et même le christianisme, sont souvent désignés sous le même terme de « religions abrahamiques ». Elles sont toutes trois issues d’Abraham d’une manière ou d’une autre.

          Connu initialement sous le nom d’Abraham (« père »), Abraham reçut un appel divin à quitter Ur en Chaldée pour se rendre dans le pays de Canaan, que Dieu promit de lui donner ainsi qu’à ses descendants après lui. «  L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.» (Genèse 12.1-3) Or au bout de dix années passées en Canaan, Abraham n’avait toujours pas d’enfant. Il proposa alors d’adopter son serviteur et intendant, Eliézer de Damas, un Araméen, pour en faire son héritier. « Après ces événements, la parole de l'Éternel fut adressée à Abram dans une vision, et il dit: Abram, ne crains point; je suis ton bouclier, et ta récompense sera très grande. Abram répondit: Seigneur Éternel, que me donneras-tu? Je m'en vais sans enfants; et l'héritier de ma maison, c'est Éliézer de Damas. » (Genèse 15.1-2) Mais Dieu lui promit qu’il aurait un fils bien à lui. « Alors la parole de l'Éternel lui fut adressée ainsi: Ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais c'est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. » (Genèse 15.4) Abraham crut à la parole de Dieu, qui le déclara juste. « Abram eut confiance en l'Éternel, qui le lui imputa à justice. » (Genèse 15.6) Cette confiance était tellement profonde que le Nouveau Testament la cite à cinq reprises comme l’exemple ultime de la foi en Dieu :

          « Car que dit l'Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. » (Romains 4.3)

          « Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis ? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham. » (Romains 4.9)

          « C'est pourquoi cela lui fut imputé à justice. » (Romains 4.22)

          « Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice… » (Galates 3.6)

          « Ainsi s'accomplit ce que dit l'Écriture: Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice; et il fut appelé ami de Dieu. » (Jacques 2.23)

 

          Ce même jour, Dieu conclut une alliance avec Abraham, lui promettant de donner le pays de Canaan à se descendance. « En ce jour-là, l'Éternel fit alliance avec Abram, et dit: Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Égypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate. » (Genèse 15.18) Toutefois, quand Abraham tenta d’expliquer cela à Saraï, sa femme, celle-ci proposa de faire appel à une mère de substitution – Agar, la servante égyptienne. « Saraï, femme d'Abram, ne lui avait point donné d'enfants. Elle avait une servante Égyptienne, nommée Agar. Et Saraï dit à Abram: Voici, l'Éternel m'a rendue stérile; viens, je te prie, vers ma servante; peut-être aurai-je par elle des enfants. Abram écouta la voix de Saraï. Alors Saraï, femme d'Abram, prit Agar, l'Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari, après qu'Abram eut habité dix années dans le pays de Canaan. » (Genèse 16.1-3) Bien que ce fût une pratique courante à cette époque au Moyen-Orient, ce n’était pas ce que prévoyait le plan initial de Dieu. Saraï, qui se trouvait trop vieille pour enfanter, voulait en quelque sorte aider Dieu à tenir sa promesse. Elle ne voyait pas ce qu’il y avait de mal à cela. Agar devint enceinte et donna naissance à Ismaël, le père des Arabes. « L'ange de l'Éternel lui dit: Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël; car l'Éternel t'a entendue dans ton affliction. Il sera comme un âne sauvage; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui; et il habitera en face de tous ses frères. Elle appela Atta El roï le nom de l'Éternel qui lui avait parlé; car elle dit: Ai-je rien vu ici, après qu'il m'a vue ? C'est pourquoi l'on a appelé ce puits le puits de Lachaï roï; il est entre Kadès et Bared. Agar enfanta un fils à Abram; et Abram donna le nom d'Ismaël au fils qu'Agar lui enfanta. Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu'Agar enfanta Ismaël à Abram. » (Genèse 16.11-16) Suivent treize années de silence, entre Genèse 16.16 et 17.1, comme si Dieu manifestait sa désapprobation face à ce qu’avait fait Abram.

          S’il est très clair que Dieu voulait que le fils de la promesse naquît d’Abram et de Saraï, il faut bien remarquer qu’Ismaël n’était responsable en rien de ce qui s’était passé. En fait, Dieu épargna la vie de l’enfant à deux reprises :

          « Alors Saraï, femme d'Abram, prit Agar, l'Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari, après qu'Abram eut habité dix années dans le pays de Canaan. Il alla vers Agar, et elle devint enceinte. Quand elle se vit enceinte, elle regarda sa maîtresse avec mépris. Et Saraï dit à Abram: L'outrage qui m'est fait retombe sur toi. J'ai mis ma servante dans ton sein; et, quand elle a vu qu'elle était enceinte, elle m'a regardée avec mépris. Que l'Éternel soit juge entre moi et toi ! Abram répondit à Saraï: Voici, ta servante est en ton pouvoir, agis à son égard comme tu le trouveras bon. Alors Saraï la maltraita; et Agar s'enfuit loin d'elle. L'ange de l'Éternel la trouva près d'une source d'eau dans le désert, près de la source qui est sur le chemin de Schur. Il dit: Agar, servante de Saraï, d'où viens-tu, et où vas-tu ? Elle répondit: Je fuis loin de Saraï, ma maîtresse. L'ange de l'Éternel lui dit: Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. L'ange de l'Éternel lui dit: Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu'on ne pourra la compter. L'ange de l'Éternel lui dit: Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël; car l'Éternel t'a entendue dans ton affliction. Il sera comme un âne sauvage; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui; et il habitera en face de tous ses frères. Elle appela Atta El roï le nom de l'Éternel qui lui avait parlé; car elle dit: Ai-je rien vu ici, après qu'il m'a vue ? » (Genèse 16.3-13)

          « Sara vit rire le fils qu'Agar, l'Égyptienne, avait enfanté à Abraham; et elle dit à Abraham: Chasse cette servante et son fils, car le fils de cette servante n'héritera pas avec mon fils, avec Isaac. Cette parole déplut fort aux yeux d'Abraham, à cause de son fils. Mais Dieu dit à Abraham: Que cela ne déplaise pas à tes yeux, à cause de l'enfant et de ta servante. Accorde à Sara tout ce qu'elle te demandera; car c'est d'Isaac que sortira une postérité qui te sera propre. Je ferai aussi une nation du fils de ta servante; car il est ta postérité. Abraham se leva de bon matin; il prit du pain et une outre d'eau, qu'il donna à Agar et plaça sur son épaule; il lui remit aussi l'enfant, et la renvoya. Elle s'en alla, et s'égara dans le désert de Beer Schéba. Quand l'eau de l'outre fut épuisée, elle laissa l'enfant sous un des arbrisseaux, et alla s'asseoir vis-à-vis, à une portée d'arc; car elle disait: Que je ne voie pas mourir mon enfant! Elle s'assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix de l'enfant; et l'ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit: Qu'as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant dans le lieu où il est. Lève-toi, prends l'enfant, saisis-le de ta main; car je ferai de lui une grande nation. Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d'eau; elle alla remplir d'eau l'outre, et donna à boire à l'enfant. Dieu fut avec l'enfant, qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d'arc. Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d'Égypte. » (Genèse 21.9-21) Il aurait parfaitement pu résoudre la crise israélo-arabe il y a quatre mille ans en laissant Agar et Ismaël mourir dans le désert. Mais il n’en fit rien. Il laissa au contraire la vie sauve à Ismaël et promit de le bénir richement. Ismaël et les Arabes sont autant au bénéfice de la grâce et du salut de Dieu que n’importe quel autre peuple.

          Le Dieu de la Bible accorde le don de la vie éternelle à quiconque croit au sacrifice expiatoire de son Fils Jésus-Christ. « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3.16) Du point de vue de Dieu, le problème qui ravage actuellement le Proche-Orient est religieux et non ethnique. De nombreux arabes sont chrétiens et aiment le Sauveur de tout leur cœur. La véritable racine du conflit est à chercher auprès des extrémistes religieux islamiques qui considèrent toutes les autres religions comme des « ennemies de Dieu ».

          Dans le récit biblique, Dieu épargne la vie d’Ismaël et fait cette promesse à Agar ; « Je ferai de lui une grande nation » (Genèse 21.18). Mais il réaffirme aussi son alliance avec Abram, changeant son nom en Abraham (« père d’une multitude ») et soulignant bien que c’est au travers du fils de Saraï (devenue Sarah) qu’il donnera le pays à ses descendants (voyez Genèse 17.1-21). La lecture de l’histoire de ce patriarche et de son itinéraire de foi montre clairement que Dieu attendit délibérément que Sarah fût trop vieille pour enfanter. Il voulait que la race juive débutât par une conception miraculeuse. Deux mille ans plus tard, il interviendra dans l’Histoire par un miracle encore plus grand – la conception virginale de Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné (voyez Matthieu 1.18-25).

          Le thème central de l’Ancien Testament est l’alliance avec Israël, la nation issue d’Abraham par Isaac et Jacob. En même temps, les références à l’amour et à la grâce de Dieu envers les Gentils (les non-Juifs) sont nombreuses. Ruth, une Moabite, se convertit à Jéhovah et devient l’arrière-grand-mère de David, le plus grand de tous les rois d’Israël (voyez Ruth 1 à 4). Joseph épouse Asnath, une Égyptienne, qui sera la mère de deux tribus d’Israël, Ephraïm et Manassé. «  Pharaon appela Joseph du nom de Tsaphnath Paenéach; et il lui donna pour femme Asnath, fille de Poti Phéra, prêtre d'On… Avant les années de famine, il naquit à Joseph deux fils, que lui enfanta Asnath, fille de Poti Phéra, prêtre d'On. Joseph donna au premier-né le nom de Manassé, car, dit-il, Dieu m'a fait oublier toutes mes peines et toute la maison de mon père. Et il donna au second le nom d'Éphraïm, car, dit-il, Dieu m'a rendu fécond dans le pays de mon affliction. » (Genèse 41.45, 50-52) Lors de la cérémonie de dédicace du temple juif, Dieu promet à Salomon que « l’étranger, qui, lui, n’est pas de ton peuple d’Israël » pourrait également prier dans ce lieu. Le prophète Esaïe appelle le temple « une Maison de prière pour tous les peuples » (Esaïe 56.7) et annonce que dans un temps futur, la lumière et la gloire de Dieu brilleront sur les non-Juifs. « Pour l'amour de Sion je ne me tairai point, pour l'amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos, jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore, et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume. Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire; et l'on t'appellera d'un nom nouveau, que la bouche de l'Éternel déterminera. » (Esaïe 62.1-2)

            Le récit biblique est l’histoire de deux mères (Agar et Sarah) et de deux frères (Ismaël et Isaac). C’est l’histoire d’un choix qui a des retentissements sur le destin de l’humanité tout entière. Elle nous rappelle que nos choix ont souvent des conséquences qui demeurent bien après notre mort. Pour les Juifs, c’est l’histoire d’une promesse liée à un pays précis, Israël.

 

Tim LAHAYE, Ed HINDSON

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