LE CHANDELIER TOUT EN OR

 

 LE CHANDELIER TOUT EN OR

 

          « Puis l'ange qui me parlait revint ; il me réveilla, comme un homme qu'on réveillerait de son sommeil. Et il me dit : Que vois-tu ? Je répondis : Je vois un chandelier tout en or, surmonté d'un réservoir et portant sept lampes, avec sept conduits pour les sept lampes qui sont au sommet du chandelier. Il y a près de lui deux oliviers, l'un à droite du réservoir, l'autre à gauche. Je repris la parole et je dis à l'ange qui me parlait : Que signifie tout cela, mon seigneur ? L'ange qui me parlait répondit : Ne sais-tu pas ce que cela signifie ? Je répondis : Non, mon Seigneur. Alors il reprit : Voici la parole que l’Éternel adresse à Zorobabel : Ce n'est point par la puissance ou par la force, mais c'est par mon Esprit que s'accomplira cette œuvre, a dit l’Éternel des armées. Qu'as-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu n'es qu'une plaine ! Il élèvera la pierre du sommet, au milieu des acclamations : Grâce, grâce sur elle ! La parole de l’Éternel me fut encore adressée, en ces mots : Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison et ses mains l'achèveront ; et tu sauras que l’Éternel des armées m'a envoyé vers vous. Car pourquoi mépriser le temps des petits commencements, alors que sept yeux – les yeux de l’Éternel qui parcourent toute la terre – contemplent avec joie le fil à plomb dans la main de Zorobabel ? Je repris encore la parole et je dis : Que signifient ces deux oliviers, à la droite du chandelier et à sa gauche ? Je répétai une seconde fois : Que signifient ces deux branches d'olivier, qui sont à côté des deux conduits en or, d'où découle le liquide doré ? Il me répondit : Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient ? Je répliquai : Non, mon seigneur. Alors il me dit : Ce sont les deux oints de l’Éternel, qui se tiennent près du Seigneur de toute la terre. » (Zacharie 4.1-14)

 

 

Les traits du temps de la fin

 

          Le chapitre que nous avons maintenant devant nous décrit de façon merveilleuse les conditions et les buts divins en un « temps de la fin ». Il y a là des analogies frappantes avec certaines choses mentionnées dans les premiers chapitres de l'Apocalypse. Nous les verrons à mesure que nous avancerons dans notre étude. La valeur principale de ce chapitre réside dans le fait que tout ce qui est essentiel y est réduit en une essence concentrée ; et lorsque nous possédons cela, nous avons tout ce qui est vital. Prenons donc ce chapitre fragment par fragment. Ce que nous voyons tout d'abord c'est :

 

 

Un ange qui parle

 

          « Puis l'ange qui me parlait », (v.1). « L'ange qui me parlait », (vv. 4 et 5). La phrase parallèle à celle-ci sera, dans l'Apocalypse, cette phrase sept fois répétée – remarquons sept, c’est-à-dire perfection spirituelle, accomplissement parfait – « ce que l'Esprit dit aux Églises ». Le Seigneur a quelque chose à dire à la fin. Le livre de l'Apocalypse est plein de voix. Il commence par : « Je me retournai pour voir la voix ». Une manière étrange d'exprimer les choses. Quelqu'un a-t-il jamais vu une voix ? Il n'y a cependant là aucune erreur. Il y a une réalité vitale dans cette erreur apparente, comme nous le verrons.

          Nous avons appris que nous devions grandement apprécier ce facteur de la « voix » dans la Bible. Si vrai soit-il que Dieu puisse parler et se faire entendre lui-même, en levant des hommes pour exprimer ses pensées par leur moyen, comme il l'a toujours fait, nous devons cependant insister sur le fait que ce n'est pas la voix d'un homme qui est ici en vue, et que ce n'est pas en premier lieu la voix elle-même, mais qu'il y a ici quelque chose que Dieu a à nous dire, et que ce quelque chose est très important. La question la plus appropriée que l'on puisse poser en ce temps-ci, c'est :

 

 

Qu'est-ce que Dieu dit aujourd'hui ?

 

          Un trait frappant de notre temps, c'est qu'il y ait si peu de voix ayant un message distinctif. Il y a un manque douloureux d'une parole claire, d'une parole d'autorité pour notre temps. Tandis que nous avons beaucoup de bons prédicateurs de l’Évangile, et bien que nous ne manquions pas de champions des vérités vitales de la foi, nous avons un besoin profond du prophète qui s'avance avec son « ainsi parle l’Éternel », son message reçu par une commission née dans une communion disciplinée avec Dieu.

          Pourquoi en est-il ainsi ? Ne serait-ce pas parce que tant de ceux qui pourraient avoir ce ministère sont trop devenus partie d'un système ? Un système qui place tellement les prédicateurs sur une base professionnelle, qu'il a pour effet de faire de la prédication une question d'offre et de demande, un moyen de pourvoir à l'ordre et au programme religieux établis ? Et cela non seulement pour la question de la prédication, mais dans toute l'organisation et l'activité du « Christianisme », tel que nous le connaissons aujourd'hui, sous sa forme systématisée. Il n'y a pas la liberté, ni le détachement nécessaire, de parler uniquement lorsque « le fardeau de la parole de l’Éternel » est sur le prophète, ou lorsqu'il pourrait dire : « La main de l’Éternel était sur moi ». L'ordre actuel exige d'un homme qu'il parle à des heures fréquentes et régulières. Il doit par conséquent avoir quelque chose à dire ; et cette nécessité signifie pour le prédicateur, ou bien d'offrir son programme à Dieu en lui demandant d'y pourvoir – ce qu'il ne fera pas – ou bien de faire quelque chose pour les occasions qui se répètent sans cesse.

          C'est un système dangereux, qui ouvre la porte à toutes sortes d'intrusions fâcheuses et fatales de ce qui est de l'homme et non pas de Dieu. L'aspect le plus sérieux de cet état de choses, c'est qu'il résulte en voix, en voix, en voix, en une confusion de voix, sans que l'on puisse entendre la voix spécifique, qui proclame la déclaration spécifique de Dieu pour le moment donné. Cela a trop souvent pour effet d'inciter les hommes à entendre ou à lire simplement dans le but d'acquérir le matériel nécessaire à leur prédication, d'obtenir des sujets pour leurs sermons, et la valeur des choses est jugée par le caractère suggestif des thèmes. L'homme peut être un homme de Dieu, et son message peut être la vérité, mais il doit y avoir quelque chose de plus que cela. Est-ce bien là le message venant de Dieu, le message lié au dessein voulu de Dieu pour ce moment immédiat ?

          Il y a beaucoup d'hommes bons, qui apportent ce qu'ils connaissent et croient de la vérité, mais il y a en même temps beaucoup d'enfants de Dieu qui ont faim, et qui ne sont pas nourris. La question de la nourriture pour le peuple de Dieu est aujourd'hui des plus aiguës, et un ministère plus ou moins bon ne saurait satisfaire les besoins. Il y a un souci croissant de connaître autre chose que les généralisations de la vérité et du service, de connaître la parole du Seigneur pour aujourd'hui, pour le point où nous sommes, et ce qui, dans le dessein divin, appartient à l'heure présente. Ceci nous ramène à la première chose que nous trouvions dans notre chapitre ; Dieu a quelque chose à dire ; mais ceci cous conduit aussi à la chose suivante : « L'ange qui me parlait revint ; il me réveilla comme un homme qu'on réveillerait de son sommeil. » Nous arrivons ici à la nécessité d'être :

 

 

Réveillés pour entendre ce que Dieu nous dit

 

          Nous avons dans l'Apocalypse ces mots : « Que celui qui a des oreilles entende », et lorsque ces paroles sont adressées à l’Église de Laodicée – qui représente la fin – elles sont liées à : « Je te conseille d'acheter de moi... un collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies. » « Alors je me retournai pour voir la voix qui me parlait », dit Jean. Dieu parle ; il a quelque chose à dire, mais il faut que nous ayons « un esprit de sagesse et de révélation dans la connaissance de Dieu, les yeux de notre cœur étant illuminés" ».

          Le discernement, la perception, la compréhension et l'intelligence spirituels sont choses trop rares. Les raisons en sont nombreuses. L'accaparement du travail et de ses intérêts multiples ; la hâte et la fièvre de la vie ; l'esprit agité de notre siècle ; tout cela, avec une quantité épuisante de facilités religieuses extérieures, oui, tout cela tend à rendre la place intime où Dieu peut parler, inopérante, incapable de fonctionner, ou impossible. Peut-être avons-nous oublié que la Bible n'est pas seulement une révélation, mais qu'elle renferme encore une révélation, et que son contenu spirituel plus profond ne peut être reconnu et réalisé que par ceux dont les yeux et les oreilles ont été ouverts ; en d'autres termes, par ceux qui ont été réveillés.

          Quelques-uns, parmi les plus fidèles serviteurs du Seigneur, sont encore occupés par la lettre de la Parole, par le contenu des livres, les aperçus, les thèmes, les sujets, les plans, les analyses, etc., et ne sont pas, dans le sens le plus profond, dans la « révélation ». Ceci n'est point dit avec un esprit de critique. La différence est trop souvent celle qu'il y a entre un ministère à la pensée ou à la raison, et un ministère au cœur et à l'esprit. Le premier fatiguera et épuisera tôt ou tard celui qui l'exerce, comme ceux qui le reçoivent. Le dernier est un ministère de vie pour les uns et les autres, et il est inépuisable en fraîcheur.

          Qu'il vienne au commencement de notre vie chrétienne, ou plus tard, c'est le plus grand jour de notre histoire spirituelle, que celui dont nous pouvons dire : « Il a plu à Dieu de révéler son Fils en moi. » « Je ne l'ai reçu... d'aucun homme, mais je l'ai reçu par une révélation. » C'est alors le commencement d'une révélation intérieure des choses, qui peut avoir plusieurs issues décisives. Nous pensons maintenant tout particulièrement à l'une de ces issues, à savoir le réveil qui est nécessaire, pour voir ce que sont la pensée et le désir de Dieu pour un moment donné, et pour un temps spécial. Une telle révélation, par le moyen des Saintes Écritures, ne peut être que révolutionnaire, tout en coûtant habituellement très cher.

          Plût à Dieu qu'il y eût, en notre temps, un nombre adéquat de ceux qui, comme les hommes d'Issacar, « avaient la connaissance des temps ». Nous chercherons maintenant à voir ce qui est montré, lorsque l'instrument de Dieu est réveillé, et qu'il est en mesure de répondre à l'interrogation céleste : « Que vois-tu ? »

 

 

« Je vois un chandelier tout en or »

 

          Tout ministère confié par Dieu était, dans les Saintes Écritures, constitué sur la base d'une chose qui avait été vue. L'épreuve d'une commission divine peut se trouver dans cette question : « Que vois-tu ? » et les paroles du prophète peuvent bien être sa réponse, appuyée sur cette base, que Dieu lui a montré quelque chose de très concret. Il ne s'agit pas pour lui de gagner le sermon, ni de gagner l'auditoire, mais de déclarer la vérité révélée pour le moment même, cette vérité, devenue comme un feu dans ses os. Il serait plutôt à propos, que hors de propos, de poser aux serviteurs de Dieu cette question, liée au temps où ils vivent, et liée en même temps aux intérêts immédiats de Dieu : « Que vois-tu ? » Il n'y a aucun doute, ce que Dieu a vu de tout temps comme son objectif, c'est « un chandelier tout en or » ; mais de temps à autre, il y a eu pour Dieu une obligation particulière de le mettre en évidence pour son peuple, et plus spécialement pour ses prophètes.

          C'est en vue de cela que Dieu réagit, et le temps de la fin doit voir un renouveau de sa réaction. Ignorant maintenant qu'il y ait une différence entre le chandelier à sept branches ou le candélabre de l'Ancien Testament, et les sept chandeliers de l'Apocalypse, nous trouvons en tous les deux une relation basée sur un principe commun. Le principe commun, c'est qu'ils représentent tous les deux :

 

 

L'instrument du témoignage dans la Maison de Dieu

 

          Tandis que la lumière la plus intérieure, la plus intime, dans le Lieu Très Saint – la lumière de Christ en la présence de Dieu – reste pure et intacte, il y a celle qui est à mi-chemin, entre le ciel et la terre – le Lieu Saint – où le témoignage doit être conservé clair devant Dieu comme devant les hommes. C'est à l'égard de celui-ci, différent du premier, que Dieu a donné des instructions très minutieuses et des ordres très explicites pour son maintien perpétuel. Dieu est particulièrement jaloux de ce témoignage. Nous trouvons donc que c'est ici, dans la sphère de ce témoignage, que la vie de prière du peuple de Dieu – l'autel des parfums – et la communion avec le pain – la Table des pains de proposition – ont leur vraie valeur et leur réelle vitalité.

          Les instructions données dans les chapitres 25 et 37 de l'Exode pour la confection du chandelier sont pleines de la plus riche signification. II y a premièrement, dans ces instructions, celles qui concernent le matériel à employer : « de l'or pur ». S'il doit y avoir une plénitude, une intensité et une expression septuples, ce qui parle de la perfection spirituelle, tout doit donc, de façon prééminente, être conforme au dessein divin. La signification de « tout en or », c'est donc qu'il est :

 

 

Absolument conforme à Dieu

 

          Soyons bien certains de comprendre toute la force de ceci : un instrument du témoignage entièrement conforme à Dieu ! Il n'y en a qu'un seul, qui soit ainsi entièrement selon la pensée et le cœur de Dieu, c'est le Seigneur Jésus ; et si le Tabernacle tout entier, dans chacune de ses parties, venait premièrement de Dieu, et s'il était ensuite, dans toutes ses parties, le symbole de Christ, ce chandelier parle donc d'un instrument du témoignage de Dieu, dans lequel le Seigneur est entier et absolu. Dieu veut que tout soit conforme à Christ. Ce fait gouverne toute la révélation dans les Saintes Écritures, de la Genèse à l'Apocalypse. Il est symbolisé et prophétisé dans l'Ancien Testament.

          Il est présenté dans les Évangiles, démontré dans les « Actes », défini dans les épîtres, et consommé dans l'Apocalypse.

          Mais, hélas ! quelle histoire tragique et déchirante est associée à ce fait, et combien il a toujours été difficile d'avoir quelque chose qui soit entièrement conforme à Christ ! Dans une étude précédente, nous avons vu les réactions de Dieu à cet égard, dans les temps bibliques, et nous avons suggéré la pensée que, à maintes reprises, Il avait toujours réagi de la même manière depuis lors. La Réformation a été l'une de ces réactions, et par elle, Dieu recouvra la grande vérité fondamentale de la justification par la foi ; cela rendait à Christ sa place absolue de pierre principale de l'angle dans la Maison de Dieu. C'était une grande chose, bien que très coûteuse ; mais trop rapidement, les hommes la ramenèrent à la terre, et « l’Église Protestante » comme telle en résulta ; un arbre, sous les branches duquel presque toute espèce d'oiseau, de croyance, peut faire son nid, se loger ; et comme tel, le Protestantisme n'est certainement pas un synonyme d'une chose entièrement conforme à Christ.

          Depuis lors, les réactions de l’Éternel se sont révélées dans d'autres exemples. Les Frères Moraves, à travers un conflit et une affliction terribles, furent employés par Dieu pour recouvrer la grande responsabilité de l’Église, pour le témoignage de Jésus dans toutes les nations. Non pas une Société Missionnaire en dehors de l’Église, mais l’Église elle-même, directement, ce qui était, et est, entièrement conforme à Christ. Mais là encore, des mains humaines organisèrent ce Mouvement en une « église », avec tous les éléments extérieurs d'un ordre religieux. Il y eut incontestablement en cela une perte spirituelle considérable.

          Nous trouvons une autre réaction de Dieu, avec les Wesley et Whitefield. II y eut ici, en plus d'un puissant retour à l'évangélisation pour le salut des âmes, le recouvrement de la doctrine de la sainteté pratique. Ce fut grand, aussi longtemps que demeura l'instrument, mais ensuite, hélas ! les mains humaines réapparurent, pour organiser en un système terrestre « l’Église Wesleyenne ou Méthodiste ». Nous sommes parfaitement certains que Wesley n'aurait pas voulu cela !

          Et puis, il y a une centaine d'années, parut ce que tous devaient reconnaître comme un mouvement de Dieu, avec ceux qui sont connus aujourd'hui sous le nom de « Frères de Plymouth ». Il y eut alors plusieurs recouvrements très précieux. Il fut donné au Seigneur Jésus une place exclusive, ce qui n'était pas chose courante en ce temps-là, et ce qui n'est pas non plus chose courante de nos jours. La grande vérité concernant le Corps de Christ – l’Église seule et unique – fut remise en évidence, peut-être après des siècles d'obscurité. Dieu était en cela, et il s'y trouve encore ; mais le croyant le plus fidèle et le plus ardent de cette communauté est maintenant affligé et confus à la fois, à la vue des divisions qui la déchirent aujourd'hui. Serait-ce que les hommes y auraient de nouveau été insinués, ou s'y seraient-ils insinués eux-mêmes ? Est-ce que cette communauté, comme tant d'autres, aurait passé sous la main du commandement des hommes ?

          Cette œuvre subjective de la croix, par laquelle l'homme est, de manière très profonde, mis de côté, et par laquelle seul le Saint-Esprit gouverne, n'a-t-elle pas eu là son application intégrale, ou bien n'y aurait-elle pas été acceptée ? Ce ne sont ici que des questions, et certainement pas des accusations. En effet, il n'y a dans tout ce que nous avons dit aucun esprit d'accusation ni de critique. Nous cherchons à parler de manière constructive, et non destructive. Les réactions de Dieu ont été beaucoup plus nombreuses au cours des dix-neuf siècles écoulés, mais nous ne rappelons ces quelques exemples que par illustration. Il est aisé de voir que chaque nouveau Mouvement est en avance sur chacun de ceux qui l'ont précédé.

          Ainsi, au point de vue divin, chaque Mouvement se rapproche davantage de la position originale. La grande question qui s'élève aussitôt est donc : le Seigneur fera-t-il encore une chose nouvelle ? Est-ce que nous connaîtrons encore une nouvelle réaction vers sa position première ? La seule réponse que nous puissions donner à cette question, c'est celle-ci : qu'il se produise, oui ou non, quelque chose de la nature d'un « Mouvement » pouvant être reconnu de manière générale, nous sommes certains qu'il y a, de la part de l'Esprit de Dieu, un Mouvement plus ou moins caché, agissant, derrière le mécontentement de plus en plus profond que suscite l'état actuel des choses, pour les rapprocher de la pensée originale. Ce sera une chose sur laquelle les hommes ne pourront pas « mettre la main », mais dans laquelle entreront seuls, ceux qui auront expérimenté un exercice intérieur profond ; ce sera donc une question de souffrance spirituelle commune et de travail intérieur commun.

          Ce qui se présente ensuite à nous dans cette vision, qui dépasse certainement le peuple juif, et qui a cette double explication, invariable dans la révélation de l'Ancien Testament, c'est :

 

 

Les deux oliviers et les deux oints

 

          Le symbolisme nous est ici familier. Deux est le nombre du témoignage, ou des témoins. Les arbres sont très souvent le symbole de l'homme, le témoin, ou des hommes, les témoins. L'Olivier, comme cela est évident dans ce chapitre, parle de l'huile. La position de ces deux arbres se trouve de chacun des côtés du chandelier. Nous apprenons, par le verset 14, que « ce sont les deux oints de l’Éternel qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre ». Les deux oliviers mettent en vue, premièrement et historiquement, il n'y a aucun doute à cela, Josué le Souverain Sacrificateur, et Zorobabel le gouverneur. Le troisième chapitre parle de l'un, et le quatrième chapitre, de l'autre.

          La première révélation concerne le Souverain Sacrificateur et son ministère, tandis que la seconde révélation, du chapitre 4.1, est liée au gouvernement ou à la souveraineté. Tout cela, interprété de manière prophétique, se rapporte au Seigneur Jésus. Son œuvre et sa position de Souverain Sacrificateur, de Grand Prêtre, entrent premièrement en vue, et sont établies dans la gloire. Ensuite, il est établi par Dieu comme Seigneur et Tête souveraine, chef suprême. Par ces deux aspects de sa personne, il donne à jamais la signification du chandelier ; c'est-à-dire qu'il définit la nature de la vocation du chandelier, et qu'il pourvoit, de manière inépuisable, aux ressources de ce témoignage. Il est, comme nous l’avons dit, constitué selon Christ, et maintenu par lui dans toute la plénitude de son onction. L'explication divine de tout cela, c'est : « Voici la parole que l’Éternel adresse à Zorobabel : Ce n'est point par la puissance ou par la force, mais c'est par mon Esprit que s'accomplira cette œuvre, a dit l’Éternel des armées. »

          Nous arrivons ici à la signification centrale de la vision, quant à l’exécution du dessein de Dieu. Ce passage parle par lui-même. Son affirmation claire, c'est que cet instrument et ce témoignage doivent être entièrement entre les mains du Saint-Esprit. Non pas la puissance, ni le pouvoir de l’intelligence, de la volonté, de l'émotion, de l’organisation, de l’agencement, des comités, de l’influence, de la réputation, des nombres, des noms, des personnalités, de l'équipement, de l’enthousiasme, etc., non, rien de tout cela, mais seulement le Saint-Esprit ! Ce témoignage ne sera jamais attribué en vérité – quel que puisse être l’avis des observateurs superficiels – à aucune force ni à aucune ressource humaine ; mais tous ceux qui auront quelque intelligence spirituelle devront reconnaître que toute son énergie et toute sa puissance sont de source divine. Cela sera prouvé également par son endurance et sa persistance, à travers les feux intenses de l'opposition et de l'antagonisme. Là le Saint-Esprit aura toute liberté pour gouverner et dicter, pour diriger et choisir ou rejeter, tout comme dans les "Actes", au commencement.

          Pour avoir un tel instrument et un tel témoignage, il faudra une transformation toute révolutionnaire des idées acceptées. Il sera nécessaire de réaliser que toutes ces choses, regardées par les hommes comme des facteurs des plus importants dans l'œuvre du Seigneur, ne sont pas réellement des facteurs essentiels. Il faudra reconnaître que l'éducation, le sens des affaires, la sagesse du monde, les aptitudes personnelles, l'argent, etc... comme tels, n'ont aucune signification dans l'œuvre du Saint-Esprit, ou dans le Christianisme. Le Seigneur peut employer ces choses ; il peut les appeler dans son œuvre, et si elles sont maintenues à leur juste place, elles pourront le servir utilement ; mais elles sont secondaires, et il peut facilement s'en passer. Il est d'une importance et d'une valeur infiniment plus grandes que les hommes soient remplis du Saint-Esprit ; et s'il faut faire un choix, la toute première chose à considérer devrait être celle-là.

          Il y a une sagesse, un jugement, un discernement, une connaissance, une compréhension dans, et par, le Saint-Esprit ; ce sont les seules qualités qui soient en rapport avec ce qui doit être entièrement conforme à Dieu. Ainsi le Seigneur Jésus, qui est le grand Médiateur et la Tête souveraine, veut maintenir son témoignage en accord parfait avec sa propre nature et sa propre pensée. Lorsque les choses en sont là, il n'y a pas lieu d'être inutilement oppressé par :

 

 

La grande montagne

 

          « Qu'es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu n'es qu'une plaine » (v.4). La montagne est une image de l'accumulation des difficultés. L'achèvement de la Maison de Dieu ne sera pas moins chargé de difficultés et d'obstacles que ne l'avait été le commencement.

          Mais, à la fin comme au commencement, lorsque le Saint-Esprit est le Maître absolu, ces difficultés prouveront être des aides plutôt que des entraves. Les « nombreux adversaires » seront souverainement employés pour faire avancer la consommation du « dessein éternel », au lien de l'arrêter.

          « Les mains de Zorobabel ont fondé cette maison, et ses mains l’achèveront. » Le plus grand Zorobabel a posé ces fondations à la Pentecôte. L'achèvement s'accomplira par ses mains seules. C'est le même Seigneur glorieux, le Seigneur Jésus, qui « élèvera la pierre du sommet au milieu des acclamations : Grâce, grâce sur elle ! » Il est présenté ensuite à notre contemplation, sous la forme d'une interrogation, un appel très solennel, en vérité. Pourquoi mépriser :

 

 

Le temps des petits commencements ?

 

          Il y a en notre temps, parmi le peuple de Dieu lui-même, une passion malsaine pour les grandes choses. Quelque chose pour attirer l'attention, pour faire impression ; une démonstration qui captive, une apparence pour intéresser ; de grands noms, de grands lieux, de grands titres ; beaucoup de bruit, des mouvements imposants ! Si les dimensions sont vastes aux yeux des hommes, le succès semble être assuré dans la même mesure.

          Dieu a toujours jugé nécessaire de réduire, afin d'avoir et de maintenir un témoignage qui sauvegarde la reconnaissance des facteurs entièrement divins. Les temps de la fin sont toujours des temps de petites choses. Voyons ce qu'est le témoignage dans l'Apocalypse ; il n'est représenté que par les quelques-uns qui « vaincront ». La grandeur qui s'étale est matérielle ou temporelle ; c'est la vraie grandeur, la grandeur digne, qui est spirituelle et éternelle. Trop souvent, les hommes, les chrétiens eux-mêmes, méprisent les choses en lesquelles Dieu prend son plaisir. La signification des choses, aux yeux de Dieu, se trouve si souvent dans une chambre haute plutôt que dans une ville tout entière, et la ville doit céder devant la chambre haute.

          Lorsque le Seigneur doit agir « contre les princes de ce monde de ténèbres », il a souvent fait d'une chambre haute la place de son Trône. « Les sept yeux – les yeux de l’Éternel – contemplent avec joie le fil à plomb dans la main de Zorobabel. » Qu'est-ce que cela ? Oui, les sept yeux symbolisent la perfection de la vision spirituelle, qui considère toute chose à sa juste valeur. Le fil à plomb est ce qui met en lumière et manifeste les choses mauvaises et tortueuses. Lorsque l’Éternel voit le Seigneur Jésus, avec cet instrument dans sa main, cet instrument qui est si bien selon sa propre mesure et sa propre pensée, qu'il pourra corriger par lui tout ce qui n'est pas droit, et dévoiler tous les penchants, les angles, les saillies, et tous les dangers insoupçonnés, dans ce qui représente sa Maison ; lorsqu'il aura cet instrument par lequel il peut révéler sa propre pensée pour sa Maison, qui doit être édifiée selon Christ, et conforme à Christ, alors sa vision spirituelle parfaite se réjouira et sera satisfaite. C'est ce dont il a besoin.

          Oh ! que nous soyons cela pour lui ! Il nous en coûtera ! Ce ne sera pas un ministère populaire, mais il sera précieux pour le Seigneur. Il ne sera pas sans valeur, en terminant cette étude, de relever les noms de l’Éternel employés dans ce chapitre. La chose qui est en vue est liée à Jéhovah, le Tout-Puissant, Celui qui se suffit éternellement à lui-Même (Versets 6 et 10). L'exécution et la perfection du dessein sont liées à Jéhovah-Sabbaoth, l’Éternel des armées (verset 6). La place du témoignage est liée à Adonaï, le Maître ou le Seigneur (verset 14), c'est-à-dire à Celui qui possède et qui a les droits de propriété.

 

T. Austin SPARKS

www.batissezvotrevie.fr

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Sogna (dimanche, 24 octobre 2021 08:50)

    Oui, que nous puissions connaître un mouvement où les serviteurs de Dieu laisseront au Saint-Esprit toute liberté pour gouverner, dicter, diriger et choisir ou rejeter, comme le dit T.A. Sparks. Où la sagesse humaine, les idées, les innovations du monde n'auront pas leur place.
    Oh! Combien, pour beaucoup, nous y aspirons.
    Que notre Seigneur fasse se lever, dans Sa moisson, des ouvriers qui auront compris quelle doit être leur place et quelle doit être la place du Saint-Esprit dans l'oeuvre du Dieu qu'ils servent.
    Merci pour "Bâtissez votre vie". Que notre Seigneur vous bénisse.