UN PETIT LIVRE DOUX DANS LA BOUCHE ET AMER DANS LES ENTRAILLES

 

 UN PETIT LIVRE DOUX DANS LA BOUCHE

ET AMER DANS LES ENTRAILLES

 

 

          Examinons ce que la Parole de Dieu nous dit concernant un petit livre que l’apôtre Jean voit dans la main de l’ange. Ce petit livre est ouvert et non scellé. Jean doit le prendre et l’avaler.

          « Et la voix, que j'avais entendue du ciel, me parla de nouveau, et dit: Va, prends le petit livre ouvert dans la main de l'ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre. Et j'allai vers l'ange, en lui disant de me donner le petit livre. Et il me dit: Prends-le, et avale-le; il sera amer à tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. Je pris le petit livre de la main de l'ange, et je l'avalai; il fut dans ma bouche doux comme du miel, mais quand je l'eus avalé, mes entrailles furent remplies d'amertume. Puis on me dit: Il faut que tu prophétises de nouveau sur beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois. » (Apocalypse 10.8-11)

 

 

Un retour à l’Ancien Testament

 

          Nous voici, une fois encore, ramenés à l’Ancien Testament. Vous vous souvenez que le prophète Ézéchiel, tout comme Jean, était en exil lorsque Dieu lui ordonna de prendre le rouleau du livre qu’on lui tendait et de le manger. Lui aussi trouva que ce livre était doux comme le miel :

          « Et toi, fils de l'homme, écoute ce que je vais te dire ! Ne sois pas rebelle, comme cette famille de rebelles ! Ouvre ta bouche, et mange ce que je te donnerai ! Je regardai, et voici, une main était étendue vers moi, et elle tenait un livre en rouleau. Il le déploya devant moi, et il était écrit en dedans et en dehors; des lamentations, des plaintes et des gémissements y étaient écrits. Il me dit: Fils de l'homme, mange ce que tu trouves, mange ce rouleau, et va, parle à la maison d'Israël ! J'ouvris la bouche, et il me fit manger ce rouleau. Il me dit: Fils de l'homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel. »  (Ézéchiel 2.8-3.3)

 

 

La Parole de Dieu, douce comme le miel

 

          Bien évidemment, dans notre texte d’aujourd’hui, nous comprenons qu’il s’agit là d’une vision et qu’il n’a pas été question pour l’apôtre Jean d’avaler un petit livre.

          Le mot grec « kataphago » traduit par « avaler » possède aussi le sens beaucoup plus satisfaisant de « dévorer ». On avale une chose dont on redoute de sentir le goût. Or, il a été annoncé à Jean que le petit livre serait dans sa bouche comme le miel ; et il l’a effectivement expérimenté.

          Mes amis, pour ceux qui ont appris à aimer la Parole de Dieu, qui la lisent, la méditent, et s’en nourrissent quotidiennement, elle est douce à leur âme comme le miel l’est à la bouche. David écrit au Psaume 19 :

          «  La loi de l'Éternel est parfaite, elle restaure l'âme; le témoignage de l'Éternel est véritable, il rend sage l'ignorant. Les ordonnances de l'Éternel sont droites, elles réjouissent le cœur; les commandements de l'Éternel sont purs, ils éclairent les yeux. La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à toujours; les jugements de l'Éternel sont vrais, ils sont tous justes. Ils sont plus précieux que l'or, que beaucoup d'or fin; ils sont plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons. » (v.8-11)

          Le psalmiste déclare au Psaume 119 :

          « Je ne m'écarte pas de tes lois, car c'est toi qui m'enseignes. Que tes paroles sont douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche ! » (v.102-103)

          Il est écrit dans le livre des Proverbes :

          « Les paroles agréables sont un rayon de miel, douces pour l'âme et salutaires pour le corps. » (16.24)

          Oui, pour les enfants de Dieu, la Parole de Dieu est agréable et douce comme le miel.

 

 

La Parole de Dieu, amère dans les entrailles

 

          Ce livre doux comme du miel dans la bouche, est pourtant devenu un message amer à ses entrailles dans les entrailles de l’apôtre.

          Le mot grec « pikraïno » signifie « rendre amer ». Nous retrouvons ce mot en Apocalypse 8.10-11 :

          « Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux. Le nom de cette étoile est Absinthe; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. »

          Au sens figuré, le mot signifie « aigrir, irriter », et au passif : « s’aigrir, s’irriter ». Nous le retrouvons dans l’épître aux Colossiens où Paul écrit :

          « Maris, aimez vos femmes, et ne vous aigrissez pas contre elles. » (3.19)

 

          Que signifie ce texte de l’Apocalypse ? Ce petit livre doux dans la bouche et amer dans les entrailles…

          Tout d’abord, il y a là un précieux enseignement pour nous. La douceur dans la bouche et l’amertume dans les entrailles caractérisent souvent les révélations de Dieu pour nous aussi. Elles sont douces pour nous, parce que nous éprouvons un merveilleux sentiment de joie et de reconnaissance à être accueillis par Dieu comme ses enfants, et ainsi que le dit Jésus, comme ses amis si nous vivons dans l’obéissance. On ne fait des confidences qu’à ceux que l’on considère comme ses meilleurs amis. Elles sont une preuve de confiance. Dieu nous fait part, dans sa Parole – qui est la plus merveilleuse des révélations – de ses pensées les plus intimes. Il nous découvre tout l’amour dont son cœur est rempli. Mais, en même temps, il y a une amertume, quelque chose qui brûle nos entrailles et nous fait souffrir. Plus nous pénétrons dans les pensées de Dieu, plus nous réalisons tragiquement, douloureusement, tout ce que signifie le péché. Nous voyons toutes ses abominables conséquences. Nous apprenons à connaître le drame de la Croix du point de vue de Dieu, et non plus seulement du nôtre. Nous saisissons toute la douleur du Père livrant son Fils au châtiment que nous avons mérité. Mes frères et sœurs, la Parole de Dieu, douce à notre cœur, doit provoquer au plus profond de notre être l’amertume de la repentance.

          Nous n’avons pas à nous étonner que le petit livre ait été doux dans la bouche de Jean et amer dans ses entrailles.

 

          Il y a aussi un enseignement pour tout témoin, tout messager, tout serviteur de Dieu. Jean devait recevoir le contenu de ce message dans son cœur. Il devait se l’approprier tout entier. Ce message qui lui était confié était douloureux à transmettre, car il condamnait les hommes coupables. C’était un message dont le porteur devait payer le prix, car le messager de Dieu doit toujours s’identifier au message qui lui est confié. Il ne peut annoncer la souffrance des hommes sans souffrir lui-même. Il en est toujours ainsi dans les temps de grandes et graves crises spirituelles.

          Rappelons-nous la conversation entre Jérémie et l’Éternel :

          « J'ai recueilli tes paroles, et je les ai dévorées, dit le prophète; tes paroles ont fait la joie et l'allégresse de mon cœur; car ton nom est invoqué sur moi, Éternel, Dieu des armées ! Je ne me suis point assis dans l'assemblée des moqueurs, afin de m'y réjouir; mais à cause de ta puissance, je me suis assis solitaire, car tu me remplissais de fureur. Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ? Pourquoi ma plaie est-elle douloureuse, et ne veut-elle pas se guérir ? Serais-tu pour moi comme une source trompeuse, comme une eau dont on n'est pas sûr ? C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel: Si tu te rattaches à moi, je te répondrai, et tu te tiendras devant moi; si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche. C'est à eux de revenir à toi, mais ce n'est pas à toi de retourner vers eux. Je te rendrai pour ce peuple comme une forte muraille d'airain; ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; car je serai avec toi pour te sauver et te délivrer, dit l'Éternel. Je te délivrerai de la main des méchants, je te sauverai de la main des violents. » (15.16-21)

          L’Éternel dit au prophète Ézéchiel :

          « Fils de l'homme, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel. Il me dit: Fils de l'homme, va vers la maison d'Israël, et dis-leur mes paroles ! Car ce n'est point vers un peuple ayant un langage obscur, une langue inintelligible, que tu es envoyé; c'est à la maison d'Israël. Ce n'est point vers de nombreux peuples ayant un langage obscur, une langue inintelligible, dont tu ne comprends pas les discours. Si je t'envoyais vers eux, ils t'écouteraient. Mais la maison d'Israël ne voudra pas t'écouter, parce qu'elle ne veut pas m'écouter; car toute la maison d'Israël a le front dur et le cœur endurci. Voici, j'endurcirai ta face, pour que tu l'opposes à leur face; j'endurcirai ton front, pour que tu l'opposes à leur front. Je rendrai ton front comme un diamant, plus dur que le roc. Ne les crains pas, quoiqu'ils soient une famille de rebelles. Il me dit: Fils de l'homme, reçois dans ton cœur et écoute de tes oreilles toutes les paroles que je te dirai ! » (3.3-10)

          Ce n’est qu’en s’appropriant le message tout entier, que le serviteur de Dieu peut ensuite proclamer avec vérité et avec force les jugements ou les grâces de Dieu, ses menaces ou ses promesses : il doit en avoir éprouvé lui-même dans son âme toute l’amertume et toute la douceur.

          La douceur du miel et l’amertume (ou l’âcreté selon certaines traductions) sont l’image de la joie et de la douleur. Suivant certains commentateurs, ces impressions contraires sont causées par le double contenu du petit livre : d’une part, des jugements terribles et des souffrances que les élus eux-mêmes devront endurer, et d’autre part, la délivrance finale et le triomphe du règne de Dieu. D’autres objectent que si telles étaient les causes des sentiments du prophète, il aurait éprouvé l’amertume avant la douceur. Ils pensent qu’il lui était doux, au premier abord, d’être honoré d’une telle révélation, mais que celle-ci lui parut âcre quand il a constaté les terribles secrets qu’elle renfermait.

 

 

L’annonce de grandes souffrances

 

          Le petit livre reçu par Jean des mains de l’ange annonce des événements qui vont provoquer de grandes souffrances ; souffrances décrites dans les chapitre 12 à 18 de l’Apocalypse. Ce message, si amer aux entrailles de Jean, ne le sera pas moins pour ceux qui le refuseront et seront contraints d’en supporter les conséquences dans leur être tout entier. Il est dit à l’apôtre Jean : « Il faut que tu prophétises de nouveau sur beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois. »

 

          Les chapitres 11 et 12 de l’Apocalypse concernent en premier lieu Israël ; les chapitres 13 à 18 décrivent des événements concernant le monde entier. A nouveau, la révélation divine s’adresse premièrement à Israël, ensuite aux païens. Mais si Israël joue un rôle prépondérant dans les chapitres suivants, il n’échappera pas pour autant au sort commun réservé aux autres peuples, bientôt soumis à la férule de l’Antéchrist.

          Si Dieu le permet, avant d’examiner les circonstances de ce règne, nous étudierons le chapitre 11, qui est une sorte de charnière entre les chapitres 8 et 9 consacrés aux jugements des six premières trompettes, et les chapitres 12 et 13 consacrés au règne de l’Antéchrist. Ce chapitre 11 – nous le verrons – nous parle d’événements dont le monde entier sera témoin, mais qui se dérouleront à Jérusalem, et qui précéderont l’avènement du Roi des rois à la septième trompette, selon qu’il est écrit :

          « Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient: Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre anciens, qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs faces, et ils adorèrent Dieu, en disant: Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu tout puissant, qui es, et qui étais, de ce que car tu as saisi ta grande puissance et pris possession de ton règne. Les nations se sont irritées; et ta colère est venue, et le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui détruisent la terre. Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l'arche de son alliance apparut dans son temple. Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une forte grêle. » (Apocalypse 11.15-19)

 

          Notre texte se termine par ce verset :

          « Puis on me dit: Il faut que tu prophétises de nouveau sur beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois. »

          « On me dit » ; le texte grec porte littéralement « ils me disent ». Le sujet de ce verbe est au pluriel. Il peut être question à la fois de l’ange puissant, et de la voix entendue du ciel au verset 8 ou, plus simplement, de voix célestes indéterminées. Ce que nous remarquons, en tout cas, ce sont la communion et la communication entre Jean et le ciel. Rien de ce qui nous a été transmis dans l’Apocalypse n’est le produit de l’imagination humaine. Tout est révélation divine. C’est pourquoi le livre de l’Apocalypse – et par là-même toute l’Écriture – se termine par ces mots :

          « Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. Celui qui atteste ces choses dit: Oui, je viens bientôt. »

          Et nous disons avec l’apôtre :  « Amen! Viens, Seigneur Jésus ! Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous ! »

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

 

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