LES DEUX TÉMOINS REVÊTUS DE SACS

 

 

LES DEUX TÉMOINS REVÊTUS DE SACS

 

 

          « Je donnerai à mes deux témoins le pouvoir de prophétiser, revêtus de sacs, pendant mille deux cent soixante jours. Ce sont les deux oliviers et les deux chandeliers qui se tiennent devant le Seigneur de la terre. Si quelqu'un veut leur faire du mal, du feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis; et si quelqu'un veut leur faire du mal, il faut qu'il soit tué de cette manière. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, afin qu'il ne tombe point de pluie pendant les jours de leur prophétie; et ils ont le pouvoir de changer les eaux en sang, et de frapper la terre de toute espèce de plaie, chaque fois qu'ils le voudront. Quand ils auront achevé leur témoignage, la bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra, et les tuera Et leurs cadavres seront sur la place de la grande ville, qui est appelée, dans un sens spirituel, Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié. Des hommes d'entre les peuples, les tribus, les langues, et les nations, verront leurs cadavres pendant trois jours et demi, et ils ne permettront pas que leurs cadavres soient mis dans un sépulcre. Et à cause d'eux les habitants de la terre se réjouiront et seront dans l'allégresse, et ils s'enverront des présents les uns aux autres, parce que ces deux prophètes ont tourmenté les habitants de la terre. Après les trois jours et demi, un esprit de vie, venant de Dieu, entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds; et une grande crainte s'empara de ceux qui les voyaient. Et ils entendirent du ciel une voix qui leur disait: Montez ici! Et ils montèrent au ciel dans la nuée; et leurs ennemis les virent. A cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre, et la dixième partie de la ville, tomba; sept mille hommes furent tués dans ce tremblement de terre, et les autres furent effrayés et donnèrent gloire au Dieu du ciel. Le second malheur est passé. Voici, le troisième malheur vient bientôt. » (Apocalypse 11.3-14)

 

          Ainsi, Dieu ne livre pas seulement le parvis du temple et la ville sainte à la profanation méritée, comme nous le disions précédemment. Il ne se borne pas non plus à la défensive, exerçant sa protection envers les vrais adorateurs ; mais il passe à l’offensive. De même que Jonas est allé prêcher à Ninive, deux témoins surgissent au milieu des nations victorieuses, et prophétisent pendant tout le temps de leur domination.

          Quelles que soient les difficultés d’interprétation qui apparaissent dans notre texte, il en ressort clairement ceci : Dieu trouble par ses messagers l’orgueil du monde qui a eu si facilement raison de son peuple infidèle ; Dieu ne laisse pas les nations païennes sans le témoignage de sa Parole et de sa puissance miraculeuse ; Dieu fait prêcher la repentance au milieu des idolâtres et des athées ; Dieu arme ses témoins de puissance pour qu’ils ne puissent pas être réduits au silence avant le temps ; et même lorsqu’il les livre à la fureur du monde, comme il l’a fait pour son Fils unique, il les ressuscite. Le monde ne peut fêter que de passagères victoires ; la victoire définitive appartient à la cause divine, pour laquelle les témoins ont donné leur vie.

 

 

Deux témoins

 

          Selon l’Ancien Testament, la déposition de deux ou trois témoins était indispensable et suffisante pour valider une condamnation :

          « Si un homme tue quelqu'un, on ôtera la vie au meurtrier, sur la déposition de témoins. Un seul témoin ne suffira pas pour faire condamner une personne à mort. » (Nombres 35.30)

          « Celui qui mérite la mort sera exécuté sur la déposition de deux ou de trois témoins; il ne sera pas mis à mort sur la déposition d'un seul témoin. » (Deutéronome 17.6)

          « Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel qu'il soit; un fait ne pourra s'établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins. » (Deutéronome 19.15)

          L’auteur de l’épître aux Hébreux rappelle cette prescription : « Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoin. » (10.28)

          Nous retrouvons cette pensée dans le Nouveau Testament. Lorsque Jésus appela les douze, l’évangéliste Marc déclare : « il commença à les envoyer deux à deux » (6.17).

          Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et l’évangéliste Luc écrit : « Il les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller. » (10.1)

          Jésus a rappelé aux Juifs : « Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai. » (Jean 8.17)

          L’apôtre Paul met Timothée en garde contre les accusations qui peuvent être portées contre un ancien. Il lui prescrit une mesure de sagesse, conforme aux prescriptions de l’Écriture : « Ne reçois point d'accusation contre un ancien, si ce n'est sur la déposition de deux ou trois témoins. » (1 Timothée 5.19)  Retenons au passage cette exhortation, pleine de la sagesse divine, et ne prêtons pas l’oreille à tous les ragots qui circulent trop souvent sans preuves ; médisances et calomnies sortant de la bouche de gens dont les propos ne s’accordent même pas. Ce fut le cas des faux témoins lors du procès de notre Seigneur.

 

          Quand le Seigneur fixe les bases de l’exercice de la discipline dans l’Église, il dit : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. » (Matthieu 18.15-16)

 

          Revenons à notre texte de l’Apocalypse. La présence de deux témoins est donc nécessaire, mais aussi suffisante pour attester la condamnation de la civilisation antichrétienne. C’est pourquoi Dieu suscitera ces deux témoins.

 

 

Le temps de leur prophétie

          Mille deux cents soixante jours. Ils correspondent aux quarante-deux mois pendant lesquels les nations fouleront aux pieds la ville sainte : « Le parvis extérieur du temple, laisse-le en dehors, et ne le mesure pas; car il a été donné aux nations, et elles fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois. » (Apocalypse 11.2)

 

          Cette période rappelle les trois ans et demi pendant lesquels le ciel est resté fermé au temps d’Élie. La Bible dit : « Élie était un homme de la même nature que nous: il pria avec instance pour qu'il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. » (Jacques 5.17)  A ce moment-là, les jugements divins ne frappèrent qu’Israël ; mais lorsque les deux témoins prophétiseront, ces jugements atteindront le monde entier.

 

 

L’ aspect extérieur des deux témoins

 

          Ils étaient «  revêtus de sacs ».

          Le « sac » était un symbole de douleur, de repentance, de renoncement à toutes les jouissances du monde. Il était fait d’une étoffe rude et grossière dont on se couvrait, dans l’ancien Israël, en signe de repentance et de deuil. Les anciens prophètes portaient souvent le sac :

          « En ce temps-là l'Éternel adressa la parole à Ésaïe, fils d'Amots, et lui dit: Va, détache le sac de tes reins et ôte tes souliers de tes pieds. » (Esaïe 20.2)

          Du temps de Néhémie, lorsque les enfants d’Israël eurent entendu la lecture de la Parole de Dieu, et qu’ils eurent pris connaissance de leurs péchés, et de leur infidélité à l’égard de l’Éternel, « Le vingt-quatrième jour du même mois, les enfants d'Israël s'assemblèrent, revêtus de sacs et couverts de poussière, pour la célébration d'un jeûne. » (Néhémie 9.1)

          Lorsque Mardochée, au temps d’Esther, apprit que Haman avait obtenu du roi l’autorisation d’exterminer tous les Juifs, il « déchira ses vêtements, s'enveloppa d'un sac et se couvrit de cendre. Puis il alla au milieu de la ville en poussant avec force des cris amers. » (Esther 4.1)

          Quant au prophète Daniel, voici ce qu’il déclare dans son livre : « La première année de Darius, fils d'Assuérus, de la race des Mèdes, lequel était devenu roi du royaume des Chaldéens, la première année de son règne, moi, Daniel, je vis par les livres qu'il devait s'écouler soixante-dix ans pour les ruines de Jérusalem, d'après le nombre des années dont l'Éternel avait parlé à Jérémie, le prophète. Je tournai ma face vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre. » (9.3) 

          Souvenez-vous de la réaction des Ninivites à la prédication de Jonas : « Les gens de Ninive crurent à Dieu, ils publièrent un jeûne, et se revêtirent de sacs, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits. » (Jonas 3.5)

          Jésus a déclaré à des villes impénitentes: « Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda ! car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. » (Matthieu 11.21)

 

          Il y a donc une constante dans l’Écriture : l’affaire du péché ne se règle pas dans une atmosphère de kermesse religieuse, de divertissements ni de festivités mondaines. Comment peut-on revêtir les prodigues de la plus belle robe, leur mettre un anneau au doigt, des souliers aux pieds, tuer le veau gras, jouer de la musique et entonner des chants joyeux, quand ces prodigues ne se sont pas même repentis ? Je crains que l’atmosphère de certaines églises, loin de mettre les pécheurs mal à l’aise et de leur faire sentir leur état devant Dieu… les anesthésient au contraire, et les rendent incapables de juger leur propre cœur. De crainte de choquer les nouveaux venus ; de rebuter les âmes avec un évangile que l’on considère comme vieillot, démodé ; de crainte aussi d’être à contre-courant des nouveaux codes d’une société qui veut anéantir la civilisation judéo-chrétienne... des prédicateurs font allègrement l’impasse sur la dénonciation du péché (un mot qu’ils bannissent de leur vocabulaire évangélique, ne voulant pas passer pour ceux qui pointent un doigt accusateur et discriminatoire) ; ils ne parlent plus de la croix, du prix payé par Dieu pour le salut du monde, de l’incontournable et indispensable repentance du pécheur. Leurs discours deviennent inclusifs. Le pécheur est admis avec son péché. Le prodigue peut arriver à la maison du père avec un ou deux porcelets ramenés des champs, ils seront reçus, lui et ses porcelets, au son des tambourins et des flûtes.

          Mes amis, Dieu tient un autre langage. Il dit (et nous sommes dans le Nouveau Testament) : « Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère; soyez dans le deuil et dans les larmes; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. (Jacques 4.8-10)

 

 

La révélation du cœur de Dieu

 

          Les deux témoins dont nous parlons aujourd’hui, ne sont pas revêtus de sacs parce qu’ils se repentent de quelque péché qu’ils auraient commis. Ils viennent, en quelque sorte, comme les représentants du cœur. de Dieu, des sentiments de Dieu ; un Dieu qui s’afflige du péché de ses créatures, de leur corruption, de leurs abominations, de leur violence et de leur cruauté, de l’état moral et spirituel d’une humanité qui chancelle comme un homme ivre ; et en même temps... du châtiment qu’il est contraint d’infliger en raison de sa sainteté et de sa justice.

 

          Mes frères et sœurs, sommes-nous, nous les enfants de Dieu, à l’unisson du cœur. de notre Père céleste ? Sommes-nous profondément affligés, brisés, devant l’état de notre monde ? Sommes-nous saisis d’une sainte tristesse, d’un saint chagrin pour ceux qui nous entourent, pour les nôtres, mari, épouse, parents, enfants… qui offensent Dieu par leur iniquité ? Nous ne pouvons pas nous contenter d’avoir une position bibliquement, doctrinalement correcte. Dieu attend des cœurs brisés, des vies livrées à une profonde intercession. N’entendons-nous pas les paroles de Paul ? « Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m'en rend témoignage par le Saint Esprit: J'éprouve une grande tristesse, et j'ai dans le cœur. un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites... » (Romains 9.1-3) Le cœur. de l’apôtre était plongé dans un chagrin continuel à la pensée de ceux de sa race, perdus loin de leur Messie. Dieu cherche un tel prédicateur. Dieu cherche une telle église. Il ne peut se satisfaire d’une piété tiède. Tout témoin du Seigneur Jésus doit prêcher par sa vie, ses pensées et ses dispositions de cœur., et pas seulement par ses paroles, sous peine d’annuler lui-même son témoignage.

 

          Voici donc les deux témoins de Dieu à la face du monde. Le sens du message est ainsi comme souligné. Il est rude et sévère. Nous verrons plus tard que les miracles accomplis par ces deux témoins ne ressemblent en rien aux miracles d’amour et de compassion. Ils ne sont que des miracles de jugement.

 

          Que les âmes impénitentes saisissent la grâce que Dieu leur offre, tandis qu’il est encore temps ! La Bible dit :

          « Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve; Invoquez-le, tandis qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées; qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. » (Esaïe 55.6-7)

          Et encore : «  Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs » (Hébreux 3.15)

          Et encore : « Craignons donc, tandis que la promesse d'entrer dans son repos subsiste encore, qu'aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. » (Hébreux 4.1)

 

          L’exhortation de Paul s’adresse à nous chrétiens : « Puisque nous travaillons avec Dieu, écrit l’apôtre, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain. Car il dit : Au temps favorable, je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut » (2 Corinthiens 6.1-2)

 

          Je terminerai en laissant sur votre cœur., le texte d’Hébreux 3.12-14 : « Prenez garde, frère, que quelqu'un de vous n'ait un cœur. mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu'on peut dire: Aujourd'hui! afin qu'aucun de vous ne s'endurcisse par la séduction du péché. Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu'à la fin l'assurance que nous avions au commencement. »

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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