LA TÂCHE DU PROPHÈTE ÉZÉCHIEL

 

 LA TÂCHE DU PROPHÈTE ÉZÉCHIEL

 

          Étrangers au milieu d’une grande nation idolâtre, sans culte, sans lien religieux avec le centre de la vie israélite, les exilés étaient exposés à perdre rapidement la connaissance vivante du vrai Dieu et par là tout espoir de restauration. Il était nécessaire, pour parer à ce danger, de suppléer autant que possible, aux moyens de grâce qui leur manquaient. C’est à ce besoin que Dieu pourvoit par les révélations accordées au prophète qu’il suscite au sein de l’exil. Il se révèle à lui dans une apparition magnifique, à la suite de laquelle le prophète fait entendre aux exilés de nombreuses prédictions, d’une étonnante précision de détail et d’une forme symbolique très riche, en harmonie avec le milieu où ils vivent, et décrit enfin, dans le tableau du nouveau temple, la perfection sublime des derniers temps.

          Un fait capital partage en deux parties le ministère d’Ézéchiel : c’est la ruine de Jérusalem.  Jusqu’à ce moment le prophète parle à son peuple un tout autre langage que celui qu’il emploiera plus tard. Le patriotisme religieux des Israélites se révoltait à la pensée qu’un jugement de Dieu pût détruire la ville sainte. Il fallait préparer les esprits à cette catastrophe, et pour cela leur faire sentir jusqu’à quel point elle était méritée. Voilà ce que Dieu fait en Babylonie par le ministère d’Ézéchiel, en même temps qu’à Jérusalem par celui de Jérémie. C’est dans ce but que notre prophète accumule dans la première partie de son livre les descriptions des crimes de Jérusalem, de son idolâtrie, de son immoralité. Il travaille ainsi à renverser la chimérique attente d’un retour prochain des exilés dans leur patrie et l’espérance, plus folle encore, d’une victoire remportée par le peuple de Jérusalem sur les Chaldéens. Par là il prévient en même temps le découragement qui aurait pu si facilement saisir les exilés au moment de la ruine de Jérusalem, et il prouve que dans cette catastrophe tout est à la charge du peuple rebelle, et que rien ne peut être imputé à l’impuissance ou à l’infidélité de Dieu lui-même.

          Mais dès que fut arrivée la fatale nouvelle (33.21), les prédications du prophète prirent un tout autre caractère. Aux censures de la sainteté succèdent les promesses. Ézéchiel s’adresse maintenant au résidu croyant, à ce « saint reste », dont avait parlé Esaïe, qui a su reconnaître « qu’il y avait un prophète au milieu d’eux. » Devant ce peuple humilié, qu’il faut désormais garder d’abattement, il étale les perspectives du relèvement ; il décrit l’avènement du vrai Berger prenant la place des pasteurs indignes, l’effusion de l’Esprit et la conversion des cœurs, la résurrection nationale et le triomphe de la théocratie restaurée sur tous ses futurs ennemis. Préparées comme elles l’avaient été par la première partie de son ministère, ces promesses purent tomber dans un sol bien préparé et être saisies par la foi, sans que les illusions de l’orgueil ou d’un patriotisme faussé risquassent d’en dénaturer le sens.

 

Frédéric GODET

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