L’ORDONNANCE DU LIVRE D’ÉZÉCHIEL

  

        L’ORDONNANCE DU LIVRE D’ÉZÉCHIEL

 

          A la double tâche du prophète (voir notre article précédent) correspond l’ordonnance de son livre. Dans tout l’Ancien testament il n’est pas d’écrit dont le plan et la pensée intime ressortent avec plus de clarté. Il se divise en deux parties principales, du chapitre 1 au chapitre 24, et du chapitre 33 au chapitre 48, datant l’une d’avant, l’autre d’après la ruine de Jérusalem. Entre ces deux parties en est intercalée une d’un caractère spécial (chapitres 25 à 32), qui comprend les prophéties dirigées contre les peuples étrangers. Dans l’introduction à cette partie intermédiaire, nous indiquerons les raisons pour lesquelles elle a été ainsi placée.

          Chacune de ces trois grandes portions peut se diviser en un certain nombre de sections qui, sauf dans la partie intermédiaire, se suivent dans un ordre strictement chronologique.

          Dans la première partie, le premier groupe (chapitres 1 à 7) est daté de la cinquième année de la captivité. Il renferme le tableau de la vocation du prophète (1 à 3.15), puis l’annonce de la ruine de Jérusalem dans une série d’emblèmes d’abord, puis dans un discours prophétique (3.16 à 7)

          Le second groupe (8 à 19) porte la date de l’année suivante. Ézéchiel nous transporte avec lui à Jérusalem dans le temple même, où son regard prophétique contemple les cérémonies païennes qui s’y pratiquent. L’Éternel donne l’ordre de détruire la ville ; et la nuée, symbole de sa gloire, abandonne par degrés le sanctuaire profané (8 à 11). Suivent des menaces dirigées contre les habitants de Jérusalem, contre Sédécias et contre les faux prophètes, des avertissements adressés aux exilés, enfin une complainte sur les princes d’Israël (12 à 19).

          Le groupe suivant (20 à 33), qu’une indication chronologique rapporte à la septième année, commence par des censures suivies de promesses ; puis le prophète annonce la marche de l’armée chaldéenne contre Jérusalem et rappelle, d’abord en termes propres, puis sous une forme allégorique, les crimes de Jérusalem, en les rapprochant de ceux de Samarie.

          Enfin, deux ans plus tard (24), le prophète annonce la ruine imminente de Jérusalem ; puis il se renferme dans le silence, en attendant la confirmation de cette menace. Ainsi se termine la première partie.

          La partie intermédiaire (25 à 32) se compose de prédictions prononcées en différents temps contre des peuples étrangers. Ces peuples sont au nombre de sept : Les Ammonites, les Moabites, les Edomites, les Philistins, Tyr et Sidon, enfin l’Égypte.

          La dernière partie du livre est introduite par une parole de Dieu à Ézéchiel, qui précède immédiatement le message annonçant la ruine de Jérusalem (33.21). Le prophète proclame ensuite le jugement des chefs d’Israël et ds ennemis de la théocratie, menaces qui se transforment en promesse pour le peuple converti (34 à36) ; puis il trace le tableau magnifique de la résurrection d’Israël (37), et annonce sa victoire sur un dernier ennemi (38 et 39).

          Le livre se termine par une triple vision : d’abord celle d’un temple nouveau ; Ézéchiel le décrit avec les détails les plus précis, ainsi que le culte nouveau que l’on y célébrera (40 à 46) ; en second lieu, la vision du torrent d’eaux vives sortant du temple et portant partout la fécondité (47.1-14) ; enfin, celle de la répartition nouvelle du pays entre les douze tribus restaurées (47.15 à 48).

          Aucun livre de l’Ancien Testament, peut-être, n’a été arrangé avec un soin si scrupuleux. Presque tous les discours sont accompagnés de leur date, et dans les deux parties principales, du moins, comme nous l’avons dit, ils sont placés selon l’ordre chronologique ; comparer 1.2 (5° année) ; 8.1 (6° année) ; 20.1 (7° année) ; 24.1 (9° année) ; 40.1 (25° année) ; de sorte que l’on ne peut guère douter que la rédaction définitive du livre ne soit l’œuvre d’Ézéchiel lui-même. Aussi, ni son authenticité, ni son intégrité n’ont-elles été mises en doute. Il y a, sous ce rapport, contraste complet entre l’écrit du troisième grand prophète et ceux de deux de ses prédécesseurs.

 

Frédéric GODET

www.batissezvotrevie.fr

 

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