L'ASSURANCE CHRÉTIENNE EN FACE DE SOI

 

 

 L'ASSURANCE CHRÉTIENNE EN FACE DE SOI

 

Vous aurez remarqué que souvent l'on se farde, l'on se masque, non seulement devant son miroir, mais aussi - ce qui est bien plus grave - devant sa conscience. On vit alors dans la peur d'être vu sans fard par d 'autres, ou par soi -même. Cet état de choses produit les susceptibilités tenaces dont le psychologue Jung dit qu'elles sont particulièrement le fait des chrétiens puritains!

 

Ce que l'Écriture Sainte déclare de notre état naturel profond, à savoir que « le cœur de l'homme est désespérément mauvais» (Jérémie 17. 9), est admis avec peine. Pour connaître ou s'avouer les possibilités malheureuses de «notre moi», il faut parfois passer par la faillite totale face à notre idéal, par l'humiliation profonde, par le désespoir même. C'est fou ce qu'il peut y avoir d'hypocrisie involontaire dans l'attitude sévère de certaines personnes dites «bien». Elles le sont à leurs yeux et aux yeux des autres parce qu'elles ont réussi à garder plus ou moins propre «l'extérieur de la coupe», pour employer une expression de Jésus. Elles sont si occupées à ce travail stérile et à l'examen de l'extérieur des coupes d'autrui, qu'elles en oublient ce qu'une coupe propre peut cacher de sale ! Cela me fait penser à la réflexion amère d'un, serviteur de Dieu qui passait un jour avec moi dans un des magnifiques parcs de notre ville. Il s'arrêta pour me dire avec une expression douloureuse: « Monsieur, j'en viens parfois à souhaiter que certains chrétiens fassent une bonne fois une grande bêtise pour qu'ils apprennent à manifester davantage de charité envers autrui, après avoir fait ainsi la preuve de leur propre misère».

 

Mais quand, sans tricher, nous reconnaissons nos forces et nos faiblesses, quand nous admettons que le compte des dernières dépasse de beaucoup celui des premières, il nous reste pourtant une attitude à prendre, qui peut amener la richesse de la vie victorieuse de Christ dans notre insuffisance humaine. Car nous sommes appelés, non pas à toujours trembler à cause de notre faiblesse, mais bien plutôt à croire à la puissance transformatrice de l'Esprit de Christ en nous.

 

Je pense que, si l'on ne se fait plus d'illusions sur soi-même, on est alors prêt à prendre, dans la foi, une victoire sur la crainte que nous nous inspirons pour affirmer une vérité plus grande et plus définitive. Cette vérité, c'est le fait que, si nous avons ouvert notre vie à l'action de Christ, il s'opère en nous, lentement mais sûrement, une transformation constante. L'Esprit de Christ habite en nous et tend à nous métamorphoser. Ainsi, au lieu de déclarer uniquement cette grande vérité: «Hors de Christ je ne puis rien faire», la foi du converti est sollicitée d'affirmer encore vigoureusement: «Je puis tout par Christ qui me fortifie» (Philippiens 4. 13).

 

Un homme qui avait pris beaucoup de peine pour être fort et vivait dans une constante crainte de lui-même, comprit un jour ce que je voulais lui enseigner en lui expliquant les choses que vous venez de lire. Quelque temps après, le visage rajeuni, le corps vivifié par une réelle détente intérieure, il me disait:

- J'ai passé de la compression intérieure de ma faiblesse qui me faisait peur, à l'expression de ma foi. Plusieurs fois par jour je lis à haute voix cette déclaration que je porte toujours inscrite sur une carte dans mon portefeuille: « Je puis tout par Christ qui me fortifie ». Mon cher pasteur, ajouta--t-il, cela a transformé le chrétien tendu que j'étais en ce que vous voyez que je suis.

Et je vous assure qu'il était rayonnant!

 

« Je puis tout par Christ qui me fortifie ! » Le langage de la foi pourrait paraître ressembler dangereusement à celui de la présomption: « Je puis tout! » Mais il n'en est rien. C'est l'expression de la foi de celui qui, désespérant de lui-même, fait confiance au Christ agissant en lui. Il aime à souligner dans sa déclaration le motif de son assurance:

« Je puis tout par Christ qui me fortifie. »

 

Oses-tu dire cette phrase, ami réellement converti? Si tu ne l'oses pas, c'est de l'incrédulité de ta part. Tu demeures volontairement captif de ta faiblesse ou d'une fausse humilité. Car, il faut bien le dire, il y a une conception fausse et maladive de l'humilité chrétienne, qui veut que toujours à nouveau l'on doute de soi et que, dans un perpétuel retour sur soi-même, on se lamente dans la prière, se complaisant dans un dénigrement systématique, par une évocation décourageante de ses fautes passées ou récentes, de ses travers ou de ses incapacités.

 

Ami lecteur, ne crois-tu pas que de parler constamment de notre faiblesse, d'en parler à

notre âme, d'en parler sans cesse à Dieu dans la prière, ce n'est guère honorer celui qui habite en nous?

- Mais, me dit un jour une chrétienne qui aimait à se plaindre et à se faire exhorter: Je ne

puis pourtant pas les nier, mes faiblesses !

Je lui expliquai qu'il n'était pas question de les nier, mais que ce que je lui demandais était de ne pas les affirmer sans cesse. La constatation d'un mal n'amène  pas sa guérison. Ou, pour utiliser une illustration biblique, le regard sur les serpents brûlants ne guérit pas de leurs morsures! Il faut lever les yeux et les fixer sur celui qui est le grand Vainqueur. Je dois dire que cette excellente personne n'a pas encore compris ce que j'ai voulu lui dire et qu'elle se lamente toujours de sa faiblesse et... de son pasteur qui veut l'empêcher de se lamenter!

 

J'ai rencontré également passablement de chrétiens qui doutaient de leur salut, de leur position en Dieu, à cause d'une faute qu'ils jugeaient particulièrement répréhensible. J’ai dû souvent les exhorter à croire à la victoire assurée par le Sauveur, malgré certains combats perdus en cours de route. Quand une faute est confessée et placée sous la vertu du sang de Christ qui efface nos péchés (I Jean 1.7), la seule attitude conséquente est d'oublier ce qui est en arrière et de s'élancer en avant dans la foi en la puissance de Christ (Philippiens 3.13 et 14).

 

Souvent, ce qui nous empêche d'aller de l'avant avec une assurance saine et spirituellement juste, c'est le fait que, non seulement nous regardons à nous-mêmes, mais que nous ne pouvons pas nous pardonner des fautes passées, dont le seul souvenir nous lie.

- Ça, je ne peux pas me le pardonner! Que cette chose me soit arrivée à moi!... me disait un jour une personne avec une grande tristesse.

Elle fut bien un peu surprise quand je lui répondis:

- Mais pour qui vous prenez-vous ? Vous croyez-vous d'une essence supérieure ? N'est-ce pas de l'orgueil de parler ainsi ? Si Dieu a pardonné, effacé et oublié nos fautes comme il le déclare dans sa Parole, qui êtes -vous pour ne pas vous la pardonner à vous-même ?

Cette personne eut les yeux ouverts par ces questions directes. Elle détacha ses regards d'elle-même pour les fixer avec reconnaissance sur son Sauveur. Elle retrouva ainsi de l'assurance et une nouvelle joie de vivre.

 

En nous, nous le savons, il y a le fait réel de notre faiblesse humaine, mais aussi, si nous sommes convertis, le fait non moins réel de l'Esprit de Christ qui veut agir au travers de notre faiblesse. Toute la question est de savoir vers quoi nous voulons porter notre attention. Si c'est sur notre faiblesse, alors en vérité nous la fortifierons. Si c'est vers l'Esprit de Christ qui habite en nous, alors, en vérité, nous serons puissamment fortifiés dans notre être intérieur (Éphésiens 3. 16).

 

Je puis garantir une chose au lecteur de ces lignes: si tu veux affirmer avec foi cette déclaration formelle: « Je puis tout par Christ qui me fortifie», si tu veux la redire avec sérieux cinq à dix fois par jour, il ne se passera pas dix jours avant que tu n'en aies expérimenté l'efficacité. Ce n'est pas que cette parole soit magique, mais l'expression de la foi est souvent ce que le Christ attend pour manifester de plus en plus sa force en nous, selon ce qui est écrit: «Si tu confesses de ta bouche et si tu crois dans ton cœur... tu seras sauvé» (Romains 10. 9).

 

Amis liés par vos complexes d'infériorité, par le souvenir de vos fautes, ou parce que vous ne vous trouvez pas beaux, parce que vous vous croyez plus faibles que d'autres, ou encore parce que vous ne vous exprimez pas aussi bien que certains, vous qui êtes liés ainsi ou par toutes sortes d'autres mauvaises raisons, ne voulez -vous pas croire que, dominant tout cela, il y a le Maître, l'Esprit irrésistible de Christ en vous ?

 

Si vous le croyez, dites souvent dans votre cœur et à haute voix, écrivez-le même puisque c'est vrai: « Christ vit en moi ! » Un de mes amis prit au sérieux ce que je vous  demande et il se mit à écrire chaque jour et plusieurs fois, comme je l'avais exhorté à le faire, ces deux affirmations de la foi: « Christ vit en moi, je puis tout par Christ qui me fortifie». Quand je le vis, l'autre jour, il me sembla qu'au travers de ses yeux souriants, je pouvais lire ces vérités dans son âme rassérénée. En me tendant la main, il ne prononça qu'un mot qui en disait long: Merci! Quand il partit, je remarquai qu'il ne marchait plus le dos un peu voûté, mais bien droit. Il avait compris.

 

Je ne puis terminer cet entretien sans vous dire un mot, à vous qui vous considérez comme quantité négligeable et qui, sans avoir peur de vous-mêmes, pensez que vous n'avez rien à donner à ce monde. Si vous êtes convertis, je vous demande de ne pas oublier que Dieu vous considère comme ses fils et ses filles (Galates 3. 26). Puisqu'il en est ainsi, vous représentez plus pour le bien de ce monde que ceux qui se croient quelque chose et qui « ne savent pas qu'ils sont pauvres, misérables et nus», parce que «sans Dieu et sans espérance dans ce monde ». Alors, redressez-vous, croyez à votre état d'enfants de Dieu et, chaque jour, mettez-vous à la disposition de notre Père céleste qui saura bien vous confier les «petites choses» dont l'exécution fidèle doit préparer la venue de son Règne.

 

Quand un homme se tourne vers le soleil, son ombre est derrière lui. Amis convertis, tournez-vous résolument vers Dieu et proclamez sans cesse que, par Jésus-Christ, tout est possible, puisqu’il est votre Sauveur et votre force.

 

Alors, cher lecteur, tu commenceras, selon la belle expression de l’apôtre Paul, à “régner dans la vie”! Tu ne t’enfermeras plus dans ta propre faiblesse, mais tu vivras libre de la peur de toi-même, prêt à mieux servir ton Dieu et ton prochain.

Affirme avec joie dans la foi et sans jamais te lasser, malgré tes échecs occasionnels:

 

Je puis tout par Christ qui me fortifie !

 

L’enfant de Dieu qui proclame cette vérité verra qu’en cela aussi il lui sera fait selon sa foi !

 

Adolphe HUNZIKER

www.batissezvotrevie.fr

 

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