LE FRUIT DE L’ESPRIT : LA DOUCEUR

 

 

 LE FRUIT DE L’ESPRIT : LA DOUCEUR

 

par Donald GEE

 

          Trois choses sont dignes de remarque au sujet de la douceur. Elle est une «qualité» très rare du caractère ; elle est exceptionnellement précieuse aux yeux de Dieu ; elle est l’un des facteurs les plus « marquants » de l’enseignement de Christ.

 

 

La douceur ne doit pas être confondue avec la faiblesse

 

          La douceur véritable demande une soigneuse définition. Nous avons, dans la langue anglaise, un mot prononcé sensiblement de la même manière : « faiblesse ». Nous devons le dire - nombre de personnes confondent non seulement les deux mots, mais les deux aspects du caractère. La différence réelle entre la douceur et la faiblesse est immense. La douceur véritable nécessite une force de volonté considérable.

 

          Le meilleur exemple biblique d’un homme doux est Moïse. C’était un homme « fort patient, plus qu’aucun homme sur la face de la terre » (Nombres 12.3). Cependant il était un des conducteurs les plus grands que l’histoire ait jamais produits. Il savait montrer de la sévérité quand le réclamaient les circonstances, par exemple lorsqu’il contraignit les adorateurs du veau d’or à boire la poussière de leur propre idole (Exode 32.20). Mais c’était un zèle saint pour la cause de Jéhovah. Lorsqu’il fut l’objet de reproches de la part d’Aaron et de Marie, il ne fit pas la moindre tentative de représailles (Nombres 12). Ceci révèle la douceur et le calibre véritable de l’homme.

 

          Étienne est un autre bon exemple. Nous voyons resplendir la douceur dans sa prière pour ses meurtriers (Actes 7.60), mais il n’y a aucune trace de faiblesse dans son accusation écrasante contre le sanhédrin - « Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles! vous vous opposez toujours au Saint-Esprit » (verset 51). L’on remarque les mêmes qualités que chez Moïse - du zèle pour Dieu, mais de l’humilité s’il s’agit de lui-même.

 

          Il est superflu de mentionner Celui qui fut « mené comme une brebis à la boucherie », et cependant purifia le temple avec un fouet !

 

 

Une disposition de l’esprit humain

 

          Pierre emploie cette expression très belle : « un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3.4). Le Nouveau Testament parle généralement d’une douceur de l’esprit (Galates 6.1 ; 1 Corinthiens 4.21). À cet égard la douceur diffère de la bénignité. Sous bien des rapports ces deux fruits de l’Esprit se ressemblent, mais la douceur est intérieure et passive, tandis que la bénignité est extérieure et active. Un homme ressent la douceur intérieure, mais il agit avec bénignité.

 

          Le visage d’Étienne était « comme celui d’un ange » précisément parce qu’il se sentait tel (Actes 6.15). La sérénité de son esprit rayonnait au dehors ; cette manifestation se produisit sans doute à son insu. En raison de sa nature même, la douceur peut être « gâtée » chez le croyant par une conscience trop scrupuleuse exagérant les défauts personnels et affaiblissant sa volonté, bien qu’elle lui apporte les bénédictions intérieures d’une joie et d’une paix profondes. Une véritable humilité d’esprit doit être extrêmement difficile à imiter. On peut parfois user de bénignité sans éprouver de douceur intérieure, mais s’il n’y a pas dans le cœur une douceur réelle, le feu intérieur de l’orgueil et de la colère apparaîtra inévitablement tôt ou tard.

 

 

Le défi du christianisme

 

          Le fait que Christ ait soigneusement enseigné la douceur comme une qualité indispensable à tous ses disciples (et nul ne contestera qu’il n’ait pratiqué son enseignement jusqu’à la fin) constitue l’un des facteurs les plus provocants du christianisme. Il suffit de contempler le réveil d’un nationalisme intense dans presque toutes les parties de l’Europe, et tout ce qu’il entraîne d’orgueil et de réarmement, pour voir quelle difficulté intense éprouvent les pays nominalement « chrétiens » à mettre en harmonie avec l’enseignement et l’esprit véritable de Christ leurs fièvres de vanité naturelle. Un retour aux anciennes déités de la force, plutôt qu’à Christ, a été recommandé par certains conducteurs. La situation embarrassante de la plupart des églises en cas de guerre, la persécution de l’objecteur de conscience, tout cela montre combien une douceur réelle répugne à l’homme du monde. Tout compromis est inutile, mieux vaut accepter le défi. Nous ne vaincrons peut-être pas tous, mais nous devons admettre que la douceur est le seul esprit véritable de Christ et des chrétiens, non seulement en cas de guerre, mais aussi dans les affaires, et en toutes choses comme dans l’Église.

 

 

Quand montrer de la douceur dans l Église

 

          Dans certains cas particuliers il est spécialement recommandé aux chrétiens de manifester cet esprit dans leur vie au sein de l’Église. Nous n’avons que peu d’espoir de montrer au monde un victorieux exemple de douceur vraie dans les questions importantes si nous ne commençons pas « dans la famille ».

 

a) « Pour redresser les rétrogrades » (Galates 6.1).

 

          Les chrétiens « rétrogrades » doivent, s’ils se repentent, être « redressés avec un esprit de douceur », et leurs méfaits oubliés, comme Dieu lui-même a oublié nos péchés pardonnés. Cet avertissement est nécessaire, l’orgueil de ceux qui ne sont pas tombés de la même manière aimant toujours rappeler les manquements de ceux qui ont failli. La conscience de leur propre faiblesse chez ceux qui prétendent juger fera paraître clairement à toute personne sensée le bien-fondé de cette attitude. La grâce de Dieu a seule empêché le juge de devenir le criminel !

 

          Ceci n’exclut naturellement pas la place légitime de la discipline dans l’Église, mais qui indique seulement dans quel esprit elle doit être exercée.

 

b) Pour répondre aux adversaires (1 Pierre 3.15).

 

          « Étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur ». C’est une chose excellente que d’avoir toujours prête une réponse convaincante pour celui qui la demande, mais elle doit être donnée avec douceur. Nous ne pouvons nous glorifier, même de bénédictions spirituelles profondes : elles sont toutes reçues par grâce. Cela est vrai des bénédictions de Pentecôte comme des autres, et nous devons garder cette pensée dans nos cœurs.

 

          Si nous contestons et nous querellons pour les vérités même les plus précieuses de notre espérance et de notre foi, notre esprit de dispute contredira vraisemblablement notre témoignage. Nous connaissons cette « convention de sanctification » où les assistants s’échauffèrent tellement à discuter leurs doctrines sur la « sainteté » que la seule preuve effectivement fournie fut que nul d’entre eux ne la possédait !

 

          Sachons aussi qu’un homme contraint à une adhésion intellectuelle par une argumentation brillante fermera plus encore son cœur à la vérité que nous désirons le voir accepter, à moins qu’il n’ait également senti la douceur de notre esprit. Vaincre un ennemi n’est pas le convertir en ami. Notre but immédiat, à nous chrétiens, est la conversion, et non la conquête.

 

c) Pour recevoir la Parole (Jacques 1.21).

 

  Écouter la Parole est un grand art, aussi grand peut-être que de la prêcher. Si nos auditeurs se préparaient par la prière comme le font nos prédicateurs, de quel réveil ne nous réjouirions-nous pas ! Le cœur humain est comme un terrain de culture, et détermine le résultat des semailles bien plus encore que l’habileté de celui qui sème.

 

          La douceur assure une condition de réceptivité propre à donner une bonne récolte. Cela ne signifie pas que nous devons avoir une crédulité naïve prête à absorber toute doctrine nouvelle et étrangère, mais bien l’abandon de toute rébellion d’esprit, et la promptitude à accepter coûte que coûte les enseignements indubitablement reconnus comme le « lait spirituel et pur » de la Parole. Nous devons aussi mettre de côté cet orgueil stupide qui refuse d’admettre qu’il reste encore à apprendre sur le sujet traité.

 

d) « La douceur de la sagesse » (Jacques 3.13).

 

          La douceur véritable est toujours marquée par l’humilité, et « la douceur de la sagesse » exprime d’une manière délicieuse une évidente vérité. Paul la recommande à Timothée (et certainement, au-delà de lui, à tous les prédicateurs, jeunes et vieux) : il doit « redresser avec douceur les adversaires » (2 Timothée 2.25), surtout les plus âgés (1 Timothée 5.1-2). Non dominer sur le peuple de Dieu, mais donner avec humilité et calme, à tout avertissement et toute sanction, une raison qui fasse appel à l’esprit de Christ dans le croyant. Les victoires remportées par la douceur chez les pasteurs et les prédicateurs, les plus jeunes surtout, ont plus de poids que les avantages douteux acquis en insistant précipitamment sur une dignité personnelle et les prérogatives de leur position dans l’Église. Rien peut-être ne montre davantage une maturité de caractère en Christ que la douceur manifeste d’esprit.

 

 

Les promesses faites aux humbles

 

          Elles sont nombreuses et très belles. « Les humbles mangeront et se rassasieront » (Psaume 22.26). « Il conduit les humbles dans la justice, Il enseigne aux humbles sa voie » (Psaume 25.9). Cela est logique. Il est facile de voir qu’un cœur rempli d’humilité est devant Dieu dans des dispositions bien meilleures pour recevoir la direction divine qu’un cœur orgueilleux.

 

          La promesse la plus célèbre est faite par notre Seigneur : « Les doux hériteront la terre » (Matthieu 5.5). Le monde tourne ceci en dérision ; toute l’expérience humaine semble démontrer le contraire - les doux doivent « céder la place ». La philosophie sent bien la vérité de cette parole de Christ, mais s’efforce vainement de résoudre le problème. Seule la foi triomphe, et s’écrie : « Cela sera ».

 

          Un jour, je regardais une file de personnes qui attendaient pour entrer quelque part. Un grand gaillard cossu s’amena, et joua impudemment des coudes jusqu’à prendre la première place. Mais un agent qui avait vu la scène s’avança et le fit placer le dernier de la file. Tout le monde en eut l’air content, et nous sentons qu’en toutes choses il devrait en être ainsi. La foi possède l’assurance, aussi sûrement que Dieu est sur le trône, que cela arrivera un jour ; les « pousseurs » devront prendre la place qui leur revient. « Les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ».

 

          Dans cette espérance, nous saisissons dans nos cœurs la plus belle des promesses faites aux humbles par Celui qui, seul, pouvait oser dire, de lui-même : « Je suis doux et humble de cœur ». En passant avec Christ par l’école de ]a douceur, nous trouvons le repos pour nos âmes (Matthieu 11.25). Un tel repos est en lui-même une récompense pleine et entière, les prémices de la moisson de ce fruit de l’Esprit.

 

Donald GEE

www.batissezvotrevie.fr

 

 

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