LE MONDE A L’ÉTROIT DANS NOTRE CŒUR

 

 

 

LE MONDE A L’ÉTROIT DANS NOTRE CŒUR

 

          L’apôtre Paul écrit aux Corinthiens :

          « Notre bouche s'est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur s'est élargi. Vous n'êtes point à l'étroit au dedans de nous; mais vos entrailles se sont rétrécies. Rendez-nous la pareille, - je vous parle comme à mes enfants, - élargissez-vous aussi! » (2 Corinthiens 6.11-13)

          On sent dans ces mots à quel point l’apôtre est ému. Un cri de tristesse, à la fois, et d’ardent désir s’échappe de son âme. Il avait souvent ouvert son cœur aux Corinthiens ; ces chers chrétiens n’étaient pas à l’étroit dans son cœur. Ils y occupaient une large place. Mais il n’en était pas ainsi des Corinthiens à l’égard de l’apôtre. Il leur dit – et voici le texte littéral – : « vous êtes rétrécis dans vos entrailles ». Leur cœur se fermait, il n’avait plus ni confiance, ni amour. Aussi Paul souhaitait vivement que les Corinthiens élargissent leur cœur et envers lui, et envers la vérité, et envers le Sauveur.

 

 

Une vision mondiale

 

          En considérant attentivement la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas ne pas être saisis par la vision que le Seigneur nous donne de son œuvre : une vision mondiale. Tout commence avec l’appel d’Abram :

          « L'Éternel dit à Abram: Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » (Genèse 12.1-3)

          Cette vision mondiale court à travers les pages de la Bible. Elle brille dans l’annonce messianique par la bouche des prophètes. Je me contenterai de citer Esaïe. Annonçant de la part de l’Éternel, la venue de Jésus, il s’écrie :

          « Il annoncera la justice aux nations… Je te prendrai par la main… Et je t’établirai pour être la lumière des nations. » (Esaïe 42.1, 6)

          Au temps marqué par Dieu, les prophéties se sont accomplies. Dieu a envoyé son Fils. Dans le temple de Jérusalem, Siméon, prenant l’enfant Jésus dans ses bras s’écrie :

          « Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s'en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d'Israël, ton peuple. » (Luc 2.29-32)

          Jésus parlant de son œuvre à la croix déclare : « Et moi, quand j'aurai été élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » Et l’évangéliste Jean ajoute : «  En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir. » (Jean 12.32-33)

          Avant de remonter au ciel, Jésus inscrit à nouveau avec force, dans le cœur de ses disciples, la vision mondiale de l’œuvre de Dieu :

          « Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » (Actes 1.8)

          Cette vision mondiale était bien présente dans la prédication apostolique. Entendez les paroles de l’apôtre Pierre, prononcées dans la maison du centenier romain Corneille, au début et à la fin de son discours :

          «  En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu'en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable… Tous les prophètes rendent de lui [Jésus] le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés. » (Actes 10.34-35, 43)

          Et le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse, nous donne la vision glorieuse des fruits de l’œuvre de Christ, et là encore, l’Esprit de Dieu nous donne une vision mondiale. Écoutez plutôt le cantique des quatre êtres vivants et des vingt-quatre anciens :

          « Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation; tu as fait d'eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre. » (Apocalypse 5.9-10) ;

          Et Jean écrit encore :

          « Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l'agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. » (Apocalypse 7.9)

          Ainsi, nous le voyons, de la Genèse à l’Apocalypse, le monde entier est dans le cœur de Dieu. Le centre de l’Évangile n’est-il pas ce verset si connu de l’Évangile de Jean : « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (3.16) ? Il est intéressant de réfléchir à ces deux mots : « monde » et « quiconque ». Le monde, c’est la vision globale ; quiconque, c’est l’accueil et l’appel individuels. Paul nous dit encore que « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Timothée 2.4) Le monde n’est pas à l’étroit dans le cœur de Dieu, et Dieu aimerait qu’il en soit ainsi dans le cœur de ses enfants.

 

 

Où sont « les prières sans frontières » ?

 

          Il est bon de sonder notre cœur pour voir si la vision mondiale de son œuvre y est bien présente, si notre cœur brûle d’amour pour les nations, si nos yeux sont remplis d’une grande vision missionnaire, et si nos prières sont des requêtes sans frontières. Je crains que les entrailles de bon nombre de croyants soient rétrécies sous l’effet destructeur de l’égoïsme, de l’insensibilité, de l’indifférence, de l’insouciance, et de la tiédeur spirituelle. Certes, nous devons prier pour tous nos besoins personnels, et dans tous les domaines de notre vie. La parole de Dieu nous exhorte à ne nous inquiéter de rien, mais en toute chose à faire connaître nos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces (Philippiens 4.6) . Nous devons prier pour nos proches, convertis ou non : époux, épouse, enfants, parents, petits-enfants. Nous devons faire monter vers Dieu des requêtes pour nos frères et sœurs en la foi, connus de nous. Tout cela est indispensable. Mais si nous en restons là, l’œuvre de Dieu est à l’étroit au dedans de nous. Nos entrailles sont rétrécies. Bon nombre de croyants sont ainsi très limités dans leur vie de prière, qui se résume à quelques minutes au cours desquelles ils réclament une foule de bénédictions pour eux et pour leurs proches. Mais où sont « les prières sans frontières » ?

 

 

Les prières des cœurs élargis

 

          L’apôtre Paul écrit :

          « J'exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes. » (1 Timothée 2.1)

          Jésus a dit :

          « La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Matthieu 9.37-38)

          Le faisons-nous régulièrement ? L’Église a besoin d’apôtres, de prophètes, de pasteurs-docteurs, d’anciens. Il faut encore des évangélistes pour proclamer la Bonne Nouvelle. Paul dit :

          « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés? (Romains 10.14-15)

 

          Nous devons prier pour la prédication des hommes de Dieu. Paul réclamait la prière des chrétiens d’Éphèse :

          « Priez pour moi, afin qu'il me soit donné, quand j'ouvre la bouche, de faire connaître hardiment et librement le mystère de l'Évangile. » (Éphésiens 6.19)

          Les premiers chrétiens priaient ardemment pour la prédication de l’Évangile : « Donne à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une pleine assurance, en étendant ta main, pour qu'il se fasse des guérisons, des miracles et des prodiges, par le nom de ton saint serviteur Jésus. » (Actes 4.29-30)

 

          Nous devons prier pour que Dieu ouvre de nouvelles portes devant ses serviteurs :

          « Priez en même temps pour nous, écrivait Paul aux Colossiens, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la parole. » (4.3)

          Que de forteresses spirituelles à abattre dans nos quartiers, nos villages, nos villes ! Que de murailles à renverser dans certaines nations dominées par l’athéisme, l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam, l’animisme, les pratiques Vaudou… et nous pourrions allonger la liste ! Quelle place ont ces nations dans notre vie de prière ? Corée du Nord, Inde, Chine, Nations arabes, nombreux pays d’Afrique, Haïti, pour ne citer que celles-là...

 

          Nous devons prier pour le salut du plus grand nombre. Il est utopique d’attendre un réveil mondial. L’Écriture ne nous y autorise pas. Mais nous pouvons désirer le salut de très nombreuses âmes. Que les perdus ne soient pas à l’étroit dans les entrailles des chrétiens, entrailles rétrécies par un profond égoïsme !

 

          Prions pour le Réveil des Églises, partout où cela est nécessaire et possible. Je crois à la réalité de réveils locaux, là où des chrétiens se donnent les moyens spirituels de l’obtenir. Je suis profondément attristé de voir une partie de l’Europe se déchirer, être piétinée, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans une détresse indescriptible, et de constater que des chrétiens continuent à danser, se trémousser dans un christianisme délabré au lieu de se jeter sur leurs genoux et de crier à Dieu pour un relèvement et une vraie restauration.  

 

          Nous devons prier pour Israël, et pour la paix de Jérusalem :

          « Demandez la paix de Jérusalem », écrit David, au psaume 122.6. Nous savons les temps glorieux qui attendent le peuple élu. Jésus va établir son règne glorieux depuis Jérusalem. Mais avant cela, des temps effroyables attendent la nation juive. Des peuples « rêvent » de l’exterminer et de la raser de la carte du monde.

 

          Nous devons prier pour tous les moyens modernes convenables qui servent de support à la proclamation de l’Évangile : sites internet chrétiens, émissions de radio, de télévision, travail de rue, distribution de traités évangéliques, d’exemplaires du Nouveau Testament ou de la Bible complète, aumônerie de prisons et d’hôpitaux...

 

          Pensons-nous au travail magnifique des Sociétés Bibliques à travers les nations ? Dans divers pays, certaines sont menacées quotidiennement. Prions-nous pour les librairies chrétiennes à travers le monde, pour les maisons d’éditions de littérature biblique, pour les traducteurs de la Bible qui accomplissent un travail remarquable afin que la Parole de Dieu écrite atteigne les langues et dialectes encore privés de ce trésor divin ?

 

          Quelle place ont, dans nos prières, nos frères persécutés ? Les derniers recensements font écho de 360 millions de chrétiens persécutés sur la planète. Certains vivent sous les menaces et les interdictions permanentes. Ils vivent traqués, surveillés. Ils prennent d’énormes risques pour évangéliser et annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. D’autres sont battus, torturés, emprisonnés, mis à mort. Prions-nous pour qu’ils aient la force de tenir, et de tenir jusqu’au bout ? Prions-nous pour les leurs ? Veufs ou veuves, orphelins ? Oh, comme je sens mon cœur tellement rétréci !

 

          Prions-nous pour les nations en souffrance ? Pensons à celles qui sont victimes de catastrophes naturelles – inondations, tornades, cyclones – générant d’autres fléaux : misère matérielle, épidémies, famine. Prions-nous pour les nations victimes de la guerre, de la folie, de la barbarie humaine ? Dieu attend de nous bien plus que de faibles balbutiements. Entendra-t-il de la bouche de ses enfants, de ferventes intercessions ?

 

          Prions-nous pour ceux qui nous gouvernent ? Paul écrit :

          « J'exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. » (1 Timothée 2.1-2)

          Comme il est facile de se retrancher derrière un fatalisme bien arrangeant ! « Nous sommes dans les temps de la fin, ces choses doivent arriver, nous n’y pourrons rien changer, Dieu fait comme il veut, etc etc ». Lorsque Paul a écrit l’exhortation citée ci-dessus, l’empire effrayant de Rome dominait le monde. Et c’est dans cette époque-là que Paul a demandé de faire des prières pour les dirigeants du monde. Une reine redoutait les prières de John Knox plus que toutes les armées du monde. Nous sommes dans un temps très préoccupant pour la sécurité des nations européennes et mondiales. Nous sommes à la veille d’une très grande crise économique. Dieu tient les grands, les puissants dans sa main ; prions pour que sa volonté, par eux, soit faite sur la terre comme elle est faite dans le ciel.

 

          Ce coup d’œil rapide sur les nations est bien incomplet, j’en suis conscient. Puisse l’Esprit de Dieu s’emparer de notre cœur pour élargir davantage encore notre vision !

          Mon souhait est que ces quelques réflexions ne laissent pas une trace éphémère dans notre esprit – le temps d’apporter à Dieu quelques sujets de prière – mais que nous entrions dans une vraie et puissante vie d’intercession. Que Dieu nous y aide !

 

Paul BALLIERE

www.batissezvotrevie.fr

 

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