« MAIS PRÉPARE-MOI D’ABORD... »

 

« MAIS PRÉPARE-MOI D’ABORD... »

 

          « Sarepta », c'est un nom qui chante, ne trouvez-vous pas ? En réalité, c'était un  endroit plein de bruit et de chaleur, deux choses que l'on supporte très mal ensemble. Plein de bruit, parce que l'on y travaillait les métaux… Plein de chaleur, à cause des fonderies, mais surtout à cause du soleil. D'habitude le soleil-roi était déjà violent dans cette partie de la Haute Palestine. Mais, depuis de longs mois, il s'était fait cruel. Il avait repoussé les timides nuages, fait taire le chant des ruisseaux et retenu prisonnières toutes les perles de rosée. A Sarepta, c'était la sécheresse. C'était la faim qui fait geindre bêtes et gens. C'était la famine qui fait taire les rires, les bruissements

d'ailes et les souffles de vie.

          C'est alors qu'arrive

 

Le représentant de l'Éternel.

 

          Il se nomme Élie. Avant de l'écouter parler, il faut nous souvenir qu'il n'était pas encore le « grand Élie. » de l'histoire sainte. On ne reconnut la taille spirituelle de ce prophète qu'après sa mort. C'est souvent ce qui arrive. Sept villes se sont disputé l'honneur d'être « la ville d'Homère », quand il fut mort. Et cependant, de son vivant, Homère dut mendier son pain dans chacune d'elles ! Ne vaudrait-il pas mieux chérir et aider ceux qui vivent encore, plutôt que d'offrir des couronnes aux morts ?

          Ce que j'ai voulu dire, c'est que le « représentant de l’Éternel » était modeste. Plus encore : il n'était pas bien en cour. Le roi Achab et la reine Jézabel le détestaient

cordialement. Comme carte de visite, ce n'était pas très impressionnant.

 

L'étrange dialogue

 

          Et maintenant, voici la scène : Élie., l'humble représentant de l’Éternel, en entrant à Sarepta, voit une femme, une veuve, et lui demande à boire. L'eau, dans cet endroit, était devenue plus précieuse que l'or, car l'on ne pouvait plus en acheter. Sans un mot, cette femme ira à sa pauvre réserve pour y puiser et donner à boire à l'étranger qui la sollicite. Tandis qu'elle s'apprêtait à lui rendre ce service inestimable, Élie. quémanda encore. Il lui cria :

          - Apporte-moi aussi un morceau de pain dans ta main.

          Comment va-t-elle réagir? On peut se le demander, car la faim et la soif physiques, comme la faim et la soif de biens, peuvent rendre égoïste et brutal, c'est connu. La veuve de Sarepta ne fut ni scandalisée, ni brutale. Elle exposa son cas à Élie. en ces termes émouvants :

          - Je n'ai pas de pain cuit ; je n'ai qu'une poignée de farine dans une jarre et un peu d'huile dans une cruche. Je suis à ramasser deux bouts de bois, je vais préparer cela pour moi et mon fils..., nous mangerons et nous mourrons... (1 Rois 17.12)

          C'était là tout son programme, et cette réponse simple et résignée est infiniment poignante.

          C'est alors qu'Elie pourrait nous scandaliser pour de bon, car il donne l'impression de ne pas respecter ce qu'il y a de dramatique dans la pauvreté de cette femme. Normalement, après ce qu'il venait d'entendre, il aurait dû se taire ou faire immédiatement quelque chose pour secourir cette pitoyable créature. Eh bien ! non, c'est une exigence très nette qu'il va présenter; écoutez-le :

          - Fais comme tu as dit... Mais, prépare-moi d'abord une petite galette que tu m'apporteras ; tu en feras ensuite une pour toi et ton fils ! ...

          Vous avez bien entendu, c'est bouleversant d'audace, sinon d'égoïsme. Cette veuve n'a presque plus rien, elle va préparer son dernier « repas » et Élie. le prophète a l'aplomb de lui dire : ... Mais... moi... d'abord... !

          Ne l'oublions pas: Élie. parle en tant que représentant de Dieu. Si ce qu'il dit nous étonne, c'est que Dieu nous étonne souvent. Je vous l'ai rappelé, les méthodes de

Dieu ne ressemblent pas aux nôtres ; ses mathématiques non plus ! Quand, pour nous  venir en aide, le Seigneur veut multiplier, il commence par nous demander de soustraire ! Car, il n'y a aucun doute, l’Éternel voulait multiplier les possibilités de cette veuve. Il le lui dira par son porte-parole Élie. :

          - Ainsi parle Yahvé, Dieu d'Israël : Jarre de farine ne s'épuisera, cruche d'huile ne se videra, jusqu'au jour où Yahvé enverra la pluie sur la face de la terre ! (1 Rois 17.14)

          Mais prépare-moi d'abord...!

          Ce fut une femme de foi et de bonté que cette veuve de Sarepta. Car, c'est par la foi et la bonté qu'elle accepta le péril de cette soustraction. Et c'est cela qui a rendu son souvenir immortel. Combien de femmes célèbres par leurs richesses ou leur beauté sont à jamais oubliées ! Mais, comme Jésus en son temps, je vous parle aujourd'hui encore de cette humble et obscure veuve de la petite bourgade de Sarepta (Luc 4.25-26).

          La foi et la bonté, voilà pour finir ce qui compte dans la vie... Voilà ce qui compte toujours devant Dieu (Matthieu 25.34-40).

          Je n'insisterai pas aujourd'hui sur la multiplication divine qui sauva et bénit la vie de cette veuve, de son fils et du prophète lui-même. J'insisterai plutôt sur ce prélude de toutes les « multiplications », sur

 

Le prélude de la soustraction.

 

          Il est important que nous comprenions ce principe afin d'obtenir les grâces que nous espérons pour nous-mêmes, ou pour quelque être cher, comme pour l’œuvre de Dieu.

 

Mais prépare-moi d'abord !

 

          Amis, c'est vrai, nos besoins dans la vie sont nombreux. Même ceux que l'existence a comblés connaissent des faims et des soifs douloureuses. Souvent nous nous trouvons à la limite de nos possibilités. Qu'il est merveilleux alors de pouvoir compter sur Dieu ! Et nous ne manquons pas de l'invoquer dans nos disettes... Du reste, il nous y encourage, dans sa Parole, avec tant d'insistance.

          Cependant, il y a un principe qu'il ne faut jamais oublier Dieu est aussi demandeur ! Et qui sait si en oubliant qu'il nous sollicite lui aussi, nous ne l'empêchons pas de nous exaucer aussi rapidement qu'il le voudrait ? Mais... moi... d'abord ! Dieu a le droit de le dire, n'est-ce pas? Et il le dit...

          Certes, sa voix peut nous atteindre par de très humbles porte-parole et pour des choses qui, selon notre jugement, n'apparaissent pas capitales ou même nécessaires. Cependant, qui pourrait affirmer qu'il n'a jamais entendu la voix du Seigneur de toute la terre lui dire : Donne-moi d'abord ?

          Cette pré-exigence parfaitement justifiée doit, dans la règle, précéder les divines multiplications. « Messire Dieu premier servi », disait Jeanne d'Arc. Et elle avait raison.

          On pourrait faire de très importantes applications de ce principe dans le seul domaine de nos expériences spirituelles les plus intimes, mais bornons-nous, pour aujourd'hui, à laisser l'exemple que nous avons sous les yeux dans son contexte très simplement matériel.

 

Dieu premier servi avec ce que nous possédons

 

          Dieu d'abord ! Est-ce le cas ? Ou nous d'abord, et Dieu ensuite, « s'il en reste » ?

          On peut souvent avoir une idée du caractère profond du chrétien par ce dont il se prive, quand les temps sont difficiles pour lui, comme ils l'étaient pour la veuve de Sarepta. En période de basse conjoncture, quelques-uns renoncent au superflu, se vêtent plus simplement. Par contre, d'autres cessent de verser leurs contributions à la mission ou à leur Église. Cela me fait penser au petit élève de l'école du dimanche à qui sa maman avait donné deux pièces de vingt centimes: une pour l'offrande, une pour lui. Comme il passait près d'un égout, une des deux piécettes glissa de sa main et roula dans le trou… Navré, notre jeune garçon s'écria: « Zut, voilà la pièce du Seigneur qui s'est perdue ! » Croyez-vous qu'il n'y ait que les petits garçons qui raisonnent ainsi ?

          Un chrétien authentique, cultivateur de son état, avait promis de donner une somme de 5 000 francs pour l’œuvre de Dieu. La récolte se révéla très mauvaise cette année-là. Aussi, quand le pasteur le visita, le sympathique paysan lui dit :

          - Vous le savez, la sécheresse nous a nui énormément cette année. Je le regrette beaucoup, mais je ne pourrai pas verser autant que je l'avais décidé.

          - C'est bien compréhensible, répondit le pasteur, tandis que le cultivateur sortait pour chercher son offrande réduite. Il tarda bien un peu... Quand il revint, il avait l'air tout réjoui et il tendit cinq billets de mille francs.

          - Mais, vous avez dû vous tromper, vous venez de me dire qu'à cause de la mauvaise récolte...

          - Oui, reprit-il, mais j'ai causé avec ma femme et nous avons compris que c'était à nous de supporter notre manque à gagner et non pas à Dieu...

          Brave ami ! Il fit une double récolte l'année suivante ! Il réalisa que même dans la nature, la soustraction précède la multiplication, et que Dieu ne reste jamais en compte avec personne !

          « Messire Dieu premier servi ! »

          Mais au fond, nous ne lui redonnons qu'une infime partie de ce qu'il nous a lui-même confié d'abord.

          Je me souviens d'une conversation avec une toute jeune fillette. C'était bientôt l'anniversaire de son père et elle disait avec joie ce qu'elle allait lui donner.

          - Oh ! c'est magnifique, reprit-on, et comment as-tu fait pour avoir l'argent nécessaire à cet achat ?

          - De l'argent pour le cadeau de papa, je n'en ai pas… mais c'est papa qui m'en donnera, ajouta-t-elle triomphante !

          Qu'avons-nous que nous n'ayons reçu ? Et qu'avons-nous que nous n'ayons à laisser ?

          J'ai lu la bonne réponse que fit un notaire à l'un de ses amis très curieux qui essayait de savoir ce que M. Untel avait laissé à sa mort.

          - Eh bien ! reprit le notaire sur un ton confidentiel, entre nous, je vais vous le dire : il a tout laissé !...

          Réalisant cette vérité évidente, un homme fortuné qui avait retenu la « part de Dieu », se mourait en proie à beaucoup de regrets stériles. On lui parla d'un chrétien authentique qui, lui, se réjouissait d'aller auprès du Seigneur. C'est alors que le malheureux et infidèle économe eut ce mot amer en pensant à la mort de son ami chrétien et à la sienne toute proche : « Il s'en va vers son trésor et moi je quitte le mien ! »

          Mais prépare-moi d'abord !

          Il est temps, pour conclure, de parler de

 

La part de Dieu.

 

          La Bible nous apprend que les Israélites devaient consacrer au Seigneur la dixième partie de leurs revenus. Bien que nous ne soyons pas liés par l'alliance que Dieu a faite avec le peuple d'Israël, il y a ici une indication importante pour nous chrétiens. De nombreux enfants de Dieu ont découvert qu'il y a une très grande bénédiction dans le fait de donner au Seigneur non seulement la « dîme », mais une offrande volontaire plus abondante. Mais cela dépend, bien sûr, des possibilités matérielles de chacun.

          Par amour pour le Seigneur et par discipline personnelle, plusieurs de mes amis mettent de côté chaque mois et d'abord la part de Dieu... Je connais même des enfants qui pratiquent fidèlement la dîme... C'est la plus belle assurance sur la vie qu'ils puissent contracter. Car, en vérité, celui qui sait soustraire pour Dieu verra quelles multiplications Dieu sait faire...

          Écoutez plutôt : « Voici, la femme fit ce que lui avait dit Élie. et ils mangèrent, elle, lui et son fils. La jarre de farine ne s'épuisa pas et la cruche d'huile ne se vida pas, selon la parole que Yahvé avait dite par le ministère d’Élie." (1 Rois 17.15-16) Quelle magnifique multiplication !

          C'est exactement ce que l’Éternel promet par le prophète Malachie : « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance ! » (Malachie 3.10)

          Je devais y penser tandis que je me trouvais à New-York devant le siège imposant de la « Maison Colgate ». Je songeais au petit garçon qui, venant de se convertir, commença par colporter des savons. Quand le soir arrivait, après une longue journée de démarches, il comptait ses ventes, « mettant la dîme de côté », comme le lui avait conseillé son père spirituel, et il s'endormait après avoir, béni Dieu pour tous ses bienfaits... Ces quelques sous consacrés d'abord à Dieu, le Seigneur les a multipliés à l'infini. Le petit Colgate ne pouvait pas se l'imaginer alors, mais telle est l'arithmétique d'En Haut : quand on « soustrait » pour le Seigneur, il multiplie pour nous ! Alléluia !

          Celui qui « paie ses dettes à Dieu » s'enrichit, il fait s'ouvrir « les écluses des cieux » ! M. Le Tourneau, le grand fabricant de machines géantes, s'en est aperçu. Quand, après avoir fait faillite, il recommença à zéro, il décida de donner coûte que coûte la « part du Seigneur » et plus, car il savait qu'il n'avait pas obéi à Dieu au point de vue matériel. Sa nouvelle fidélité fit entrer le Tout-Puissant dans la direction de ses affaires et il a pu donner des fortunes à l’œuvre du Seigneur.

 

Conclusion

 

          La veuve de Sarepta vit se multiplier le peu qu'elle avait en un peu qui dura tout le temps de la grande disette. D'humbles chrétiens ont fait la même et magnifique expérience. Ami, Amie, continue donc à être fidèle, et l’Éternel multipliera ta farine et ton huile.

 

Adolphe HUNZIKER

www.batissezvotrevie.fr

 

* Ce message d’Adolphe Hunziker est pleinement en accord avec l’enseignement de la Parole de Dieu, concernant la dîme et l’offrande. Il se démarque, bien évidemment, des enseignements erronés et pernicieux de certains « ministres de l’Evangile » qui, sombrant dans la cupidité, égarent aujourd’hui leurs auditeurs dans la « doctrine de la prospérité » (NDLR)

 

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