LE CULTE DES RELIQUES

 

 

LE CULTE DES RELIQUES

 

          Ce culte, inconnu des apôtres et de l'Église primitive, n'est pas seulement contraire à l'Évangile, il est de plus condamné par la raison et le simple bon sens. Est-il en effet rien de plus absurde que de rendre un culte quelconque à des objets matériels, à des ossements, à des cheveux, à un reste d'étoffe ? Cela ne ravale-t-il pas l'homme qui rend un tel culte au rang de primitifs adorant leur fétiche, c'est-à-dire un simple morceau de bois ?

          Le culte des reliques doit uniquement sa naissance à la vénération dont on entourait les martyrs chrétiens. Plus leurs personnes étaient tenues en honneur, plus on attachait naturellement de prix à ce qui restait d'elles après la mort. Ainsi, après le martyre d'Ignace, en 107, ce qui restait de ses os fut rapporté à Antioche et conservé pieusement. C'est la première trace que nous ayons des reliques. En 169 une mention analogue est faite au sujet des ossements de Polycarpe. Cette vénération des restes des martyrs est tellement dans les dispositions du cœur humain, qu'on comprend très bien la facilité avec laquelle elle se répandit dans les masses nouvellement sorties du paganisme. Ce n'est cependant qu'au 3e siècle, qu'on trouve les premières traces d'un culte plus ou moins superstitieux rendu aux reliques ; mais cette pratique, païenne par son principe, fit de rapides progrès. Saint Antoine la combattit avec force. Il demanda même que sa dépouille mortelle fût ensevelie en secret, afin qu'elle ne donnât pas lieu à une telle idolâtrie. Athanase, le plus illustre des docteurs de l’Église grecque, ne cessa à son tour de s'élever avec toute son éloquence, contre cette innovation funeste. il fit même murer un certain nombre de reliques pour les soustraire à l'adoration de la foule.

          Au 4e siècle les pèlerinages en Terre Sainte amenèrent une multiplication prodigieuse des reliques : aux restes des saints s'ajoutèrent les prétendus restes du Christ, de la Vierge et des Apôtres. Tous ces objets, soi-disant sacrés, devinrent bientôt un objet de commerce et donnèrent lieu à une spéculation effrénée. Ce furent surtout les moines qui, trouvant là des ressources faciles et assurées, se firent en grand les marchands de reliques. Comme toute église voulait avoir les siennes, ce n'était pas les clients qui manquaient. Aussi se mit-on bientôt à en fabriquer de fausses.

          Le 2e Concile de Nicée, en 787, sanctionna par ses décrets le culte des reliques. Depuis lors, malgré les protestations de quelques docteurs comme Claude de Turin et Agobard de Lyon, ce culte ne fit que s'étendre et s'affermir. On attribua aux reliques toutes sortes de miracles et elles donnèrent lieu aux abus les plus absurdes. La fraude le disputa à la crédulité. Les croisades portèrent le mal à son comble, tellement que le 4e Concile de Latran, en 1215, se vit obligé de déclarer qu'aucune relique ne pourrait être admise qu'autant qu'elle aurait été approuvée par le pape. Vains efforts ! Le courant était trop puissant pour être arrêté. Aussi ne fit-il que grossir et s'étendre jusqu'au 17e siècle. Aujourd'hui il coule à pleins bords.

 

F. MARSAULT

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