L’ŒUVRE DE NEHEMIE (3° partie)

 

 

L’ŒUVRE DE NEHEMIE

(3° partie)

 

Les caractéristiques du travail de Néhémie

 

          Essayons maintenant de pénétrer plus profondément dans ce travail de Néhémie. Quelles en étaient les caractéristiques ? J’ai tenté d’approcher le personnage, de le lire, de le comprendre, de connaître son cœur, d’entendre son cri, de voir son fardeau, sa tristesse, sa détresse… En le faisant, j’ai ressenti que tout cela était le fondement même du travail qu’il a entrepris.

          Oui, Néhémie connaissait la situation. Il a vu que les choses pouvaient changer mais il a aussi pris conscience de sa propre position. Il se trouvait à Suse parmi les exilés et contre sa volonté, assigné à la tâche d’échanson dans le palais du roi. Bien sûr, si l’on considère ce palais et la grande ville de Babylone, la situation de Néhémie n’était pas si dramatique, en définitive. Elle pouvait même être considérée comme une position sociale honorable. Mais Néhémie se voyait comme un esclave dans ce monde, dépensant son temps dans les affaires du monde et il se lamentait :

          « Je suis ici à travailler pour le monde du matin au soir et cela se répète semaine après semaine et dure depuis des mois et des années. Mon âme ne cesse de soupirer après les desseins de Dieu pour son peuple. »

          Ce cri lancé contre cette vie d’esclavage était l’une des caractéristiques de son travail dans le royaume de Dieu.

          Mais Dieu est toujours souverain, y compris dans de tels moments de révolte. Peut-être vous sentez-vous concerné, vous qui lisez ces lignes ? Vous partez travailler chaque matin, vous rentrez chaque soir et vous employez toute votre énergie à servir ce monde. Vous vous sentez esclave et vous vous dites parfois : « Oh si seulement je pouvais me libérer de tout ceci afin de travailler pour le Seigneur ! »

          Cher ami, votre travail est d’une grande valeur. Ils étaient nombreux à Babylone, ceux qui s’étaient installés et avaient accepté leur situation. Ils avaient cherché et trouvé un travail pour lequel ils recevaient un salaire. C’était leur nouvelle vie. Ils n’entrevoyaient rien d’autre ! Mais ce n’était pas le cas pour Néhémie ! Lui se révoltait contre cet état de fait : « Oh, si seulement je pouvais être libre pour agir avec Dieu ! » Et son attitude a interpellé l’Éternel. Cette volonté constante de refuser la situation a été le point de départ, la naissance même de sa participation au plan de Dieu.

          Oui, vous vous rendez à votre travail chaque matin - le train-train quotidien : métro, boulot, dodo. Et durant la journée, vous ne vous souciez guère des affaires de Dieu. S’il en est ainsi, alors vous êtes en réel danger. Par contre, il se peut que tout au long de la journée vous languissiez après le Seigneur. Vous vous demandez sans cesse comment vous pourriez lui être agréable. Alors laissez-moi vous dire que cette attitude sera fructueuse. Oui, elle deviendra fructueuse d’une façon ou d’une autre. Je ne veux pas dire que vous allez être libéré de votre travail pour le monde et entrer dans un service à plein temps pour le Seigneur. Je pense que nous nous trompons lorsque nous voyons les choses de cette manière. Car dans votre travail pour le monde vous pouvez très bien être utilisé par Dieu de façon efficace. Le Seigneur travaillera votre cœur puissamment, si, chaque matin, en partant au travail, vous vous sentez davantage concerné par son royaume que par le monde d’ici-bas.

          Je pense qu’il en était ainsi pour Néhémie : « Me voici, je suis l’échanson du roi ! »

          On pourrait presque entendre la révolte de son cœur. Cela lui importait peu d’être l'échanson du roi, son intérêt pour le Seigneur était pour lui si primordial !

          Être le serviteur de ce grand homme, de ce grand dirigeant, du plus puissant sur la Terre, du roi ! Cela n’était tout de même pas rien ! Il se trouvait à Suse, non loin de la reine Esther et de Mardochée. Si nous avons lu le livre d’Esther, nous connaissons l’histoire de ces deux personnages et aussi le contexte de l’époque.

          Lorsque Néhémie répondit au roi qui l’interrogeait au sujet de la tristesse de son visage, nous lisons que Néhémie se mit immédiatement à prier. Et dans sa prière, nous pouvons constater qu’il ne se dépense pas en formules respectueuses vis-à-vis du roi. Il demande simplement à Dieu : « Donne-moi aujourd’hui du succès et fais-moi obtenir la faveur de cet homme » (Néhémie 1.11).

          Cela démontrait très clairement que tout son intérêt était porté vers Dieu. La situation devenait exaspérante, et cependant Néhémie s’était totalement investi dans l’intercession.

          Voyez-vous, les plus grands honneurs que ce monde puisse nous faire, la plus haute fonction que nous ayons à remplir ici-bas ne signifie pas grand-chose pour nous lorsque nous sommes entrés dans le plan de Dieu. Tous les grades, toutes les positions élevées que le monde peut nous offrir ne représentent rien pour nous lorsque nous avons reçu l’appel du Très-Haut. Toutes ces choses, « je les considère comme de la boue » disait l’apôtre Paul (Philippiens 3.8). Paul avait vu le Seigneur et avait répondu à son appel. Et Néhémie avait, lui aussi, parfaitement compris tout cela.

          Mais voilà maintenant un autre problème : celui du temps. Oh ! Le temps ! Il nous paraît si long ! Le temps passe, il nous faut donc agir ! Mais non, pas du tout, le Seigneur nous demande d’être patients. Alors nous nous rebiffons contre ses délais. Mais que fait-il ? Il remet l’échéance à plus tard tout simplement pour nous tester. N’est-ce pas la vérité ? Ah ! rien ne semble aboutir, nous n’entrevoyons pas d’issue … D’accord, mais finalement, avons-nous réellement intercédé dans ce qui nous tient tellement à cœur ? Je suis persuadé que Dieu nous teste en remettant à plus tard. Il veut apprécier notre réel désir de le servir. Il s’en faut d’ailleurs de peu pour que nous abandonnions la partie : une petite contrariété par-ci, un petit délai par-là, et nous voilà prêts à dire : « J’arrête tout, ça n’en vaut pas la peine ! »

          Mais avec Néhémie, nous voyons un homme qui a su patienter des années, attendant sagement une opportunité. Il a tenu ferme jusqu’au bout et s’est ainsi fortifié dans sa volonté de servir les intérêts du Seigneur.

          Rencontrez-vous parfois des problèmes avec la question du temps ? Ou bien la volonté de Dieu vous concernant est-elle si claire pour vous que plus aucune question de temps ne vous affecte ?

          Néhémie, lui, soupirait après Dieu. Son âme avait hâte d’agir. Dans l’action, il aurait trouvé une satisfaction certaine et immédiate. Et il désirait ardemment pouvoir agir librement, mais il ne le fit pas. Il refusa toute précipitation et laissa son âme être travaillée par l’Esprit de Dieu jusqu’au bout. De cette façon, ce qui serait fait ne pouvait être fait que par Dieu lui-même. Car Dieu l’amenait à ce point où il ne pouvait dire qu’une seule chose : « Je ne serai jamais capable d’accomplir cela. » Voilà qui est glorieux ! Dieu lui-même doit ouvrir la porte. C’est lui qui doit décider de l’opportunité. Moi, je ne peux rien faire, je suis un serviteur inutile. Et voilà justement ce qui nous coûte… Si seulement nous pouvions faire quelque chose, comme cela serait facile ; ou si nous pouvions faire encore plus, quelle satisfaction ! Mais cela fait partie de notre formation. Et en vérité, ce n’est qu’au bout de ce difficile travail de patience et d’abnégation que notre vraie valeur spirituelle devient évidente.

          Néhémie avait reçu un compte-rendu de la situation de la part de ses frères qui s’étaient rendus à Jérusalem. Les murs de la ville étaient en ruines, les portes avaient été consumées et le peuple se désolait. Néhémie connaissait l’urgence mais il ne pouvait absolument rien faire. Seul Dieu pouvait agir. Et nous pouvons constater que ce sont ces circonstances contraires qui sont justement porteuses de promesses. C’est dans de telles circonstances que le bras de Dieu commence à se mouvoir. Les serviteurs de Dieu qui porteront du fruit seront ceux qui n’auront pas craint de se sentir inutiles, non pas une fois dans leur vie, non pas deux fois, mais sans cesse, encore et encore. Pendant ce temps leur âme sera constamment en travail dans l’Esprit du Seigneur, attendant ce qu’il accomplira.

          Alors, bien évidemment, il n’est pas question de dire en s’asseyant et en croisant les bras :

          « Puisque je ne peux rien faire, j’abandonne, cela ne m’intéresse plus ! » Néhémie a fait exactement le contraire. Il a considéré que la seule chose qu’il pouvait réellement faire était de prier. Alors il s’est mis à prier. Et voyez-vous, lorsque notre travail est la prière, et lorsque nous nous y appliquons comme nous nous appliquons tous les jours à notre travail, les choses commencent à changer. Elles se clarifient, elles se purifient. Car ce genre de prière engage tout notre être, nous remet profondément en question.

          Avouons que, souvent, nous souhaitons faire simplement par ambition, ou pour être vu, ou encore pour atteindre une certaine position. Mais quand le Seigneur travaille notre cœur pour nous amener dans sa volonté parfaite, tous ces aspects négatifs de notre « moi » sont mis à nu et finalement déracinés. Nous savons que nous sommes réellement entrés dans cette prière d’intercession efficace lorsque notre volonté propre devient totalement impuissante, lorsqu’elle est annihilée.

          Notre prière est un véritable travail. Il ne s’agit pas d’une prière qui réclame quelque chose à Dieu pour nous-mêmes. C’est une véritable angoisse pour les choses de Dieu, pour ce qui concerne sa volonté, son royaume.

          En agissant de la sorte, Néhémie n’a pas tardé à être accusé de rechercher son intérêt personnel. Ses ennemis ont prétendu qu’il cherchait à devenir roi, qu’il avait même désigné des prophètes qui proclameraient : « Il y a un roi en Juda ! »

          C’était un assaut subtil de l’ennemi afin de discréditer Néhémie. Si ces accusations avaient pu se vérifier, Néhémie serait tombé. Si l’ennemi avait pu l’accuser en disant : « Après tout, c’est bien toi qui as voulu prendre les choses en main, tu n’es qu’un ambitieux ! », à ce moment-là, Néhémie aurait été complètement battu. Mais pour Néhémie de telles accusations étaient sans fondement. Il pouvait rétorquer : « Tout ce que j’entends ne tient pas, car l’Éternel. m’a travaillé en profondeur. Il a passé mon âme au crible jusqu’à ce que tous mes intérêts personnels soient balayés. » Oui, l’ennemi n’avait plus aucun moyen de l’accuser.

          Nous lisons aussi dans son livre que, lorsque Néhémie s’est présenté devant le roi, son visage était triste. Et le roi n’a pas tardé à le remarquer. Mais cette tristesse n’exprimait nullement une frustration personnelle. Elle reflétait son affliction, son chagrin, sa douleur vis-à-vis de la situation spirituelle de son peuple.

          Le Seigneur connaît la situation spirituelle de son peuple aujourd’hui. Il voit à quel point les choses sont différentes de ce qu’il aurait souhaité. Il sait toutes choses. Ce qu’il voudrait, c’est amener ses enfants à voir comme il voit, à ressentir les choses comme il les ressent. Alors ils s’investiront dans ce que le Seigneur leur montrera, et ils le feront quel qu’en soit le prix.

          Nous n’irons pas très loin dans le travail à accomplir ou dans le combat spirituel, si nous n’avons pas le caractère de Néhémie. Il nous faut ressembler à ce grand prophète. Voilà le défi proposé par cette introduction. Que le Seigneur puisse lui-même nous travailler dans ce sens !

 

 

T. Austin SPARKS

www.batissezvotrevie.fr

 

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