JÉSUS DANS LE CHEMIN (4° partie)

 

  

JÉSUS DANS LE CHEMIN

(4° partie)

 

Vers Jérusalem

 

Dans la parabole de Luc 10.33, le Samaritain allait « son chemin » ; il avait quitté le lieu de la bénédiction (Jérusalem) pour s'en aller à celui de la malédiction (Jéricho), figure du Sauveur qui s'était anéanti lui-même pour devenir obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix, afin de secourir les misérables tombés le long de la route.

L'évangile de Luc met en évidence les étapes de ce dernier voyage, depuis le moment où Jésus « dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » (Luc 9.51). Il envoie des messagers pour lui préparer un logis dans un village de Samarie mais on ne le reçut pas, parce que sa face était tournée vers Jérusalem » (v. 53). Jacques et Jean veulent faire descendre le feu du ciel, mais le Seigneur les reprend fortement. Le petit

groupe s'en va « à un autre village » (v. 56) ; rejeté, Jésus accepte de redevenir l'humble Nazaréen, et poursuit sa route sans un murmure. « Comme ils étaient en chemin » (v. 57), il va souligner le renoncement que lui, le Seigneur, attend des siens : non pas « permets-moi d'aller d'abord » (v. 59), mais le dévouement qui s'engage dans le même sentier que lui, sans regarder « en arrière » (v. 62).

Quel soulagement pour son cœur, après le refus des Samaritains, d'être, « comme ils étaient en chemin », reçus dans la maison de Marthe (10.38). Tel une oasis sur sa route, la maison qui l'accueille est là où la sœur de Marthe, Marie assise aux pieds de

Jésus, « écoutait sa parole ».

Mais il faut continuer la route : « Il traversait villes et villages, enseignant et poursuivant son chemin vers Jérusalem » (13.22). Quelqu'un s'étonne de voir, après tant d'années de ministère, un si petit groupe accompagner le Maître. « Peu t'importe s'ils sont peu nombreux », semble dire Jésus : toi, lutte pour « entrer par la porte étroite » avant qu'elle ne se ferme (v. 24, 25).

Devant l'opposition, Jésus persévère : « Voici, je chasse des démons, j'opère des guérisons aujourd'hui et demain et, le troisième jour, pour moi tout s'achève. Cependant, il faut que je continue à marcher aujourd'hui, demain et le jour suivant, car il est impossible qu'un prophète périsse hors de Jérusalem » (13.32, 33). Il avait quitté la Galilée, son lac, ses collines, sa verdure. Bientôt, de Jéricho, il va monter à Jérusalem à travers ce désert de Juda, aride et brûlant, où tout en haut, très haut, très loin, se dressent les premières maisons de cette ville qui tue les prophètes et qui lapide ceux qui lui sont envoyés. De la montagne des Oliviers, il va contempler cette ville dure, drapée dans sa propre justice, où il ne trouvera finalement qu'une croix : « il faut que je continue à marcher... ».

« En allant à Jérusalem », une rencontre réjouit son cœur, celle des dix lépreux qu'il guérit. L'un d'entre eux revient sur ses pas pour lui rendre grâces (17.11-19). C'est l'unique occasion dans l'évangile où quelqu'un, guéri par Jésus, le remercie, lui rend grâces. D'autres l’ont « suivi dans le chemin », tel Bartimée, ou les femmes qui l'assistaient de leurs biens. Seul cet homme, « aux pieds de Jésus », a vraiment rendu grâces. Avec chagrin le Seigneur demande : « Et les neuf, où sont-ils ? ». Un pourtant était revenu pour donner gloire à Dieu. Et l’âme de Jésus avait été rafraîchie ; il avait bu un peu d'eau du « torrent dans le chemin » (Psaume 110.7) !

On s'approche du but. « Il prit avec lui les douze et leur dit : « Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes concernant le fils de l'homme sera accompli : car il sera livré aux nations, on se moquera de lui, on l'injuriera, et on crachera sur lui; après qu'ils l'auront fouetté, ils le mettront à mort; et le troisième jour il ressuscitera » (18.31-33). Le cœur du Sauveur aurait souhaité, en un tel moment, trouver quelqu'un qui ait compassion de lui, « mais il n'y a eu personne... et des consolateurs, mais je n'en ai pas trouvé» (Psaume 69.20). Des disciples, il nous est dit: « Eux ne comprirent rien de tout cela » (18.34), préoccupés qu'ils étaient d'avoir, eux, la meilleure place dans le royaume (Marc 10.35-37, 41 ; Luc 22.24).

Le Seigneur poursuit sa route. L'aveugle de Jéricho apprend que «Jésus le Nazaréen passait » (18.37). Il crie, il insiste ; le Sauveur s'arrête et le guérit. Zachée monte sur un sycomore « pour voir Jésus, car il allait passer là » (19.4). Le Maître le voit et s'invite chez lui ; la maison du publicain s'ouvre pour le recevoir.

Ce n'est qu'une étape. « Il allait devant eux, montant à Jérusalem... Il approchait... de Béthanie, vers le mont appelé mont des Oliviers » (19.28, 29). La foule qui allait à la fête criait : Hosanna ; mais lui, « quand il fut tout près, voyant la ville, il pleura sur elle » (19.40). Il savait bien que le jugement allait s'abattre sur cette cité coupable du rejet de son Messie. Il y entrait, humble, monté sur un ânon, le petit d'une ânesse (Zacharie 9.9 ; Matthieu 21.5) ; un jour, il y reviendra sur un cheval blanc, « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs » (Apocalypse 19.11, 16) !

Une dernière fois, Jésus s'en va « selon sa coutume, au mont des Oliviers » (22.39). Dans le jardin, il supplie que l'heure passe loin de lui, tout en se soumettant à la volonté du Père. Dès lors, comme l'agneau à la boucherie » (Esaïe 53.7), il sera « emmené » (22.54, 66; 23.1, 14, 26).

« Quand ils furent venus au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là» (22.33). Les pieds qui avaient tant marché sur les sentiers de la Galilée et fait le long trajet jusqu'à Jérusalem, étaient maintenant cloués au bois de malédiction. Le sentier d'humiliation était terminé.

 

          Dans l'humilité profonde,

          Suivant ton obscur chemin,

          Tu fus méprisé du monde,

          Toi qui lui tendais la main

          Toi, dont l'amour secourable,

          Compatissant et parfait,

          Sur l'humanité coupable,

          Versa bienfait sur bienfait.

 

          Oh ! quels trésors il nous ouvre,

          Ton cœur plein de charité !

          Dieu lui-même n'y découvre

          Que lumière et sainteté.

          (H. Rosier)

 

Georges ANDRÉ

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