ARTHUR MARET « Ô Dieu, conduis ma vie ! »

 

ARTHUR MARET

« Ô Dieu, conduis ma vie ! »

 

« Je suis né le 28 mai 1911, dans les montagnes neuchâteloises, dans un humble foyer chrétien. Mes parents avaient fait l’expérience de la conversion, lors de réunions tenues par la « Maréchale » de l’Armée du Salut. » (Arthur Maret, extraits de son livre : « Vous serez mes témoins »)

 

UNE VIE DIFFICILE

Un drame bouleverse notre vie familiale : maman meurt, un sixième enfant dans son sein. Peu d'années plus tard, c'est mon père usé par le travail qui disparaît. Je n'ai que quatre ans et demi ! Je suis recueilli par un de mes oncles ; la vie est difficile, je travaille à la ferme comme un homme, je garde les troupeaux. Ma scolarité est succincte, néanmoins je réussis le certificat d'étude. Sans horizon, sinon le travail à la

ferme, je suis malheureux et découragé. À l'âge de 14 ans, je forme le projet d'en finir. Un dimanche après-midi, je soulève la lourde dalle de la citerne. À ce moment-là une voisine m'appelle. Sans le savoir, cette brave femme m'a sauvé la vie. Plus jamais je ne recommencerai.

Quand j'ai 15 ans et demi, un autre oncle, Arnold Grandjean, m'engage comme apprenti dans son entreprise de cycles et motos. Émerveillé je découvre la ville, loue une chambre chez une vieille dame. Elle est chrétienne et chaque soir elle me lit quelques versets de la Bible et prie ; cela ne m'enchante guère. À 17 ans, je commence des compétitions cyclistes et rêve de gagner le Tour de France. Sur mon archaïque vélo sans dérailleur, je remporte plusieurs trophées. Je participe au Tour du lac de Neuchâtel je roule à toute allure pour remporter le prix, percute une borne, et entends quelqu'un crier : « Il est perdu ! », et miracle, je me retrouve sur mes deux pieds indemne, non loin de mon vélo fracassé. Cela me fait réfléchir. Je fais encore quelques courses, mais le cœur n’y est plus.

 

UN CRI VERS DIEU

Un matin, malheureux, je manque le travail, je suis « mal dans ma peau », un combat se livre en moi. Je prie et lance vers Dieu comme un défi : « Ô Dieu, je veux être à toi à cent pour cent. Je veux te servir, conduis ma vie. » Une immense joie m'envahit. Transformé, je reprends mon travail à l'usine, abandonne les compétitions et saisis toutes les occasions pour témoigner de ma foi. Ma famille commence à s'inquiéter sérieusement : « Arthur sombre-t-il dans le fanatisme religieux ? »

Ensuite je me retrouve muté dans la succursale de cycles et vélos de Zurich. Mais je continue de témoigner : des dizaines de jeunes gens envahissent le soir ma chambre, plusieurs se convertissent. J'acquiers la certitude que Dieu me veut à son service. Une méchante pleurésie sèche m'atteint au printemps 1930, alors que j'ai 19 ans. Je rentre à Neuchâtel et supplie Dieu de me guérir, ce qu'il fait. C'est une expérience de l'amour de Dieu à mon égard, mon cœur est rempli de joie et de louanges.

 

MESSAGE DU PLEIN ÉVANGILE

J'entends alors parler de réunions de prières chez Madame de Rougemont. Elle revient enthousiasmée de Londres : au Royal Albert Hall, elle a vu

se presser des milliers de personnes pour écouter ce message : « Jésus sauve, il guérit, il baptise de l'Esprit, il revient ». À ces réunions, il y a plusieurs jeunes gens dont Ernest Lorenz, normalien à l'époque et qui devient mon ami. Au cours d'une nuit de prières, mon cœur éclate et je me mets à louer Dieu dans une langue inconnue, et c'est comme un torrent d'actions de grâces montant vers lui. Moments inoubliables !

Quelques semaines plus tard, au printemps 1931, l'évangéliste Douglas Scott arrive en Suisse au « Mont Pèlerin ». Il y a foule, mes deux tantes se convertissent. Après la réunion Monsieur Scott vient vers moi et, me pointant du doigt, me dit à brûle-pourpoint :

« Jeune homme, vous avez reçu le baptême dans le Saint-Esprit, je le vois. Maintenant qu'allez-vous faire ? »

Je réponds à peu près ceci :

« J'ai la conviction que Dieu m'appelle en France, mais je ne sais ni où ni comment. »

« Eh bien, venez avec moi ! Faites-vous établir un passeport, et rejoignez-moi aux Sarraix, dans le Puy-de-Dôme, chez le pasteur Oscar Guillaume.

 

CE BREF DIALOGUE CONSTITUE L'ÉVÉNEMENT DE MA VIE

Évidemment, je me heurte à la perplexité de ma famille, mais voyant ma détermination, mon oncle Arnold me dit enfin : « C'est bien, Arthur, tu as trouvé un meilleur patron que moi. » J'ai 20 ans.

Aux Sarraix, banlieue industrielle de Thiers, je suis tout de suite au travail, distribuant des prospectus à la sortie des usines et dans tous les foyers. La prédication de M. Scott déclenche un Réveil ; il baptise dans la Dore — affluent de l'Allier — et le pasteur dans son Église. C'est là que je suis baptisé, heureux d'obéir au Seigneur.

Je suis M. et Mme Scott dans toutes leurs missions en France, en Suisse et en Belgique ; le programme est très chargé. Un jour, M. Scott me dit : « Arthur, je vous demande de me remplacer à Cuesmes, au temple réformé. Il y aura peu de monde. » Au fond, il me « flanque » à l'eau ! Cuesmes, je vois encore le temple plein à craquer. Je suis très ému, le pasteur m'offre sa robe, je décline cet honneur. Mon cœur cogne très fort quand je monte l'escalier conduisant à la chaire, mais je suis plein de confiance. S'ensuit une prédication toute simple et un appel à la conversion, au salut de Dieu. Je prie ceux qui acceptent cette main tendue du Seigneur de se rendre à la sacristie. Alors je suis bouleversé : presque tout l'auditoire se lève, tant et si bien que

le pasteur, affolé, s'écrie : « Arrêtez, arrêtez ! »

 

VOLER DE MES PROPRES AILES !

En juillet 1931, les Scott rejoignent l'Angleterre et me dirigent vers une famille amie, M. et Mme Moïse Guillaume, à Laon dans l'Aisne. Je suis un peu comme l'oisillon que la mère pousse au bord du nid, le forçant à ouvrir ses ailes. Je vis là une expérience qui marque mon ministère : aller de l'avant, prendre des responsabilités, comment le pourrais-je ? Je ne me sens pas assez « équipé ». Je prie ardemment. J'ai l'audace de « mettre Dieu à l'épreuve » : « Ô Dieu, si tu me demandes d'annoncer ta Parole, donne-moi le don de guérison, le don d'opérer des miracles en ton nom » (voir I Corinthiens 12.7-11).

Une communion intense s'établit avec le Seigneur. Puis, plus rien. Il me semble que la relation avec Dieu est coupée. Je suis convaincu que quelque chose va se passer. Un signe ? Une voix ? Une vision ? J'attends.

Au même instant, André Nicolle, que j'avais rencontré aux Sarraix, travaille en gare de Laon. Il entend une voix l'interpellant. Est-ce la voix du Seigneur ? Est-ce une illusion ? Dubitatif, il ne sait que penser. Cependant cette « voix » lui dit en substance

ceci :

- « Va trouver Arthur Maret. Dis-lui que ses prières sont exaucées, celles d'aujourd'hui comme celles adressées en Belgique. Qu'il marche, les signes suivront !

- « Mais Seigneur, tu sais que je suis au travail jusqu'à six heures. »

- « Va le plus vite possible, il attend ! »

J'entends un toc-toc discret à la porte. Face à moi, André Nicolle. Je suis convaincu qu'il m'apporte la « réponse ».

- « Je crois que le Seigneur m'a parlé à votre sujet », commence-t-il, un peu embarrassé. il me raconte ce qui s'est passé en gare de Laon, un dialogue surnaturel. Exclamation de joie de ma part ! C'est la réponse de Dieu à mes prières. Extraordinaire !

- « Ça alors ! et moi qui doutais ! », s'écrie André.

Émus tous les deux, nous tombons à genoux. Nos cœurs éclatent en actions de grâces. Moments sacrés, inoubliables.

En prière, André reçoit la révélation de ce qu'a été mon enfance — il l'ignorait absolument — et confirme mon appel au service de Dieu. Sagesse du Seigneur afin que je ne doute jamais de ma vocation ni de mon ministère, malgré les dures réalités que j'y rencontrerai. Sagesse du Seigneur vis-à-vis de mon frère André Nicolle, l'assurant de l'authenticité des dons spirituels qui lui ont été confiés. Tous deux sommes témoins, tous deux nous vivons l'événement.

Peu de temps après, André entre dans le ministère. Quant à moi, cette expérience unique s'inscrit en mon cœur pour toujours.

 

Arthur MARET

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