LA GLOIRE DE L’ÉTERNEL QUITTE JÉRUSALEM

  

LA GLOIRE DE L’ÉTERNEL QUITTE JÉRUSALEM

 

Chapitres 1 à 11.

 

« Comme l'aspect de l'arc qui est dans la nuée en un jour de pluie, tel était l'aspect de la splendeur tout autour. C'était là l'aspect de la ressemblance de la gloire de l’Éternel. Et je vis et je tombai sur ma face, et j’entendis une voix qui parlait... Et la gloire de l’Éternel. s'éleva de dessus le chérubin, et vint sur le seuil de la maison et la maison fut remplie de la nuée, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l’Éternel.… et la gloire de l’Éternel. sortit de dessus le seuil de la maison, et se tint au-dessus des chérubins. Et les chérubins haussèrent leurs ailes et s'élevèrent de terre à mes yeux… Et ils s'arrêtèrent à l'entrée de la porte orientale de la maison de l’Éternel... Et les chérubins levèrent leurs ailes... Et la gloire de l’Éternel. monta du milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est à l'orient de la ville. Et l'Esprit m'éleva et me transporta en Chaldée... en vision...». (1.28;  10.4, 18-19; 11 22-24).

«La gloire de l'Éternel!» Que faut-il entendre par là? Comment se la représenter? Lorsque, sur l'ordre de l'Éternel, Moïse érigea le Tabernacle au désert, pour être la demeure de Dieu, la nuée le remplit et plus spécialement le Lieu Très-Saint, où le rayonnement de la présence de Dieu se manifestait par cette lumière mystérieuse appelée «Chékina». C'était là la gloire de l’Éternel.

Lorsque SALOMON fit la dédicace du Temple, la même chose se produisit: la gloire de l'Éternel le remplit. Pour tout Israélite pieux, c'était le signe que le Dieu-Saint habitait au milieu de son peuple pour autant que celui-ci était séparé des nations idolâtres et de leurs débordements de péché, c'est-à-dire saint.

«Saint» veut dire, en effet, mis à part pour Dieu. Telle était la vocation d'Israël: être séparé afin de préparer le chemin de Celui qui devait être un jour plus que le Temple, selon la parole de Jean 1.14: «Et la Parole devint chair et habita (tabernacla) au milieu de nous (et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un Fils unique de la part du Père)». Mais en attendant que Jésus vint sur la terre, il y avait un pays, une ville, un temple, où cette gloire, la communion avec le Dieu vivant, était manifestée.

Dans le chapitre 12 de l'Apocalypse, Jean voit, en vision, une femme revêtue du soleil, c'est-à-dire de la gloire de Dieu, la lune sous ses pieds, parce qu'elle était appelée à refléter cette gloire dans sa marche ici-bas. C'est là une image d'Israël, la « femme » de Jéhovah. Mais au lieu de se conformer à sa glorieuse vocation, ce peuple s'est détourné de l’Éternel. et s'est livré au culte des idoles. La communion entre Jéhovah et Israël étant rompue, la gloire se retire et le pays et ses habitants sont alors livrés aux Chaldéens.

Dans la merveilleuse prière du Seigneur, Jean 17.22, Jésus dit: «Et la gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, comme nous, nous sommes un; moi en eux, et toi en moi». Nous avons volontiers l’idée que la gloire ne concerne que l'avenir. Sans doute sera-t-elle alors révélée dans sa plénitude. Mais cette gloire est déjà le partage ici-bas de toute âme, qui, purifiée de son péché, jouit de la communion avec, Dieu en Jésus-Christ. Être un avec lui, quelle gloire ! C'est être le temple du Saint-Esprit. Mais aussi quelle responsabilité!

Et maintenant, indiquons tout d'abord les subdivisions de notre première partie. Elles sont au nombre de quatre:

 

               1. Le chariot divin prêt à partir (chapitre 1)

              2. Le prophète appelé (chapitres 2 à 7)

              3. Le mal constaté, le départ du chariot (chapitres 8 à 11)

              4. Le salut du reste (chapitres 9 à 11)

 

1. Le chariot divin prêt à partir (chapitre 1).

Nous avons ici la description du chariot magnifique de Dieu, composé d'éléments extraordinaires : un tourbillon de feu, des chérubins, des roues, dont les jantes étaient pleines d'yeux tout autour, une sorte de ciel de cristal étendu sur les chérubins, et au-dessus de tout cela, un trône portant «la ressemblance d'un homme» et environné de la lumière éblouissante d'un feu semblable à l’arc-en-ciel. C'était la ressemblance de la gloire de l'Éternel, dans son appareil de départ, prête à quitter le Temple.

 

2. Le prophète appelé (chapitres 2 à 7).

En présence de cette vision, Ézéchiel est saisi de crainte, et tombe sur sa face. Il entend alors une voix qui l'appelle à aller prophétiser au peuple et lui faire entendre les menaces de l'Éternel. S'identifiant pour ainsi dire, en un acte symbolique, avec son message, le prophète mange le livre contenant les paroles de l’Éternel.: des plaintes, des lamentations et des gémissements. Doux à son palais — car il est toujours précieux d'être le dépositaire de la Parole de Dieu et le confident de ses pensées — le message remplit d'amertume le prophète, à cause de son contenu, gros de conséquences douloureuses pour Jérusalem et le peuple du pays.

De par sa vocation, Ézéchiel était en mesure de comprendre l'état de chute d'Israël. A lui est confié le rôle de sentinelle auprès des déportés déjà très nombreux en Chaldée. Il va leur annoncer les conséquences désastreuses des péchés dont ils se sont rendus coupables, en suivant, de son poste de visionnaire, la marche des événements en Palestine. «Parce que tu as rendu impur mon sanctuaire, par toutes tes choses exécrables et par toutes tes abominations, moi aussi, je retirerai mon œil, et il n'aura plus compassion, et moi aussi, je ne t'épargnerai pas» (5.11).

 

3. Le mal constaté, le châtiment exécuté, le départ du chariot (chapitres 8 à 11).

Le prophète est appelé à contempler le chariot de la gloire de Dieu quittant le Temple en une série d'étapes. Tout d'abord, il quitte le lieu Très-Saint, puis franchit le seuil du Temple, monte du milieu de la ville sur la montagne des Oliviers. Enfin la gloire de l’Éternel. s'en va, et Israël est abandonné aux jugements. Tragique situation!

Que de fois les enfants de Dieu ne tombent-ils pas, par leurs propres fautes, sous le jugement du Seigneur. D'infidélités en infidélités, — petites ou grandes, — l'Esprit-Saint est contristé. Ils se préparent ainsi la discipline, le châtiment d'un Père qui aime trop ses enfants pour les abandonner à leur égarement (Hébreux 12.4-10). Bon nombre de faits, tirés du Nouveau Testament, peuvent être mis en parallèle avec ce qui est arrivé à Israël.

 

4. Le salut du reste (chapitres 9 à 11)

Mais si le châtiment est annoncé à la masse rebelle en des termes effrayants, il y a des paroles d'espérance et de consolation d'une infinie tendresse pour ceux qui sont restés fidèles. Ce reste, ou résidu, est mentionné, pour la première fois, dans les chapitres 9, 10 et 11. Voici quelques traits dignes d'être relevés en passant. Nous lisons au chapitre 9, versets 1 à 7, qu’Ézéchiel vit six hommes, chargés de détruire la ville, s'avancer chacun avec son instrument de mort. Mais avant de commencer leur sinistre besogne, «un homme vêtu de lin» , un encrier fixé à sa ceinture, fut invité à «passer au milieu de la ville, et à faire une marque sur les fronts des hommes qui soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations qui se commettent au dedans d'elle» (v. 4). Aux six autres hommes, ordre est donné de tout tuer sans pitié, mais de «n'approcher d'aucun de ceux qui ont sur eux la marque» (v. 6).

La vision est remarquable. Dans le chapitre précédent, il est raconté comment le prophète avait été appelé à pénétrer par effraction dans le sanctuaire, et à y contempler les choses abominables qui s'y passaient. Dans des chambres secrètes, les anciens du peuple se prosternaient devant des idoles. Dans le parvis, des jeunes hommes adoraient le soleil levant, etc. Un jugement impitoyable est proclamé. Mais dans ce débordement de la juste colère divine, Dieu n'oublie pas les gens pieux qui, au sein de la masse infidèle, souffrent de ces abominations, et les condamnent par leur attitude. Il voit le fond des cœurs, recueille les soupirs des saints et leur prépare un salut.

N'est-ce pas ce qui se passe encore de nos jours? Nous soupirons en nous-mêmes, parce que les temps sont mauvais. Nous aimerions voir un réveil, voir des âmes se séparer d'un monde christianisé apostat, et nous prions pour cela. Eh bien! le Seigneur le voit aussi, et «il connaît ceux qui sont siens», ceux qui se retirent de l'iniquité pour le servir fidèlement. Un salut leur est préparé : le SEIGNEUR revient !

L'Homme vêtu de lin est, comme dans nombre d'autres passages des Écritures, — un type de Christ, occupé de ceux qui doivent être sauvés au travers du jugement. Il est frappant de relever que la forme du sceau mis sur les fronts de ceux qui doivent être épargnés est celle de la lettre hébraïque thau, c'est-à-dire celle de notre T français. Qu'est-ce, sinon la forme authentique et originelle de la croix, avant que la tradition et l'art des hommes s'en soient emparé. La croix sur le front, voilà la marque protectrice, dont le sens prophétique ne demande pas de longues explications. Les 144.000 marqués de l'Apocalypse fournissent l'exemple analogue d'un résidu mis à part pour être épargné, lors de la grande tribulation. On a toute raison de croire que le sceau est le même.

Toujours très habiles à tirer des Écritures quelque rite symbolique qui puisse servir à leur besoin de matérialiser les actes de piété, les catholiques se sont aussi saisi de la marque de la croix sur le front. Le mercredi – dit « des Cendres » – qui succède aux orgies du Mardi-Gras, voit la foule des pénitents envahir les églises pour y recevoir sur le front, de la main du prêtre, une croix tracée avec de la cendre mouillée. Ainsi l'on est tout à la fois sous la cendre et sous la croix, œuvre d'une repentance soi-disant efficace, capable d'effacer toutes les souillures du carnaval!

Pour nous chrétiens, mieux instruits des choses de Dieu, où est aujourd'hui notre marque, notre sceau du salut? — Paul, dans l'épître aux Éphésiens (1.13 et 4.30), répond directement à cette question: «Vous avez été scellés du Saint-Esprit de la promesse... scellés pour le jour de la rédemption.» Israël était marqué extérieurement, d'une manière visible. L'Israël de Dieu selon la foi reçoit la marque intérieurement, dans le cœur. Le Saint-Esprit nous rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu, à l'abri du jugement, sous l'aspersion du sang de la croix.

En rapport avec le salut promis au reste, il est encore dit: «Je leur serai comme un petit sanctuaire...» (11.16). Ceci est très intéressant à relever. Échappés à la catastrophe qui a anéanti et Jérusalem et le Temple, les voilà, ces quelques fidèles, dispersés parmi les nations païennes. Comment vont-ils se maintenir dans la foi? où vont-ils pouvoir adorer? L’Éternel lui-même se constitue leur sanctuaire ! Que c'est beau et consolant! C'est déjà, avant la lettre, la promesse assurée aux deux ou trois qui se réunissent au nom de Jésus.

A propos de la dispersion, elle est prophétisée en ces termes caractéristiques: «Je vous introduirai dans le désert des peuples», (20.35). N'est-ce pas là le châtiment particulier infligé à Israël, et que chacun est à même de constater aujourd'hui. Quel témoignage rendu à la véracité et à l'authenticité des Écritures ! Et quel témoignage également de la fidélité d'un Dieu qui tient ses menaces autant que ses promesses ! Malgré la longueur de l'exil, Israël demeure intangible, le peuple aux destinées éternelles.

Mais pour les Juifs fidèles, qui connaissent les déclarations de l'Ancien Testament, le problème se pose avec une insistance redoublée: Pourquoi cette longue, longue dispersion? — Et déjà des voix se font entendre, toujours plus nombreuses: Ne serait-ce pas parce que nous avons crucifié Jésus de Nazareth, le Dieu des chrétiens? Et l'on songe, dans certains cercles juifs, à réviser le procès de Jésus ! Combien frappant ce réveil de la conscience juive ! Vraiment, c'est un signe des temps.

Cependant, malgré son aveuglement, Dieu n'oublie pas son peuple. Il se souvient certainement des âmes fidèles qui souffrent sincèrement sous le châtiment et l'invoquent. Se réfugiant en lui, elles trouvent dans la promesse du « petit sanctuaire » leur consolation et leur raison d'espérer. Peut-être quelqu'un demandera-t-il: Dans quelle mesure est-il permis de croire à l'efficacité de cette promesse pour le salut actuel d'un reste, dont les yeux sont encore fermés à l'égard « du seul Nom qui ait été donné aux hommes pour être sauvés?» — C'est ce que je ne saurais décider. Dieu, qui a fait la promesse, le sait. Cela suffit.

Relevons encore le verset 19 du chapitre 11 de notre Livre, prophétie se rapportant évidemment à la Nouvelle Alliance: « Je leur donnerai un seul cœur, et je mettrai en eux un esprit nouveau». Quant à Israël, il n'y a eu qu'un accomplissement partiel de cette prédiction. Un petit nombre seulement s'est rendu à Jérusalem. Un sanctuaire a été rebâti. Un sacerdoce rétabli. Mais tout cela a de nouveau été balayé par le jugement. Le rétablissement complet n'aura lieu que plus tard, lorsqu'enfin, au travers

de la grande tribulation, «la source sera ouverte... pour le péché et pour l'impureté» (Zacharie 13.1).

En attendant, c'est nous qui, en Christ, bénéficions de la Parole: «Un esprit nouveau... un cœur de chair», cœur sensible, en opposition au cœur de pierre, un cœur sur les tables duquel le Seigneur peut graver sa Parole, tellement que ce cœur devient un sanctuaire purifié, en contraste avec le sanctuaire matériel souillé et désolé. C'est toute l’œuvre de la régénération qui permet la réalisation de la glorieuse déclaration apostolique: « Christ en vous, l'espérance de la gloire». (Colossiens 1.27).

 

(à suivre)

F. BERNEY

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