LE CORPS HUMAIN : IMAGE DE L’ÉGLISE (2° partie)

 

 

LE CORPS HUMAIN : IMAGE DE L’ÉGLISE

(2° partie)

 

Quelles conclusions pouvons-nous tirer de cette image ?

 

1. Le corps est une unité indivisible.

Dans les autres images, l'unité indissoluble entre Christ et l'Église apparaissait moins clairement : le roi et ses sujets, le berger et son troupeau pouvaient être dissociés, dans une plante même on peut couper des branches sans grand dommage pour l'ensemble. Mais dans un corps, sitôt qu'on touche à un organe, la santé générale se trouve compromise, si on ampute un membre, le corps est mutilé et si on dissocie la liaison tête-corps ou qu'on endommage un organe essentiel, la vie s'en va.

Ainsi une église ne vit qu'aussi longtemps qu'une relation vivante est maintenue avec Christ, la tête de l'Église, et que l'unité essentielle entre les membres est sauvegardée. Toute atteinte à cette unité, dans un sens ou dans l'autre, met la vie de l'église en danger.

 

2. Le corps est une unité complète en elle-même.

Le corps est une entité autonome qui se suffit à elle-même. Dieu a disposé dans le corps tout ce qui est nécessaire à sa vie. Il peut se nourrir, se mouvoir, travailler, se procurer de la nourriture, réfléchir, sentir, vouloir... et il n'a besoin pour toutes ses fonctions que d'un peu d'air, d'eau et de nourriture. Il ne réclame l'aide et les soins d'autrui que dans les premiers stades de son existence et en cas de maladie.

La Parole de Dieu applique l'image du corps tantôt à l'Église universelle, tantôt à l'église locale (Éphésiens 1.23 ; 1 Corinthiens 12). Cette dernière constitue une entité complète en elle-même qui n'a vraiment besoin de l'aide des autres corps locaux qu'a ses débuts ou en cas de crise. L'apôtre Paul écrit à l'église de Corinthe qu'ils ont été « comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance... de sorte qu'il ne vous manque aucun don » (1 Corinthiens 1.6-7).

Certes, les relations avec d'autres églises sont, pour la communauté locale, une source précieuse d'enrichissement et de renouvellement spirituels, mais, même si une église était livrée à elle-même, isolée du reste du monde chrétien, elle pourrait, avec la Parole et la prière, subsister et croître. L'histoire l'a maintes fois prouvé. A plus forte raison, l'Église universelle possède-t-elle « tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pierre 1. 3), grâce aux divers dons et ministères que le Seigneur lui a accordés. Elle peut fort bien se passer des secours de la philosophie, de la science ou de la politique que d'aucuns lui croient nécessaires. Une église saine n'a pas besoin de l'aide du monde. Une église majeure refusera d'être dirigée par une autre tête que Christ lui-même.

 

3. Le corps est une unité dans la diversité.

L'apôtre parle souvent de cette diversité : dans le corps qu'est l’Église, il y a diversité de nationalités (Juifs et Grecs :1 Corinthiens 12.13 ; Éphésiens 2.11 ; 3.6), de classes sociales (esclaves et libres : 1 Corinthiens 12.13), de dons spirituels (1 Corinthiens 12 ; Romains 12.6-8 ; Éphésiens 4.11). Mais il y a unité d'origine de ces charismes (1 Corinthiens 12.4-7 ; Éphésiens 4.7, 11), unité d'héritage (Éphésiens 3.6), de rédemption (Éphésiens 2.16), d'Esprit (1 Corinthiens 12.13), d'accès auprès de Dieu (Éphésiens 2.18), unité d'espérance, de vocation, de foi, etc... (Éphésiens 4.3-6.)

Dans 1 Cor. 12, il dit : « Le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres, si le pied disait : parce que je ne suis pas une main je ne suis pas du corps, ne serait-il pas du corps pour cela ? » (1 Corinthiens 12.14-15, 17-19.)

« Si tout le corps était œil où serait l'ouïe ? S'il était tout ouïe, où serait l'odorat ? Si tous étaient un seul membre, où serait le corps ? » Unité ne veut pas dire uniformité. Chaque membre, chaque organe a sa fonction spécifique et irremplaçable, le corps n'est en bonne santé que si chaque organe remplit sa fonction et pas une autre. Ainsi en est-il de l'Église. « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur, diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. » (1 Corinthiens 12.4-6.)

Dans l'église chacun a reçu du Saint-Esprit un don, un ministère particulier et l'église fonctionne normalement lorsque chaque membre accomplit sa tâche. Il y a aussi dans une église normale diversité de tempéraments, de pensées, d'opinions ; une telle diversité n'est nullement inconciliable avec l'unité.

Bien que 1 Corinthiens 12 traite plus particulièrement de problèmes de l'église locale, cette diversité est aussi vraie dans l'Église universelle. Chaque assemblée locale a son caractère et sa vocation propres, et le contact avec plusieurs assemblées donne certainement une idée plus exacte du Corps de Christ que la vue d'une seule église. Cependant, il faut se garder de conclusions hâtives que la Parole de Dieu n'appuie pas ; il ne saurait être question d'assemblées-main ou d'assemblées-tête.

Cette diversité doit me conduire à accepter la place et la fonction que Dieu m'a imparties dans le corps et à y accomplir ma tâche sans envie, ni complexe.

 

4. Le corps est une unité de relations.

Si le corps doit vivre et se développer, il faut que les liaisons qui unissent entre eux les différents membres et organes fonctionnent sans interruptions, ni entraves. Le bon état du système nerveux, et de l'appareil circulatoire est une condition première de santé. Un membre qui n'est plus normalement irrigué se gangrène, un organe coupé des centres nerveux est paralysé.

Dans l'église aussi, la vie n'est maintenue que par les relations constantes entre les membres : « C'est de la tête que tout le corps tire cohésion et unité, c'est en restant dépendant d'elle que l'ensemble, bien lié et coordonné grâce aux différents muscles et ligaments, forme une structure harmonieuse - à condition que chaque organe remplisse son office suivant la fonction qui lui a été assignée et les forces et capacités adaptées à ses besoins. De cette manière tous les membres contribuent ensemble, dans un esprit d'amour, à la croissance organique du corps. » (Éphésiens 4.16.)

 

5. Le corps est une unité organisée.

Sans organisation, la diversité mène à l'anarchie. Dans le corps, les différents membres sont commandés par un seul organe : le cerveau ; les différentes fonctions sont coordonnées par des centres nerveux. C'est ainsi seulement que l'unité du corps est maintenue.

« C'est de la tête que tout le corps tire cohésion et unité, c'est en restant dépendant d'elle que l'ensemble... forme une structure harmonieuse. » (Éphésiens 4.16.) « Tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps — ainsi en est-il de Christ. » (1 Corinthiens 12.12.)

La tête du Corps, c'est bien entendu Christ lui-même (Éphésiens 1.22 ; Colossiens 1.18), et c'est dans la mesure où les différentes assemblées composant l’Église universelle restent en liaison avec lui, à l'écoute de sa volonté dans sa Parole, qu'elles seront maintenues dans l'unité d'esprit et d'action entre elles. L'indépendance des différentes élises locales n'exclut peut-être pas certains centres coordinateurs pour des

activités précises communes à plusieurs d’entre elles, à condition que ces centres n’usurpent jamais les prérogatives réservées à la Tête seule.

Dans l'église locale aussi, il importe que chaque membre soit relié, non seulement aux autres membres du corps, mais directement à la Tête. « Il faut insister sur ce point, parce que certains donnent une importance démesurée à l'Église, à certains ministères et à certaines coordinations dans l'Église. D'après eux on ne jouit de la relation avec Christ, on ne reçoit la vie et la grâce qu'au sein de l’Église et en se mettant au bénéfice du ministère de certains qui transmettent Christ et sa grâce au corps entier. » (Alan Stibbs)

Certains ont pensé que dans 1 Corinthiens 12.21, l'image de la tête ne s'applique pas à Christ, mais à ceux qui ont reçu, dans l'église locale, le « don de gouverner » (v. 28), de présider (Romains 12.8) c'est-à-dire aux conducteurs (Hébreux 13.17) ou évêques (1 Timothée 3.1-5). En tous cas, il est certain que si l'église locale doit rester un corps cohérent et uni, il est indispensable qu'il y ait un minimum d'organisation et que l'autorité de ceux qui « gouvernent » soit reconnue par tous les membres.

 

6. Le corps est une unité de croissance.

Dans un corps normal, tous les membres croissent ensemble. Chacun d'eux contribue à la croissance de tous les autres organes en même temps qu'à sa propre croissance. Si un membre ou un organe cesse de croître, le corps reste infirme, disproportionné ou malade et d'autres membres sont obligés de suppléer aux carences du membre défaillant. Si mon bras gauche est resté atrophié, mon bras droit aura deux fois plus de travail.

Il n'en va pas autrement dans l'église locale. Si elle veut accomplir normalement sa mission, il importe que tous ses membres croissent ensemble et parviennent à la maturité, à « l'état d'hommes faits ». Le retard de croissance d'un membre se répercute sur le témoignage collectif et donne un travail accru aux autres membres. Si « chaque organe remplit son office suivant la fonction qui lui a été assignée et les forces et capacités adaptées à ses besoins », alors « tous les membres contribuent ensemble dans un esprit d'amour à la croissance organique du corps ». « C'est par la tête que tout le corps, par l'intermédiaire des nerfs et des muscles, reçoit à la fois la coordination et la force, de sorte qu'il puisse progresser dans la croissance jusqu'à la stature fixée par la volonté de Dieu. » (Colossiens 2.19.)

« L’Église est un organisme vivant qui a, comme tout organisme vivant, ses lois de croissance et ses lois de recul, plus vastes seulement, plus riches et plus pleines, car c'est un organisme animé par la vie divine et qui possède une âme supérieure où nous découvrons l’œuvre du Saint-Esprit lui-même. » (Workman.)

Il existe des églises majeures et des églises restées mineures (1 Corinthiens 3.1-2 ; Hébreux 5.11-14). Souvenons-nous que la croissance du corps dépend de chacun de nous.

 

7. Le corps est une unité de vie.

Les relations, la croissance, l'organisation, la spécialisation des fonctions ne sont que différentes manifestations de ce mystère : la vie. Cette vie du corps est une. On ne peut pas parler de la vie de la main, de la vie de l'oreille ou de l’œil : les différents membres participent à la vie du corps, et y contribuent. Aucun ne vit par lui-même, ni pour lui-même.

 

(à suivre)

Alfred KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

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