LES TROIS « CORPS DE CHRIST » DANS LA BIBLE

 

LES TROIS « CORPS DE CHRIST » DANS LA BIBLE

 

Ce n'est pas par hasard que cette même expression : « corps de Christ » désigne dans la Bible des choses à première vue très différentes : le corps physique du Seigneur (Matthieu 26.12, 26 ; Jean 2. 21 ; Romains 7.4 ; 1 Pierre 2.24...) et son corps « mystique », l'Église (Romains 12.5 ; 1 Corinthiens 12 ; Éphésiens 4...). Cela nous autorise à établir des analogies entre ces différentes réalités et à appliquer à l'Église certaines caractéristiques du corps de Jésus et du pain de la communion.

 

 

Corps physique et « corps mystique de Christ ».

 

Que faisait Jésus de son corps ?

II allait de lieu en lieu faisant du bien » (Actes 10.38). Ses yeux se sont arrêtés sur les malheureux, les infirmes et les malades, ses mains ont guéri, aidé, béni, elles ont multiplié le pain pour les affamés, elles ont ouvert les yeux des aveugles et les oreilles des sourds ; sa bouche a servi à publier la grâce de Dieu et à montrer aux pécheurs le chemin du salut, mais aussi à reprendre les pharisiens et les sadducéens, à dévoiler leur hypocrisie et leur incrédulité. C'est pourquoi ses ennemis ont voulu se débarrasser de lui. Mais, comme il l'avait prophétisé, trois jours après qu'on eût démoli le temple de son corps, il l'a rebâti plus glorieux qu'avant. Cependant ce corps renouvelé tout imprégné des forces célestes reste singulièrement inopérant : plus de miracles ou de guérisons, plus de message de grâce adressé aux foules, finies aussi les paroles sévères, les humiliations publiques. Le sel aurait-il perdu à la fois sa saveur et son mordant ? Ce corps ressuscité ne serait-il qu'un vague fantôme amorphe ? Que le monde attende quelques jours et il se rendra compte qu'il existe à présent un autre corps de Christ tout aussi actif, un corps sous forme nouvelle, diversifiée, multipliée, amplifiée, une forme qui restera telle tout au long des siècles et qui portera la parole et l'action divines jusqu'aux extrémités du monde.

C'est à ce corps nouveau, à l'Église, que Christ a conféré les pleins pouvoirs pour la continuation de sa mission sur terre. N'avait-il pas promis à ses disciples : « En vérité en vérité je vous le dis : celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes parce que je m'en vais au Père. » (Jean 14.2)

C'est le commencement de la réalisation de cette promesse que nous présente le livre des Actes ; par le ministère des différents membres du Corps, des malades sont guéris, des infirmes physiques et spirituels ont recouvré l'usage de leurs sens, la parole du salut est annoncée aux multitudes et des vies sont effectivement et radicalement transformées. Mais le monde religieux d'alors réentend aussi cette voix courageuse qu'il croyait avoir réduite pour toujours au silence, cette voix qui dénonce sans crainte et sans ménagement l'hypocrisie et le formalisme. « Ils les reconnurent pour avoir été avec Jésus. » (Actes 4.13) Ils s'étaient débarrassés d'un Jésus, ils en retrouvent trois mille, cinq mille prêchant, guérissant, répandant partout la nouvelle doctrine.

Le corps participe aux privilèges comme aux déshonneurs de la tête : à tête douée, mains habiles ; tête active : corps honoré ; L’Église en tant que Corps de Christ s'est vu léguer les talents qui caractérisaient le ministère de Christ (Matthieu 25.14-30 ; Éphésiens 4.7-8). C'est par elle qu'il agit dans le monde comme une tête agit par les membres de son corps. Il est vrai que, si les membres sont défaillants ou si les obstacles sont insurmontables, il se sert parfois d'autres moyens, « il fait des vents ses messagers » (le coup de vent qui, un jour amena un verset biblique aux pieds d'une âme en détresse), il peut agir par des inconvertis ou même des animaux comme le corbeau d’Élie ou l'ânesse de Balaam (le chien qui a emporté une page de la Bible dans un camp fermé à l'Évangile...). Cependant, la voie normale du Seigneur pour transmettre le message de l'Évangile et pour accomplir la volonté de Dieu, c'est d'utiliser ses membres à lui. Et notons que, comme le constate H.S. Bender « généralement l'Esprit choisit de travailler par le moyen de l'Église en tant que corps et non pas par des individus isolés ». Mais en tant que Corps de Christ, l'Église endosse aussi la haine, le mépris et la persécution dont le monde a poursuivi le Maître. (Matthieu 5.10 ; Luc 21.12 ; Jean 15.20 ; 1 Corinthiens 4.12 ; 2 Corinthiens 4.9 ; 2 Timothée 3.12)

 

 

Sainte Cène et corps de Christ.

Dans sa première épître aux Corinthiens, l'apôtre Paul emploie cette expression : « Corps de Christ » en parlant de la Cène : « Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion au corps de Christ » (1 Corinthiens 10.16), « celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même (1 Corinthiens 11.29). De quel corps s'agit-il ? du corps physique de Christ ou de son corps mystique, l'Église ? Chacune de ces interprétations se heurte à de grandes difficultés. On peut penser que, se rappelant les paroles mêmes du Seigneur au moment de l'institution de la Sainte Cène : « Ceci est mon corps », la pensée de l'apôtre se soit portée, au-delà du symbole, vers l'une ou l'autre des réalités qu'il exprime et qui, ailleurs, sont désignées par ce même nom – peut-être même à toutes les deux ensemble. Cela nous autorise à tirer un parallèle entre le pain de la Cène et l'Église. Les premiers chrétiens l’ont fait : « Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps ; car nous participons tous à un même pain. » (1 Corinthiens 10.17)

Nous venons de contrées, de terrains, d'épis différents, mais, dans le pain, nos saveurs particulières se mélangent et se fondent, ce n'est plus le goût de tel grain ou de telle farine qui compte, mais une saveur toute nouvelle et différente celle du bon pain.

Pour en arriver là, il a fallu que ces différents grains disparaissent en tant que grains distincts, qu'ils soient broyés, que la farine soit séparée des enveloppes, puis mélangée et pétrie avec un élément extérieur venu du ciel : l'eau ; que la pâte passe par l'épreuve du feu qui la transformera de façon profonde et durable. Alors seulement nous aurons du bon pain nourrissant. Tout cela ne nous parle-t-il pas d'une manière frappante de l'église ? N'avons-nous pas une préfiguration encore plus précise à la fois de Christ et de son corps dans ces gâteaux d'offrande faits de « fleur de farine, pétris à l'huile et arrosés d'huile, gâteaux sans levain cuits à la poêle ou sur le gril » (Lévitique 2) ? Et ces pains de la Pentecôte agités devant le Seigneur « faits avec deux dixièmes de fleur de farine et cuits avec du levain » ne sont-ils pas une image de l’Église réelle créée le jour de la Pentecôte et dans laquelle, malgré la présence du Saint-Esprit, le péché subsiste ? Et cependant ces pains aussi, comme l'Église, sont les « prémices à l'Éternel » (Lévitique 23.17). Nul doute que l'intention de tous ces détails était de nous présenter symboliquement les conditions d'une vie – individuelle ou collective – dont l'offrande fût d'un parfum agréable à l'Éternel : mort à soi-même, vie imprégnée et remplie par le Saint-Esprit, sans malice, ni méchanceté (Matthieu 16.6 ; 1 Corinthiens 5.7-8), prête au sacrifice comme à la souffrance pour Christ.

Quelles richesses dans cette image du corps, source toujours nouvelle d'enseignements que nous n'avons pu qu'effleurer ! La similitude profonde entre ces deux organismes ne peut pas être fortuite. Elle ne s'explique que par le fait qu'ils sortent tous deux de la main du même Créateur, qu'ils reflètent une même pensée de «Celui qui accomplit toutes choses selon sa volonté », qui nous a « créés à son image » et qui veut, dans l’Église et par elle, nous conduire à une ressemblance parfaite, « à l'image de son Fils ».

 

Alfred KUEN

www.batissezvotrevie.fr

 

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