LES PRIÈRES POUR LES MORTS

        

LES PRIÈRES POUR LES MORTS

 

Ni l'Ancien ni le Nouveau Testament ne parlent de prier pour les morts. On ne trouve aucun passage pouvant faire naître l'idée d'intercéder pour ceux qui ne sont plus. Nous  sommes invités à prier pour tous les hommes : pour les rois, pour les princes, pour les magistrats, pour nos amis comme pour nous, nos adversaires et nos ennemis,

mais jamais pour les morts. Bien plus nous trouvons partout dans l’Évangile des déclarations comme celles-ci condamnant expressément cette doctrine : « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès maintenant - oui dit l'Esprit - qu'ils se reposent de leurs fatigues, car leurs œuvres les accompagnent » (Apocalypse 14.13).

Si les chrétiens qui quittent ce monde sont bienheureux, s'ils se reposent, comment serait-il passible de prier pour eux ? « Il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père, dit Jésus lui-même, sinon je vous l'aurais dit, je vais vous préparer une place... Je reviendrai vous prendre avec moi afin que là où je suis vous soyez vous aussi » (Jean 14.2 et 3). Si le fidèle qui quitte ce monde a une place assurée dans le ciel, que manque-t-il à son bonheur, et que pourrait-on demander pour lui ? D'après la déclaration de Paul,  quand nous quittons ce corps, nous allons « jouir de la présence du Seigneur » (2 Corinthiens 5.8). N'est-ce pas la félicité parfaite ? Est-il possible de démontrer d'une manière plus éclatante l'inutilité et l'impossibilité de là prière pour les morts ? C'est donc bien là, dans toute la force du terme, une nouveauté condamnée par tout l'enseignement de l’Évangile.

Cela est tellement vrai que, pour essayer de légitimer cette pratique, l’Église romaine a dû avoir recours aux livres apocryphes. Elle a été heureuse de découvrir dans l'un d'eux, dans le 1er livre des Maccabées, un passage  qui, en apparence, semblerait lui donner raison ; mais, aveuglée par le parti-pris, elle n'a pas vu qu'elle bâtissait sur le sable. Les livres apocryphes en effet ne méritent aucune confiance. Ils sont remplis d'erreurs, de contradictions et de vaines légendes. Les Juifs ne les ont jamais admis dans le recueil sacré des saintes Écritures. L'Église des quatre premiers siècles les distinguait soigneusement des livres inspirés, déclarant par la bouche de saint Jérôme qu'elle les recevait « pour l'édification du peuple et non point pour prouver et autoriser aucun article de foi ».

Loin d'avoir sa source dans l'enseignement du Christ, l'idée de prier pour les morts est d'origine entièrement païenne.

En entrant dans l’Église chrétienne, les philosophes païens y apportèrent bien des rêveries sur la vie future. Des hérétiques de grande réputation ne manquèrent pas d'émettre aussi leurs conjectures sur la situation des âmes après la mort.,

Les idées païennes exercèrent une grande influence. Beaucoup de Pères de l’Église s'en inspirèrent en les modifiant à leur gré. Ainsi quelques-uns pensaient que les âmes

sont retenues dans les lieux cachés jusqu'à la résurrection ; d'autres, qu'elles devaient toutes sans exception, être purifiées par le feu au jour du jugement ; d'autres enfin, que les plus fidèles ressusciteront à la venue même du Christ et les plus coupables beaucoup plus tard. C'est de toutes ces suppositions plus ou moins erronées que sont nées les prières pour les morts. On tira naturellement les conséquences des idées en cours en demandant à Dieu soit de donner aux âmes la paix et le rafraîchissement dans le lieu où elles étaient retenues, soit de leur épargner le plus possible le feu purificateur du jugement, soit enfin de les faire avoir part à la première résurrection.

En tout cela il ne s'agit nullement du purgatoire, qui alors était encore entièrement inconnu et ne fut inventé que beaucoup plus tard. Comme on peut le constater, les prières pour les morts appartiennent donc à un ordre d'idées tout différent ; dans leur principe elles n'ont rien qui les rattache à ce prétendu lieu de purification, et, comme nous venons de le voir, elles n'ont d'ailleurs aucune base chrétienne.

Il faut descendre jusqu'au 3' siècle pour trouver les premières traces de cette coutume au sein de l’Église. Tertullien est à notre connaissance le premier qui la mentionne. C'est seulement dans le cours des 5e et 6e siècles qu'elle commence insensiblement à se généraliser.

 

F. MARSAULT

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