STABLE (2° partie)

         

STABLE

(2° partie)

 

Nouveau tableau. Une fois encore, Pierre change d'attitude en face de l'évolution des circonstances. A la vue de cette foule, venue pour se saisir de Jésus, tout son être se révolte ; il étend la main, tire son épée du fourreau et coupe l'oreille du serviteur du souverain sacrificateur. Cela ne prouve-t-il pas qu'il est prêt à mourir avec son Seigneur ? Mais attendez. Jésus est fait prisonnier et on l'emmène seul. Où est Pierre ? « Alors tous les disciples l'abandonnèrent et prirent la fuite ». Pierre a déserté.

Marc rapporte : « Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du souverain sacrificateur ; il s'assit avec les serviteurs et il se chauffa près du feu » (14.54). Soudain, l'une des servantes du souverain sacrificateur le reconnut et s'exclama : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ». Il le nia, disant : « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire » (v.67-68). Est-ce bien ce Pierre qui s'était enhardi ce jour-même jusqu'à couper l'oreille du serviteur du souverain sacrificateur ? Oui, c'est bien lui qui renie maintenant son Seigneur, terrassé par la peur d'une simple servante l'identifiant pour l'un des disciples. Peu de temps auparavant, il avait voulu le suivre, même au prix de sa vie, et maintenant, il veut préserver cette vie avec autant d'acharnement. La grande vague d'émotion qui l’avait saisi est déjà du passé ; et tandis que Jésus est humilié dans la cour de justice, Pierre cherche à éviter toute participation à ses souffrances. Aussi, quitte-t-il la cour. Il entend alors les propos d'une autre servante s'adressant à ceux qui se trouvaient là : « Celui-ci est aussi l'un d'eux ». Aussitôt, il recommença à nier le fait. Matthieu dit : « II le nia de nouveau, avec serment : Je ne connais pas cet homme » (26. 72). Peu après, ceux qui étaient là, s'étant approchés, lui dirent : « Certainement, tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître. Alors, il se mit à faire des imprécations et à jurer : Je ne connais pas cet homme » (v. 73-74). Est-il possible que celui qui renie par trois fois le Seigneur, et même avec serments et imprécations, soit Pierre ? Oui, c'est le même homme.

Le mal dont souffrait Pierre avait de profondes racines. Il y avait une faille grave dans son caractère. Il était gouverné par ses émotions, et sa conduite était toujours imprévisible, comme celle de toute personne dirigée par ses sentiments. L'enthousiasme élève de telles personnes, par moments jusqu'aux cimes les plus élevées, tandis qu'en d'autres heures, la dépression les entraîne dans les abîmes. Il est possible qu'elles reçoivent des révélations divines, mais elles peuvent également faire obstacle à l'accomplissement du dessein de Dieu. Elles sont capables de parler et d'agir rapidement sous la pression d'une impulsion soudaine, laquelle n'est pas forcément de source divine. Beaucoup de problèmes surgissent dans l'œuvre du Seigneur par suite de ce défaut, cause de profonds ravages dans la vie de ses serviteurs. Or, comme il s'agit de dégâts affectant la base du témoignage chrétien, c'est là, que la correction doit se faire.

Pierre allait droit au but. Il n'était enclin ni à la diplomatie, ni à la duplicité. Mais il avait des émotions très fortes et il mettait sa confiance en elles jusqu'au jour où l'épreuve lui révéla qu'il n'était pas l'homme dévoué sans réserve au Seigneur qu'il croyait être en se basant sur ses propres sentiments.

Frères, et sœurs, il se pourrait, hélas ! que l'amour que nous pensons avoir pour le Seigneur ne soit guère plus qu'un simple attachement sentimental. Nos réactions à son amour, dues à nos sentiments, ne sont pas nécessairement aussi profondes et pures que nous l'imaginons. Nous pensons l'aimer sans aucune réserve, mais nous vivons tellement dans le domaine psychique que nous croyons être la sorte de gens que nos sentiments nous dépeignent. Nous pensons vouloir vivre pour lui seul et être prêts â mourir pour lui s'il le désire ; mais si le Seigneur ne brise pas notre propre assurance comme il a brisé celle de Pierre, nous continuerons à être déçus par nos sentiments et notre vie ne sera qu'une suite de hauts et de bas.

Pierre ne mentit pas délibérément en affirmant tout son dévouement au Seigneur ; mais ses sentiments lui tendirent un piège et le firent s'appuyer sur une illusion. Il est horrible de mentir mais il est lamentable de croire au mensonge. Si nous continuons à faire confiance à nos sentiments, le Seigneur devra nous faire découvrir, au travers de profonds brisements, la versatilité d'une vie basée sur nos émotions. Car, nous pouvons avoir un ardent désir de le suivre, mais ne pas en être capables.

Oh ! si nous pouvions reconnaître que l'Eglise a une structure éternellement stable ! Son fondement est établi sur le roc et chaque morceau de cet édifice est extrait du même matériau. Si nos caractères n'ont pas été amenés â correspondre à celui de l'Église, comment pouvons-nous espérer avoir une part dans sa construction ? Si nous cherchons à construire avec des matériaux de qualité moindre, nous risquons de mettre tout l'édifice en danger. Des pierres de qualité inférieure à celles des fondations ne supporteront pas l'épreuve qu'elles auront à subir, de sorte que nos efforts, en construisant, ne provoqueront que des effondrements ; et ceux-ci entraîneront des dommages pour nous et pour les autres, sans parler du retard causé dans l'achèvement de l'ouvrage. Nous faisons donc bien de nous rappeler la recommandation de 1 Cor. 15. 58 : « Soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l'œuvre du Seigneur ».

Loué soit Dieu d'avoir utilisé l'écroulement de Pierre pour l'amener à découvrir sa faiblesse naturelle, d'avoir employé sa chute profonde pour briser sa confiance en ses propres forces. Nos manquements passés n'ont-ils pas été suffisamment sérieux pour nous convaincre de la gravité de notre inconstance ? Nous persévérons dans la prière pour voir clairement notre état, mais la connaissance de nos manquements passés n'est-elle pas suffisante et assez précise pour nous contraindre à nous courber devant Dieu dans une profonde contrition, lui laissant le soin de nous refondre comme il le fit pour Pierre ? Quand la chute de Pierre lui eut révélé le genre de personne qu'il était, il sortit et pleura amèrement. A partir de ce moment, le Seigneur commença à le façonner à nouveau, jusqu'à ce que son caractère correspondît à son nouveau nom. C'est ainsi qu'il devint capable de se servir des clefs du Royaume avec une pleine efficacité.

Nous ne pouvons pas nous attendre à devenir des instruments exceptionnels comme Pierre, mais nous croyons que le Seigneur aura pitié de nous et qu'il accomplira une œuvre de transformation dans nos vies comme il le fit en lui. Il est indispensable qu'un changement radical se fasse dans nos caractères, si nous voulons être des serviteurs de Dieu dignes de ce nom.

 

Watchman NEE

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Commentaires: 1
  • #1

    Adrien (dimanche, 13 novembre 2022 14:56)

    Merci,soyez béni!