LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION

                

LE MYSTÈRE DE L’INCARNATION

 

« Et la Parole a été faite chair. » (Jean 1.14)

« Tu m'as formé un corps. » (Hébreux 10.5)

 

Le mystère de l'Incarnation ou Naissance Miraculeuse a fait l'objet d'un article de foi de la part de tous les chrétiens orthodoxes au cours des siècles.

Dans nos pays latins où l'on confond facilement les termes religieux et, naturellement, leur signification, il n'est peut-être pas superflu de signaler ici le sens exact de la vérité scripturaire appelée Incarnation qu'on risque, dans certains milieux, d'identifier avec une hérésie d'origine catholique désignée sous le titre d'Immaculée Conception.

Le Mystère de l'Incarnation concerne uniquement la naissance miraculeuse de Jésus, tandis que l'Immaculée Conception n'a de rapport qu'avec la naissance de Marie, sa mère.

Il s'agit donc de naissance des deux côtés : Jésus né par la vertu du Saint-Esprit, ce qui est parfaitement en accord avec les Saintes Écritures et, d'autre part, Marie venue au monde exempte du prétendu « péché originel » et, pour ainsi dire créée  « impeccable », dogme en contravention flagrante avec les Écritures, décrété en 1854 par la théologie catholique et constituant une hérésie. Le cadre de cette modeste méditation ne nous permet pas de nous étendre dans une réfutation détaillée de cette erreur, nous nous bornerons à faire remarquer que, dans son cantique, Marie déclare sous l'inspiration du Saint-Esprit : « Mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur » (Luc 1.47). Or, le nom imposé par le Tout-Puissant à l'enfant qui devait naître était « Jésus » (c'est-à-dire Sauveur) « car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1.21), voilà donc dans quelles dispositions elle se trouvait et quels sentiments elle nourrissait avant la naissance du Verbe dont elle serait la mère selon la chair. A trente ans de distance, alors que Jésus entre dans son ministère et assiste aux noces de Cana (Jean 2.5) ne dit-elle pas en parlant de Jésus : « Faites ce qu'il vous dira ». Si une intuition profonde et divine l'avait convaincue concernant sa conception immaculée, c'est-à-dire sa naissance sans péché, début d'une vie sans péché, elle n'aurait certes pas observé une telle attitude en face de Jésus. Il y avait entre elle et lui toute la distance qui sépare la plus sainte des créatures humaines du Saint par excellence : le Fils de Dieu. Elle dut le comprendre lorsque Jésus lut dit :  « Femme, qu'y a-t-il entre moi et toi ? » (Jean 2.4). Cette locution est fréquente dans l'Ancien Testament (Voyez Juges 11.12 ; 2 Sam. 16.10 ; 1 Rois 17.18; 2 Rois 3). Le cas qui nous occupe rappelle premièrement à Marie son incompétence dans le domaine où elle semble vouloir s'ingérer et motive le refus partiel de Jésus en cette circonstance. Dans la carrière où il vient d'entrer, dit Godet, Jésus ne dépend plus que de son Père; sa devise sera désormais : Mon Père et moi ! Le terme « femme », employé par Jésus, ne renferme rien de désobligeant ni de contraire au respect le plus profond. Jésus l'emploie d'ailleurs en s'adressant à elle dans un moment d'inexprimable tendresse, lorsque du haut de la croix il lui parle pour la dernière fois (Jean 19.26). Ce terme « Femme » signale la rupture définitive de la relation terrestre entre la mère et le fils. Marie sent à Cana, pour la première fois, la pointe du glaive qui, au pied de la croix, lui transpercera le cœur. Marie était certainement une sainte femme dans toute l'acception du terme, mais elle fut créée avec une nature pécheresse, comme tous les êtres humains, ainsi que Paul l'a fort bien écrit : « Il n'y a point de distinction parce que tous ont péché » (Romains 3.22). Or. le mot « tous » ne supporte aucune exception.

 

Voici quelques réflexions de F. Godet au sujet de la Naissance Miraculeuse :

« La Parole a été faite chair, ce nom « La Parole » exprime l'essence mystérieuse de l'être reçu, démontre la grandeur de la foi et en explique à lui seul les effets. Tel est l'état dans lequel la Parole éternelle consentit à descendre. Cette expression renferme donc l'idée que la Parole a pris un corps et que cet Être infini et éternel s'est enfermé volontairement dans les limites du temps et de l'espace. Mais l'idée de « chair » n'est point épuisée par cette notion de la vie physique. Elle désigne une personnalité humaine complète, c'est-à-dire corps et âme. On ne peut imaginer de plus grand contraste que celui qui ressort de ces deux mots : Parole et chair. Le mot « corps » eût mal rendu la pensée de l'Esprit et elle eût été imparfaitement exprimée par le mot « homme ». Ce qu'il voulait caractériser c'était l'union de la « Parole » avec la « nature humaine » comme telle et non pas comme une personne humaine particulière. Le mot « chair » était celui qui convenait le mieux car il désignait ici ce que Jésus a a de commun avec nous. L'idée fondamentale est donc celle de l'identité parfaite de l'existence humaine de Jésus avec la nôtre. Paul s'exprime exactement dans le même sens dans Romains 8.3 (litt.) : « Ce qui était impossible à la loi, en ce qu'elle était faible par l'effet de la chair, Dieu l'a fait ayant envoyé son Fils dans « une ressemblance de chair de péché » (le terme « ressemblance » est exigé dans ce passage par l'idée de péché que Paul ne veut pas appliquer à la chair de Jésus). La notion précise renfermée dans le terme grec « égéneto » (a été faite) revêt le sens naturel du mot « devenir », quand il a un substantif pour attribut. Dans Jean 2.9 un mot de la même racine doit se lire : « l'eau devenue vin ». Un autre passage exprime la même conception de l'incarnation par la voie du dépouillement : « Lui qui, étant en forme de Dieu, s'est anéanti lui-même en prenant une forme de serviteur et étant devenu semblable aux hommes » (Phil. 2.6-8). Comment un fait si prodigieux que celui du passage d'un être divin dans un état réellement humain a-t-il été possible ? »

 

Naturellement, une naissance se produisant en dehors des lois de la nature constitue une exception qu'il est juste d'appeler « miraculeuse ». Cette vérité ne fait échec ni à notre foi ni à notre raison ; dans le premier cas la foi chrétienne est basée sur les déclarations les plus claires de la Parole de Dieu; quant à ce qui concerne la raison humaine, il ne nous paraît pas être difficile pour le Créateur de faire naître un enfant en dehors des lois de la nature, car il n'est nullement lié par elles étant donné qu'il en est l'auteur, que c'est lui qui les édicte, qui préside à leur exécution et qui peut les abroger. Quant à comprendre ce mystère que Dieu propose à notre foi, point n'est besoin d'essayer, premièrement parce qu'il s'agit là d'une impossibilité et ensuite parce que Dieu est honoré par la foi et non pas par l'intelligence de ses enfants. L'explication de la parthenogenèse, qui se trouve chez quelques végétaux et certains insectes, reste encore très obscure aux yeux des savants les mieux qualifiés. Dieu se plaît à confondre l'intelligence humaine et ce qu'il a fait pour des créatures insignifiantes, il s'est plu à le faire pour l'extrême opposé, pour le Dieu-Homme, Jésus-Christ son Fils. Effectivement deux hommes seuls portent le nom de « Fils de Dieu » : Adam et Jésus et il s'agit là de deux naissances miraculeuses. Jésus est appelé le second Adam ou dernier Adam (1 Corinthiens 15-45) parce qu'il n'y en aura plus d'autre, dans l'avenir, qui pourra réaliser cet état au sens propre du mot.

 

En cette fin d'année qui nous parle de la Nativité et sans nous attarder au récit historique concernant la date de la naissance de Jésus, adorons le Fils qui fut enfant et comme il s'identifia à notre nature humaine. Identifions-nous à lui, unissons-nous à lui par la foi, nous souvenant que nous sommes nés de nouveau, ce qui est aussi une naissance miraculeuse.

 

Pierre NICOLLE

www.batissezvotrevie.fr

 

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