LA DÉFAITE DE L’ACCUSATEUR DES FRÈRES

              

 

LA DÉFAITE DE L’ACCUSATEUR DES FRÈRES

 

On peut se demander : « Comment viendra le Royaume de Dieu et quels sont ceux qui le posséderont? » On verra le Royaume au sein d'un peuple motivé par l'amour et conscient de la puissance de la prière. Car, en constatant une faute, au lieu de porter des jugements sur les autres, ils intercèdent jusqu'à ce que ceux-ci soient édifiés à tous égards en celui qui est leur chef, Christ.

 

 

Comment vient le royaume

 

« Voici le temps du salut, de la puissance et du Règne de notre Dieu, ainsi que de l'autorité de son Christ, car il a été précipité, l'accusateur des frères, celui qui les accusait devant notre Dieu, jour et nuit » (Apocalypse 12.10-11).

Il viendra, oui ce temps où on verra se manifester sur la terre le salut, la puissance et le règne de Dieu, ainsi que l'autorité de Christ. En attendant avec patience la réalisation de ce glorieux événement, nous pouvons entrer dans l'esprit de cette réalité éternelle chaque fois que nous décidons de rejeter toute critique et toute plainte et de tourner nos regards vers la pureté, l'amour, et la prière d'intercession.

Il existe des procédures ordonnées par Dieu pour instaurer la discipline au sein d'une église. Ces corrections devraient être faites par « vous qui êtes spirituels... dans un esprit de douceur ». Prends garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté ». Votre motivation devrait être « la restauration d'autrui » (Gables 6.1). On ne devrait même pas recevoir d'accusations contre un ancien, sauf sur déposition de deux ou trois témoins (1 Tim. 5.19. Les « témoins » dont il est question ici sont des témoins oculaires, et non pas de soi-disant témoins indirects qui ne s'appuient pas sur des faits rigoureux et visibles.

Ces prétendus témoins sont, bien trop souvent, envoyés par l'enfer pour détruire l'harmonie d'une église par des rumeurs et des commérages.

Quand on ne veut pas tenir compte des moyens scripturaires pour redresser une situation, on ouvre la porte aux murmures, aux critiques et aux jugements charnels, qui sont la preuve que « l'accusateur des frères » se livre à des attaques contre l'église. Là où se commettent ces péchés, le champ d'action de l'Esprit est limité : peu de gens sont sauvés, la puissance est réduite au minimum et l'autorité spirituelle est paralysée. Une telle église est en grand danger.

Si on veut être revêtu d'une onction réelle pour apporter à une église la discipline de Christ, il faut que ce soit une onction avec les intentions de Christ. L'Écriture est claire : Jésus « est toujours vivant pour intercéder en faveur des saints » (Rom. 8.34, Héb. 7.25). Dieu ne nous appelle pas à nous juger mais à prier les uns pour les autres. Si nous voyons un manquement dans le Corps de Christ, nous devons intercéder et non pas nous en tenir à la critique. Nous devons avoir pour programme de suivre Christ en édifiant et en restaurant, et non pas faire écho à l'accusateur des frères en murmurant.

Il y a bien des années, je faisais partie d'un organisme chrétien national qui avait reçu de Dieu une vraie vision, mais n'en avait pas moins plusieurs problèmes sérieux. A cette époque, j'étais pasteur d'une petite église et j'avais le sentiment qu'il nous faudrait peut-être quitter ce groupe à cause de ce qui n'allait pas. L'assemblée et moi-même, nous commençâmes à chercher ensemble le Seigneur, en jeûnant périodiquement, pendant une durée de quarante jours. Ce laps de temps écoulé, je rédigeai une « liste » de griefs et en la présentant à Dieu, je fis cette prière (quelque peu pharisaïque) : « Seigneur, regarde toutes les erreurs de ces gens. Conseille-nous, Seigneur. Que faut-il faire? ». La réponse du Seigneur fut immédiate : « Tu as vu tout cela? ». « Oui, Seigneur, j'ai vu leurs péchés ». Ce à quoi il répondit : « Moi aussi, mais je suis mort pour eux. Toi, va et fais de même ». A partir de ce jour, je trouvai auprès de Dieu la grâce de chercher à être source de vie et de prière, partout où je servis Dieu.

Voyez-vous. nous servirons toujours dans des églises où certaines choses n'iront pas. C'est notre manière de réagir à ce que nous voyons qui détermine notre degré de ressemblance avec Christ. Si nous voyons de la faiblesse dans le Corps de Christ, nous sommes appelés à lui donner de la force. Si nous voyons le péché, nous devons réagir en étant un exemple de vertu. Quand nous découvrons de la crainte, il nous faut communiquer du courage et là où se trouve l'attachement aux choses de ce monde, il faut faire preuve de sainteté. Nous avons pour vocation de prendre la place d'intercesseur et de la garder jusqu'à ce que le Corps de Christ soit édifié dans ce secteur.

 

 

Le diable est-il devant le trône de Dieu?

 

Éphésiens 2.6 nous dit que nous avons été élevés et que nous sommes assis « avec Christ dans les lieux célestes ». Comprenons ceci : tandis que notre corps et notre âme restent bien ici, sur terre, notre esprit - grâce à l'opération du Saint-Esprit - a été mis en relation directe avec Christ, au ciel. De cette place, nous pouvons approcher avec assurance du trône de la grâce de Dieu et par la prière et l'adoration, entrer jusque dans le sanctuaire de Dieu (Héb. 4.16 ; 10.19-20, voir aussi Matt. 5.8 et Col. 3.15).

On trouve dans les Écritures beaucoup de textes qui affirment cette réalité que nous sommes assis avec Christ. Il est important que nous le comprenions, car nous allons examiner une doctrine qui a été source de confusion pour beaucoup de saints. Satan est-il au ciel, lui aussi? Est-il vraiment debout devant le trône de Dieu?

Étudiez le livre de l'Apocalypse et dans la description du trône de Dieu, vous verrez que le diable n'y est pas (ch. 4). Sondez le chapitre 12 de l'épître aux Hébreux. Dans la description de la Jérusalem céleste, vous ne le trouverez pas davantage au ciel.

A l'appui de cette vérité, lors d'une réunion qui avait lieu dans une maison particulière à Toronto, Canada, alors que nous étions en pleine adoration devant le Seigneur, le Saint-Esprit donna à chacun d'entre nous, à des degrés divers, un aperçu de la Jérusalem céleste. Nous vîmes un royaume où il n'y avait ni ténèbres ni mort. Tout y était vivant et rayonnait de la lumière de la présence de Dieu. Non seulement il n'y avait pas besoin de soleil ni d'aucune autre lumière, mais il n'y avait d'ombre nulle part. Nous vîmes beaucoup de choses, mais la question qui nous concerne est simplement celle-ci : il n'y avait pas de diable au ciel.

Alors où est le diable? Jude nous dit que Satan a été emprisonné, « lié spirituellement dans des chaînes perpétuelles dans les ténèbres pour le jugement du grand jour » (Jude 6). Satan est emprisonné dans les ténèbres. Il est impensable que le Père céleste, « en qui il n'y a pas de ténèbres » (1 Jean 1.5), admette que le diable intervienne dans l'adoration éternelle et accuse l'Église pour laquelle est mort son Fils.

S'il en est ainsi, comment expliquer les Écritures qui font allusion à la présence du Diable au ciel? D'abord il nous faut comprendre qu'il existe trois royaumes connus sous le nom de « ciel » dans la Bible. Le premier, celui qu'on identifie le plus souvent comme tel, est la demeure éternelle des bienheureux, la demeure céleste de la Trinité, des anges et des rachetés. Ensuite, le mot « ciel » est utilisé pour décrire le ciel visible. « Les cieux racontent la gloire de Dieu » (Ps. 19.1). Mais quand la Bible dit que Satan est dans les lieux célestes ou au ciel (Eph. 6.12 ; Apo. 12.11 ; Luc 10.18) elle parle d'une dimension de la vie relativement inconnue : le royaume spirituel.

Ce « ciel » qui enveloppe directement la conscience de l'homme est le « territoire » spirituel d'où Satan cherche à contrôler le monde. Il serait stupide de prétendre que nous en savons plus sur cette dimension que nous n'en savons vraiment, mais il y a une chose que nous n'ignorons pas : c'est de là que Satan mène son combat contre l'église.

S'il est vrai que le diable n'est pas au plus haut des cieux, comment peut-il accuser les saints devant le trône de Dieu? Nous avons commencé cette section en expliquant que Christ avait positionné notre esprit en lui devant le trône de Dieu. Tandis que notre esprit nous met en communication avec Dieu, notre corps et notre âme sont ici sur terre. Bien que le diable n'ait pas d'accès immédiat auprès Dieu, il a le droit d'entrer dans nos pensées et nos paroles. Quand nous montrons de l'indulgence envers l'esprit critique, quand nous trouvons des excuses aux bavardages et aux réflexions négatives, nous laissons réellement Satan se servir de notre bouche pour accuser les saints devant Dieu.

Nous avons imaginé à tort que ce que nous avons murmuré dans l'ombre resterait caché même de Dieu. Nous devons comprendre que « tout est mis à nu et terrassé aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte » (Héb. 4.13). N'est-il pas écrit : « tout ce que vous avez dit dans les ténèbres sera entendu en plein jour » (Luc 12.3) ? Dieu, qui est lumière, entend donc la voix de l'accusateur, même dans les confidences faites avec précaution à un conjoint.

 

 

Surveillez votre langue

 

Une grande partie de ce que le Père donne au Corps de Christ vient de ce que nous confessons. Ce n'est pas seulement ce que nous confessons dans la prière, qui est positif et réfléchi, c'est tout ce qui sort de notre bouche. Christ n'a-t-il pas dit que les hommes rendront compte de « toute vaine parole » (ou parole oiseuse) qu'ils auront proférée (Matt. 12.36) ?

 

Nos paroles expriment le trop-plein de notre cœur. Christ, en sa qualité de « Souverain Sacrificateur de notre confession » (Héb. 3.1) prend nos paroles, qu'il s'agisse de paroles de foi ou d’incrédulité, et nous donne en retour la vie éternelle en proportion de nos paroles. Si notre langue ne connaît pas de frein, Jacques nous dit que notre confession négative « ... embrase tout le cours de notre existence, embrasée qu'elle est par la géhenne ». Si nous nous supportons, en nous aimant et en nous protégeant les uns les autres, nous faisons l'expérience d'une plus grande croissance et d'une plus grande protection. Mais si nous trouvons à redire à tout en critiquant et en médisant, c'est la voix de l'accusateur qui se fait entendre et nous sommes jugés pour nos mauvaises et vaines paroles. Dieu voit ce que nous avons dit et nous donne en proportion.

Par conséquent, nous devons arriver à comprendre que chacune de nos pensées, et même nos conversations les plus intimes avec des hommes, sont des prières que nous offrons au Père qui voit tout sans cesse et dans le secret. Ces prières sans destinataire font tout autant partie de notre confession que celles que nous adressons à notre  « bien-aimé Seigneur », et elles ont autant d'importance. Les propos que nous tenons sur les autres, tout comme ceux que nous adressons aux autres devraient être empreints du même respect que lorsque nous parlons à Dieu. Car il est vraiment à l'écoute.

 

 

D'autres langues ou des langues brûlantes?

 

Il est significatif que lorsqu'Ésaïe vit le Seigneur (Ésaïe. 6), non seulement il n'y avait pas de démon au ciel mais la culpabilité qu'il ressentit était due à ses paroles. Il dit : « Malheur à moi car je suis perdu! Car moi je suis un homme aux lèvres impures et je demeure au milieu d'un peuple aux lèvres impures... » (v. 6). C'est vrai, les critiques que nous faisons sont la voix de Satan qui accuse les saints devant Dieu.

Les lèvres d'Ésaïe furent purifiées quand elles furent touchées par un charbon ardent tiré de l'autel de Dieu. Plus nous nous approcherons réellement de Dieu plus nous nous sentirons coupables de nos paroles impures […]

 

 

L'accusateur jeté à bas

 

« Mais eux, ils l'ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la parole de leur témoignage. Ils n'ont pas aimé leur vie au point de craindre la mort » (Apo. 12.10-1I).

Au lieu de parler des péchés et des défauts des autres, nous devons demander à Dieu la grâce de pourvoir à nos besoins communs. Il faut d'instinct entrer dans l'intercession de Christ et intercéder ardemment pour ceux pour lesquels Jésus est mort. Dans Apo. 12, nous voyons comment fut vaincu l'accusateur des frères.

 

Examinons séparément chacun des aspects de notre victoire.

1- Le sang de l'Agneau. Un seul sang coule spirituellement entre nous tous, et fait de nous littéralement un seul corps qui partage une source unique de purification et de vie. Un seul sang fait de nous une famille, des frères de sang achetés par le sang. Le sang est le prix de notre rédemption et, lors des attaques de l'accusateur, il retire toute portée à ses accusations. Le sang nous établit dans une attitude d'humilité plutôt que d'autosatisfaction, car l'effusion du sang proclame notre besoin commun de Jésus.

 

2- La parole de leur témoignage. Cela implique de faire connaître aux autres ce que Dieu a fait pour vous, mais il y a plus. Le « témoignage de Jésus est l'esprit de prophétie » (Apo. 19.10). Pour avoir une pleine victoire contre l'ennemi, il faut vivre et penser prophétiquement. Cela veut dire que nous devons nous voir les uns les autres avec le regard de Dieu en voyant la fin dès le début, en restant stimulés par la vision et en confessant notre foi les uns pour les autres. Le fait de connaître et de proclamer la Parole vivante de Dieu nous rend capable de vaincre les illusions de l'ennemi (1 Tim. 1.18).

 

3- Nous n'aimons pas notre propre vie au point de craindre la mort. Nous ne pouvons pas vaincre Satan et, en même temps, cultiver l'apitoiement sur nous-mêmes et la complicité pour tout ce qui a besoin d'être crucifié en nous. Notre victoire est parachevée par notre empressement à aller jusqu'à la mort plutôt que de trahir ce que nous tenons pour la vérité. Paul a dit : « Je n'attache vraiment aucun prix à ma propre vie. Mon but est de mener à bien ma course » (Act. 20.24). Ceux qui établissent le Royaume sont inflexibles quand il s'agit de leurs blessures personnelles. Il se peut qu'ils souffrent mais ils tiennent bon. Ils vivent par la foi.

 

C'est dans notre intelligence que nous devons triompher de l'accusateur. Nous ne pouvons tolérer ni murmures ni accusations. Nous devons avoir à l'égard de nos frères le cœur même de Dieu. On verra le règne de Dieu et l'autorité de son Christ chez un peuple qui s'est enfin engagé dans une prière motivée par l'amour. Car lorsqu'ils constatent un manquement, au lieu de commencer à critiquer, ils précipitent l'accusateur des frères et se mettent à prier.

 

Francis FRANGIPANE

 

 

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