« ET SUR CETTE PIERRE... » (3° partie)

               

 

 

« ET SUR CETTE PIERRE... » (3° partie)

 

Qui est cette pierre ? 

 

 

3) La pierre c’est la confession de Pierre.

 

C’est sur cette confession « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » que Jésus veut édifier son Eglise. Feront partie de cette Eglise tous ceux qui confesseront que Jésus est pour eux le Christ.

C’est ce que faisaient tous ceux qui étaient reçus dans l’Eglise primitive, au moment du baptême par exemple : « L’eunuque dit : Voici de l'eau ; qu'est-ce qui m'empêche d'être baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur cela est possible. L'eunuque répondit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. » (Act. 8. 36-37) « Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. » (1 Jn. 4.15 ; voir Rom. 10.9-10 ; 1 Cor. 12.3)

Le thème central de la prédication apostolique était : « Jésus est le Fils de Dieu » (Act. 9.20). L'étude des plus anciennes confessions de foi chrétiennes démontre que cette confession «Jésus est le Christ » était la base de la constitution de l'Eglise, puisque c'est ce qu'on demandait au néophyte de confesser au moment de son baptême.

Les Pères de l'Eglise avaient une préférence pour cette explication. Quand l'Eglise romaine affirme que les Pères de l'Eglise sont unanimes pour dire que « cette pierre » de Mt. 16 c'est l'apôtre Pierre, elle force quelque peu les faits puisque sur 61 des principaux Pères, 17 seulement défendent cette opinion, 44 par contre — dont saint Justin, saint Augustin, Athanase, saint Jérôme, Cyrille de Jérusalem, Origène, le pape Grégoire le Grand, etc... — affirment que la pierre de fondation de l'Eglise, c'était la confession que Pierre venait de faire, que Jésus était le Christ, le Fils du Dieu vivant1.

Luther aussi dit que « la confession de la messianité est bien la seule pierre de fondation sur laquelle s’édifiera la communauté messianique ».

Pourtant il faut avouer que cette explication non plus n’est pas entièrement satisfaisante. Mais pourquoi chacune des trois solutions proposées ne contiendrait-elle pas une part de vérité ? 

 

(à suivre)

Alfred KUEN

 

1. Justin : « La pierre sur laquelle Notre Seigneur a promis d'édifier son Eglise, c'est la confession de foi de Pierre. » (Dialogue avec Tryphon.)

Augustin : « Que veut dire : Sur cette pierre j'édifierai mon Eglise ? Sur cette pierre que tu as confessée… Sur cette foi, sur ce que tu as dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

Cyrille : « Je crois que par « pierre » il faut entendre la foi immuable des Apôtres. » (4° livre sur la Trinité.)

Hilaire: « Le rocher est le roc béni et unique de la foi confessée par la bouche de Pierre.» (2° livre sur la Trinité.)

Chrysostome : « Sur ce roc. c'est-à-dire sur la foi de sa confession: Tu es le Christ. le Fils du Dieu vivant. » (55° Homélie sur Saint Matthieu.)

« Aucun des Pères de cette époque qui a expliqué exégétiquement les passages de l'Evangile sur la puissance transmise à Pierre (Matt 16.18 et Jn. 21.18) n'en a fait l'application aux évêques de Rome, en qualité de successeurs de Pierre. Combien de Pères ne se sont-ils pas occupés de ces passages, et, cependant, aucun de ceux dont nous possédons encore les commentaires, Origène, Chrysostome, Hilaire, Augustin, Cyrille, Théodoret, ni ceux dont les explications sont réunies dans les Catènes, n'ont désigné. même par une syllabe, la primauté de Rome, comme la conséquence de la mission donnée à Pierre et des promesses qu'il avait reçues. Pas un seul parmi eux n'a interprété la « pierre » ou le fondement sur lequel le Christ veut édifier son Eglise, comme une charge spécialement conférée à Pierre, et, à partir de lui, transmissible héréditairement. » Chanoine I. de Doellinger : (« La Papauté. son Origine an Moyen-Age ») (Paris 1904), p.12.

Encore à la fin du VII° siècle un synode d’évêques espagnols déclara que la promesse est faite à la foi.

« Les saints Pères n'ont jamais compris le fameux passage : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » dans le sens que l'Eglise serait bâtie sur Pierre, mais sur la pierre (non sur « Petrum », mais sur « petram ») c'est-à-dire sur la confession de foi de cet apôtre. » Mgr Strossmayer, évêque de Bosnie au Concile du Vatican I, cité par R. Stauffer : « Le Premier Concile du Vatican », p. 36. Pour l'interprétation patristique de Mt. 16.18 voir le chapitre très complet que lui consacre Mareton : « Rome et l'Eglise primitive », pp 57 à 76. Voir aussi H. Clavier : « Brèves remarques sur les commentaires patristiques de Mt 16.18 » (Berlin Akademie-Verlag, 1957). – Studia Patristica In part. I, pp 253-261.

 

 

 

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