LES VILLES DE REFUGE

  

LES VILLES DE REFUGE

 

En rapport avec ces deux chapitres, je désire vous lire encore Héb. 6.18-20, passage qui fait une allusion évidente aux villes de refuge, telles que nous les trouvons en Exode 21.13 ; Nombres 35 ; Deut. 19 ; Josué 20-21 et 1 Chron. 6.

Les types de l'Ancien Testament nous présentent souvent, dans leur application au chrétien, des contrastes plutôt que des rapprochements. Il en est ainsi, comme nous allons le voir, des villes de refuge. Ce serait un rapprochement bien maigre et bien imparfait que de faire, à leur propos, allusion à la croix de Christ. L'application immédiate de ce type, comme le savent sans doute la plupart d'entre nous, est, en effet, plutôt historique et prophétique. Le meurtrier involontaire préfigure Israël, meurtrier de Christ par ignorance. C'est de ce peuple que le Seigneur Jésus dit sur la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ». Ils n'avaient pas connu le jour de leur visitation. Il en fut de même de Paul : « Miséricorde m'a été faite, parce que j'ai agi dans l’ignorance, dans l'incrédulité » (1 Tim. 1.13). Mais, dans un autre sens, les Juifs, chefs et peuple, étaient des meurtriers volontaires, rejetant délibérément et avec connaissance de cause, Dieu et son Christ. « Celui-ci est l'héritier », disent-ils, « venez, tuons-le, et possédons son héritage » (Matt. 21.38). « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19.14). Or il nous est dit que le meurtrier volontaire devait être mis à mort. Ce jugement, comme plusieurs prophéties relatives aux Juifs, a reçu un accomplissement partiel par la ruine de Jérusalem. Le roi irrité, « ayant envoyé des troupes. a fait périr ces meurtriers-là et brûler leur ville ». Mais ce jugement du meurtrier volontaire, indûment recelé dans la ville de refuge (voyez Deut. 19.11-12), est, en réalité, encore à venir. Les Juifs, depuis le rejet du Messie, sont gardés durant les temps actuels sous les soins providentiels de Dieu, loin de leur héritage, et, comme l'a dit un autre, « pour ainsi dire, sous les yeux des serviteurs de Dieu qui, comme les Lévites, n'ayant point d'héritage, leur servent de refuge, comprenant leur position, et les reconnaissant comme étant sous la garde de Dieu ». Mais les meurtriers volontaires seront tirés de là pour tomber entre les mains du vengeur. Liés à l'antichrist, ils deviendront les tristes objets du jugement divin.

Quant aux meurtriers involontaires, ils pourront rentrer dans leur portion et dans leur héritage, lors du changement de sacrificature (Jos. 20.6 ; Nomb. 35.28) ; c'est-à-dire lorsque la sacrificature de Christ selon le type d'Aaron, aura fait place à la sacrificature éternelle selon l'ordre de Melchisédec. Cette signification connue des villes de refuge, sur laquelle je ne m'arrête qu'en passant, est intéressante à suivre dans ses détails ; mais je reviens au contraste que présente ce type quand on le compare avec la position chrétienne en Héb. 6.

L'Israélite, meurtrier involontaire, type du peuple dans son état actuel, s'enfuyait dans une ville de refuge, avec l'espérance très incertaine d'échapper au vengeur du sang et de pouvoir un jour rentrer dans son héritage. Il était gardé loin de cet héritage jusqu'à ce que le souverain sacrificateur mourût, type, comme nous l'avons dit, de la fin de la sacrificature aaronique de Christ. Même dans la ville de refuge, sa sécurité et sa réintégration étaient encore soumises à toutes sortes de circonstances qui rendaient sa position très précaire. Elles dépendaient : 

1° du vengeur du sang. L'homicide s'éloignait-il un instant seulement du territoire de la ville, le vengeur aux aguets avait droit de l'atteindre (Nom. 35.26-28).

2° des anciens de la ville (Josué 20.4).

3° du jugement de l'assemblée (v.6 ; Nomb. 35.12, 24, 25). 

4° du souverain sacrificateur (v. 6), avant lequel l'homicide lui-même pouvait mourir.

N'êtes-vous pas frappés avec moi de l’incertitude des meilleures ressources que la loi pouvait offrir ici aux moins coupables en Israël ?

Voyons maintenant les ressources de la grâce en Héb. 6.18.20: Le chrétien, sorti du judaïsme, s'enfuyait aussi de devant le jugement prêt à tomber sur ce peuple, mais non pas avec une espérance incertaine ; il s'enfuyait dans le but de saisir l'espérance proposée. Or cette espérance du chrétien n'est pas de rentrer peut-être une fois dans la jouissance d'un héritage terrestre. Non, cette espérance, nous la saisissons, nous l'avons, elle est l'héritage actuel de nos âmes. Or, si elle n'est pas incertaine, elle n'est pas vague non plus. Notre espérance est personnifiée, pour ainsi dire. C'est un Christ céleste, le grand sujet de l'épître aux Hébreux, un Christ en contraste avec tout ce que la terre pouvait offrir de meilleur, un Christ homme dans la gloire, qui est l'accomplissement de tous les conseils et de toutes les promesses de Dieu. Ce Christ-espérance est une ancre sûre et ferme de l'âme ; notre espérance est solidement amarrée à un roc immuable. Rien d'incertain ; celui qui l'a saisie ne peut être désormais ni ballotté, ni jeté à la dérive des « doctrines diverses et étrangères ». Mais cette espérance fait plus : elle nous introduit actuellement dans la présence même de Dieu, dans le sanctuaire. Elle entre, est-il dit, jusqu'au dedans du voile, où nous trouvons un Jésus qui y est entré comme précurseur pour nous. Déjà nous y entrons en paix, en attendant de recevoir l'héritage assuré que nous posséderons bientôt. Pour entrer, nous n'avons pas besoin, comme le pauvre meurtrier involontaire, que la sacrificature aaronique de Christ ait pris fin, car nous sommes liés d'une manière immuable à Celui qui est « devenu souverain sacrificateur pour l'éternité, selon l'ordre de Melchisédec », et qui l'est en vertu de l'œuvre qui nous a acquis un salut éternel !

 

H.R.

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