LA MOUCHE

    

LA MOUCHE

 

La mouche n'est pas un hyménoptère comme l'abeille, la fourmi ou le frelon, ni un coléoptère comme le hanneton. Elle appartient à l'ordre des Diptères, c'est-à-dire des insectes porteurs de deux ailes, comme leur nom l'indique.

Les Diptères sont répandus dans toutes les parties du monde. On en distingue aujourd'hui 90 000 espèces environ. La famille des muscines ou des mouches est sans doute la mieux connue.

De leur anatomie, nous retenons les éléments suivants:

 

1. la tête, globuleuse, très mobile parce que maintenue simplement par un mince pédoncule, porteuse de gros yeux composés et de deux courtes antennes.

 

2. la bouche, munie d'une trompe telle qu'un stylet, visible à l'œil nu, par laquelle la mouche suce les substances liquides, mais aussi solides, comme le sucre par exemple, qu'elle dissout avec sa salive.

 

3. les ailes, au nombre de deux, fines membranes solidement renforcées par des nervures, au point qu'elles ne se plissent jamais malgré leurs mouvements rapides. On ne compte en effet pas moins de 190 battements par seconde! Au-dessous sont les balanciers, deux petits boutons pédiculés qui, si insignifiants qu'ils soient, jouent cependant un rôle primordial dans le vol comme organe d'équilibre. Vient-on à les abraser, l'insecte qui tente de s'envoler, tombe à terre, la tête la première.

 

4. les pattes, garnies à leurs extrémités d'une petite pelote riche en poils adhésifs. Grâce à eux la mouche peut se déplacer sur une surface luisante sans jamais glisser ou contre une vitre verticale ou encore sous la surface horizontale d'un plafond. Bien plus, c'est dans cette dernière position qu'elle dort le plus souvent.

 

La mouche se nourrit de matières putrides. Elle ne vit pas plus de trois mois. Elle pond de nombreux œufs, plusieurs fois dans une seule saison, d'où éclosent des larves blanchâtres, allongées, dites asticots. Dix jours plus tard apparaît l'insecte parfait.

Les espèces de mouches abondent. Deux seules retiendront notre attention: la mouche domestique, dont l'importunité et l'insistance sont bien connues, et la mouche piquante, vecteur de maladies graves, qui suce le sang avec sa trompe noire, effilée, rigide. Elle est à même de traverser le cuir des animaux et les habits de l'homme. Elle est appelée dans la Parole de Dieu la mouche venimeuse.

A plusieurs reprises en effet la Parole de Dieu parle de la mouche. Cet insecte est désigné en hébreu par deux termes: Arob et Zébub.

 

1. Arob est le nom de la mouche d'Egypte. Se précipitant avec fureur sur les hommes et les animaux, elle peut leur rendre la vie intolérable. Un auteur anglais, au siècle passé, a écrit: « Les essaims y sont si multipliés qu'on mange des mouches, qu'on boit des mouches et qu'on respire des mouches ».

Ce sont les mouches venimeuses de la quatrième plaie d'Egypte que Dieu fit fondre sur ce pays aux jours de l'asservissement du peuple d'Israël. Elles devinrent plus exaspérantes qu'à l'ordinaire tant par leur multiplication que par la cruauté de leurs piqûres. J'enverrai, dit Dieu, « la mouche venimeuse... les mouches entrèrent en multitude dans la maison du Pharaon... le pays fut ruiné par la mouche venimeuse » (Ex. 8.21-24). Le livre des Psaumes rappelle ce miracle: « Il envoya contre eux des mouches qui les dévorèrent » ; et: « Il parla, et il vint des mouches venimeuses» (78.45; 105.31). Quoique à la supplication de Moïse Dieu retirât les mouches et qu'il n'en restât pas une, « le Pharaon endurcit son cœur aussi cette fois » (Ex. 8.30-32). Dieu parle une fois, et deux fois, et l'on n'y prend pas garde. Prenons garde de ne pas endurcir notre cœur, car « l'homme qui, étant souvent repris, roidit son cou, sera brisé subitement, et il n'y a pas de remède »! C'est ce qui est arrivé au Pharaon (Job 33.14; Ps. 95.8; Prov. 29.1).

Dans les jours à venir la mouche sera aussi un instrument du jugement divin: « L’Eternel sifflera la mouche... d'Egypte » qui viendra et se posera partout. Elle est l'image du roi du Midi qui dévastera la terre de Palestine: « tout le pays sera ronces et épines » (Es. 7.18, 24).

 

2. Zébub est le nom de la mouche commune de Palestine. Pour être préservés de ces insectes, les Philistins avaient, dans la ville d'Ekron, façonné un dieu, Baal-Zébub, le dieu des mouches et des maladies par elles transmises. Ses adorateurs seraient ainsi à l'abri de tout mal. C'est à ce titre que le roi Achazia, malade des suites d'une chute, a tenté de consulter ce dieu pour savoir s'il se rétablirait. « Il mourut, dit l'Ecriture, selon la parole de l'Eternel qu'Elie avait prononcée » (2 Rois 1.2, 17). C'est de Dieu seul que viennent lumières et directives, et cela, le roi Achazia aurait dû le savoir.

Nous notons en passant que c'est ce nom de Baal-Zébub que les Juifs ont modifié en parlant de Baal-Zébul, le dieu de la maison, c'est-à-dire le dieu de la maison infernale, le chef des démons, par lequel ils prétendaient que le Seigneur Jésus chassait les démons (Marc 3.22).

Il est un dernier passage de la Parole de Dieu où il est parlé, non plus de mouches vivantes, mais de mouches mortes. Le Prédicateur déclare: « Les mouches mortes font sentir mauvais, elles font fermenter l'huile du parfumeur; ainsi fait un peu de folie, à l'égard de celui qui est estimé pour sa sagesse et sa gloire » (Eccl. 10.1). La moindre manifestation de notre ancienne nature — ce qui est mort aux yeux de Dieu — une pensée d'orgueil ou une parole inconsidérée, nuit à la vie de l'Esprit, souvent représenté par l'huile dans l'Ecriture. Notre état spirituel peut être altéré par toute activité de la chair, même par celle qui peut paraître insignifiante. Ne sommes-nous pas exhortés à être remplis de l'Esprit (Eph. 5.18) et à propager ainsi toujours la bonne odeur, le parfum du saint nom de Jésus?

La mouche est donc présentée dans la Parole de Dieu d'une part comme étant l'instrument d'un jugement divin, d'autre part comme étant l'image d'un mouvement de la volonté propre, qui peut à nos yeux sembler être peu de chose, tel que... le cadavre d'une mouche!

 

P. ROSSEL

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