AVERTISSEMENT ET SALUT FINAL

 

 

AVERTISSEMENT ET SALUT FINAL

Chapitres 33 à 37

 

Dans cette troisième subdivision, l’Eternel revient encore à Israël avec des avertissements, des menaces même, mais aussi avec le renouvellement de ses plus précieuses promesses. Dieu rappelle tout d’abord à son prophète qu'il l'a établi comme sentinelle pour la maison d'Israël (33.7), et que cette vocation implique une lourde responsabilité. Au verset 22 de ce même chapitre, nous lisons: « La main de l'Eternel avait été sur moi, le soir avant que vînt le réchappé, et elle avait ouvert ma bouche, avant qu'il vînt vers moi le matin... et je ne fus plus muet ». Pendant longtemps, le prophète avait été condamné au mutisme; il mimait ses prophéties. Mais maintenant, il est délivré de la position incom¬mode que l'Eternel avait exigée de lui (3.26; 24.26), et son mandat de sentinelle au milieu des captifs lui est renouvelé. Jérusalem ayant été frappée, il va en tirer les leçons que ceux-ci, aveuglés jusqu'ici, doivent apprendre.

A la fin du chapitre 33, relevons cette parole pleine d'instruction: « Voici tu es pour eux comme un chant agréable, une belle voix, et... ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement et quand la chose arrivera..., alors ils sauront qu'il y a eu un prophète au milieu d'eux ». Le peuple est donc placé sous sa propre responsabilité. Mais ces gens disent: C'est une voix agréable! — N'avons-nous pas ici un enseignement utile à recueillir? Dans nos rencontres, ne sommes-nous pas capables de nourrir de telles pensées? On assiste à de bonnes études bibliques et l'on dit en sortant de la réunion: « Quel excellent exposé, et comme il a bien parlé. » C'est le chanteur à la belle voix! Mais quelle responsabilité n'assume-t-on pas, et quelle culpabilité si on en reste là! Puisse le Saint-Esprit trouver ouvert le chemin de nos cœurs, afin de pouvoir nous appliquer ce qui nous est expliqué de la bonne Parole de notre Dieu, afin que nos vies bénéficient de la grande somme de connaissances que nous possédons, et que ce ne soit pas à notre détriment que nous nous réunissions (1 Cor. 11.17)!

Encore quelques remarques sur le chapitre 34, magnifique prophétie, trop peu lue, trop peu connue! Après le feu et la tempête des chapitres précédents, c'est vrai¬ment le « son doux et subtil » de la voix du Bon Berger. A la vérité, les mauvais bergers sont encore censurés. Mais c'est pour mettre en contraste les soins exquis du Berger selon le cœur de Dieu, avec ceux de ces merce¬naires dont l'unique souci était de s'engraisser aux dépens du troupeau. Du Bon Berger, il est dit: « Moi-même, je paîtrai mes brebis, et moi, je les ferai reposer, dit le Seigneur, l’Eternel» (v.15). Il constate la faillite de tous ceux qui avaient eu la garde du troupeau jus¬qu'alors. Les pasteurs: prophètes, sacrificateurs et rois avaient été infidèles dans l'accomplissement de leur mission, et les voilà mis de côté, remplacés: « C'est pour¬quoi, ainsi dit le Seigneur, l'Eternel: Me voici, moi, je jugerai... Je sauverai... Je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David; lui, les paîtra, lui, sera leur pasteur... Et moi, l'Eternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera Prince au milieu d'eux. Moi, l'Eternel, j'ai parlé» (v. 20 à 24).

Point n'est besoin de commenter longuement cette belle page prophétique, concernant la venue du Messie juif, — fils de David selon la choir, aujourd'hui notre bien-aimé Sauveur. Toutefois, une remarque n'est peut-être pas superflue ici. Dans nos pays christianisés, nous sommes en danger de trop ignorer les prédictions con-cernant le rétablissement du royaume pour Israël, ou de les spiritualiser, en les ramenant exclusivement à une application, soit à la vie chrétienne dans le présent, soit à l'espérance de la gloire à venir. Ne serait-il pas heureux d'élargir aussi notre horizon du côté de la terre, en nous souvenant constamment de la place qu'Israël (le peuple même de Jésus) occupe dans les conseils de Dieu? Manifesté peuple élu sur la terre avant nous, il le sera encore après nous. Il demeure le canal par lequel le don suprême de Dieu a été, — et sera en¬core apporté au monde, « car le salut vient des Juifs» (Jean 4. 22).

Je saisis cette occasion pour recommander, particulièrement aux jeunes, de s'intéresser aux prophéties. Rien n'est plus propre à faire comprendre le Nouveau Testament que de le replacer dans son cadre historique, c'est-à-dire comme l'aboutissement des prédictions de l'Ancien Testament. Lisez les prophètes, un crayon et du papier à la main, et lorsque vous rencontrerez, dans votre lecture, quelque passage annonçant la venue et l'œuvre du Messie, notez-le. Vous serez surpris de dé-couvrir combien la personne adorable de votre Sauveur s'éclairera de lumières encore insoupçonnées. A cet égard, il est à propos de rappeler que pour comprendre sa Bible et la lire avec un maximum de profit, il faut savoir mettre des lunettes juives. Nous, les chrétiens, avons mis la main sur le Livre et pensons trop peu au peuple du Livre et à son avenir. Nous nous réclamons des promesses qui découlent de ]'œuvre de Jésus, le fils de David et Berger d'Israël, et nous oublions dans nos requêtes de mentionner le peuple de l'Éternel. Le Seigneur, lui, ne le perd pas de vue, et bien qu'il soit encore sous le châtiment, il dirige les événements, veille à l'accomplissement des temps, en rapport avec les promesses faites à Abraham, à Moïse, à David et à tous les prophètes.

Le voilà donc, le vrai Berger d'Israël. Il est entré par la porte des brebis, la porte de la prophétie. Jean-Baptiste lui a ouvert cette porte, en disant: « Voilà l'agneau de Dieu! » Introduit dans la bergerie juive, un petit nombre de brebis se sont groupées autour de lui, sont sorties avec lui pour le suivre. Mais les Pharisiens l'ont eu en haine, parce qu'il prenait la place qu'ils occupaient, eux, les bergers mercenaires, place qu'ils ne voulaient à aucun prix lui céder (Jean 10). Ils interprétaient les prophéties à leur profit, tandis que Jésus les accomplissait, y faisant de fréquentes allusions, suffisamment claires pour eux, qui les connaissaient. Aussi la responsabilité des chefs juifs, les mauvais pasteurs « qui se paissaient eux-mêmes », est-elle pleinement éta¬blie dans l'Evangile.

A la fin du chapitre 34, soulignons cette parole: « Je leur susciterai un plant de renom » (v. 29), qui mise en parallèle avec le passage du psaume 80.8-17, éclaire d'une lumière si vive la déclaration de Jésus à ses disciples juifs: « Je suis le vrai cep », non plus le cep « transporté d'Egypte... et planté » en Canaan mais « le plant de renom » venu du ciel et qui ne sera jamais arraché.

Chapitre 35. — Il est surprenant de rencontrer ici une sentence concernant une nation ennemie, Edom, placée entre les magnifiques prophéties des chapitres 34 et 36, qui prédisent le retour du peuple de Jacob, sous la main du vrai Berger, et sa purification apportant la bénédiction sur tout le pays. Y a-t-il anachronisme? Non, il n'y en a pas. Quand Israël regagnera son pays, — et il le regagne déjà aujourd'hui, il ne peut manquer d'entrer en conflit avec Edom, comme lorsqu'il s'apprêtait à traverser le territoire des Edomites pour entrer en Canaan (Nom. 20.14-21). Mais où est Edom aujourd'hui? Il est confondu avec ceux qu'on appelle les Arabes, ces Sémites, descendants d'Abraham par Ismaël et Esaü. A Jérusalem aujourd'hui, les Arabes sont animés d'une jalousie et d'une haine terribles contre les Juifs. Ils disent: Nous possédons le pays depuis plus long¬temps qu'eux. Nous ne nous en laisserons pas déposséder. - C'est le conflit renouvelé entre Esaü et Jacob. Aussi peut-on se demander, à juste titre, si les Arabes ne sont pas ceux qui joueront le rôle de l'Edom de la fin, et qui tomberont sous le coup des jugements prédits par Abdias, en entier, par Jérémie 49.7-12; Esaïe 34.5-17; 63.1-6.

Chapitre 36. — Sans nous y attarder longuement, nous ne saurions passer sous silence les versets 24 à 38 qui en sont la conclusion. L'Eternel avait commandé à son peu¬ple: « faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau (18.31), chose impossible à l'homme en la chair. « La loi n'a rien amené d la perfection», dit l'apôtre (Héb. 7.19). Mais ici, c'est l'Eternel qui promet la chose et s'engage à la faire (36.36). La purification, condition du retour de la bénédiction pour le pays et ses habitants, sera entièrement son œuvre: « Je vous prendrai... je vous rassemblerai... je vous amènerai sur votre terre; et je répandrai sur vous des eaux pures... je vous purifierai...je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau... mon Esprit...» (36.27). Quelle promesse merveilleuse faite à ce peuple si bas tombé! C'est la grâce toute pure du Dieu Tout-Puissant, seul capable de restaurer ce qui est ruiné, de sauver ce qui est perdu. C'est la croix de l'Evangile, à laquelle il ne manque que les accents de Golgotha. N'omettons pas toutefois de remarquer qu'il ne s'agit pas de l'Eglise ici, mais bien du rétablissement d'Israël, sur la base de la Nouvelle Alliance, en vue du royaume messianique. Les étapes en sont claire¬ment indiquées: rassemblement du peuple dans son pays, purification du péché et de l'impureté, transformation du cœur, don de l'Esprit et, enfin, retour de la prospérité matérielle dans un pays terrestre, objet de toutes les faveurs et de toutes les bénédictions divines.

Chapitre 37. — Nous y trouvons la vision saisissante des os secs, symbolisant la résurrection du peuple, auquel Ezéchiel avait transmis les grandioses promesses du chapitre précédent. « La main de l'Eternel fut sur moi, et l'Eternel me fit sortir en esprit, et me posa au milieu de la plaine; et elle était remplie d'ossements... ils étaient fort nombreux... ils étaient très secs» (37.1-2). Essayons de nous représenter le saisissement du prophète, tandis qu'il contemplait ce vaste ossuaire! On peut ad¬mettre qu'il a eu un frisson de répulsion, en se voyant entouré de tibias, de côtes, de crânes, etc. Ce devait être affreux! Mais Ezéchiel est promptement tiré de son épouvante par la question: « Ces os revivront-ils? » —Qu'auriez-vous répondu à sa place? Quant à moi, je crois bien que je serais resté muet. Le prophète donne la vraie réponse: « Seigneur Eternel, tu le sais! » — Et sur l'ordre du Seigneur, il prophétise à ces os.

Nous aussi, serviteurs de Dieu, en présence des foules, qui, à bien des égards, peuvent être spirituellement comparées à des os bien secs, puissions-nous être en mesure de prophétiser dans le vrai sens du mot, non pas seule¬ment parler de l'avenir, mais prêcher un salut que Dieu dans sa grâce peut accorder à l'instant même.

« Je prophétisai, selon qu'il m'avait été commandé, et comme je prophétisais, il y eut un bruit, et voici il se fit un mouvement et les os se rapprochèrent, un os de son os », lisons-nous au verset 7. La transformation se produit par étapes. D'abord « un bruit », — que cela devait être funèbre! les os s'entrechoquent de tous côtés, s'emboîtent les uns dans les autres. Ce sont des squelettes bien agencés. Puis le prophète constate qu'il s'y forme de la chair, que des nerfs s'y attachent, et qu'enfin de la peau vient recouvrir le tout: La vallée est pleine de cadavres! Ezéchiel est alors appelé à entrer d'une manière plus définie dans cette œuvre de résurrection, il appelle l'Esprit, la vie.

Les serviteurs de Dieu ont toute raison de s'appliquer cette merveilleuse vision jusque dans ce dernier détail. Oh! combien ne sentons-nous pas l'impérieuse nécessité que la puissance de L'Esprit souffle sur les masses! Même s'il n'est question que d'une seule âme, morte dans ses fautes et ses péchés, ne faut-il pas prophétiser, et crier au Seigneur pour que l'Esprit la convainque de péché et la régénère? La nouvelle naissance n'est autre chose que le miracle renouvelé des os secs, se transformant en personnes vivantes, par la puissance de l'Esprit qui a ressuscité Jésus.

Du verset 15 à la fin du chapitre, l'Eternel communique à son messager que la restauration ne comprendra pas seulement le seul royaume de Juda, mais aussi celui des dix tribus. Or, on ignore jusqu'à ce jour ce qu'elles sont devenues. Déportées longtemps avant Juda dans les régions montagneuses d'où descendent le Tigre et l'Euphrate, leurs traces se sont perdues. Quelques-uns pré¬tendent qu'elles ont formé le peuple arménien, dont les caractères ethniques ont tant de rapport avec ceux du peuple juif, et dont les tragiques destinées peuvent être mises en parallèle avec celles des Juifs. Mais les Arméniens eux-mêmes s'opposent à cette manière de voir, se 

disant descendants de Japhet par Togarma (Gen. 10.3).

Quoiqu'il en soit, lorsque le moment sera venu, les dix tribus participeront à la résurrection d'Israël. Le prophète le certifie aux yeux des exilés en prenant deux bois: l'un pour Juda, l'autre pour toute la Maison d’Israël, et en les réunissant. Sans doute les dix tribus se retrouveront-elles parmi les peuples christianisés, où le souvenir de leur origine a disparu.

En relation avec cette réunion future, il est fait mention une fois de plus du Sanctuaire, dont le rétablissement est assuré: « au milieu d'eux pour toujours »(v. 26 à 28). C'est là, répétons-le encore, le but du livre d'Ezéchiel: affirmer que Dieu entreprendra un jour la purification de son peuple, de manière à pouvoir revenir habiter au milieu de lui. Mais pour cela, il est indispensable que le Messie soit venu, et qu'il ait établi sa domination en Israël: « Et mon serviteur David sera roi sur eux, et il y aura un seul Pasteur sur eux tous... Et David, mon serviteur, sera leur Prince à toujours» (v. 24 et 25). Le Seigneur Jésus sera ce Roi-Sacrificateur, réunissant en sa personne les deux fonctions essentielles du gouvernement divin, dont Melchisédec est le type (Ps. 110.4; Héb. 7; Zach. 6.12-13), et dont nous reparlerons à la fin de notre étude.

 

F. BERNEY

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