LA GLOIRE REVIENT
(chapitres 40 à 48)
Cette dernière grande division est particulièrement in¬téressante. La gloire, qui s'était éloignée de Jérusalem vers l'an 595 av. J.-C., ne paraît pas y être rentrée, pas même au temps du retour de la captivité de Babylone, lors de la dédicace du Temple de Zorobabel. Nous n'a¬vons aucun indice qu'au temps de Jésus la nuée ait rem¬pli le Temple d'Hérode. Aussi longtemps que durait l'as¬servissement d'Israël aux nations, la gloire ne pouvait être manifestée, sinon en la personne même de Jésus, le Fils... véritablement libre. Dans l'intervalle, entre l'Ancien et le Nouveau Testament, plusieurs chefs juifs ont lutté pour reconqué¬rir l'indépendance. Pendant un certain nombre d'années, sous le gouvernement des Macchabées, la Palestine réus¬sit d'obtenir, et de maintenir par des efforts constants, un peu de liberté. Mais c'était un temps d'alertes et d'attaques continuelles. Finalement elle succomba sous le poids des armées romaines. Quand Jésus reviendra, la grande vision qui termine glorieusement le livre d'Ezéchiel se réalisera. Notons-en tout d'abord les subdivisions:
1. Une très haute montagne (40.1-4)
2. Le Temple, la gloire et le sacerdoce royal (40.5 à 46)
3. Le fleuve (47)
4. Le pays partagé, l'offrande élevée, la ville (48)
1. Une très haute montagne
(40.1 à 4)
La montagne, du point de vue prophétique, typifie le gouvernement de Dieu sur la terre. Dans nombre de passages des Psaumes et des Prophètes, ce gouvernement est appelé: « la montagne de l'Eternel » (Es. 2.8). La « très haute » montagne indique que ce règne, — le royau¬me des cieux, sera établi au-dessus de tous les gouver-nements humains (cf. Ps. 68.16). Amené là, le prophète voit apparaître un homme brillant comme l'airain. Nous avons ici, de toute évidence, une apparition du Seigneur lui-même, puissant comme un guerrier bardé de métal. Il parle avec le prophète, et nous pensons tout naturellement à cette vision anticipée du règne messia¬nique: la transfiguration (2 Pierre 1.16-18).
Le Prophète est appelé à contempler la vision, à écou¬ter les paroles et à appliquer son cœur à saisir toutes les choses révélées. Le même appel retentit par la plume de l’apôtre Jean à Patmos (Apoc. 1.3) ; le même appel s'a¬dresse à nous aujourd'hui.
2. Le Temple, la gloire et le sacerdoce royal
(40.8 à 46.24)
Ezéchiel décrit minutieusement le Temple nouveau, que lui fait voir et mesurer dans toutes ses parties l'Homme qui le guide. Le sanctuaire est rétabli et la gloire de l'Eternel vient s'y installer (43.1-7). « Et il me dit: Fils d'homme, c'est ici le lieu de mon trô¬ne, et le lieu de la plante de mes pieds, où je demeurerai au milieu des fils d'Israël à toujours (v. 7). Il est frappant de constater que les Juifs, rentrés de la capti-vité de Babylone sous la conduite de Zorobabel et d'Es¬dras, n'ont pas tenté de bâtir leur temple sur les données d'Ezéchiel. Ils ont compris que cet édifice ne pouvait être érigé à l'époque où ils vivaient, ni surtout dans les cir¬constances d'alors […]
Les rabbins et les scribes, qui connaissaient les Ecri¬tures, n'ont donc pas eu l'idée qu'il fût possible de bâtir un temple semblable. En outre, Aggée, Zacharie et Malachie, qui ont prophétisé dans les temps critiques du retour, n'ont jamais donné aucune indication se réfé¬rant au temple d’Ezéchiel. — Non, ces choses-là sont ré-servées pour le Millénium. Mais auparavant, il se passe¬ra encore des sombres jours pour Israël.
Chose extraordinaire, il est parlé ici aussi de sacrifi¬ces sanglants, de fêtes, de sabbats, de cérémonies léga¬les, en un mot, qui feront accourir à Jérusalem, non seu¬lement Israël, mais également toutes les nations de la terre. A cet effet, tous les moyens de transport ultra-ra¬pides de nos temps trouveront leur emploi dans le Millé¬nium. Sans doute le ciel sera-t-il sillonné par les avions se hâtant vers Jérusalem (Es. 60.8).
Mais pourquoi donc des sacrifices et des fêtes symbo¬liques ? Est-ce que le sacrifice de Christ ne suffit pas ? N'est-il pas mort une fois pour toutes, afin d'abolir à tout jamais l'expiation du péché par le sang des ani¬maux (Hébr. 10.1-18) ? Certainement ! Mais ces sacri¬fices serviront à nourrir les multitudes qui viendront à Jérusalem. En outre, ils seront offerts dans le Temple à titre de mémorial du seul sacrifice qui sauve vrai¬ment le pécheur, donc offerts dans la pensée qui nous anime aujourd'hui quand nous célébrons la Cène du Seigneur. Nous regardons à ce qui a été fait pour nous dans le passé et nous adorons. De même dans le Millé¬nium, on célébrera à l'autel le souvenir de la mort du Sauveur, on magnifiera son œuvre rédemptrice en se servant de bêtes immolées.
Le gouvernement, établi à Jérusalem, réalisera enfin pleinement l'ambition séculaire de tant de souverains terrestres, et au nom de laquelle tant de vies ont été sa¬crifiées: l'union étroite du trône et de l'autel, les pou¬voirs civils et religieux réunis sous le même sceptre, — la théocratie pure, en un mot. Le trône est mentionné au chapitre 43, versets 6 et 7. La gloire du Dieu d'Israël venait du côté de l'Orient et « un homme se tenait à côté de moi et me dit: ...c'est ici le lieu de mon trône. » Le trône est donc dans cette maison. L'habitation de Dieu, son Temple, est en même temps la résidence de son gouvernement […]
(à suivre)
F. BERNEY
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